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Bugrane Ă©pineuse

Ononis spinosa

La Bugrane Ă©pineuse (Ononis spinosa) est une espèce de plantes du genre des Bugranes (Ononis) et de la famille des Fabaceae, Ă©galement connue sous le nom de « ArrĂŞte-bĹ“uf Â»[1].

Son nom Ononis spinosa vient du mot grec « onos », âne, et de oninemi qui signifie qui plaît aux ânes, car ceux-ci apprécient particulièrement en manger[2]. De plus comme la deuxième partie de son nom l’indique (spinosa signifie épineuse en latin), les ânes l'apprécient également car la présence d'épines leur permet de s'y gratter le dos. L’appellation "Arrête-Bœuf" évoque la résistance des racines lors du passage de la charrue[2].

La bugrane Ă©pineuse forme des sous-arbrisseaux ligneux vivaces et Ă©pineux, aux rameaux pouvant s’élever jusqu'Ă  60cm. Elle se retrouve principalement dans les terres calcaires, dans les prairies, les talus et les digues[3]. Elle fleurit de juin Ă  aout et ses fleurs sont gĂ©nĂ©ralement de couleur blanc rosĂ©, parfois blanches ou lilas, de type papilionacĂ©es[3] - [4]. Elle est utilisĂ©e et phytothĂ©rapie, principalement pour des affections des reins et de la vessie.

Description

Appareil végétatif

Ononis spinosa est un sous-arbrisseau ligneux Ă  racines pivotantes vivaces. Les tiges sont cylindriques, dressĂ©es ou ascendantes, et n’atteignent[5] jamais plus de un mètre (30-60 cm)[5], elles sont Ă©pineuses et prĂ©sentent deux rangĂ©es de poils[3].

Les feuilles sont alternes et courtement pĂ©tiolĂ©es. Les feuilles infĂ©rieures sont composĂ©es pennĂ©es Ă  3 folioles, entières et glabres[5] tandis que les feuilles supĂ©rieures,les plus jeunes, sont petites et simples[1]. Elles prĂ©sentent des stipules verts, triangulaires Ă  lancĂ©olĂ©s, persistants et soudĂ©s Ă  la base du pĂ©tiole[5].  

Les racines de la bugrane épineuse ont une odeur âcre[6]

Appareil reproducteur

Les fleurs sont zygomorphes et de type papilionacĂ©e, le plus souvent roses mais pouvant ĂŞtre blanches ou lilas[3]. Elles forment des inflorescences de type racème Ă  l’aisselle des feuilles et sont sous-tendues par des bractĂ©es.

Leur calice monosĂ©pale est composĂ© de 5 lobes et fortement poilu. La corolle est papilionacĂ©e, elle est composĂ©e d’un Ă©tendard redressĂ© et suborbiculaire, d’ailes Ă©troites et oblongues Ă  l’extrĂ©mitĂ© incurvĂ©e et pointue et d’une carène[5]

L’androcée est composé de 9 à 10 étamines monadelphes à filets glabres. Le gynécée est composé d'un style cylindrique, l’ovaire est supère[5].

Fruit

Le fruit est enfermé dans le calice mais est plus long que ce dernier. Il s’agit d’une gousse uniloculaire, glabre ou légèrement poilue, oblongue ou ellipsoïde, ne renfermant généralement qu’une graine et déhiscente. La graine est réniforme à surface rugueuse, de couleur vert olive à noir[5]. Ononis spinosa subsp. antiquorum (L.) Arcang.

Sous-espèces

  • Ononis spinosa subsp. australis Greuter & Burdet
  • Ononis spinosa subsp. austriaca (Beck) Gams
  • Ononis spinosa subsp. maritima (Dumort. ex PirĂ©) P.Fourn.
  • Ononis spinosa subsp. pseudohircina (Schur) B.Bock
  • Ononis spinosa subsp. hircina (Jacq.) Gams
  • Ononis spinosa subsp. arvensis (L.) Greuter & Burdet

Écologie

Habitat et répartition

La bugrane épineuse est largement répandue en Europe, on la retrouve également en Asie mineure et en Afrique du Nord[6]. Elle se trouve à des altitudes allant jusque 1500 m[3] - [5] - [2].

Cette plante était autrefois très répandue mais est aujourd’hui de plus en plus rare, on ne la retrouve par exemple presque plus au Royaume-Uni ou en Europe du Sud. En revanche, elle a été introduite dans certains pays comme les États-Unis[5].

Elle se dĂ©veloppe dans les prairies et les pâturages secs, au bord des chemins et des champs ainsi que dans les rĂ©gions tourbeuses et les dunes de sable. Cette plante se trouve principalement dans les terres argileuses ou calcaires, dans des zones suffisamment ensoleillĂ©es[2] - [6]. Elle contribue Ă  l’amĂ©lioration des sols dans les terrains pauvres et sablonneux car elle fixe l’azote[2]

Conditions environnementales

La bugrane peut se retrouver sur les côtes ou dans les terres mais vit dans des climats tempérés (pas de températures extrêmes). Elle supporte bien les fortes luminosités mais supporte mal l’humidité, que ce soit l’humidité ambiante ou du sol[7].

Au niveau du sol, celui-ci doit être suffisamment meuble et de pH plutôt basique. Ononis spinosa supporte bien de faibles taux de nutriments et de matière organique, mais supporte très mal une haute salinité du sol[7].

Cycle de vie et interactions avec les animaux

La bugrane épineuse fleurit de juin à aout. Comme les autres plantes de la famille des fabacées, elle est majoritairement autogame, c’est-à-dire qu’elle fait de l’autopollinisation, phénomène qui est facilité par la morphologie de ses fleurs. Il arrive toutefois que la pollinisation se fasse par l’intermédiaire d’insectes, favorisant alors les croisements entre plantes[8]

Le fruit étant déhiscent, il s’ouvre pour laisser s’échapper les graines. Celles-ci peuvent alors être dispersées, notamment par des animaux (les légumineuses résistent bien au passage dans l’estomac des animaux tel que chez l’âne par exemple)[9].

Propriétés

Ononis spinosa
Ononis spinosa

Constituants principaux

On retrouve des huiles essentielles en quantitĂ©s minimes, des isoflavonoides (typiques des racines de fabacĂ©es) et des stĂ©rols (principalement des β-sitosterol, stigmasterol, campesterol, cholesterol et α-spinasterol)[6].

Les molécules d’importance médicinale sont la spinonine, un glucoside de structure inhabituelle aux propriétés antibactériennes[6] - [10] et la saponine, un triterpénoïde responsable de l’effet diurétique de la bugrane[6].

On retrouve également dans Ononis spinosa des tanins, du saccharose, des lipides et de l’acide citrique[6].

Utilisations

Usage médicinal

On utilise la racine broyée d’Ononis spinosa dans des préparations ayant plusieurs usages. Cette racine a une odeur douceâtre et nauséabonde et a un gout amer. Elle est majoritairement utilisée sous forme d’infusion ou de décoction[6].

Elle est principalement reconnue pour ses effets sur la vessie (diurétique) et sur les reins lorsqu’elle est consommée de manière interne, mais on en fait également une utilisation externe pour guérir les plaies et lutter contre l’eczéma et d’autres maladies de peau. On remarque également des effets antibactérien, antifongique, antiviral et analgésique[6] - [11] - [12].

Un effet d’inhibition de la production d’anion superoxyde par des extraits d’Ononis spinosa a également été mis en évidence[13].

Voici quelques effets de la bugrane Ă©pineuse et les composĂ©s qui les provoquent :

  • Action diurĂ©tique par les isoflavones et salidiurĂ©tique par la genisteine[14].
  • Diminution de la sensibilitĂ© nociceptive thermique par l’inhibition du TRPM3 par l’ononĂ©tine[15].
  • Effet antalgique de l’extrait aqueux[16].
  • Effet anti-inflammatoire par l’ihnhibiton de la 5-lipoxygĂ©nase par la mĂ©dicarpine[17].
  • ActivitĂ© antibactĂ©rienne par la spinonine et l’ononine[10].
  • ActivitĂ© antifongique lors de l’application de cendres issues des racines[18]

Toutefois, au niveau scientifique, un faible nombre d’études confirment sa véritable efficacité notamment du point de vue des affections rénales et de la vessie. De plus, par manque de données, la bugrane ne devrait pas être donnée à un enfant de moins de 12 ans, à la femme enceinte ou allaitante[6].

Histoire

C'est au IVe siècle av. J.-C. que ThĂ©ophraste, un philosophe grec, fut Ă  la base de la première description botanique de la bugrane[19]. Ă€ l'Ă©poque cette plante attira l'attention de par ses vertus thĂ©rapeutiques. Ensuite dans des Ă©crits postĂ©rieurs Ă  l’AntiquitĂ© romaine, le mĂ©decin grec Galien mit en Ă©vidence les propriĂ©tĂ©s de la bugrane en tant que stimulant de l’excrĂ©tion et rĂ©duisant les calculs urinaires[2].   

Références

  1. K. Ghedira et P. Goetz, « Ononis spinosa L. : Bugrane épineuse (Fabaceae) », Phytothérapie, vol. 13,‎ , p. 45-48 (ISSN 1624-8597 et 1765-2847, DOI 10.1007/s10298-015-0919-6, lire en ligne, consulté le )
  2. « Ononis Spinosa »
  3. Bastin B. et al, Flore de la Belgique, Erasme,
  4. Achille Richard, Botanique médicale, ou histoire naturelle et médicale des médicaments, des poisons et des aliments, tirés du règne végétal, Bechet,
  5. « Spiny Restharrow (Ononis spinosa) - Information on Spiny Restharrow - Encyclopedia of Life », sur Encyclopedia of Life (consulté le )
  6. (en) « Committee on Herbal Medicinal Products, Assessment report on Ononis spinosa L., radix »,
  7. « Ononis spinosa »,
  8. « Fédération des agriculteurs bio d’Aquitaine, La production de semences de fabacées, Fiche Technique »,
  9. Skerman P.J., Les légumineuses fourragères tropicales, Food and Agriculture organisation, (lire en ligne)
  10. Süheyla Kırmızıgül, Nezhun Gören, Shu-Wei Yang et Geoffrey A. Cordell, « Spinonin, a Novel Glycoside from Ononis spinosa subsp. leiosperma », Journal of Natural Products, vol. 60,‎ , p. 378-381 (ISSN 0163-3864, DOI 10.1021/np9605652, lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Sükran Kültür, « Medicinal plants used in Kirklareli Province, Turkey », Journal of Ethnopharmacology, no vol. 111, pages 341-364,‎ (lire en ligne)
  12. (en) Ipek Süntar et al., « Wound healing acceleration effect of endemic Ononis species growing in Turkey », Journal of Ethnopharmacology, no vol. 135, pages 63-70,‎ (lire en ligne)
  13. (en) Çoban T et al, « Antioxidant activities of plants used in traditional medicine in Turkey », Pharmaceutical Biology, no vol. 41, pages 608-613,‎ (lire en ligne)
  14. Wichtl M, Anton R, Plantes thérapeutiques, tradition, pratique officinale, science et thérapeutique (2e édition), Paris, EM Inter / Tec & Doc,
  15. (en) Straub I et al, « Flavanones that selectively inhibit TRPM3 attenuate thermal nociception in vivo », Molecular Pharmacology, no vol. 84, pages 736-750,‎ (lire en ligne)
  16. (en) Betül Sever Yõlmaz, Hanefi Özbek, Gülçin Saltan Çitoğlu et Serdar Uğraş, « Analgesic and hepatotoxic effects of Ononis spinosa L. », Phytotherapy Research, vol. 20,‎ , p. 500-503 (ISSN 1099-1573, DOI 10.1002/ptr.1891, lire en ligne, consulté le )
  17. (en) Bolle P, Faccendini P, Bello U, et al, « Ononis spinosa: pharmacological effect of ethanol extract », Pharmacol Research, no 27 (suppl.1) 27–8,‎
  18. (en) Altuner EM, Ceter T, Işlek, « Investigation of antifungal activity of Ononis spinosa L. ash used for the therapy of skininfections as folk remedies », Mikrobiyol Bul, no 44(4):633–9,‎ (lire en ligne)
  19. Charles S. Sonnini, Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle, appliquée aux arts, principalement à l’agriculture et à l’économie rurale et domestique. Vol22, Deterville, (lire en ligne)

Liens externes

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