Bradykinine
La bradykinine (du grec ancien ÎČÏαΎÏÏ / bradĂœs = lent) est une kinine fabriquĂ©e sous l'action d'une enzyme libĂ©rĂ©e dans la sueur. Elle a un effet vasodilatateur.
Bradykinine | |
molécule de bradykinine | |
Identification | |
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No CAS | |
No ECHA | 100.000.362 |
No CE | 200-398-8 |
SMILES | |
InChI | |
Propriétés chimiques | |
Formule | C50H73N15O11 [IsomĂšres] |
Masse molaire[1] | 1 060,208 5 ± 0,051 4 g/mol C 56,64 %, H 6,94 %, N 19,82 %, O 16,6 %, |
Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire. | |
Il s'agit d'une hormone peptidique (nonapeptide) qui agit sur les muscles lisses, qui dilate les vaisseaux sanguins et qui augmente la perméabilité des capillaires.
Structure
La sĂ©quence dâacides aminĂ©s de la bradykinine est : ArgâProâProâGlyâPheâSerâProâPheâArg.
SynthĂšse
LâactivitĂ© du systĂšme kinine-kallikrĂ©ine entraĂźne la fabrication de la bradykinine par clivage protĂ©olytique de son prĂ©curseur kininogĂšne, kininogĂšne de haut poids molĂ©culaire (KHPM), en faisant intervenir une enzyme, la kininogĂ©nase.
MĂ©tabolisme
Chez les ĂȘtres humains, la bradykinine est dĂ©gradĂ©e par trois kininases : l'Enzyme de conversion de l'angiotensine (ECA), lâaminopeptidase P (APP) et la carboxypeptidase N (CPN), qui clivent les positions 7-8, 1-2, et 8-9, respectivement[2] - [3].
RĂŽle physiologique
Effets
La bradykinine est un puissant vasodilatateur endothĂ©lium-dĂ©pendant, qui provoque le relĂąchement des muscles lisses non vasculaires dans la circulation systĂ©mique, augmente la permĂ©abilitĂ© vasculaire et est Ă©galement impliquĂ©e dans le mĂ©canisme de la douleur. Ă certains Ă©gards, son action est similaire Ă celle de lâhistamine ; comme lâhistamine, elle est libĂ©rĂ©e des veinules plutĂŽt que des artĂ©rioles. Dans la circulation pulmonaire, elle a un effet vasoconstricteur. Au niveau du canal artĂ©riel aussi, oĂč elle permet sa fermeture vers le troisiĂšme jour de vie (synthĂ©tisĂ©e au niveau des capillaire pulmonaires et relarguĂ©e dans l'organisme aprĂšs l'ouverture du circuit sanguin pulmonaire Ă la naissance).
La bradykinine induit lâaugmentation des taux de calcium dans les astrocytes nĂ©ocorticaux, de sorte quâils libĂšrent du glutamate[4].
On suppose que par son effet bronchoconstricteur, la bradykinine est Ă lâorigine de la toux sĂšche, observĂ©e chez certains patients prenant des mĂ©dicaments inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine (IECA). Cette toux rĂ©fractaire est une cause courante de lâarrĂȘt du traitement par les inhibiteurs de lâECA.
RĂ©cepteurs
Chez les mammifĂšres, on connaĂźt deux types de rĂ©cepteurs de la bradykinine. Le rĂ©cepteur B1 est uniquement exprimĂ© Ă la suite d'une lĂ©sion tissulaire et on suppose quâil joue un rĂŽle dans la douleur chronique. Le rĂ©cepteur B2 est constitutivement actif et participe Ă lâaction vasodilatatrice de la bradykinine.
Historique
La bradykinine a Ă©tĂ© dĂ©couverte par trois physiologistes et pharmacologistes brĂ©siliens travaillant Ă lâInstituto de Biologia de SĂŁo Paulo, Ă SĂŁo Paulo, dirigĂ© par le Dr MaurĂcio Rocha e Silva. Avec des collĂšgues, Wilson Teixeira Beraldo et GastĂŁo Rosenfeld ils ont dĂ©couvert en 1948 ses puissants effets hypotenseurs dans des prĂ©parations animales. La bradykinine a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©e dans le plasma sanguin dâanimaux aprĂšs lâaddition de venin de Bothrops jararaca (serpent fer de lance brĂ©silien), qui avait Ă©tĂ© apportĂ© par Rosenfeld de lâInstitut Butantan. Cette dĂ©couverte sâinscrivait dans le cadre dâune Ă©tude en cours sur le choc circulatoire et les enzymes protĂ©olytiques liĂ©es Ă la toxicologie des morsures de serpent, initiĂ©e par Rocha e Silva dĂšs 1939. La bradykinine devait se rĂ©vĂ©ler ĂȘtre un nouveau principe dâautopharmacologique câest-Ă -dire une substance qui est libĂ©rĂ©e dans le corps par une transformation mĂ©tabolique de prĂ©curseurs qui sont pharmacologiquement actifs. Selon BJ Hagwood, le biographe de Rocha e Silva : « La dĂ©couverte de la bradykinine a entraĂźnĂ© une nouvelle comprĂ©hension de nombreux phĂ©nomĂšnes physiologiques et pathologiques, y compris le choc circulatoire, induit par le venin et les toxines. »
Applications
Lâimportance pratique de la dĂ©couverte de la bradykinine est devenue Ă©vidente lorsque lâun de ses collaborateurs Ă l'Ăcole de MĂ©decine de RibeirĂŁo Preto Ă lâUniversitĂ© de SĂŁo Paulo, le Dr SĂ©rgio Henrique Ferreira, a dĂ©couvert un facteur potentialisant lâeffet de la bradykinine (BPF) dans le venin bothropique, qui augmente de maniĂšre significative et la durĂ©e et lâampleur de ses effets sur la vasodilatation et la baisse consĂ©cutive de la pression artĂ©rielle. En se fondant sur ce rĂ©sultat, les scientifiques de Squibb ont dĂ©veloppĂ© le premier dâune nouvelle gĂ©nĂ©ration de mĂ©dicaments anti-hypertenseurs trĂšs efficaces, appelĂ©s inhibiteurs de l'ECA, tels que le captopril (commercialisĂ© sous la marque Capoten), qui a, depuis lors, sauvĂ© de nombreuses vies.
Références
- Masse molaire calculĂ©e dâaprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
- Dendorfer A, Wolfrum S, Wagemann M, Qadri F, Dominiak P. Pathways of bradykinin degradation in blood and plasma of normotensive and hypertensive rats. Am J Physiol Heart Circ Physiol 2001;280:H2182-8. Fulltext. .
- Kuoppala A, Lindstedt KA, Saarinen J, Kovanen PT, Kokkonen JO. Inactivation of bradykinin by angiotensin-converting enzyme and by carboxypeptidase N in human plasma. Am J Physiol Heart Circ Physiol 2000;278(4):H1069-74. Fulltext. .
- Parpura et al., Glutamate-mediated astrocyteâneuron signalling, Nature 1994 Article