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Bombe Ă  carbone

L'expression bombe à carbone (ou bombe climatique) désigne tout fait physique (déclenché et/ou accéléré par le réchauffement climatique et contribuant lui-même à augmenter ce réchauffement), ou toute nouvelle exploitation de source de carbone (ou autre gaz à effet de serre) capable de provoquer l'emballement du réchauffement climatique.

De telles « bombes » libèrent des quantités énormes de gaz à effet de serre, qui renforce la capacité de l'atmosphère à retenir la chaleur[1], cette chaleur à son tour augmente le risque d'incendie et libère le dioxyde de carbone et le méthane qui ont été piégés dans les clathrates du pergélisol, ce qui aggrave le réchauffement.

Exemples

  • exploitation de gisements de charbon en Australie ;
  • exploitation des sables bitumineux canadiens (les gisements d'Alberta reprĂ©sentent 200 milliards de barils de pĂ©trole ;
  • exploitation du gaz de schiste[2] ;
  • augmentation de la mĂ©thanisation dans les sols due au rĂ©chauffement, au mauvais usage des sols[3] - [4] ou Ă  l’inondation des rĂ©gions cĂ´tières sous l’effet de l’élĂ©vation du niveau de la mer ;
  • fonte du pergĂ©lisol (sol gelĂ©) et/ou de clathrates marins entraĂ®nant la libĂ©ration des hydrates de mĂ©thane (cristaux d'eau et de mĂ©thane formĂ©s Ă  basse tempĂ©rature) dans les rĂ©gions arctiques habituellement gelĂ©es en permanence (en Russie, au Canada, en Alaska) ;
  • fonte de la banquise ou des calottes glaciaires/polaires et des surfaces enneigĂ©es rĂ©duisant le pouvoir rĂ©flĂ©chissant de la Terre ;
  • ralentissement, voire arrĂŞt, de la circulation thermohaline, ensemble de courants verticaux qui entraĂ®nent une partie du carbone dans le fond de l'ocĂ©an mondial ;
  • mĂ©gafeux de forĂŞt, qui sont Ă  la fois sont sources de dioxyde de carbone et de mĂ©thane, et qui dĂ©truisent des puits de carbone.

Le cas des pergélisols

Des scientifiques comme SergueĂŻ Zimov et Chapin ont alertĂ© la communautĂ© scientifique, le GIEC, les dĂ©cideurs et le grand public (via le mĂ©dias) sur le fait que le pergĂ©lisol constitue l'une des pires bombes Ă  retardement climatiques. Dans un article de 2006 dans la revue Science, ils ont montrĂ© que les estimations de la teneur en carbone des sols arctiques avaient jusqu'alors Ă©tĂ© largement sous-estimĂ©es : dans leur pire scĂ©nario, environ 500 milliards de tonnes de carbone pourraient ĂŞtre libĂ©rĂ©es du yedoma (pergĂ©lisol le plus riche en carbone) en un siècle[5] - [6]. Cette libĂ©ration nĂ©cessite des conditions qui semblaient « extrĂŞmes Â» et peu probables dans les annĂ©es 1990 [6], mais qui s'avèrent de plus en plus plausibles au vu des six Ă©valuations successives du climat par le GIEC qui ont montrĂ© depuis 30 ans, que le pire scĂ©nario a toujours Ă©tĂ© celui qui s'est avĂ©rĂ© le plus prĂ©dictif.

De plus, depuis 2006, l'estimation consensuelle du carbone arctique s'est affinĂ©e, et elle a encore augmentĂ© (de 50 %) ; ce qui signifie qu'au taux de rĂ©chauffement global actuel, le dioxyde de carbone et le mĂ©thane issus de la fonte du pergĂ©lisol devraient rĂ©chauffer la planète de 0,3 °C supplĂ©mentaire d'ici 2100 [6].

« Le réservoir de carbone vulnérable » identifié par Sergueï Zimov et ses collègues était approximativement égal à « la totalité du réservoir des plantes et des sols non gelés » précise l'écologue Chris Field (de la Carnegie Institution for Science à Palo Alto, en Californie)[6].

Références

  1. Michel Weber, « Le changement climatique est politique », Kairos, no 11, janvier-février 2014, p. 12-13.
  2. Les Amis de la Terre - France et Reclaim Finance, « La Place financière de Paris au fond du puits : le pari perdant des banques et investisseurs français sur les pétrole et gaz de schiste » [PDF] (rapport), sur amisdelaterre.org, , p. 13-28.
  3. (en) E. Detlef Schulze et Annette Freibauer, « Environmental science: Carbon unlocked from soils », Nature, no 437, 8 septembre 2005, p. 205-206.
  4. (en) Pat H. Bellamy, Peter J. Loveland, R. Ian Bradley, R. Murray Lark et Guy J. D. Kirk, « Carbon losses from all soils across England and Wales 1978–2003 », Nature, no 437, 8 septembre 2005, p. 245-248.
  5. (en) Sergey A. Zimov, Edward A. G. Schuur et F. Stuart Chapin, « Permafrost and the Global Carbon Budget », Science, vol. 312, no 5780,‎ , p. 1612–1613 (ISSN 0036-8075 et 1095-9203, PMID 16778046, DOI 10.1126/science.1128908, lire en ligne, consulté le )
  6. (en) Eli Kintisch (photogr. Chris Linder), « Born to Rewild », Science, vol. 350, no 6265,‎ , p. 1148-1151 (ISSN 0036-8075, e-ISSN 1095-9203, DOI 10.1126/science.350.6265.1148, JSTOR 24740972, lire en ligne).

Voir aussi

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