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Camelina sativa

Camelina sativa, de son nom vernaculaire cameline, Ă©galement appelĂ©e « lin bâtard » ou « sĂ©same d'Allemagne »[1], est une plante de la famille des Brassicaceae originaire d'Europe du Nord et d'Asie centrale et cultivĂ©e en Europe depuis plus de 3 000 ans pour la production d'huile vĂ©gĂ©tale et de fourrage.

Camelina sativa - MHNT

Description

La tige est haute de 40-80 cm[note 1], dressĂ©e, simple ou rameuse dans le haut. Les feuilles sont oblongues lancĂ©olĂ©es, entières, dentelĂ©es ou sinuĂ©es-dentĂ©es et les fleurs jaunes, produisant une grappe fructifère assez allongĂ©e, Ă  pĂ©dicelles longs de 10-18 mm, Ă©talĂ©s dressĂ©s. Les silicules sont obovales-oblongues, arrondies au sommet, ventrues, non renflĂ©es ; elles contiennent jusqu'Ă  20 graines longues de 1,5 Ă  2 mm[2]. La racine pivotante s'enfonce profondĂ©ment dans le sol[3].

L'espèce est allohexaploïde, Camelina sativa possède 20 chromosomes et est principalement autogame[4].

Culture

Camelina sativa a été cultivée dans le nord de la France jusqu'au début du XXe siècle comme plante oléagineuse d'où l'on tirait une huile siccative, employée notamment dans la fabrication des savons et des peintures. Les résidus solides obtenus après extraction de l'huile servaient de compléments alimentaires au bétail ou étaient utilisés comme fertilisants ; les tiges étaient utilisées pour la confection de balais[5].

La demande croissante en oléoprotéagineux et les problèmes liés aux grandes cultures oléagineuses en zone tempérée ont amené les agronomes, dès la fin du XXe siècle, à expérimenter de nouvelles espèces alternatives. Parmi celles-ci, Camelina sativa présente plusieurs avantages : adaptée aux conditions climatiques et agronomiques de l'Europe, c'est une espèce peu exigeante et à production élevée. Deux souches pures, Epona et Céline, produisent régulièrement plus de 25 q/ha de graines en France métropolitaine, dans des conditions de culture déterminées[6].

Utilisation

Agroalimentaire

La teneur en huile de la graine varie de 28 à 42 %. L'huile de la cameline montre un taux très important d'acides gras oméga-3 (plus de 45 %), caractéristique peu fréquente chez les plantes terrestres. Elle présente plus de 70 % d'acides gras polyinsaturés, dont les éléments complexes principaux sont l'acide alpha-linolénique (C18:3 n-3) et l'acide linoléique (C18:2 n-6), de l'acide oléique (C18:1 cis-9) et de l'acide gadoléique (C20:1 cis-9). Ce corps gras est notamment très riche en antioxydants, comme les tocophérols, et par conséquent très résistant à l'oxydation en acide butyrique[7]. L'huile de cameline est utilisée pour la cuisine ; son goût est à rapprocher de celui de l'amande. Sa richesse en acide alpha-linolénique a un effet comparable à celui de l'huile de colza et de l'huile d'olive sur la réduction du taux de cholestérol[8].

La cameline permet également la production d'un fourrage riche en acides aminés[9].


En 2019, l'utilisation de l'huile de cameline comme complément alimentaire est autorisée par la DGCCRF[10]

Plante auxiliaire et engrais vert

La cameline est également une excellente plante accompagnatrice : elle limite la verse par un effet tuteur et offre une excellente concurrence aux adventices[11]. C'est également une plante mellifère qui attire une grande quantité d’insectes pollinisateurs.

Agrocarburant aéronautique

Dans le cadre de la substitution au moins partielle du kérosène, carburant classique de l'aviation, par des biocarburants de première génération, un vol d'essai a été réalisé le avec un Boeing 747-300 de Japan Airlines équipé par des moteurs de type Pratt & Whitney JT9D. Ces moteurs ont été alimentés par un mélange d'agrocarburant, à base de cameline (« lin bâtard ») et de jatropha, et de kérosène classique[12]. Le 18 juin 2011, un biréacteur d'affaires Gulfstream G450 en provenance du New Jersey se pose au Bourget à l'occasion du salon aéronautique, réalisant le premier vol transatlantique avec un biocarburant uniquement à base de cameline[13]. Deux jours plus tard, un Boeing 747-800 de fret en provenance de Seattle est le premier avion commercial à traverser l’Atlantique avec ses quatre moteurs alimentés en agrocarburant à base de cameline[14].

Cosmétique

L'huile de cameline est naturellement riche en Oméga 3. Elle est ainsi conseillée pour les peaux sensibles et fragiles. L'huile de cameline lutte efficacement contre les rougeurs et les inflammations de la peau.

OGM

À la station expérimentale de Rothamsted, au Royaume-Uni, Camelina sativa a été génétiquement modifié pour synthétiser du DHA, de l'EPA et de l'astaxanthine, cette dernière étant un pigment caroténoïde qui a des propriétés antioxydantes[15] - [16]. Aucune plante n'étant capable d’accumuler de l’EPA ou DHA, deux oméga-3 bénéfiques pour la santé, cet OGM a des potentiels économiques majeurs. Cependant, comme les autres OGM, il est possible que celui-ci transfère ses gènes à des plantes non-OGM (qu'il contaminerait génétiquement). Cet effet n'a pas encore été testé.

Notes et références

Notes

  1. Dans certaines conditions, la plante peut atteindre 1,6 m de hauteur (Bonjean et Le Goffic 1999, p. 29)

Références

  1. Camelina sativa (L.) Crantz
  2. Hippolyte Coste, Flore descriptive et illustrée de la France, de la Corse et des contrées limitrophes, t. 1, Paris, Paul Klincksieck, , 416 p.
  3. Bonjean et Le Goffic 1999, p. 29
  4. (en) Carolyn Hutcheon, Renata F. Ditt, Mark Beilstein et Luca Comai, « Polyploid genome of Camelina sativa revealed by isolation of fatty acid synthesis genes », BMC plant biology, vol. 10,‎ , p. 233 (ISSN 1471-2229, PMID 20977772, PMCID PMC3017853, DOI 10.1186/1471-2229-10-233, lire en ligne, consulté le )
  5. Larousse en 7 vol., 1935, p. 978
  6. Bonjean et Le Goffic 1999, p. 30
  7. Alain Bonjean, « La cameline : bilan R&D 30 ans après m’y être intéressé », (consulté le )
  8. (en) Henna M. Karvonen, Antti Aro, Niina S. Tapola, Irma Salminen, Matti I.J. Uusitupa et Essi S. Sarkkinen, « Effect of [alpha ]-linolenic acid[ndash ]rich Camelina sativa oil on serum fatty acid composition and serum lipids in hypercholesterolemic subjects », Metabolism Clinical and Experimental, vol. 51, no 10,‎ , p. 1223-1260 (lire en ligne)
  9. Bonjean et Le Goffic 1999
  10. « Liste des plantes pouvant être employées dans les compléments alimentaires », (consulté le )
  11. Frédéric Thomas Matthieu Archambeaud, Les couverts végétaux
  12. Les biocarburants s'envolent, Air & Cosmos, no 2155, 16 janvier 2009
  13. « Un G-450 équipé par Honeywell traverse l’Atlantique au biocarburant », sur Aerobuzz.fr
  14. « Le Boeing 747-8 Freighter, alimenté en biocarburant, atterrira au Bourget lundi », communiqué de Boeing France
  15. « GM Camelina field Trial: Information », sur Rothamsted Research (consulté le )
  16. « Rothamsted Research is granted permission by Defra to carry out field trial with GM Camelina plants », sur Rothamsted Research (consulté le )

Sources

  • Alain Bonjean et François Le Goffic, « La Cameline - Camelina sativa (L.) Crantz : une opportunitĂ© pour l'agriculture et l'industrie europĂ©ennes », OlĂ©agineux, Corps Gras, Lipides, vol. 6, no 1,‎ , p. 28-34 (ISSN 1258-8210, lire en ligne)
  • Jean-Claude Rameau, Flore forestière française : Plaines et collines, Paris, Institut pour le DĂ©veloppement Forestier, , 1785 p. (ISBN 2-904740-16-3)
  • Fiche technique ITAB, La cameline (culture et utilisation en agriculture biologique, 2 articles Alter Agri 2009). 4 pages: http://www.itab.asso.fr/downloads/Fiches-techniques_culture/cameline-web.pdf

Liens externes

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