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Blacker Bombard

Le Blacker Bombard, Ă©galement connu sous le nom de mortier Spigot 29 mm[1], Ă©tait une arme d'infanterie anti-char conçue par le lieutenant-colonel Stewart Blacker dans les premières annĂ©es de la Seconde Guerre mondiale.

Mortier Spigot de 29 mm (Blacker Bombard)
Image illustrative de l'article Blacker Bombard
Les hommes de la Home Guard de Saxmundham se préparant à tirer avec un Blacker Bombard pendant l'entrainement avec des instructeurs du War Office, 30 juillet 1941.
Présentation
Pays Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Type Mortier anti char
PĂ©riode d'utilisation 1940
Durée de service 1941-
Production environ 22 000[1]
Poids et dimensions
Longueur du canon calibre: 1 pouce (29mm)
Caractéristiques techniques
Portée pratique 90 m
Cadence de tir 6-12 coups par minute
Variantes HĂ©risson

DĂ©veloppement

Avec la fin de la bataille de France et l'évacuation du Corps expéditionnaire britannique à partir du port de Dunkerque entre le 26 mai et le , une invasion allemande de la Grande-Bretagne semblait probable[2]. Toutefois, l'armée de terre britannique n'était pas bien équipée pour défendre le pays dans une telle éventualité ; dans les semaines suivant l'évacuation de Dunkerque, elle ne pouvait aligner que vingt-sept divisions[3]. L'Armée de terre manquait particulièrement de canons anti-chars, 840 avaient été laissés en France et seulement 167 étaient disponibles en Grande-Bretagne ; les munitions était si rares pour les canons restants qu'il était interdit de tirer un seul obus pour l'entrainement[3].

Compte tenu de ces lacunes, les armes modernes disponibles furent allouées à l'armée de terre britannique, et la Home Guard fut obligée de compléter sa faible dotation d'armes anti-chars obsolètes avec des armes improvisées[4]. L'une d'entre elles était le Blacker Bombard, conçu par le lieutenant-colonel Stewart Blacker, dont les origines remontaient aux années 1930[5]. Au début des années 1930, Blacker commença à s'intéresser à la notion de mortier spigot. Contrairement aux mortiers classiques, le mortier spigot ne possédait pas un canon, mais une tige d'acier appelé « spigot » fixée à un socle ; l'obus avait une charge propulsive à l'intérieur de sa queue. Pour faire feu, l'obus était poussé vers le bas sur la broche, qui faisait exploser la charge propulsive et propulsait l'obus dans les airs[5].

Blacker commença à expérimenter le concept dans l'espoir de créer un mortier de peloton qui devait être plus léger que celui utilisé par l'armée de terre britannique à l'époque. Ainsi est apparu l'Arbalest, qu'il présenta à l'armée, mais qui fut rejeté pour un modèle espagnol[5]. Sans se laisser décourager par ce rejet, Blacker retourna à ses études et eut l'idée d'une arme anti-char. Il fut initialement entravé dans ses tentatives pour concevoir une arme anti-char parce que la conception spigot ne parvenait pas à générer de la vitesse initiale nécessaire pour pénétrer les blindages[5]. Cependant, il réussit finalement à créer un mortier anti-char, qu'il nomma Bombard Blacker[6].

Lorsque la Seconde Guerre mondiale débuta, Blacker était un lieutenant-colonel dans l'armée territoriale[7]. Il avait proposé son Bombard au War Office pendant deux ans, sans succès, mais fut affacté au ministère de la recherche du renseignement militaire (Military Intelligence Research - MIRc)[8] plus tard connu sous le sigle MD1, qui lui avait donné la tâche de développer et de fournir des armes pour des groupes de guérilla et de résistance en Europe occupée[9]. Blacker montra sa liste d'idées au chef du MD1, le major Millis Jefferis, qui fut intéressé par la conception du Bombard[7] - [8]. Il fit valoir qu'il pourrait servir dans un rôle anti-char et comme artillerie, et affirma qu'il aurait des propriétés anti-char similaires au canon anti-char de 2 livres couplé à la portée du mortier de 3 pouces[10]. Des objections furent soulevées par le directeur de l'artillerie et d'autres fonctionnaires du gouvernement, mais le , le Premier ministre, Winston Churchill, assista à une démonstration de l'arme. Churchill apprécia l'arme et ordonna sa mise en production. Elle servirait comme une arme anti-char temporaire pour la Home Guard jusqu'à ce que plus de canons de 2 livres puissent être mis à leur disposition[10].

Il fut dĂ©cidĂ© par le quartier gĂ©nĂ©ral de la Home Forces que les Bombard auraient un rĂ´le anti-char et seraient utilisĂ©s aussi bien par les forces rĂ©gulières, que par la Home Guard. Le gĂ©nĂ©ral Alan Brooke avait des doutes sur l'efficacitĂ© de l'arme, mais pensait que sa simplicitĂ© lui permettrait d'ĂŞtre utilisĂ©e par les jeunes soldats. Dans la rĂ©gion du commandement du sud (Southern Command), 14 000 furent commandĂ©s pour une utilisation par les forces de cette rĂ©gion. Vingt-quatre furent livrĂ©s aux rĂ©giments anti-chars, douze aux troupes affectĂ©es Ă  la dĂ©fense des aĂ©rodromes, et huit par brigade et deux pour chaque compagnie de la Home Guard. Toutefois, le personnel de la RAF n'avait pas l'autorisation d'utiliser ces armes, une restriction qui fut Ă©tendue au Royal Air Force Regiment Ă  sa crĂ©ation en 1942[1].

Conception

Ecorché du Blacker Bombard

Le Bombard Ă©tait un mortier de type spigot de calibre 29 mm[1], pesant entre 51[11] et 163 kg[10], placĂ© sur un pivot. Il Ă©tait en mesure de tirer une bombe explosive de 20 livres Ă  une distance de 100 mètres. Quand la bombe explosait, elle Ă©tait capable d'infliger des dĂ©gâts importants Ă  un char, mais il Ă©tait peu probable qu'elle perce le blindage d'un vĂ©hicule car le projectile n'avait pas une vitesse initiale suffisante[5]. Il Ă©tait servi par un Ă©quipage de trois[1] Ă  cinq hommes[10]. Le Bombard Ă©tait considĂ©rĂ© comme plus efficace Ă  courte portĂ©e, des objectifs furent engagĂ©s avec un « succès considĂ©rable » Ă  une distance s'Ă©chelonnant entre 75-100 mètres[1]. C'Ă©tait une arme Ă  chargement par la bouche, par consĂ©quent elle avait un faible cadence de tir, en moyenne entre six[12] et douze tirs par minute, si bien qu'il Ă©tait considĂ©rĂ© comme essentiel que l'arme soit bien camouflĂ©e et qu'elle atteignent la cible dès le premier tir. Deux types de munitions Ă©taient fournis pour l'arme — une bombe anti-char de 20 livres et une bombe anti-personnel plus lĂ©gère de 14 livres[12]. Chaque arme Ă©tait livrĂ©e avec 150 munitions anti-chars et 100 anti-personnels[1]. Des dĂ©fauts sur les obus anti-char apparurent rapidement. Ils avaient des dĂ©tonateurs insensibles, ce qui signifie qu'ils traversaient souvent une cible non blindĂ©e sans dĂ©toner, et quand ils explosaient des fragments Ă©taient souvent projetĂ©s en direction des servants[10]. Le Bombard Ă©tait soit fixĂ© sur une plate-forme en croix de grande taille ou sur un piĂ©destal en bĂ©ton[11] ; dans les deux cas il devait ĂŞtre placĂ© dans une position dĂ©fensive, tels que sur des barrages routiers[6]. Il semble qu'il y avait une prĂ©fĂ©rence pour utiliser le Bombard principalement dans un rĂ´le statique, avec des montures supplĂ©mentaires construites par le corps des Royal Engineers afin de faire feu depuis d'autres positions[1]. Dans une position statique, l'arme Ă©tait habituellement mis en place dans une dĂ©pression avec des casiers de munitions Ă  proximitĂ©[12].

Histoire opérationnelle

Des soldats de la Home Guard s'entrainant avec un Bombard monté sur une monture en béton (mai 1943)
Un emplacement abandonné de Bombard, à Brompton dans le Kent (2007)

Le premier Blacker Bombard apparut Ă  la fin 1941[13], et fut donnĂ© en dotation Ă  la fois aux unitĂ©s rĂ©gulières et Ă  des unitĂ©s de la Home Guard. Dans le commandement du sud, plus aucun Blacker Bombard ne fut livrĂ© après . Ă€ ce moment, environ 22 000 Blacker Bombard avaient Ă©tĂ© produits et distribuĂ©s Ă  travers le pays. En , des inquiĂ©tudes Ă©taient apparues sur la pertinence de l'arme et elle Ă©tait impopulaire auprès d'un certain nombre d'unitĂ©s, certains tentèrent de troquer leurs Blacker Bombard pour des pistolets mitrailleurs Thompson ou refusèrent de les utiliser[1]. Cependant, Mackenzie cite l'argument de l'historien du bataillon du dĂ©partement de l'approvisionnement de la Home Guard, qui dĂ©clara que le fait d'avoir Ă©tĂ© Ă©quipĂ© de Blacker Bombards dĂ©montrait l'importance de la Home Guard pour le gouvernement.

Mackenzie soutint également que le Blacker Bombard avait eu un côté positif, car il avait non seulement équipé des personnels non armés de la Home Guard, mais avait été un succès sur le plan des relations publiques[10]. Il semblerait qu'un certain nombre de Blacker Bombard furent utilisés au combat par l'armée de terre britannique, dans un rôle anti-personnel dans la guerre du désert, bien que son utilisation puissent avoir été limitée en raison de son poids[12]. Un certain nombre de Blacker Bombard furent également été modifié pour la Royal Navy, et furent utilisé comme une arme anti-sous-marin connu comme le hérisson[7].

Un grand nombre de socles statiques, en béton, pour les Blacker Bombard furent coulés et un nombre important d'entre eux subsistent dans de nombreuses régions du Royaume-Uni. Le Defence of Britain Project, une enquête de terrain conduite à la fin des années 1990 sur les traces du paysage militaires du XXe siècle, par le Council for British Archaeology, recensa un total de 351 socles subsistants[14].

Utilisateurs

Les utilisateurs du Blacker Bombard incluait:

Notes et références

  1. Clifford, Phillip, « Pillbox Study Group: Spigot Mortar », Pillbox Study Group, (consulté le )
  2. Mackenzie 1995, p. 20.
  3. Lampe 1968, p. 3
  4. Mackenzie 1995, p. 90-91.
  5. Hogg 1995, p. 42
  6. Hogg 1995, p. 43
  7. Stuart Macrae, « Blacker, (Latham Valentine) Stewart (1887–1964) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, (DOI 10.1093/ref:odnb/31907, consulté le )
  8. Macrae 1971, p. 78
  9. Hogg 1995, p. 44.
  10. Mackenzie 1995, p. 95
  11. Lowry, p. 21
  12. Lowry, p. 24
  13. Mackenzie, p. 94
  14. « Archsearch: Defense of Britain Database: Search anti-invasion », Defense of Britain Archive, Archaeology Data Service, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Ian Hogg, Tank Killers: Anti-Tank Warfare by Men and Machines, Londres, Pan Macmillan, (ISBN 978-0-330-35316-8, OCLC 40474807)
  • (en) David Lampe, The Last Ditch: Britain's Secret Resistance and the Nazi Invasion Plan, Londres, Greenhill Books, (ISBN 978-1-85367-730-4)
  • (en) Bernard Lowry, Chris Taylor et Vincent Boulanger, British Home Defences 1940-45, Oxford, Osprey Publishing, , 1re Ă©d. (ISBN 978-1-84176-767-3)
  • (en) S.P. Mackenzie, The Home Guard: A Military and Political History, Oxford, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-820577-7, LCCN 94043350)
  • (en) Stuart Macrae, Winston Churchill's Toyshop, Roundwood Press, (ISBN 0-900093-22-6, OCLC 196653)

Liens externes

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