Campagne de Kep
La campagne de KĂ©p (du 2 octobre 1884 au 4 janvier 1885) fut une campagne importante au Tonkin pendant les premiers mois de la Guerre franco-chinoise (aoĂ»t 1884-avril 1885). Une force dâun peu moins de 3000 soldats français sous le commandement du gĂ©nĂ©ral Oscar de NĂ©grier a vaincu une invasion chinoise du delta de la riviĂšre Rouge lancĂ©e par lâarmĂ©e de Pan Dingxin dans des engagements successifs Ă Lam (6 octobre), KĂ©p (8 octobre) et ChĆ© (10 octobre et 11 octobre) et Nui-Bop (4 janvier 1885).
Date | octobre à décembre 1884 |
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Lieu | au sud de LáșĄng SÆĄn, nord ViĂȘt Nam |
Issue | Victoire française |
France | Empire de Chine |
Général de Négrier | Wang Debang, Pan Dingxin |
2 000 hommes | 12 000 hommes |
65 tués 180 blessés | environ 2000 tués |
Batailles
CoordonnĂ©es | 21° 24âČ 18âł nord, 106° 16âČ 30âł est |
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Contexte
Le 10 septembre 1884, le gĂ©nĂ©ral Millot, commandant en chef du corps expĂ©ditionnaire, est remplacĂ© par le gĂ©nĂ©ral Louis BriĂšre de lâIsle qui, pour repousser une invasion chinoise du delta de la riviĂšre Rouge, se donne comme objectif l'occupation de Lang-Son et de la vallĂ©e de la riviĂšre Claire. Les deux brigades (Laurent Giovanninelli et Oscar de NĂ©grier) sont regroupĂ©es Ă HaĂŻ-Phong, les garnisons de HaĂŻ-Duong et Bac-Ninh renforcĂ©es et la flottille de canonniĂšres surveillent les riviĂšres.
Situation particuliĂšre
Lâaile droite chinoise de lâarmĂ©e du Guangxia Ă©tĂ© dĂ©ployĂ©e autour du village de KĂ©p sur la Route mandarine, le centre chinois Ă©tait Ă Bao Loc, et lâaile gauche chinoise Ă©tait Ă ChĆ©, dans la vallĂ©e supĂ©rieure de la riviĂšre Luc Nam. BriĂšre de lâIsle rĂ©agit immĂ©diatement en envoyant le gĂ©nĂ©ral de NĂ©grier dans la vallĂ©e du Luc Nam avec prĂšs de 3000 soldats français Ă bord de plusieurs navires de la flottille du Tonkin. La mission de De NĂ©grier Ă©tait dâattaquer et de vaincre les dĂ©tachements chinois avant quâils puissent se concentrer.
Ordre de bataille chinois
LâarmĂ©e du Guangxi, environ 12 000 hommes (soldats rĂ©guliers chinois), Ă©tait sous le commandement des gĂ©nĂ©raux Wang Debang et Pan Dingxin. Lâaile gauche de lâarmĂ©e, Ă ChĆ©, Ă©tait sous le commandement de Su Yuanchun (è ć æ„) et Chen Jia (éł ć). La droite chinoise, Ă KĂ©p, Ă©tait sous le commandement de Fang Yusheng (æč ć ć) et Zhou Shouchang (ćš ćŁœ æ).
Ordre de bataille français
- 1re colonne (Lieutenant-Colonel Donnier)
- deux compagnies du 143e bataillon d'infanterie de ligne (Capitaines Cuvellier et Fraissynaud)
- deux compagnies du 2e bataillon de la LĂ©gion Ă©trangĂšre (chef de bataillon Diguet) (Capitaines Beynet et Bolgert)
- 50 tirailleurs du 1er régiment de tirailleurs tonkinois (Lieutenant Bataille)
- 12e batterie du 12e régiment d'artillerie (Capitaine de Saxcé)
- 2e colonne (chef de bataillon de Mibielle)
- 3e bataillon du 3e régiment de tirailleurs algériens (Lieutenant Martineau et capitaines Chirouze, PolÚre et Valet)
- 11e batterie du 12e régiment d'artillerie (Capitaine Jourdy)
- 3e colonne (général de Négrier)
- quatre compagnies du 111e bataillon d'infanterie de ligne (Capitaines Planté, Venturini, Mailhat and Verdun)
- trois compagnies du 23e bataillon d'infanterie de ligne (Capitaines Gignoux, Gayon et PĂ©coul)
- deux compagnies du 143e bataillon d'infanterie de ligne (Capitaines Barbier et Dautelle)
- deux batteries du 12e régiment d'artillerie (Capitaines de Saxcé et Roussel)
Utilisant la mobilitĂ© confĂ©rĂ©e par les canonniĂšres françaises pour manĆuvrer rapidement des troupes dâun point Ă lâautre, de NĂ©grier pouvait se concentrer tour Ă tour contre les ailes sĂ©parĂ©es de lâarmĂ©e du Guangxi. Alors que la colonne du lieutenant-colonel Donnier fixait lâaile gauche chinoise devant Chu, oĂč les Chinois avaient construit un grand camp retranchĂ©, et que la colonne de Mibielle observait les mouvements du centre chinois, de NĂ©grier attaquerait et vaincrait la droite chinoise Ă KĂ©p avec lâessentiel de ses forces. Une victoire Ă KĂ©p lui permettrait de rejoindre Donnier devant Chu avec les deux autres colonnes, et cette concentration forcerait la gauche chinoise soit Ă se battre pour ChĆ©, soit Ă battre en retraite.
Combat de Lam
Ă Lam, le 6 octobre, la colonne de Donnier qui a remontĂ© rapidement la riviĂšre Luc Nam sur des barques remorquĂ©es par les canonniĂšres Hache, Ăclair et Massue et les remorqueurs PhÇ« LĂœ et Tra Ly, dĂ©barque en face du fort chinois de ChĆ© pour sâemparer des villages de Lam et Tray Dam. Les Chinois se sont immĂ©diatement portĂ©s vers les Français, qui, dĂ©ployĂ©s en ligne autour de Lam se battent dĂ©sespĂ©rĂ©ment pour tenir leur tĂȘte de pont. Au plus fort de la bataille, les Chinois percent le centre français, balayant les fusiliers tonkinois et une partie de la compagnie de la LĂ©gion Ă©trangĂšre de Beynet, mais lâarrivĂ©e opportune de renforts français permet Ă Donnier de combler le trou dans sa ligne, il contre-attaque, et repousse les Chinois. Les pertes françaises Ă Lam ont Ă©tĂ© de 12 tuĂ©s et 27 blessĂ©s. Les Chinois ont laissĂ© plus de 100 cadavres sur le champ de bataille, et les Français ont estimĂ© leurs pertes totales entre 300 et 400 hommes[4].
Combat de Kep
Le 8 octobre, vers 10 h du matin, le général de Négrier arrive devant Kep que les Chinois avaient réoccupé et fortifié aprÚs Bac-Lé. AprÚs quatre heures d'un violent combat, l'ouvrage central servant de réduit, affaibli par des tirs d'artillerie, est enlevé d'assaut. Les Chinois se défendant avec acharnement, la lutte se termine au corps à corps. Rien que dans l'intérieur de le redoute, on compta 640 Chinois tués. Du cÎté français, les pertes s'élÚvent à 42 tués, dont 3 officiers (lieutenant-colonel Chapuis, capitaine Planté et le lieutenant Triboulez), environ 80 blessés dont 8 officiers (de Négrier à la jambe).
Combat de ChƩ
Le 9 octobre, installé sur une hauteur dominant les redoutes et tranchées chinoises à 2,5 km de ChƩ, le colonel Donnier reçoit en renfort un bataillon de tirailleurs et deux sections d'artillerie; il dispose maintenant de 1700 hommes et de six canons.
le 10 octobre, trois compagnies sont envoyées en reconnaissance. Prises sous le feu d'un ouvrage caché dans la végétation, elles l'enlÚvent. Cette action déclenche le feu d'autres redoutes et celui de l'artillerie et la bataille va durer jusqu'à 5 heures du soir. Les attaques chinoises sont repoussées mais les Français ont perdu une centaine de combattants. Dans la nuit, Donnier ordonne de creuser des tranchées pour couvrir ses abords.
Les Chinois reprennent la bataille le matin du 11 octobre, rassemblant leurs forces pour attaquer lâaile droite de Donnier. Lâattaque nâavait aucune chance de succĂšs. Les Français et les AlgĂ©riens, abritĂ©s dans leurs tranchĂ©es, occasionnent de lourdes pertes aux les colonnes dâattaque chinoises et ont fini par les faire fuir.
Le 12 octobre, vers 2 heures du matin, d'énormes flammes s'élÚvent au-dessus du camp et du village de Chu. Les Chinois, craignant de se voir tourner par la colonne de Négrier et ayant perdu l'un de leurs commandants, évacuent leurs positions aprÚs les avoir incendiées. Les pertes françaises sont de 21 morts et 92 blessés.
Combat de Nui Bop
Vers le 7 décembre, les troupes chinoises descendent de nouveau dans la haute vallée du Luc Nam, au nord et à l'est de ChƩ. AprÚs deux jours de combat, Négrier s'empare du camp retranché de Nui-Bop adossé à deux massifs montagneux et présentant un formidable ensemble d'ouvrages. Le 4 janvier 1885, les Chinois se replient à l'est de ChƩ.
Conséquences
AprÚs cette campagne, la route vers Lang-Son est désormais ouverte et les forces françaises stationnées à ChƩ vont pouvoir se préparer à une nouvelle campagne.
Notes et références
- Huard, 439â42; Lecomte, Lang-Son, 53â66 and 103
- Huard, 442â6; Lecomte, Lang-Son, 67â86 and 103â4; Vie militaire, 53â69
- Huard, 446â51; Lecomte, Lang-Son, 87â105
- Huard, Lecomte
Sources et bibliographie
- En français
- Huard, La guerre du Tonkin (Paris, 1887)
- Lecomte, J., La vie militaire au Tonkin (Paris, 1893)
- Lecomte, Lang-Son: combats, retraite et négociations (Paris, 1895)
- Capitaine Rouyer, Histoire militaire et politique de l'Annam et du Tonkin depuis 1799
- En anglais
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « KĂ©p campaign » (voir la liste des auteurs).
- (en) James F. Roche et L. L. Cowen, The French at Foochow, Celestial Empire, , totales49 (lire en ligne)
- En chinois
- Lung Chang [éŸç« ], Yueh-nan yu Chung-fa chan-cheng [è¶ćèäžæłæ°ç, Vietnam and the Sino-French War] (Taipei, 1993)