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Budget du gouvernement du Québec de 1992

Le budget du gouvernement du Québec de 1992 s'appliquant à l'année fiscale 1992-93 est présenté par Gérard D. Levesque le à l'Assemblée nationale. C'est le huitième exposé budgétaire de Gérard D. Levesque et le 3e budget de la 34e législature.

Budget 1992 du Québec
Sous-titre Aucun
Année fiscale 1992-93
LĂ©gislature 34e
Gouvernement Robert Bourassa (2)
Parti Libéral
Discours sur le budget
Date
Présenté par Gérard D. Levesque
Ministre des Finances
Projections
Revenus 36,91 milliards
DĂ©penses 40,70 milliards
DĂ©ficit 3,79 milliards
Besoins financiers nets 2,55 milliards
Parcours législatif
Projet de loi n° 70
Adoption
Sanction
Abréviation L.Q. 1993, ch. 19
Budget de dépenses
Date
Présenté par Daniel Johnson (fils)
Président du Conseil du trésor
Crédits déposés 41,2 milliards

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Discours sur le budget

Contexte

Le budget est le dernier dĂ©posĂ© avant l'entrĂ©e en vigueur du nouveau rĂ©gime de taxe de vente (prĂ©vu alors le ) et dans un contexte Ă©conomique très mĂ©diocre. Le PIB au QuĂ©bec s'est contractĂ© d'environ 1 % en 1991 et 68 000 emplois ont Ă©tĂ© perdus. Le gouvernement du QuĂ©bec a adoptĂ© une mesure de soutien Ă  l'Ă©conomie (programme Relance-PME de la SociĂ©tĂ© de dĂ©veloppement industriel, accĂ©lĂ©ration des investissements publics et ceux d'Hydro-QuĂ©bec) et Ă  la construction rĂ©sidentielle (programme Mon taux, mon toit)[1].

En février 1992, le ministre fédéral des Finances Don Mazankowski présente un budget fédéral (en) comprenant certaines réductions d'impôts et une refonte totale de l'aide aux familles. Les allocations familiales et les crédits d'impôt remboursables et non remboursables pour enfants sont abolis et remplacés par une nouvelle Prestation fiscale pour enfants non imposable à partir du .

Principales mesures

ImpĂ´t sur le revenu

Suivant la rĂ©forme fĂ©dĂ©rale de l'aide aux familles, le budget annonce que la Prestation fiscale pour enfant (en) nouvellement crĂ©Ă©e ne sera pas imposable au QuĂ©bec, contrairement aux allocations familiales qu'elle remplace[2]. Le plafond de la dĂ©duction pour frais de garde est Ă©galement portĂ© de 4 600 $ Ă  5 000 $ pour les enfants de moins de 7 ans ou prĂ©sentant une dĂ©ficience physique ou mentale et de 2 300 Ă  3 000 $ pour les autres Ă  partir de 1993[3] - art. 151_4-0">[4].

Taxe de vente du Québec

Le budget annonce un changement majeur au régime à venir au : un taux spécial à 4 % sera accordé aux services et aux immeubles. Le taux pour les biens demeure à 8 % tel qu'initialement annoncé[5]. Cette mesure coûteuse (740 millions de pertes de revenus en 1992-93 mais 1,04 milliard l'année suivante et 1,11 milliard en 1994-95[6]) est partiellement compensée par une série de mesures d'économie[7]:

  • Des restrictions aux remboursements de taxes sur les intrants (notamment pour les grandes entreprises et les institutions financières) ;
  • Une surtaxe de 2 % sur l'impĂ´t sur le revenu d'entreprise active ;
  • Un rajustement Ă  la baisse du crĂ©dit d'impĂ´t remboursable pour la taxe de vente destinĂ©e aux mĂ©nages Ă  faible revenus ;
  • L'abolition du remboursement de TVQ pour les habitations neuves coĂ»tant moins de 175 000 $ ;
  • Une compensation aux municipalitĂ©s est annoncĂ©e Ă  la suite de l'abolition de la taxe de 10 % sur les divertissements qui leur revenait.

DĂ©penses

Le président du Conseil du trésor, Daniel Johnson (fils), dépose le 24 mars 1992 des crédits budgétaire de 41,2 milliards pour l'année 1992-93 soit 2,2 milliards de plus (+ 5,8 %) que ceux de 1991-92. Plusieurs ministères et organismes voient leur budget gelé (Radio-Québec) ou réduit (ministères de l'Agriculture, des Affaires municipales, des Forêts, du Tourisme et des Transports). Le gouvernement annonce aussi une réduction de 10 % des effectifs et de la masse salariale de la fonction publique d'ici 1997[8].

Les deux grands postes que sont la santé et l'éducation voient leur budget augmenter de respectivement 4,2 % et 3,2 % (et 3,4 % pour les crédits à l'enseignement supérieur). Le ministère de l'Industrie et du Commerce voit ses crédits augmenter de 32 % pour financer notamment des coûts imprévus au Chantier Davie. Les ministères des Affaires culturelles (+ 12 %) et de l'Environnement (+ 7,6 %) font partie des ministères ayant obtenu des augmentations significatives de crédits[9].

Devant le ralentissement économique, les crédits au ministère de la Main-d'œuvre augmentent de 536 millions de dollars (+ 15,3 %) pour tenir compte d'une augmentation prévue de 12 % du nombre de personnes bénéficiaires de l'aide sociale[10].

Le Conseil du trésor ressere également certaines règles applicables à la fonction publique[11]:

  • Les voyages Ă  l'extĂ©rieur du QuĂ©bec des fonctionnaires devront ĂŞtre approuvĂ©s par Ă©crit par le Conseil du trĂ©sor ;
  • Les fonctionnaires devront contribuer financièrement pour leur espace de stationnement Ă  leur lieu de travail.

RĂ©forme de l'assurance-maladie

Plusieurs mesures de déremboursement ou de tarification entrent en vigueur le 15 mai 1992[12]:

  • Les services dentaires sont complètement dĂ©remboursĂ©s pour les enfants de 10 Ă  16 ans, sauf pour les familles recevant l'aide sociale ;
  • Les examens de la vue sont dĂ©remboursĂ©s pour les personnes de 18 Ă  40 ans ;
  • Une contribution forfaitaire de 2 $ est demandĂ© pour chaque prescription remboursĂ©e aux personnes âgĂ©es de 65 ans et plus. La contribution ne peut excĂ©der 150 $ par an et est remboursĂ©e intĂ©gralement aux personnes recevant le SupplĂ©ment de revenu garanti (SRG).

Les pharmaciens n'ont pas été prévenu de l'instauration de la contribution forfaitaire et la mesure étant d'application immédiate, elle cause un certain désordre dans les officines. Les pharmaciens critiquent également le dispositif applicable aux prestataires du SRG qui doivent payer la contribution et attendre un remboursement à venir au plus tôt en . La veille du budget l'Ordre des pharmaciens avait mis en garde le ministre de la Santé Marc-Yvan Côté des effets néfastes de la réforme proposée[13].

Sociétés d'État et fonds spéciaux

Le budget va puiser 275 millions dans les excédents générés par la Société de l'assurance automobile du Québec et 25 millions dans les excédents des fonds spéciaux du gouvernement[14]. La décision de puiser dans les excédents de la SAAQ déclenche une controverse, causant la démission d'un des membres de son conseil d'administration et fait l'objet d'un recours collectif, les demandeurs alléguant que les ponctions du gouvernement sont illégales, les fonds de la SAAQ étant constitués de primes d'assurances et non d'impôts[15].

RĂ©actions

Monde politique

Jacques Léonard, porte-parole du Parti québécois en matière de finances, critique sévèrement les hausse d'impôts et de taxes contenues dans le budget, ainsi que la mauvaise exécution des budgets précédents. Il critique également la ponction faite à la SAAQ et le manque général d'idées nouvelles (notamment pour la relance économique ou sur les négociations de libre-échange) faisant du budget un document « sans perspective, sans initiative, sans enthousiasme »[16] - [17].

Autres groupes

Le budget est mal reçu dans la société civile :

  • Le milieu patronal reçoit particulièrement mal le budget, en particulier les mesures relatives aux restrictions de remboursements de la TVQ aux entreprises et la surtaxe sur l'impĂ´t sur les sociĂ©tĂ©s[18].
  • Le milieu syndical dĂ©nonce la dĂ©remboursement de certains soins, les hausses de taxes venant compromettre la relance Ă©conomique et, dans le cas de la CEQ, les investissements jugĂ©s insuffisants pour la lutte contre le dĂ©crochage scolaire[19].

Parcours législatif

La grande majorité du contenu du budget est incorporé dans le projet de loi 70 qui est présenté le par le ministre du Revenu Raymond Savoie. Le projet de loi est adopté en troisième lecture le et est sanctionné 4 jours plus tard[20].

Un certain nombre de mesures seront incorporées dans le projet de loi 15 lors de la 3e session de la 34e législature présenté le soit près de 2 ans après la présentation du budget. Le projet de loi – qui modifie pas moins de 15 lois fiscales sur 483 pages – est sanctionné le [21]. Jean Filion, député de Montmorency pour le Parti québécois, critique de façon véhémente le délai entre le discours sur le budget et le dépôt du projet de loi 15[22].

Exécution

L'exécution du budget est médiocre, avec une forte sous-exécution des revenus autonomes (près d'1,4 milliards de moins que prévu). La baisse des dépenses en cours d'année permet de limiter le dérapage budgétaire.

Exécution du budget 1992-93 (en millions de dollars)
Indicateur
Discours[23]
RĂ©sultats
définitifs[24]
Variation
Revenus autonomes 29 028 27 630 en diminution 1 398
Transferts fédéraux 7 885 7 815 en diminution 70
Revenus totaux 36 913 35 445 en diminution 1 468
DĂ©penses de programme 40 703 35 613 326
Service de la dette 4 764
DĂ©penses 40 703 40 377 326
DĂ©ficit 3 790 4 932 1 142

Notes et références

  1. Discours sur le budget, p. 13
  2. Discours sur le budget, Annexe A - p. 18
  3. Discours sur le budget, Annexe A - p. 17
  4. art. 151-4" class="mw-reference-text">LQ 1994, c. 22, art. 151.
  5. Discours sur le budget, Annexe A - p. 38
  6. Discours sur le budget, Annexe A - p. 47
  7. Discours sur le budget, Annexe A - p. 39-45
  8. La Presse canadienne, « Points saillants des prévisions de dépenses du Québec », La Presse,‎ , B1 (lire en ligne)
  9. Denis Lessard, « Québec n'arrive pas à freiner ses dépenses », La Presse,‎ , A1-A2 (lire en ligne)
  10. « Les assistés augmentent de 20 % en deux ans », La Presse,‎ , B1 (lire en ligne)
  11. André Pépin, « Voyages des fonctionnaires: Johnson serre la vis », La Presse,‎ , B1 (lire en ligne)
  12. Régie de l'assurance-maladie du Québec, « Changements au régime d'assurance-maladie du Québec », La Presse,‎ , A21 (lire en ligne)
  13. Lia Lévesque, « Les pharmaciens demandent de retarder les frais de 2 $ », Le Devoir,‎ , A5 (lire en ligne)
  14. Discours sur le budget, p. 7
  15. Denis Lessard, « Les ponctions de Levesque provoquent une démission à la SAAQ », La Presse,‎ , A6 (lire en ligne)
  16. Assemblée nationale du Québec. Journal des débats, .
  17. André Pépin, « Une « haute trahison » envers les entreprises et le Québec en général, selon le PQ », La Presse,‎ , A3 (lire en ligne)
  18. La Presse canadienne, « Le patronat dit « faire les frais » du budget », La Presse,‎ , A4 (lire en ligne)
  19. La Presse canadienne, « Larose: un budget « écœurant » », La Presse,‎ , A4 (lire en ligne)
  20. Assemblée nationale du Québec. Journal des débats, .
  21. LQ 1994, c. 22.
  22. Assemblée nationale du Québec. Journal des débats, .
  23. Discours sur le budget, p. 25 et 28
  24. Comptes publics 1992-93, vol. 1, p. 13.

Textes officiels

  • [PDF] Budget 1992-93 : Discours sur le budget, (lire en ligne)
  • [PDF] Comptes publics 1992-93, (lire en ligne)
  • Loi modifiant la loi sur les impĂ´ts, la loi sur la taxe de vente du QuĂ©bec et d'autres dispositions lĂ©gislatives d'ordre fiscal, LQ 1994, c. 22 (lire en ligne, consultĂ© le )
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