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Botrychium lunaria

Le botryche lunaire (Botrychium lunaria) est une petite fougère vivace de la famille des Ophioglossaceae et du genre Botrychium. Principalement montagnarde, cette espèce affectionne essentiellement les pelouses rases sur terrain siliceux et est présente dans les régions tempérées et froides des deux hémisphères.

« Botrychium » vient du grec « botrus », grappe (allusion à l'aspect des fructifications). « Lunaria », quant à lui vient du nom médiéval de la plante, Lunaria minor, se rapportant à la forme du limbe ressemblant un croissant de lune.

Description

Botrychium lunaria à l'état juvénile

Plante vivace de 10 Ă  15 cm de hauteur, ce botrychium est glabre, Ă  souche fibreuse et Ă©cailleuse au sommet. Le pĂ©tiole porte une partie vĂ©gĂ©tative ainsi qu'une partie fertile. Le limbe stĂ©rile, plus long que large, est ordinairement une seule fois divisĂ©, ses lobes rappellent par leur forme caractĂ©ristique des petits croissants de lune. Ces derniers sont le plus souvent entiers et très arrondis sur leur bordure extĂ©rieure (parfois incisĂ©es mais en gardant la mĂŞme forme d'ensemble). Il n'y a pas de nervure principale. La feuille fertile forme une grappe ramifiĂ©e, dĂ©passant la feuille stĂ©rile Ă  maturitĂ©[1] - [2].

Cette plante développe une pousse aérienne au printemps, fructifie en fin de printemps ou en été et se flétrit après la maturation des spores. Néanmoins, le rhizome ne produit pas nécessairement de pousses chaque année, spécialement en plaine[2].

Il est possible de confondre Botrychium lunaria avec Botrychium boreale dont le limbe n'est pas en forme de croissant et présente une ébauche de nervure principale[2].

Il existe plusieurs sous-espèces[3] :

  • Botrychium lunaria subsp. matricariifolium Retz.
  • Botrychium lunaria var. matricariifolium A.Braun
  • Botrychium lunaria var. rutacea Lilj.

Écologie

RĂ©partition

Botrychium lunaria est présente sur les deux hémisphères : en Asie (du nord de la Russie au Caucase jusqu'à l'Himalaya et au Japon) au Groenland, en Amérique du Nord (Alaska, Canada et Montagnes Rocheuses), au sud de l'Amérique du Sud, en Australie et en Nouvelle-Zélande. En Europe, elle se développe de l'Islande à l'Andalousie, jusqu'en Russie, devenant de plus en plus montagnarde à mesure qu'elle se déplace dans le sud[2].

En France, elle est assez commune dans l'ensemble des Alpes, du Jura et des Pyrénées et est plus localisée dans le Massif central. Les populations de plaine se sont progressivement raréfiées ; seules subsistent quelques stations très réduites[2].

Biotope

Plante essentiellement montagnarde, il est nĂ©anmoins possible de la rencontrer du littoral Ă  plus de 2 000 m d'altitude, en pelouse le plus souvent, mais dans des conditions de sols très variĂ©es. En montagne, elle affectionne les pelouses rases Ă  Nard raide sur silice ou sur calcaire dĂ©calcifiĂ© en situation hĂ©liophile. Les populations planitaires sont liĂ©es, quant Ă  elles, aux sols neutro-alcalins tels que les arrières dunes fixĂ©es. Ă€ mesure que l'on se rapproche du nord de l'Europe, les populations de plaines augmentent et tolèrent un certain ombrage et mĂŞme une certaine anthropisation[2].

Protection

En France, ce taxon est protégé en Alsace[4], en Champagne-Ardenne[5], en Bourgogne[6], dans le Limousin[7], en Bretagne[8], en Lorraine[9], en Picardie[10], en Basse-Normandie[11], dans le Nord-Pas-de-Calais[12] et en Île-de-France[13].

Utilisations

Selon l'ethnobotaniste François Couplan, B. lunaria servait autrefois dans le Vercors à produire la « liqueur de bon raisin » et les jeunes frondes fertiles ont été consommées, alors qu’en Nouvelle-Zélande et dans l’Himalaya, les pousses cuites d’une espèce proche Botrychium virginianum étaient consommées (on en trouve aussi en Europe centrale et orientale)[14].

Une étude ethnobotanique et du patois de Bagnes (France) a montré que cette plante était dans cette région utilisée par les enfants comme une fronde lors de leurs jeux, et qu'ils la nommaient localement « èrba du bon dyö e du dyâblo » (herbe du bon Dieu et du diable ; la fronde de la plante représentant l'herbe du bon Dieu, et les sporanges la corne du diable)[15].

Référence taxonomique

Noms vernaculaires

  • La lunaire
  • DĂ©ferra-tsao (dĂ©ferre-cheval). Cette plante est ainsi nommĂ©e d'après le prĂ©jugĂ© superstitieux qui fait croire aux montagnards que si le fer d'un cheval la touche, il tombe et se brise Ă  l'instant[16].

Notes et références

  1. Hippolyte Coste, Flore descriptive et illustrée de la France, de la Corse et des contrées limitrophes, Éditeur: BLANCHARD (ALBERT), 1998
  2. Les fougères et plantes alliées de France et d'Europe occidentale, Michel Boudrie, Rémy Prelli, 01/2002, Ed. Belin
  3. (fr) Référence Tela Botanica (France métro) : Botrychium lunaria
  4. Arrêté du 28 juin 1993 relatif à la liste des espèces végétales protégées en région Alsace complétant la liste nationale
  5. Arrêté du 8 février 1988 relatif à la liste des espèces végétales protégées en région Champagne-Ardenne complétant la liste nationale
  6. Arrêté du 27 mars 1992 relatif à la liste des espèces végétales protégées en région Bourgogne complétant la liste nationale
  7. Arrêté du 1er septembre 1989 relatif à la liste des espèces végétales protégées en région Limousin complétant la liste nationale
  8. Arrêté du 23 juillet 1987 relatif à la liste des espèces végétales protégées en région Bretagne complétant la liste nationale
  9. Arrêté du 3 janvier 1994 relatif à la liste des espèces végétales protégées en région Lorraine complétant la liste nationale
  10. Arrêté du 17 août 1989 relatif à la liste des espèces végétales protégées en région Picardie complétant la liste nationale
  11. Arrêté du 27 avril 1995 relatif à la liste des espèces végétales protégées en région Basse-Normandie complétant la liste nationale
  12. Arrêté du 1er avril 1991 relatif à la liste des espèces végétales protégées en région Nord Pas de Calais complétant la liste nationale
  13. Arrêté du 11 mars 1991 relatif à la liste des espèces végétales protégées en région Île-de-France complétant la liste nationale
  14. Couplan, François (2009) Le régal végétal : plantes sauvages comestibles ; Editions Ellebore, 527 pages
  15. Françoise Nicollier et Grégoire Nicollier, « Les plantes dans la vie quotidienne à Bagnes : noms patois et utilisations domestiques », Bulletin de la Murithienne, no 102,‎ , p. 129-158 (ISSN 0374-6402, OCLC 716291575, lire en ligne).
  16. Bridel, Glossaire du patois de la Suisse romande, p. 99
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