Cerf Beer
Cerf Beer (yiddish : × Ö·×¤Ö°×ŞÖ¸ÖĽ×śÖ´×™Öľ×”×˘×¨×Ą בֶּן דּוֹב־בּער Naftali Hertz ben Dov Beer) est un financier, homme politique et un philanthrope juif alsacien du XVIIIe siècle (Medelsheim, 1726 - Strasbourg, ). Son nom est Ă©galement orthographiĂ© « Berr ».
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« Préposé général de la nation juive » d'Alsace de 1764 à 1788[1], il est à ce titre l'un des grands acteurs de l'émancipation des Juifs de France.
Biographie
Né à Medelsheim, dans le duché des Deux-Ponts, qui était une terre d'Empire, il est le fils de Dov Berr Medelsheim (v. 1705 - 1778), banquier notamment des landgraves de Hesse-Darmstadt et des comtes de Deux-Ponts. La sœur de Cerf Beer épousera le rabbin David Sintzheim.
Cerf Beer s'établit à Bischheim en Alsace. Sa première femme, Jüdel Weil, lui donna huit enfants, dont :
- Minette (1757-1825), mère du général-baron Marc François Jérôme Wolff ;
- Marx (1758-1817) ;
- Lippmann (1760-1827), marié à la fille du député Berr Isaac Berr de Turique ;
- Baruch (1762-1824), délégué du Bas-Rhin à l'Assemblée des notables ;
- Théodore (1766-1832) qui joua un rôle lors des États généraux et lors du Grand Sanhédrin convoqué par Napoléon.
Il épouse en secondes noces une veuve, Hana Brull, la mère d'Auguste Ratisbonne.
Marchand de chevaux, Cerf Beer devient fournisseur aux armées pendant la guerre de Sept Ans (1756-1763) et entre en contact avec le duc de Choiseul, secrétaire d'État aux Affaires étrangères. Dépositaire de sommes importantes appartenant à l'État, il obtient sur l'insistance de Choiseul et malgré l'opposition des magistrats, de pouvoir résider à Strasbourg dans une maison mieux protégée qu'à Bischheim, à une époque où les Juifs devaient quitter la ville au crépuscule. Ses droits de propriété y furent contestés par la ville jusqu'à la Révolution.
En 1765, il devient « syndic général » des Juifs d'Alsace, donc un de leurs quatre représentants vis-à -vis des autorités.
En 1775, en reconnaissance des services rendus, Cerf Beer obtient des lettres de naturalité (c'est-à -dire la naturalisation française) grâce à Choiseul[2].
Un de ses grands combats fut l'abrogation du péage corporel (leibzoll) qui frappait les Juifs d'Alsace. Il en obtient d'abord le fermage puis réussit à le faire abolir en 1784 moyennant le versement de 48 000 livres à la ville de Strasbourg.
En 1786, Cerf Beer fonde la yechiva de Bischheim dont le premier directeur est son beau-frère, le rabbin David Sintzheim, qui deviendra le premier grand rabbin du Consistoire central.
En relation avec Moïse Mendelssohn, Cerf Beer lui demande d'écrire un mémoire en faveur des Juifs. Celui-ci préfère que ce mémoire soit écrit par un non-juif, et s'adresse à J. Ch. Dohm qui publie Uber die bürgerliche Verbesserung der Juden (De la réforme politique des juifs). Dohm influença énormément l'écrivain et homme politique Mirabeau qui fait paraître Sur Moses Mendelssohn, sur la réforme politique des Juifs[3].
Cerf Beer fut aussi en liaison avec l'homme d'Etat Malesherbes quand celui-ci fit publier l'édit de 1787 qui généralisait l'état civil aux non-catholiques, mais qui ne put être enregistré tel quel pour les Juifs de Lorraine et d'Alsace (voir Le chemin vers l'émancipation des Juifs)[4].
Cerf Beer est aussi Ă l'origine de la fortune du banquier Beer LĂ©on Fould qu'il a soutenu en lui prĂŞtant par trois fois trente mille francs[5].
Cerf Beer décède le (4 Tebet 5554), lors d'un séjour à Strasbourg, et est enterré le lendemain au cimetière juif de Rosenwiller où on peut voir sa tombe (section II, rangée 16, 6e tombe en partant du début de la rangée). Il est désigné dans le registre du cimetière comme CHTADLAN HAMEDINA HIRTZ MEDESHEIM MIBISCHHEIM : « le porte-parole de la Province, Hirtz Medelsheim de Bischheim »[6].
On peut y lire son Ă©pitaphe :
« Ici repose le corps de celui qui fut fidèle à son peuple et rechercha le bien, gloire de l’assemblée, recherchant la justice, intègre dans ses démarches, compatissant avec les pauvres, et pour les indigents, il fut un refuge durant la tempête.
Il craignait l’Éternel et recherchait le bien d’Israël. Le noble, le très élevé, le très distingué, l’illustre, l’honorable Nephtali Hirts Medelsheim, que son souvenir soit béni. Que sa justice le précède et que son âme se réjouisse dans le jardin de l’Éternel. Il s’en alla le saint jour du shabbat 4 Tebet 554 du petit comput, et fut porté en tombe le lendemain, dimanche 5 Tebet.
Que son âme soit réunie au faisceau des vivants avec les âmes des justes et des pieux et qu’il se lève pour recevoir sa part à la fin de temps.
Amen, Sela. »
— Traduction de Robert Weyl.
Cerf Beer a inspiré à Honoré de Balzac le personnage du financier baron Jean-Baptiste d'Aldrigger[7] - [8].
Annexes
Bibliographie
- (en) Margaret R. O'Leary, Forging Freedom: The Life of Cerf Berr of MĂ©delsheim, iUniverse, Bloomington, 2012, 448 p. (ISBN 978-1-475-91014-8)
- David Feuerwerker, L'Émancipation des Juifs en France. De l'Ancien Régime à la fin du Second Empire, Albin Michel, Paris, 1976 ( (ISBN 2-226-00316-9))
- Bernhard Blumenkranz, Histoire des Juifs en France, Privat, Toulouse, 1972.
- Alphonse Cerfberr de Medelsheim, Biographie alsacienne-lorraine, Ă©dition Alphonse Lemerre, 1878.
- Roger LĂ©vylier, Notes et documents concernant la famille Cerfberr recueillis par un de ses membres, Plon-Nourrit, 1902-1909, 3 vol.
- Renée Neher-Bernheim, « Cerfberr de Medelsheim : Le destin d'une famille durant la Révolution », in Revue des études juives (Paris), 1978, vol. 137, nos 1-2, p. 61-75
- Pierre-André Meyer, Le clan Goudchaux Berr Wolff Marx,de Nancy et sa descendance (18e-20e siècles) , Cercle de Généalogie Juive, Paris, 2016
Articles connexes
Liens externes
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Site du JudaĂŻsme d'Alsace et de Lorraine :
- M. Ginsburger, « Cerf Berr et son époque » (consulté le )
- Grand Rabbin Max Warschawski, « Hirtz de Medelsheim dit Cerf Beer, représentant de la nation juive d’Alsace (1726-1793) » (consulté le )
Notes et références
- Max Warschawski, « Hirtz de Medelsheim dit Cerf Berr, représentant de la"nation juive" d’Alsace », sur le site du judaïsme d'Alsace et de Lorraine
- Jean Mondot, « L'émancipation des Juifs en Allemagne entre 1789 et 1815 », dans : Françoise Knopper/Jean Mondot (Éd.), L'Allemagne face au modèle français de 1789 à 1815, Toulouse, 2008, p. 230.
- Mirabeau, « Sur Moses Mendelssohn, sur la réforme politique des Juifs »,
- Bernhard Blumenkranz, Histoire des Juifs en France, Privat, Toulouse, 1972, p. 179
- Alfred Cerfberr de Medelsheim, Biographie alsacienne-lorraine, Ă©dition Alphonse Lemerre, 1878, p. 157-158
- Chroniques de Romanswiller-Cosswiller, par Jean-Paul Unbekandt et GĂ©rard Helbourg, p. 169.
- Préface de La Maison Nucingen, Flammarion GF, 1989, p. 39, (ISBN 2070380521)
- Index des personnages fictifs de la Comédie humaine, Paris, Bibliothèque de la Pléiade, 1991, t. XII, p. 1151-52I (ISBN 2070108775)