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Alexandre Roslin

Alexander Roslin ou Alexandre Roslin, né le à Malmö et mort le à Paris, est un peintre suédois, portraitiste de l’aristocratie européenne du milieu du XVIIIe siècle. Dès les années 1750-1793, il peignit principalement à Paris.

Alexandre Roslin
Autoportrait (1790).
Malmö konstmuseum (sv)
Naissance
Décès
SĂ©pulture
Nom dans la langue maternelle
Alexander Roslin
Nationalité
Activité
Maître
Erhenbill, Georg Engelhard Schröder (sv)
Mouvement
Influencé par
Conjoint
Enfant
Joseph Alexandre Roslin (d)
Parentèle
Adélaïde Roslin (d) (belle-fille)
Distinction

DĂ©buts

Alexandre Roslin Ă©tait fils du mĂ©decin militaire Hans Roslin et de Katarina WertmĂĽller. Ses premières annĂ©es se passèrent Ă  Karlskrona, oĂą son père exerçait. Il y Ă©tudia d’abord la profession de constructeur de navires et montrant de grandes dispositions au dessin et Ă  la peinture, il apprit le dessin auprès d’Erhenbill, capitaine de l’amirautĂ© Ă  Karlskrona, puis se consacra Ă  la miniature. Ayant rĂ©solu d’être peintre, il quitta la maison paternelle, vers l’âge de seize ans, pour se fixer Ă  Stockholm. La capitale suĂ©doise Ă©tait alors un centre intellectuel et artistique important. Depuis la reine Christine de Suède, des relations Ă©troites s’étaient Ă©tablies entre Paris et Stockholm, et de nombreux Français Ă©taient venus vulgariser dans cette dernière ville la littĂ©rature et l’art français. La Suède comptait d’ailleurs, au commencement du XVIIIe siècle, un certain nombre d’artistes, tels que le jeune Roslin reçut du dĂ©corateur Pasch et du portraitiste LĂĽndberg, sans parler de peintres comme Michael Dahl qui exerçait Ă  Londres, David von Krafft, le peintre de cour Georg Engelhard Schröder (en) et quelques autres, les conseils dont il avait besoin, en mĂŞme temps qu’il trouvait auprès d’une de ses tantes, Mme WertmĂĽller – l’aĂŻeule du peintre de ce nom, sans doute â€“, l’aide matĂ©rielle que nĂ©cessitait son mĂ©diocre Ă©tat de fortune.

L’apprentissage de Roslin dura trois ans ; il exécuta, pendant cette période, de nombreux portraits qui firent connaître son nom jusqu’en Allemagne. Ses premiers portraits présentent une palette où dominent les tons clairs et subissent notamment l’influence de Jean-Marc Nattier – c’est le cas du portrait de la Dame de Neubourg-Cromière (1756). Sur ces entrefaites, la margrave de Bayreuth l’ayant fait demander à sa cour, Roslin s’empressa d’accepter. Léger d’argent, mais riche d’espérances, il quitta son pays natal pour aller en Allemagne et, de là, faire son tour d’Europe. Après avoir séjourné quelque temps à la cour de Bayreuth, où il organisa, sur la demande du prince, une Académie dont il eut soin de se nommer directeur, il part le pour l’Italie, visita Venise, Bologne, Ferrare, Rome et Naples.

Quand il arriva Ă  Florence, Roslin avait dĂ©jĂ  la rĂ©putation d’un peintre de valeur et il fut associĂ© sans difficultĂ© Ă  l’AcadĂ©mie de cette ville et invitĂ© Ă  faire, pour la collection des Uffizzi, son propre portrait. Si l’existence vagabonde que menait Roslin avait pu ĂŞtre profitable Ă  son talent, elle ne l’avait pas enrichi. Les commandes avaient Ă©tĂ© rares et peu lucratives ; une certaine duchesse de Calabrette, dont il avait fait le portrait Ă  Naples, avait mĂŞme refusĂ© de le payer. En dehors de cette peinture, il exĂ©cuta un portrait du marquis de l’HĂ´pital, ambassadeur de France près la cour de Naples. Roslin fut plus heureux avec ce dernier qui le recommanda chaudement, au cours d’un de ses voyages, Ă  l’infant qui rĂ©gnait Ă  Parme. Quand il arriva dans cette ville, il avait Ă©puisĂ© ses dernières ressources. Le succès rĂ©compensa ses efforts et les commandes arrivèrent nombreuses.

Il est probable que, pendant ce séjour de dix années en Allemagne et en Italie, Roslin exécuta de nombreux portraits, mais seule la galerie des Uffizzi possède un portrait de Roslin par lui-même portant la date de 1790. Ce n’est pas celui que l’artiste peignit pour ce musée, mais un qui fut donné au musée par Roslin en échange du premier, qu’il regardait comme une œuvre de jeunesse indigne de sa réputation. En 1752, il put quitter l’Italie, ses dettes payées, et ayant en poche de quoi attendre la gloire…

Ă€ Paris

On écrit d'abord l'année de naissance puis l'année de décès.
Marie-Suzanne Giroust (1734-1772), Ă©pouse de Roslin, par Alexandre Roslin, 1770.
Marie-Jeanne Buzeau, Mme Boucher (1761)
par Alexandre Roslin
Munich, château Nymphenburg

Roslin rĂ©solut d’aller chercher Ă  Paris, oĂą les artistes Ă©taient bien accueillis, la consĂ©cration de sa renommĂ©e naissante. Roslin montrait une maĂ®trise toute particulière dans le rendu des Ă©toffes et des chairs, mais savait Ă©galement faire entrer dans ses portraits la psychologie de ses modèles. Unissant la conformitĂ© au goĂ»t de l’époque Ă  une grande habiletĂ©, son Ĺ“uvre fit florès au sein de l’aristocratie parisienne. ArrivĂ© vers l’annĂ©e 1752, muni d’une lettre de recommandation que l’infante de Parme lui avait donnĂ©e pour Mesdames de France, ses sĹ“urs, il se prĂ©senta Ă  l’AcadĂ©mie royale dès l’annĂ©e suivante. On hĂ©sitait Ă  l’admettre Ă  cause de sa religion car, Ă  la suite de la rĂ©vocation de l’Édit de Nantes, les protestants avaient Ă©tĂ© exclus de l’AcadĂ©mie. Cette rigueur ne tarda pas Ă  tomber en dĂ©suĂ©tude, au moins pour les artistes Ă©trangers. Dès 1717, le miniaturiste Charles Boit entra, quoique protestant, Ă  l’AcadĂ©mie sur l’ordre du RĂ©gent ; de mĂŞme pour le graveur prussien Schmidt, reçu en 1744, pour le SuĂ©dois Liindberg, reçu en 1740, et pour quelques autres. En gĂ©nĂ©ral, on mentionnait sur les registres qu’ils Ă©taient reçus, quoique protestants, et sans que cela pĂ»t tirer Ă  consĂ©quence. Le talent, non moins que le crĂ©dit dont jouissait Roslin, firent lever l’obstacle que posait sa confession lorsque le marquis de Vandières, directeur et ordonnateur gĂ©nĂ©ral des Bâtiments, Ă©crivit Ă  ce sujet Ă  Silvestre, directeur de l’AcadĂ©mie, en ces termes :

« M. de Saint-Contest m’a demandĂ© de faire recevoir Ă  l’AcadĂ©mie de peinture le sieur Roslin, peintre suĂ©dois, de la religion prĂ©tendue rĂ©formĂ©e ; je dĂ©sire qu’il soit examinĂ©, afin de m’assurer s’il est en Ă©tat d’y ĂŞtre admis. C’est au sentiment des artistes habiles que je m’en rapporte, et comme ils doivent ĂŞtre au-dessus de toute prĂ©vention et de tout motif de partialitĂ©, je me repose sur leur sincĂ©ritĂ© et sur leurs lumières… et j’attends le rĂ©sultat pour rĂ©pondre Ă  M. de Saint-Contest. »

Cette recommandation le fit recevoir dans la sĂ©ance du . Avant mĂŞme d’être reçu officiellement, Roslin avait dĂ©jĂ  pris part au Salon de 1753, oĂą il envoya cinq portraits, dont ceux de Mme Boucher et de Mlle Vanloo. Parmi les nombreux privilèges dont jouissaient les acadĂ©miciens Ă©tait celui d’exposer aux Salons tous les deux ans. C'est au Salon de 1761 qu'il exposa un portrait de Marie-Jeanne Buzeau, Me Boucher. De 1753 Ă  1791, annĂ©e qui prĂ©cĂ©da celle de sa mort, Roslin put assister Ă  vingt expositions ; il n’en manqua que deux, celles de 1775 et 1777. Il figura aux dix-huit autres, et la part qu’il y prit fut copieuse. Soixante-dix de ses portraits sont mentionnĂ©s sur les livrets, quoique ceux-ci ne reprĂ©sentent qu’une faible partie de son Ĺ“uvre, car souvent le rĂ©dacteur du catalogue, lassĂ© par la fĂ©conditĂ© de l’artiste, indique les portraits anonymes sous la rubrique « plusieurs portraits sous le mĂŞme numĂ©ro Â». Durant les annĂ©es 1760, sa peinture tend Ă  s’affirmer dans les formes et les couleurs : ainsi le portrait de son Ă©pouse Marie-Suzanne, intitulĂ© la Dame au voile (pt) ou encore la Famille Jennings (sv).

Polémique

Les choses se dĂ©roulaient fort bien pour Roslin. Bien en cour, estimĂ© de ses pairs, il Ă©tait en outre, par sa situation, le protecteur dĂ©signĂ© de ceux de ces compatriotes qui venaient Ă©tudier Ă  Paris et le portraitiste prĂ©fĂ©rĂ© des gens de qualitĂ© qui arrivaient des cours du Nord. Chaque annĂ©e voyait croĂ®tre en mĂŞme temps sa rĂ©putation et sa fortune, sans que son grand succès ne lui ait attirĂ© de jalousies. Ceci faillit, toutefois, ĂŞtre compromis Ă  la suite d’une compĂ©tition oĂą le duc de La Rochefoucauld avait projetĂ© de se faire peindre, entourĂ© de sa famille, en un vaste tableau. Plusieurs artistes, Greuze, entre autres, assez besogneux, quoiqu’il vendĂ®t bien sa peinture, avaient tentĂ© de dĂ©tourner Ă  leur profit cette commande d’importance, de 15 000 livres, prix royal pour l’époque.

Diderot, qui goûtait fort le talent de Greuze, mit tout en œuvre pour faire choisir son ami ; mais l’influence de Watelet et du marquis de Marigny fit échouer ses efforts, et la commande tableau resta à Roslin. Diderot ne manqua pas de juger sans indulgence l’œuvre de Roslin quand le tableau parut au Salon de 1765. Le critique lui consacra un article qui ne tient pas moins de cinq pages dans l’édition in-8° de ses œuvres :

« Une idĂ©e folle, dont il est impossible de se dĂ©fendre au premier aspect de ce tableau, c’est qu’on voit le théâtre de Nicolet et la plus belle parade qui s’y soit jouĂ©e. On se dit Ă  soi-mĂŞme : voilĂ  le père Cassandre ; c’est lui, je le reconnais Ă  son air long, sec, triste, enfumĂ© et maussade. Cette grande crĂ©ature qui s’avance, en satin blanc, c’est Mademoiselle Zirzabelle ; et celui-lĂ , qui tire sa rĂ©vĂ©rence, c’est le beau M. LĂ©andre ; c’est lui. Le reste, ce sont les bambins de la famille. Jamais composition ne fut plus sotte, ni plus plate, ni plus triste… Les laquais, les valets de pied, les paysans, les enfants, le carrosse, durs et secs tant qu’on veut... Ici il n’y a ni âme, ni vie, ni joie, ni vĂ©rité… Ce rare morceau coĂ»te 15 000 francs et l’on donnerait toute chose Ă  un homme de goĂ»t pour l’accepter qu’il n’en voudrait pas… »

Après avoir ainsi épuisé, sur le tableau de Roslin, toute la méchanceté de sa plume, Diderot imagine ce que son ami Greuze aurait fait si le tableau lui avait été confié :

« Greuze proposait de rassembler la famille dans un salon, le matin, d’occuper les hommes à de la physique expérimentale, les femmes à travailler, et les enfants turbulents à désespérer les uns et les autres. Il proposait quelque chose de mieux, c’était d’amener au château du lion seigneur les paysans, pères, mères, frères, sœurs, enfants, pénétrés de la reconnaissance de secours qu’ils en avaient obtenus dans la disette de 1757… »

MalgrĂ© les cuisantes Ă©pigrammes de Diderot, Roslin n’avait pas Ă  se plaindre. En 1769, il avait Ă©tĂ© signalĂ© au roi de Danemark, de passage Ă  Paris, et celui-ci lui avait demandĂ© trois portraits de sa royale personne ; deux ans plus tard, le prince hĂ©ritier de Suède visitait Ă  son tour son atelier. Il en rĂ©sulta plusieurs portraits, dont le plus important, au point de vue des dimensions tout au moins, fut exposĂ© au Salon de 1771.

Redécouverte fortuite d’un Roslin[1]

Le Petit Jardinier, portrait d'André Bégouën-Demeaux, a finalement et bizarrement été attribué à Pierre-Adolphe Hall, peintre suédois surtout connu pour ses miniatures. L’attribution à Hall est discutable et peu réaliste. Car il est notoire que Roslin a exécuté 11 portraits[2] des membres des familles Bégouën et Foache dont ceux des parents présentés au musée de la Maison de l'armateur au Havre (collection particulière) et celui d'Henriette jeune sœur d'André Bégouën-Demeaux, conservé au Cummer Museum of Art and Gardens (en) à Jacksonville (Floride). Le portrait d'Henriette La Petite Bouquetière est considéré comme étant le pendant du Petit Jardinier. Cette famille d’armateurs maritimes, alliée aux Foache vivait au Havre, et il n’existe pas de trace d’un passage au Havre de P. A. Hall. Celui-ci, d’ailleurs, n’a pas indiqué le nom de Bégouën dans ses carnets de commande pour les années 1780, mais aurait effectué un portrait en miniature de l'un des membres de la famille conservé en Suède.

Exposition

Ĺ’uvres choisies

Notes et références

  1. Il dĂ©couvre que son tableau vaut plus de 50 000 euros.
  2. Alexandre Roslin et la famille Foache par Xavier Salmon. L'objet d'art no 432.

Alexandre Roslin un portraitiste pour l'Europe. Exposition château de Versailles 2008. Commissaires Xavier Salmon et Magnus Olausson. Éditions RMN 2008

Annexes

Bibliographie et sources

  • Philippe de Chennevières, « Les artistes Ă©trangers en France : II-, Alexandre Roslin (suite et fin) », Revue universelle des arts, t. 3,‎ , p. 481-505 (lire en ligne)
  • Octave Fidière, Gazette des beaux-arts, 4e annĂ©e, 3e pĂ©riode, tome 19e, 1898, p. 45-62.

Liens externes

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