Cacatov
Un « cacatov » — mot-valise composé de caca et cocktail Molotov — ou « puputov » est une arme par destination formée d'un contenant rempli d'excréments (matières fécales ou urine), parfois dilués dans de l'eau, et utilisée contre les forces de l'ordre lors de manifestations.
Cacatov | |
Cacatov dans une manifestation d'opposition. | |
Présentation | |
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Pays d'origine | Venezuela |
Autre(s) nom(s) | Puputov |
Caractéristiques techniques | |
Variantes | Pipitov |
Historique
Les excréments sont utilisés comme projectiles ou armes de jet de longue date : en Europe, au Moyen Âge, des tonneaux remplis d'excréments étaient parfois déversés sur les assaillants du haut des mâchicoulis[1] ou utilisés lors de bombardements[2].
En 2014, un policier autrichien est victime d'une « bombe à lisier » installée à un endroit fréquemment utilisé pour les contrôles radars[3].
Les « cacatov » ou bombes d'excréments sont utilisés plus largement la première fois début au Venezuela[4] (appelés là -bas « cocotov »[5] ou « puputov »[6]) lors des manifestations contre le pouvoir en place. La première présence documentée de « cacatov » en France est faite en sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes[4].
Fabrication et utilisation
Un « cacatov » est fabriqué en remplissant un contenant en verre (pot, bouteille) ou en plastique[7] avec des excréments (urine et matière fécale)[8], coupés ou non à l'eau[7]. Ces excréments ont auparavant été collectés auprès de volontaires[4] ou proviennent d'autres sources (crottes de chien[9]). Ces projectiles sont ensuite lancés sur les forces de l'ordre — avec des élastiques au Venezuela[6] — afin de les humilier[10].
Certains observateurs mettent en avant la facilité de fabrication[11], le prix, l'aspect « bio » et l'efficacité des « cacatov » comme une explication de leur succès[7]. D'autres en dénoncent l'aspect insalubre[7].
Un « pipitov » est le même genre de projectile mais uniquement rempli d'urine[12].
Conséquences sanitaires liées à l'utilisation
Certaines personnes touchées par des « cacatov » ont été prises de vomissements[8] - [11].
L'utilisation de bouteilles en verre est sujette à critiques car elles causent parfois des blessures[7] en plus de l'humiliation provoquée par les excréments[10].
Les bactéries présentes dans les excréments peuvent contaminer les personnes touchées[9].
Utilisation en manifestation
Au Venezuela
L'utilisation des « cacatov » (appelés « puputov » en espagnol) est rapportée par l'agence France-Presse au Venezuela le week-end précédant le [13].
Les « cacatov » sont utilisés à la place des cocktails Molotov[14], ou en réaction aux cocktails Molotov employés par l'armée envoyée face aux manifestants[4]. L'objectif est d'humilier les forces de l'ordre plutôt que les blesser physiquement[10].
Leur utilisation est notée en premier lieu lors de manifestations à Los Teques, et leur utilisation s'accroît par les réseaux sociaux[8]. Leur utilisation est rapportée à San Cristobal, Merida, Valencia ou Caracas[11]. Une marche organisée le a été dénommée « la marcha de la mierda » (la marche de la merde)[15].
Les « cacatov » sont considérés comme des « armes biochimiques » par les autorités vénézuéliennes[12] et leur utilisation est répréhensible[10]. La chaîne de télévision publique Venezolana de Televisión parle de « bioterrorisme[7] ».
En France
Les « cacatov » sont utilisés en 2018 sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes[4], puis en 2019 lors de l'acte XV () du mouvement des Gilets jaunes[12].
Le jet de projectiles de type « cacatov » est passible de trois ans de prison et 45 000 euros d'amende[16] en sus des éventuelles réparations[12]. Ces peines peuvent être aggravées jusqu'à sept ans d'emprisonnement et 100 000 euros d'amende si plusieurs circonstances prévues par la loi sont retenues lors de l'infraction, par exemple le fait de s'en prendre aux forces de l'ordre sous l'emprise d'alcool ou de produits stupéfiants tout en dissimulant son visage[16].
Notes et références
- Jean Mesqui, Les châteaux forts : de la guerre à la paix, Paris, Gallimard, coll. « Découvertes », , 159 p. (ISBN 978-2-07-034783-4), p. 13, 117.
- Emmanuel de Crouy-Chanel, « Le Bombardement des villes », dans Laurent Vissière, Le feu et la folie : l’irrationnel et la guerre (fin du Moyen Âge-1920), Presses universitaires de Rennes, , 280 p. (ISBN 2-7535-5569-9 et 978-2-7535-5569-3, lire en ligne), p. 70 (notes), 78.
- « Radars : un policier piégé par une bombe d'excréments », Actu : insolite, sur rtl.fr, RTL, (consulté le ).
- Jade Toussay, « Cette technique peu ragoûtante des opposants vénézuéliens arrive à NDDL », sur huffingtonpost.fr, Le Huffington Post, (consulté le ).
- (pt) « As 'bombas de cocô' que se tornaram 'último recurso' de manifestantes contra Maduro na Venezuela », sur bbc.com, BBC, (consulté le ).
- « Manifestations au Venezuela : des bocaux d'excréments lancés contre la police », sur francetvinfo.fr, .
- « Le « puputov », la nouvelle arme des manifestants vénézuéliens à base… d’excréments », sur france24.com, Les Observateurs de France 24, (consulté le ).
- Thomas Guien, « Venezuela : les « cocktails cacatov » d'excréments, nouvelle arme des manifestants anti-Maduro », sur lci.fr, LCI, (consulté le ).
- « L'arme redoutable des gilets jaunes : le « cacatov » », sur 20min.ch, 20 minutes, (consulté le ).
- (es) Redacción, « « Puputov » : las bombas de excrementos que son el último recurso de algunos manifestantes en Venezuela », sur bbc.com, BBC, (consulté le ).
- « Manifestations au Venezuela : des « cacatov » contre les forces de l'ordre », sur bfmtv.com, BFM TV, (consulté le ).
- « Le « cacatov », nouvelle arme des gilets jaunes », sur bfmtv.com, BFM TV, (consulté le ).
- « Venezuela : nouveaux heurts, des « cacatov » à la place des « Molotov » », sur liberation.fr, Libération, (consulté le ).
- « Vidéo. Venezuela : des « cacatov » dans les manifestations anti-Maduro », sur lemonde.fr, Le Monde.fr, (consulté le ).
- (es) Ewald Scharfenberg, « CĂłcteles de excrementos, la nueva arma de la oposiciĂłn al chavismo », El PaĂs,‎ (ISSN 1134-6582, lire en ligne, consultĂ© le ).
- Code pénal - Article 222-13 (entre autres : alinéa 4).