Accueil🇫🇷Chercher

Budget du gouvernement du Québec de 1994

Le budget du gouvernement du Québec de 1994 s'appliquant à l'année fiscale 1994-95 est présenté par André Bourbeau le à l'Assemblée nationale. C'est le premier (et seul) exposé budgétaire d'André Bourbeau et le seul budget présenté sous le Gouvernement Johnson (fils). C'est également le dernier budget présenté avant les élections générales québécoises de 1994.

Budget 1994 du Québec
Description de l'image Budget 1994-95 (Québec).svg.
Sous-titre Aucun
Année fiscale 1994-95
LĂ©gislature 34e
Gouvernement Daniel Johnson (fils)
Parti Libéral
Discours sur le budget
Date
Présenté par André Bourbeau
Ministre des Finances
Projections
Revenus 37,303 milliards
DĂ©penses 41,728 milliards
DĂ©ficit 4,425 milliards
Besoins financiers nets 2,930 milliards
Parcours législatif
Projet de loi n° 38
Adoption
Sanction
Abréviation L.Q. 1995, ch. 1

Lire en ligne

Discours sur le budget

Contexte

Le budget est présenté quelques mois après l'assermentation du Gouvernement Johnson (fils), après le départ de Robert Bourassa en . Les dernières élections ayant eu lieu en , Daniel Johnson n'a que quelques mois avant de déclencher des élections générales.

Le contexte Ă©conomique au QuĂ©bec en 1993 s'est graduellement amĂ©liorĂ©, avec une croissance en accĂ©lĂ©ration et des crĂ©ations d'emplois plus fortes. Le demande intĂ©rieure demeure dĂ©primĂ©e (+ 0,5 % contre 1,1 % au Canada) et ce sont principalement les exportations (+ 15,3 %) qui tirent la croissance vers le haut, notamment du fait d'une croissance dynamique aux États-Unisp. 5_1-0">[1]. Les investissements demeurent faibles et la construction rĂ©sidentielle sinistrĂ©e malgrĂ© des taux d'intĂ©rĂŞts relativement basp. 10_2-0">[2].

Le le gouvernement du Québec, faisant suite à une mesure du gouvernement du Canada, abaisse largement l'impôt sur le tabac pour lutter contre le contrebande et les importations illégales[3].

Principales mesures

ImpĂ´t sur le revenu

Inversement au budget prĂ©cĂ©dent le budget pour 1994 prĂ©voit une rĂ©duction de 2 % de l'impĂ´t sur le revenu infĂ©rieur Ă  10 000 $. Selon les documents budgĂ©taires cette baisse profite Ă  92 % des contribuables redevables de l'impĂ´t sur le revenu (en particulier ceux Ă  revenus faibles et moyens)p. 11_4-0">[4].

Un nouveau crĂ©dit remboursable pour frais de garde plus avantageux est Ă©galement instaurĂ©. Le nouveau crĂ©dit est plus progressif : il passe de 75 % des frais admissible Ă  un niveau de revenu familial de 18 000 $ Ă  40 % pour un revenu familial de 50 000 $ et 26,4 % pour tous les revenus excĂ©dant 69 000 $p. 14_5-0">[5].

Contrairement au budget fĂ©dĂ©ral (en) du , le gouvernement du QuĂ©bec ne choisit pas de moduler le crĂ©dit d'impĂ´t en raison de l'âge en fonction du revenup. 128_6-0">[6].

Taxe de vente du Québec

Afin de simplifier le rĂ©gime de la taxe de vente du QuĂ©bec (TVQ) en vigueur depuis le mais critiquĂ©e pour sa complexitĂ©, le budget crĂ©e un taux unique Ă  6,5 % pour tous les biens et services taxablesp. 53_7-0">[7].

Taux de TVQ applicables
Catégorie Avant budget Après budget
Biens 8 % 6,5 %
Services 4 %

Autres mesure fiscales

  • Le crĂ©dit d'impĂ´t remboursable pour la formation (CIRF) crĂ©Ă© par le budget 1990 est prolongĂ© de deux ans jusqu'au ;
  • Les amendes pour vente illĂ©gale de boissons alcooliques sont augmentĂ©es ;
  • Le budget suit la mesure prise par le rĂ©cent budget fĂ©dĂ©ral d'Ă©liminer la dĂ©duction d'impĂ´ts sur les sociĂ©tĂ©s accordĂ©e aux petites entreprises pour les grandes corporations qui ont plus de 15 millions de dollars de capital imposable. La dĂ©duction est rĂ©duite pour celles ayant entre 10 et 15 millions de capital imposable et est inchangĂ©e pour celles dont le capital imposable est infĂ©rieur Ă  10 millionsp. 128_8-0">[8].
    • Cette mesure est entrĂ©e en vigueur pour les annĂ©es fiscales terminĂ©es après le avec le vote de la loi d'application du budget suivantart. 70_9-0">[9].

DĂ©penses

En , Monique Gagnon-Tremblay, présidente du Conseil du Trésor et ministre déléguée à l'Administration et à la Fonction publique avait annoncé un plafonnement des dépenses publiques avec des mesures de réduction de 2,1 milliards en 1994-95.

Le budget prĂ©sente d'autres mesures de rĂ©duction des dĂ©penses publiquesp. 8-10_10-0">[10]:

  • Une rĂ©duction de 2 % des effectifs de la fonction publique ;
  • Des compressions de 30 % dans les dĂ©penses de fonctionnement (hors rĂ©munĂ©ration) ;
  • Des compressions de 25 millions dans les transferts aux Ă©tablissements de santĂ© et aux Ă©tablissements scolaires ;
  • La relance des privatisations des sociĂ©tĂ©s d'Ă©tat (Sidbec, Rexfor, Soquem, Soquia, Soquip, la SĂ©paq, certains actifs immobiliers de la SIQ, certains placement de la SDBJ, l'intĂ©gralitĂ© des placements de la SGF, le Village olympique de MontrĂ©al et surtout les opĂ©rations de la SAQ sont concernĂ©es)p. 138_11-0">[11].

RĂ©actions

Monde politique

Jacques LĂ©onard, critique de l'opposition officielle pour les finances publiques, parle d'un budget « trompe-l'Ĺ“il Â» manquant d'initiatives pour la crĂ©ation d'emploi et basĂ© sur des prĂ©visions de transferts fĂ©dĂ©raux trop optimistes. Il critique Ă©galement la hausse de 4 % Ă  6,5 % de la TVQ sur les services, qui ouvrirait la porte au travail au noir[12]. Enfin le critique caractĂ©rise la relance des privatisations comme la « la remise en cause de tous les instruments dont on s'est dotĂ© depuis la RĂ©volution tranquille Â»[13]. Quelques mois plus tard au cours de la campagne Ă©lectorale, Jacques Parizeau, chef du Parti quĂ©bĂ©cois, abonde dans ce sens en dĂ©clarant au sujet des privatisations : « j'ai de très fortes hĂ©sitations Ă  ce qu'on se dĂ©barrasse de ce qu'on peut considĂ©rĂ© comme faisant partie du patrimoine quĂ©bĂ©cois Â»[14].

MĂ©dias

Denis Lessard de La Presse souligne que le budget comporte plusieurs mesures qui seront populaires dans la population Ă  quelques mois d'une Ă©lection gĂ©nĂ©rale mĂŞme si le ministre Bourbeau dĂ©clare « Je ne dirais pas que c'est un budget Ă©lectoral Â»[15]. L'Ă©ditorialiste Alain Dubuc juge plutĂ´t positivement le budget, pointant son aspect pondĂ©rĂ© et Ă©quilibrĂ©, « modèle de dosage et d'Ă©quilibre, qui rĂ©ussit Ă  la fois Ă  faire preuve de rigueur budgĂ©taire et Ă  penser aux gens Â» avec certaines faiblesses (sur l'emploi notamment) et forces (la clarification du rĂ©gime de la TVQ notamment)[16].

Parcours législatif

Les mesures annoncées par le discours sur le budget ne sont finalement pas adoptées au cours de la 34e législature.

Jean Campeau, nouvellement nommé ministre des Finances après les élections de septembre 1994, dépose le le projet de loi 38 qui implémente les mesures du budget 1994[17].

Le projet de loi, particulièrement technique et volumineux (365 articles, modifiant 18 lois différentes) est finalement adopté à main levé le et est sanctionné le [18].

Exécution

L'exécution du budget 1994-95 fut encore plus médiocre que celle du budget précédent : les revenus étant plus faibles que prévus tout comme les transferts fédéraux (contrairement à l'année précédente) et les dépenses encore plus importantes du fait d'une augmentation du service de la dette en cours d'année. Au final le déficit dérape de 1,285 milliards soit 29 % de plus que prévu au budget.

Exécution du budget 1994-95 (en millions de dollars)
Indicateur
Discoursp. 23,30_19-0">[19]
RĂ©sultats
définitifs[20]
Variation
Revenus autonomes 29 570 28 917 en diminution 653
Transferts fédéraux 7 733 7 520 en diminution 213
Revenus totaux 37 303 36 437 en diminution 866
DĂ©penses de programme 36 269 36 273 4
Service de la dette 5 459 5 874 415
DĂ©penses 41 728 42 147 419
DĂ©ficit 4 425 5 710 1 285

Notes et références

  1. p. 5-1" class="mw-reference-text">Discours sur le budget, Annexe D - p. 5.
  2. p. 10-2" class="mw-reference-text">Discours sur le budget, Annexe D - p. 10.
  3. « La cartouche à 24 $ », La Presse,‎ , A1 (lire en ligne)
  4. p. 11-4" class="mw-reference-text">Discours sur le budget, Annexe A - p. 11.
  5. p. 14-5" class="mw-reference-text">Discours sur le budget, Annexe A - p. 14.
  6. p. 128-6" class="mw-reference-text">Discours sur le budget, Annexe D - p. 128.
  7. p. 53-7" class="mw-reference-text">Discours sur le budget, Annexe D - p. 53.
  8. p. 128-8" class="mw-reference-text">Discours sur le budget, Annexe A - p. 128.
  9. art. 70-9" class="mw-reference-text">LQ 1995, c. 63, art. 70.
  10. p. 8-10-10" class="mw-reference-text">Discours sur le budget, p. 8-10.
  11. p. 138-11" class="mw-reference-text">Discours sur le budget, Annexe A - p. 138.
  12. Gilles Normand, « Un budget trompe-l'œil qui n'apporte aucune mesure réelle de relance de l'emploi, dit le PQ », La Presse,‎ , A2 (lire en ligne)
  13. Journal des débats du , Assemblée nationale du Québec.
  14. Gilles Normand, « Le PQ va réviser la vente de sociétés d'État », La Presse,‎ , A1 (lire en ligne)
  15. Denis Lessard, « La TVQ nivelée à 6,5 % », La Presse,‎ , A1 (lire en ligne)
  16. Alain Dubuc, « La quadrature du cercle », La Presse,‎ , B2 (lire en ligne)
  17. Journal des débats du , Assemblée nationale du Québec.
  18. Journal des débats du , Assemblée nationale du Québec.
  19. p. 23,30-19" class="mw-reference-text">Discours sur le budget, p. 23,30.
  20. Comptes publics 1994/1995, vol. 1, p. 13.

Textes officiels

  • [PDF] Budget 1994-95 : Discours sur le budget, (lire en ligne)
  • Loi modifiant la loi sur les impĂ´ts, la loi sur la taxe de vente du QuĂ©bec et d'autres dispositions lĂ©gislatives, LQ 1995, c. 63 (lire en ligne, consultĂ© le )
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.