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Cabinda

Le Cabinda (qui peut s’écrire également Kabinda) est l'une des dix-huit provinces de l'Angola, située à l'extrême nord de ce pays de manière discontinue par rapport à la majeure partie du territoire national (carte).

Cabinda
Cabinda
Administration
Pays Drapeau de l'Angola Angola
Type Province de l'Angola
Capitale provinciale Cabinda
ISO 3166-2 AO-CAB
DĂ©mographie
Population 716 076 hab. (Mai 2014[1])
DensitĂ© 98 hab./km2
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 5° 34′ 20″ sud, 12° 13′ 40″ est
Superficie 728 300 ha = 7 283 km2

    Ainsi exclave entre la RĂ©publique du Congo au nord (dont Pointe-Noire sur la cĂ´te atlantique) et la RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo (RDC) Ă  l'est et au sud, il est sĂ©parĂ© du territoire principal angolais par une bande littorale d'environ 60 km dĂ©pendant de la RDC et constituant l'unique accès maritime de celle-ci : le Territoire de Moanda, qui forme ce « corridor » marin Ă  l'extrĂŞme ouest de la rĂ©gion du Kongo central.

    La rĂ©gion elle-mĂŞme maritime du Kabinda est bordĂ©e Ă  l'ouest par l'ocĂ©an Atlantique. Sa capitale homonyme, appelĂ©e localement Tchiowa, Kiowa, Tsiowa ou Chioua, peuplĂ©e de 598 210 habitants (en 2014[2]), est situĂ©e sur la cĂ´te au sud-ouest du territoire, sur la rive droite du fleuve Lulondo (ceb) ou M(')Bele.

    Autrefois, ce territoire lusophone enserré entre les deux Congo(s) francophones (et l'océan) était souvent désigné comme le « Congo portugais », l'Angola en ayant été une colonie.

    Histoire

    Période pré-coloniale

    Le Cabinda, qui compte 716 076 habitants en 2014[1], est issu des royaumes Loango, Kakongo et Ngoyo antĂ©rieurs Ă  l'arrivĂ©e des colonisateurs europĂ©ens. Il est occupĂ© par les Portugais dès la fin du XVe siècle. Le 29 septembre 1883 est signĂ© le traitĂ© de Chinfuma[3]. Le Cabinda est devenu un protectorat du Portugal Ă  la suite du traitĂ© de Simulambuco signĂ© le entre les princes et notables du Cabinda et la couronne portugaise[4], document juridique que le Portugal prĂ©sente Ă  la confĂ©rence de Berlin pour appuyer ses prĂ©tentions sur ce territoire[5] et que les Cabindais invoquent pour dĂ©fendre leur droit Ă  l'autodĂ©termination. Les frontières du Cabinda ont Ă©tĂ© fixĂ©es lors de cette confĂ©rence lorsque les puissances colonisatrices europĂ©ennes se sont partagĂ© l'Afrique. D'ailleurs, les deux territoires ont eu des statuts distincts vis-Ă -vis du Portugal : l'Angola avait celui de colonie, tandis que le Cabinda Ă©tait un protectorat en raison du traitĂ© du 1er fĂ©vrier 1885.

    Protectorat portugais

    Carte du Bas-Congo et du Cabinda en 1913.

    Pour des raisons d'économie et de commodités administratives, en 1956, les deux territoires sont placés sous un seul et même gouverneur siégeant à Luanda[3]. Mais le peuple cabindais ne s’est jamais soumis à la domination portugaise. Dans une perspective de libération de leur population, les Cabindais se sont organisés au sein du Mouvement de libération de l’enclave du Cabinda (MLEC) de Luis de Gonzaga Ranque Franque, du Comité d’action d’union nationale cabindais (CAUNC) de Nzita Henriques Tiago et de l’Alliance du Mayombe (ALLIAMA)[6]. Pour mieux intensifier leurs actions, les trois mouvements fusionnent lors du 1er congrès de Pointe-Noire (République du Congo) des 2, 3 et 4 août 1963 et donnent naissance au Front pour la Libération de l'enclave de Cabinda (FLEC). Luis Ranque Franque est élu président par les congressistes.

    Après l'indépendance de l'Angola

    Au moment de l'indĂ©pendance de l’Angola en 1975, ce dernier annexe manu militari l'enclave de Cabinda[3] qui est depuis occupĂ©e par 50 000 soldats des forces armĂ©es angolaises, les FAA. Les richesses pĂ©trolières de Cabinda attisent les convoitises de plusieurs puissances, dont en particulier la France, qui favorisent le FLEC indĂ©pendantiste, et de grands groupes pĂ©troliers comme Elf-Erap espèrent retirer les bĂ©nĂ©fices de l’opĂ©ration. Le prĂ©sident du FLEC est un ancien sous-officier de l'armĂ©e française, Jean da Costa, installĂ© par le SDECE avec la complicitĂ© du ZaĂŻre de Mobutu[7]. La situation des habitants est prĂ©caire. La lutte armĂ©e pour l'indĂ©pendance provoque une situation politiquement tendue et rĂ©pressive.

    En décembre 1996, différentes factions cabindaises signent aux Pays-Bas un accord et décident de renommer le FLEC, Front de Libération de l'État de Cabinda ; elles mettent en place un gouvernement cabindais en exil dirigé actuellement par le comandante Antonio Luis Lopes, né à Malembo au Cabinda[8]. Patrick Lola a été nommé Premier ministre selon l'organigramme du FLEC[9]. Sur le terrain néanmoins, une lutte de libération est encore active contre les forces armées angolaises. Depuis fin 2008, des pourparlers sont en cours, visant à renforcer le mémorandum de paix pour le Cabinda, les combats semblent s’intensifier.

    Le 8 janvier 2010, un des bus de l'équipe nationale de football du Togo, escorté par des soldats angolais, qui se rendait au Cabinda pour la Coupe d'Afrique des nations de football 2010 (la CAN), organisée par l'Angola, est attaqué par le FLEC-Position Militaire[10]. L'attentat cause deux morts et huit blessés.

    Chronologie détaillée

    • : ouverture officielle d'un bureau du FLEC Ă  Tchiowa (nom originel de la capitale du Cabinda)[11].
    • 1976 : les divergences entre dirigeants du FLEC s'amplifient au point de mener Ă  des scissions successives[12]. Pendant cette guerre en 1976, le PrĂ©sident commandant du Congo Brazzaville Marien Ngouabi interdit toute activitĂ© du FLEC sur le sol congolais[13].
    • : signature d'une nouvelle charte Ă  Drachten, reprenant de nouveaux modes de lutte[14].
    • : signature d'un mĂ©morandum pour la paix au Cabinda entre une fraction du Forum Cabindais et du gouvernement angolais.
    • : les pourparlers entre le FLEC et l'Angola sont brutalement suspendus Ă  la suite de la tentative d'assassinat du comandante Antonio Luis Lopes, perpĂ©trĂ©e par les services secrets angolais[15] et sauvĂ© par le Consul gĂ©nĂ©ral de France.
    • Selon l'Organisation des nations et des peuples non reprĂ©sentĂ©s, le Cabinda est toujours sous l'emprise de l'occupation militaire angolaise[16].

    GĂ©ographie

    Carte du Cabinda.

    Cabinda est la province la plus au nord ; c'est une exclave de l'Angola.

    Elle est composĂ©e de quatre municipes : Cabinda (chef-lieu), Cacongo (36 778 habitants au recensement de mai 2014), Buco-Zau (33 843 habitants au recensement de mai 2014) et Belize (19 454 habitants au recensement de mai 2014). Les municipalitĂ©s sont elles-mĂŞmes divisĂ©es en communes :

    MunicipalitésCommunesChef-lieu
    BelizeBelize
    Buco Zau
    Tchiowa-CidadeCabinda
    CacongoLandana, Dinge, MassabiLandana

    La population totale du Cabinda est estimĂ©e Ă  668 285 habitants selon le recensement de mai 2014.

    Transport

    Cabinda possède un aéroport (code AITA : CAB).

    Économie

    • PĂ©trole : la production de pĂ©trole du Cabinda compte pour 60 % de la production pĂ©trolière angolaise qui est estimĂ©e Ă  1,7 million de barils par jour en 2007. Les revenus tirĂ©s de la production pĂ©trolière au Cabinda reprĂ©sentent 42 % du PNB de l'Angola, et 90 % du budget de l'État angolais. La concession Bloc ZĂ©ro a Ă©tĂ© la première Ă  ĂŞtre exploitĂ©e Ă  partir de 1957, lorsque des droits d'exploitation sont accordĂ©s Ă  la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine Gulf Oil. Les premiers champs pĂ©troliers sont dĂ©couverts en 1962 et la production de pĂ©trole commence Ă  partir de 1968. Cette concession Bloc ZĂ©ro est toujours exploitĂ©e aujourd'hui, avec une production estimĂ©e Ă  370 000 barils par jour en 2007. La sociĂ©tĂ© CABGOC (Cabinda Gulf Oil Company), une filiale de la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine Chevron Corporation, avec 39,2 % des parts, et la sociĂ©tĂ© publique angolaise Sonangol (Sociedade Nacional de Combustiveis de Angola), avec 41 % des parts, sont majoritaires dans la coentreprise qui exploite la concession. Le groupe français Total avec 10 % des parts (parts cĂ©dĂ©es par Sonangol en 1992) et le groupe italien ENI avec 9,8 %, complètent le tour de table. Les entreprises françaises sont aussi implantĂ© dans la province : Bouygues Offshore, Foramer, Schlumberger, Petromar[17].
    • Gaz.
    • Potasse : il existe un gisement dans la rĂ©gion de Dinge.
    • Phosphates : les rĂ©serves s'Ă©lèveraient Ă  100 millions de tonnes.
    • Manganèse : près de Luali et Micomge.
    • Fer.
    • Diamants.
    • Or : dans la rĂ©gion de Buco Zau, le long du fleuve Shiloango, et autour de Belize.

    Langues

    La langue officielle (de jure) est le portugais[18].

    Le français est cependant de loin la langue la plus parlĂ©e. En effet, une large part des habitants parle français et 90 % des rares alphabĂ©tisĂ©s parlent ainsi français contre 10 % portugais[19]. D’ailleurs, il existe des tendances « pro-francophones », pour ne pas dire « pro-françaises » au sein des groupes indĂ©pendantistes, qui souhaiteraient bien rendre le français langue officielle dans l’éventualitĂ© oĂą le Cabinda accĂ©derait Ă  l’indĂ©pendance totale, les indĂ©pendantistes dĂ©clarant contrĂ´ler 85 % du territoire.

    Drapeau

    Drapeau proposé par le Front pour la Libération de l'enclave de Cabinda.

    En tant que province de l'Angola, le territoire ne dispose pas d'enseigne spécifique, mais un drapeau tricolore portant en son centre le monument du traité de Simulambuco est proposé par le Front pour la Libération de l'enclave de Cabinda qui est opposé au gouvernement angolais.

    Références

    1. (pt) Resultados definitivos do recenseamento geral da população e habitação 2014, (lire en ligne), p. 89
    2. (en) « CABINDA (Province) », sur citypopulation.de.
    3. (en) « Chronology for Cabinda in Angola », Minorities at Risk Project, Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, .
    4. (pt) « Site d'un historien royaliste portugais »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
    5. Lemarchand 1994, p. 126.
    6. « L'enclave de Cabinda, son pétrole, ses rebelles », Ouest France,‎ (lire en ligne).
    7. Armelle Enders, Histoire de l'Afrique lusophone, Éditions Chandeigne, , p. 141
    8. « Cabinda : site officiel du gouvernement Cabindais en exil du F.L.E.C », sur www.cabinda.org (consulté le )
    9. « Cabinda : site officiel du gouvernement Cabindais en exil du F.L.E.C », sur cabinda.org (consulté le )
    10. AFP, « CAN-2010: « Le Cabinda est en guerre, il y a la guerre au Cabinda et les armes vont continuer à parler au Cabinda » avait déclaré le porte parole et secrétaire général »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur Le Monde, (consulté le )
    11. « Quelques événements mémorables de la lutte du peuple de Cabinda », sur terracabinda.com, .
    12. Daniel Bach (dir.), La France et l'Afrique du Sud: mythes et enjeux contemporains, Karthala, (lire en ligne), p. 220.
    13. Joseph Figueira Marti, HISTOIRE D’UNE GUÉRILLA FANTÔME : LE(S) FRONT(S) DE LIBÉRATION DE L’ENCLAVE DU CABINDA, Observatoire de l’Afrique australe et des Grands Lacs, Ifri, (lire en ligne), p. 13-17.
    14. « Charte du front de libération de l'état du Cabinda F.L.E.C. », sur cabinda.org (consulté le ).
    15. Réseau Nerrati-Press, « Angola : tentative d'attentat contre Antonio Luis Lopes du FLEC à Luanda par le régime de Dos Santos », sur nerrati.net, (consulté le )
    16. (en) « UNPO Resolution Concerning the Cabinda Enclave », sur unpo.org (consulté le )
    17. « Angola », sur www.axl.cefan.ulaval.ca (consulté le )
    18. (en) « Constitution de l'Angola de 2010 », sur le site ConstituteProject.Org (2013).
    19. John Pike, « Cabinda », sur www.globalsecurity.org (consulté le )

    Bibliographie

    • Philippe Lemarchand, L'Afrique et l'Europe : atlas du XXe siècle, Éditions Complexe, , 251 p. (ISBN 978-2-87027-518-4, prĂ©sentation en ligne).
    • Collectif, « L'Angola dans la paix », Politique africaine, Karthala Éditions, no 110,‎ (ISBN 978-2-8111-0012-4).

    Liens externes

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