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Caroline Watson

Caroline Watson (Londres, vers 1761Londres, 1814) est une graveuse au pointillé britannique.

Caroline Watson
Biographie
Naissance
Entre et ou
Londres
Décès
Nationalité
Activités
Père

Fille du graveur irlandais James Watson, elle est considérée comme la première graveuse professionnelle britannique indépendante, et la seule du XVIIIe siècle.

Soutenue par la reine Charlotte, qui en fait la graveuse de Sa Majesté, par les premières marchandes d'estampes ainsi que par plusieurs artistes et éditeurs influents tels que Joshua Reynolds et John Boydell, sa production abondante est principalement constituée de portraits qu'elle grave d'après les plus grands portraitistes de son époque.

Biographie

Jeunesse et débuts

Caroline Watson naît à Londres vers 1761[1] - [2]. Elle est la fille de James Watson (1740-1790), graveur en manière noire, auprès de qui elle étudie la gravure[1] - [3], et de son épouse Mary (née vers 1740, morte avant 1790)[4]. Elle se spécialise néanmoins dans la technique du pointillé, devenue à la mode avec la demande d'estampes représentant des meubles dans les années 1770, dont on ignore qui a été son professeur[5].

Miranda (d'après Robert Edge Pine), dans The Tempest, Acte 1, Scène 2 (1784, Metropolitan Museum of Art).

Ses premières plaques signées datent de 1780, et elle a produit une moyenne de deux ou trois estampes par an[5]. Dès 1781, l'important éditeur John Boydell l'engage pour produire des estampes et publie la première cette année-là : Boy and Dog[5]. Le peintre Robert Edge Pine l'engage à son tour pour graver ses tableaux sur des scènes de William Shakespeare ; il tient une exposition de ces tableaux, mais leur approche imaginative plutôt que fidèle aux mises en scène shakespeariennes est un échec, et les gravures sont rachetées par Boydell, quelques années avant qu'il lance la Boydell Shakespeare Gallery[6]. Par ailleurs, la délicatesse de son dessin convient parfaitement aux gravures de reproduction de miniatures au moyen du pointillé, dont elle grave une vingtaine, sept d'après Samuel Shelley[6] - [4].

Carrière

Bien qu'il ait existé plusieurs femmes graveuses au Royaume-Uni avant elle, Caroline Watson peut être considérée comme la première graveuse professionnelle britannique indépendante, et la seule du XVIIIe siècle : ses prédécesseures travaillaient en amateur ou dans le cadre d'entreprises familiales[7] - [5]. Selon le Dictionary of Women Artists, le meilleur exemple de ce changement de paradigme sera l'édition du poème The Winter Day de Mary Robinson publié en 1804 par Rodolphe Ackermann avec des aquatintes de Caroline Watson d'après des dessins de Maria Cosway[8]. Sa production coïncide avec une époque où les femmes deviennent de plus en plus importantes en tant qu'acheteuses d'estampes, et ses sujets s'alignent sur ce changement en répondant au goût féminin[7] - [4].

C'est ainsi qu'elle reçoit le soutien d'autres femmes, dont la reine Charlotte qui la nomme « graveuse de la reine » en 1785[7] - [9]. À partir de cette année-là, elle signe systématiquement ses estampes « Caroline Watson, Engraver to Her Majesty »[4]. Elle est aussi soutenue par plusieurs hommes influents ; ils connaissent tous son père, qui a vécu avec elle jusqu'à sa mort en 1790, et ce dernier l'a probablement aidée avec la vente des estampes[7] - [6]. Parmi eux, les peintres Robert Edge Pine, Joshua Reynolds qui lui commande deux gravures de reproduction en 1786 et 1788, la première étant une miniature du poète John Milton, pour laquelle Reynolds fait inscrire son appréciation en louant « l'absolue exactitude » de son exécution[6] et Ozias Humphry, et surtout l'imprimeur John Boydell, qui a édité plusieurs de ses estampes et pour lequel Caroline Watson a travaillé dans son projet de la Boydell Shakespeare Gallery, sous la recommandation de Reynolds[7] - [10]. Une autre association fructueuse est celle avec le diplomate et collectionneur John Stuart (1er marquis de Bute) et son épouse : Caroline Watson grave jusqu'à la fin de sa carrière plusieurs portraits d'eux et de leur famille ; ces estampes, bien rémunérée et qu'elle publie elle-même, sont probablement uniquement destinées à un usage privé et pour offrir aux amis de la famille[6] - [4].

L'apogée de sa carrière se situe ainsi à la fin des années 1780, en pleine expansion du marché de l'estampe en Angleterre, avec en point d'orgue sa collaboration avec Boydell. Les années 1790 sont plus difficiles, comme pour tous les graveurs indépendants, impactés par la contraction du marché de l'estampe faisant suite à la Révolution française en 1789 qui débouche sur l'éclatement de la guerre entre la Grande-Bretagne et la France[11].

William Hayley, writer, seated. A tutor and pupil stand, d'après George Romney pour le frontispice du second volume des Haley's Memoirs (Wellcome Collection).

En 1804, elle se tourne vers l'illustration de livres et produit alors douze aquatintes d'après des dessins de Maria Cosway apparemment son seul projet d'envergure avec cette technique pour l'édition du poème The Winter Day de Mary Robinson publié en 1804 par Rodolphe Ackermann[8] - [11]. À la fin de sa carrière, le poète et homme de lettres William Hayley se lie d'amitié avec elle et de nombreux autres artistes. Il l'admire pour son indépendance malgré sa santé fragile et pour sa fiabilité et sa qualité comme collaboratrice[7]. Alors qu'il avait employé William Blake pour graver des illustrations de ses livres, il choisit Caroline Watson pour son Life of Romney en 1809[7] - [11].

Fin de vie

Sa santé décline fortement à partir de 1811, et Caroline Watson meurt à Pimlico, dans le centre de Londres, le à l'âge de 54 ans. Elle est enterrée à St Marylebone Church, où des lignes de l'écrivain William Hayley ont été gravées sur une tablette[9].

Modeste et peu sociable, elle était très estimée[9] - [11] - [4]. Sa richesse à sa mort laisse penser que sa carrière a été couronnée de succès[4]. Bien qu'elle ait bénéficié du patronage, comme tout artiste professionnel, elle doit avant tout ce succès à « sa grande habileté et à son dévouement en tant que graveur[7] ».

Œuvre

Œuvre gravé

Prolifique, elle pratique principalement la méthode du pointillé « avec beaucoup d'habileté et de raffinement[1] » ainsi que la manière noire[9] - [3].

Elle grave de nombreux portraits d'après des dessins qu'elle fait d'après des tableaux des principaux portraitistes de l'époque, dont Thomas Gainsborough, George Romney, Joshua Reynolds, dont un portrait du prince Guillaume de Gloucester (1784) et une paire de petites plaques des princesses Sophie[alpha 1] et Marie[alpha 2], et John Hoppner, qu'elle dédie à la reine (1785), à la suite de quoi elle est nommée « graveuse de sa majesté »[1] - [9] - [12] - [4].

De ses autres œuvres, les plus notables sont les portraits de James Harris[alpha 3] et de Mme Stanhope[alpha 4], tous deux d'après Reynolds ; Catherine II[alpha 5], d'après Alexandre Roslin ; William Woollett[alpha 6] et Benjamin West[alpha 7], d'après Gilbert Stuart[alpha 8] ; John Milton[alpha 9], d'après le portrait réputé de Samuel Cooper[1].

Caroline Watson a aussi interprété le Mariage mystique de sainte Catherine du Corrège, et gravé les plaques pour The Life of Romney de William Hayley. Pour la Boydell Shakespeare Gallery, elle a gravé la Mort du cardinal Beaufort (pour Henry VI, part 2, Act III, scene 3)[alpha 10], d'après Reynolds, ainsi que Tempest, Act V, scene 1 d'après Francis Wheatley[1] - [15].

Watson a également exécuté un ensemble d'aquatintes du Progress of Female Virtue and Female Dissipation (« Progrès de la vertu féminine et de la dissipation féminine »), d'après des dessins de Maria Cosway. Elle a aussi interprété plusieurs tableaux appartenant au marquis de Bute[1].

Certaines de ses œuvres ont été imprimées en couleur, dont les portraits des princesses Marie[alpha 11] et Sophia, Mrs Stanhope et le Saint Matthieu d'après Rubens (1788[alpha 12])[4].

Conservation des œuvres

Les œuvres de Caroline Watson sont conservées dans plusieurs institutions, parmi lesquelles :

Expositions notables

Il est à noter que Caroline Watson n'a pas exposé publiquement ses estampes[4].

Ses aquatintes pour The Progress of Female Virtue and Female Dissipation ont été exposées en 1995 à Londres, lors de l'exposition de la Scottish National Portrait Gallery[22] - [4].

En 2014, à l'occasion du 200e anniversaire de sa mort, David Alexander, conservateur honoraire des Estampes britanniques, organise l'exposition Caroline Watson and Female Printmaking in Late Georgian England au Fitzwilliam Museum, qui la situe dans le contexte de la gravure féminine de son temps et montre à quel point sa réalisation dans une profession à prédominance masculine a été « exceptionnelle ». Le catalogue d'exposition[23] présente aussi sa correspondance avec William Hayley, qui met en lumière ses méthodes de travail et celles des autres graveurs de son temps[7].

Notes et références

Notes
  1. (en) « Fiche du portrait de la princesse Sophie », sur National Portrait Gallery (consulté le ).
  2. (en) « Fiche du portrait de la princesse Marie », sur National Portrait Gallery (consulté le ).
  3. (en) « Fiche du portrait de James Harris », sur National Portrait Gallery (consulté le ).
  4. (es) « Fiche du portrait de Mme Stanhope », sur Bibliothèque nationale d'Espagne (consulté le ).
  5. Voir la gravure de R. Goodman d'après celle de Caroline Watson, sur Wikimedia Commons.
  6. (en) « Fiche du portrait de William Woollett », sur National Portrait Gallery (consulté le ).
  7. (en) « Fiche du portrait de Benjamin West », sur National Portrait Gallery (consulté le ).
  8. Alors que la paternité du tableau original semble clairement attribuée à Gilbert Stuart (1755-1828, américain), ainsi que l'indique la fiche du Tate[13] ou le British Museum[14], on peut observer dans le portrait gravé par Watson de la National Portrait Gallery[alpha 6] qu'il est écrit « Gabriel Stuart pinxit », et le musée lui attribue l'origine du sujet.
  9. (en) « Fiche du portrait de John Milton », sur Metropolitan Museum of Art (consulté le ).
  10. (en) « Fiche de la Mort du cardinal Beaufort », sur British Museum (consulté le ).
  11. (en) « Fiche du portrait de la princesse Mary en couleurs », sur National Portrait Gallery (consulté le ).
  12. (en) « Fiche du Saint Matthieu de Rubens », sur British Museum (consulté le ).
Références
  1. O'Donoghue 1889, p. 10.
  2. (en) « Caroline Watson », extrait de la notice dans le dictionnaire Bénézit Accès payant, sur Oxford Art Online, (ISBN 9780199773787).
  3. Bryan 1903, p. 337.
  4. Hyde 2004.
  5. Gaze 1997, vol. 2, p. 1429.
  6. Gaze 1997, vol. 2, p. 1430.
  7. (en) « Exhibition | Caroline Watson and Female Printmaking », sur enfilade18thc.com (consulté le ).
  8. Gaze 1997, vol. 1, p. 63, 417.
  9. Redgrave 1878, p. 459.
  10. Gaze 1997, vol. 2, p. 1430-1431.
  11. Gaze 1997, vol. 2, p. 1431.
  12. (en) « Œuvres de Caroline Watson », sur National Portrait Gallery (consulté le ).
  13. (en) « Fiche du portrait peint original de William Woollett », sur Tate Britain (consulté le ).
  14. (en) « Fiche de l'aquarelle du portrait de Woollett par Watson », sur British Museum (consulté le ).
  15. (en) Winifred H. Friedman, Boydell's Shakespeare Gallery, New York, Garland Publishing Inc., , 266 p. (ISBN 978-0-8240-1987-7, OCLC 501043983, SUDOC 017070570).
  16. (en) « Fiche de Caroline Watson », sur British Museum (consulté le ).
  17. (en) « Œuvres de Caroline Watson », sur Metropolitan Museum of Art (consulté le ).
  18. (en) « Œuvres de Caroline Watson », sur Musée d'Art d'Auckland (consulté le ).
  19. (en) « Œuvres de Caroline Watson », sur Galerie nationale d'Écosse (consulté le ).
  20. « Œuvres de Caroline Watson », sur Bibliothèque nationale de France (consulté le ).
  21. (es) « Œuvres de Caroline Watson », sur Bibliothèque nationale d'Espagne (consulté le ).
  22. (en) Edinburgh and National Portrait Gallery, Londres, 1995, n° 238-49.
  23. Alexander 2014.

Annexes

Bibliographie

Sources centrées
Sources générales
  • (en) John Chaloner Smith, Howard Coppuck Levis et Lessing J. Rosenwald, British Mezzotinto Portraits : being a descriptive catalogue of these engravings..., Londres, H. Sotheran, , 1780 p. (OCLC 1988927).
  • (en) Delia Gaze, Dictionary of Women Artists, Londres, Fitzroy Dearborn Publishers (2 vol.), , 1512 p. (ISBN 1-884964-21-4, OCLC 37693713, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (fr) Charles Le Blanc, Manuel de l'Amateur d'Estampes : contenant le dictionnaire des graveurs de toutes les nations..., Paris, E. Bouillon, (OCLC 491008858).
  • (en) Walter Shaw Sparrow (en), Women Painters of the World, , 331 p. (lire en ligne), p. 59, 89.

Liens externes

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