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Thermes de Caracalla

thermes de Rome

Thermes de Caracalla
Image illustrative de l’article Thermes de Caracalla
Thermes de Caracalla.

Lieu de construction Regio XII Piscina Publica
Plaine sub-aventine, entre la via Nova et la via Ardeatina
Date de construction De 212 Ă  216 apr. J.-C.
Ordonné par Caracalla
Type de bâtiment Thermes
Le plan de Rome ci-dessous est intemporel.
Planrome3.png
Thermes de Caracalla
Localisation des thermes dans la Rome antique (en rouge)

CoordonnĂ©es 41° 52′ 45″ nord, 12° 29′ 34″ est
Liste des monuments de la Rome antique

Les thermes de Caracalla (en latin : Thermae Antoninianae), inaugurĂ©s Ă  Rome sous l’empereur romain Caracalla en 216 ap. J.-C., sont les plus grands et les plus luxueux thermes romains rĂ©alisĂ©s jusqu'alors, mĂŞme s'ils sont dĂ©passĂ©s par la suite. En plus des Ă©quipements concernant directement les bains, ce complexe propose des activitĂ©s variĂ©es (bains publics et privĂ©s, nage, massage, exercices de gymnastique), ce qui explique sa taille gigantesque. Une superficie de plus de onze hectares, de la place pour 1 600 baigneurs et 64 citernes de 80 000 litres chacune. C'est aujourd'hui l'Ă©difice thermal le mieux conservĂ© de l'Empire romain. Les ruines qui demeurent encore Ă  Rome ont conservĂ© leur aspect colossal.

Histoire

La construction des thermes dans le prolongement de la colline de l'Aventin, entre la Via Nova parallèle Ă  la Via Appia et la Via Ardeatina, a dĂ©butĂ© sous Caracalla en 212, comme l'indiquent les estampilles sur les briques de construction et non comme on l'affirme parfois Ă  la fin du règne de Septime SĂ©vère (193-211). Les travaux se prolongent jusqu’en 216. Un peu plus tard, deux autres empereurs en achèvent la construction avec l'enceinte extĂ©rieure : HĂ©liogabale (218-222) ajoute des portiques qui sont complĂ©tĂ©s plus tard par SĂ©vère Alexandre (222-235)[1].

Les bâtiments

Plan d'ensemble

Plan des thermes de Caracalla : bâtiment central, esplanade et enceinte.

La conception des thermes de Caracalla reprend le modèle des thermes de Trajan, complexe thermal construit un siècle plus tôt entre 104 et 109. Selon un plan rigoureusement symétrique, l'édifice se compose d'un corps central destiné aux bains encadré par une enceinte presque carrée. Compris entre les deux péristyles de l’enceinte, les thermes s'intègrent dans un vaste ensemble comprenant également une grande esplanade, ou péribole, occupée par des jardins pour la promenade, des fontaines et des bancs. Les ouvertures sont nombreuses sur l’enceinte et rares pour entrer dans le bâtiment principal dont les murs austères ne disposent que de quelques ouvertures. L’enceinte se présente donc comme un lieu où sont répartis tous les services accessoires n’ayant pas de rapport avec les bains. Les bains ne sont pas seulement un endroit où on se lave, c’est un centre communautaire à vocations multiples.

L’orientation des thermes est calculée pour que la partie chaude (caldarium) profite au mieux de la chaleur du soleil, comme c’est le cas d’ailleurs pour tous les grands thermes romains de la période impériale.

L’enceinte

L’enceinte forme une terrasse presque carrĂ©e de 337 m sur 328 m et dĂ©limite un espace d’environ 110 000 m2.

Le côté nord-est est constitué d’un portique, précédé de deux étages de pièces voûtées dans lesquelles se trouvent des boutiques et probablement des tavernes et des restaurants.

Dans les côtés nord-ouest et sud-est, il y a de grandes absides symétriques dans lesquelles certaines salles sont peut-être chauffées. On y trouve de chaque côté un nymphaeum, un gymnasia (gymnases subsidiaires), où l’on s’échauffe avant le bain, et des salles de conférences ou de travail. Certaines pièces sont peut-être destinées aux massages, aux frictions et au parfum pour les plus riches.

Dans le côté sud-ouest sont placées les citernes et de chaque côté de celles-ci les bibliothèques grecque et latine et des salles de lecture publique.

Entre les citernes et l’édifice thermal proprement dit se trouve un stade et une longue exèdre en forme de demi-stade qui comporte quelques rangées de gradins. Au-delà de ce mur se trouvent les abondantes réserves d'eau transportées par un aqueduc.

Le bâtiment central

Le bâtiment thermal forme un rectangle assez compact, élargi d’un demi-cercle formé par la rotonde du caldarium. Il n’est pas placé au centre exact de l’enceinte, mais est décalé, plus proche du péristyle nord, ménageant ainsi une vaste cour-jardin sur la partie sud. Il s’organise autour d’un axe central nord-est/sud-ouest formé par l’enfilade de la piscine (natatio), du frigidarium, du tepidarium et du caldarium. Un second axe perpendiculaire au précédent s’articule sur le frigidarium flanqué de deux palestres. Cette disposition en croix est complétée par des salles de service ou de circulation (vestibules d'entrée, vestiaires, etc.) pour constituer un corps de bâtiment compact. Ainsi, toutes les salles rayonnent autour du frigidarium central, ce qui permet la circulation aisée des usagers.

Le bâtiment thermal mesure 214 m de long pour 110 m de profondeur, caldarium non compris. Le frigidarium, vĂ©ritable nef Ă  trois voĂ»tes soutenues par huit piliers mesure 58 m sur 24 m. Le caldarium forme un cercle de 34 m de diamètre, Ă  moitiĂ© enchâssĂ© dans le bâtiment. Ses huit piliers soutiennent une coupole d'une hauteur Ă©valuĂ©e Ă  45 m. Chaque cour intĂ©rieure des palestres mesure 50 m sur 20 m. La natatio, par ses 53 m de long, peut rivaliser avec les piscines de compĂ©tition modernes[2].

Chaque fonction essentielle du bâtiment est matérialisée dans une architecture qui lui est propre. La maîtrise de la construction, qui se voit dans l'équilibre du plan, la puissance des voûtes et la grandeur des proportions ont participé à la conservation et à la réussite de l'édifice.

La bibliothèque

La bibliothèque des thermes de Caracalla est construite en même temps que les thermes en 216 ap. J.-C. et inaugurée par l'empereur Caracalla. Située sur le côté sud-ouest des thermes, la bibliothèque est séparée en deux salles, une pour les ouvrages grecs et l'autre pour les livres latins. Il existe aussi des salles de lectures publiques, le tout autour des citernes.

  • Palestre cĂ´tĂ© Est, cour intĂ©rieure

  • Palestre Est, entrĂ©e arrondie desservant le frigidarium

  • Mur de la palestre Est, dĂ©tail d'une frise

  • Piliers massifs, uniques vestiges du caldarium. En arrière-plan, les arcades du frigidarium

Construction : ruines et hypothèses

Les Thermes,
photo de Domenico Anderson.

Les ruines sont dans un bon Ă©tat de conservation, Ă  l'exception du caldarium, complètement rasĂ©. On y reconnaĂ®t les vastes salles nommĂ©es exedrae amplissimae, oĂą la voĂ»te plane Ă©tait supportĂ©e par des barres de bronze. On y voit les restes du stade, de la grande cour environnĂ©e de portiques ; des exèdres en forme d’hĂ©micycles, pour les discussions philosophiques ; des salles circulaires pour les bains chauds (caldaria). Il semblerait que tout le voĂ»tement du caldarium ait Ă©tĂ© fait d’une charpente mĂ©tallique noyĂ©e dans la maçonnerie d’une coupole surbaissĂ©e.

Les hauts murs (plus de 20 m) forment des massifs de bĂ©ton particulièrement imposants et Ă©pais, pour Ă©viter l'influence des tempĂ©ratures extĂ©rieures et soutenir la poussĂ©e des voĂ»tes. Ils sont en opus caementicium (moellons noyĂ©s dans un mortier fait d’un mĂ©lange de chaux et de diffĂ©rents matĂ©riaux, appelĂ©s agrĂ©gats) et coulĂ©s entre des parements de brique rouge. Les murs porteurs entre le frigidarium et la piscine, zone non couverte et donc dĂ©pourvue d'un toit capable de contrebuter la voĂ»te du frigidarium, sont renforcĂ©s, constituant de vĂ©ritables contreforts.

Plusieurs styles de toits sont possibles : plats, Ă  double pente, chiens assis, coupole ou demi-coupole. Les toits sont en tuiles (tegulae), sauf dans la salle du caldarium, couverte d'une coupole.

C'est l'utilisation de la brique, matĂ©riau lĂ©ger, du bĂ©ton et de la voĂ»te d'arĂŞte qui a permis de construire et de couvrir des bâtiments aussi vastes. En , les archĂ©ologues ont retrouvĂ© le lieu de fabrication des briques employĂ©es pour la construction des monuments romains les plus prestigieux (ColisĂ©e, PanthĂ©on, thermes de Caracalla...) Il est localisĂ© Ă  Mugnano, Ă  80 km au nord de Rome. La fabrique Ă©tait celle des frères Domitius Tullus et Lucanus, dont la marque caractĂ©ristique se retrouve sur les briques sorties de leurs ateliers.

D’après Pierre Gros, spĂ©cialiste de l'architecture antique, le chantier a vraisemblablement Ă©tĂ© organisĂ© en grandes terrasses : les remblais, nĂ©cessaires pour Ă©galiser le terrain en pente, ont Ă©tĂ© utilisĂ©s systĂ©matiquement. Pendant la construction des murs, le niveau de la terre rapportĂ©e s’élevait lui aussi jusqu’aux voĂ»tes, ce qui explique l’absence de trous de boulins dans les parois jusqu’à environ 20 m au-dessus du sol ; on a ainsi obtenu pour la mise en place des couvrements un plan de chantier solide qui a Ă©vitĂ© de pĂ©rilleux et coĂ»teux Ă©chafaudages ; on Ă©vacuait ensuite les Ă©quipements, matĂ©riaux et outils nĂ©cessaires Ă  l’opĂ©ration par les vastes ouvertures sous arcade ou coupole, avant mĂŞme de procĂ©der Ă  l’élimination des remblais. Enfin, l’essentiel du travail de finition s’organisait du haut vers le bas en suivant l’abaissement du terre-plein.

Ces méthodes, simples, mais efficaces, expliquent que quelques années aient suffi pour élever de telles masses.

La décoration intérieure

Décor et matériaux

Restitution des Thermes par Tiersch (1899).

Les thermes sont aussi des bâtiments esthĂ©tiques. Du point de vue de la dĂ©coration, l’édifice a Ă©tĂ© achevĂ© par les deux derniers empereurs de la dynastie des SĂ©vères, Élagabal et Alexandre SĂ©vère. D’un aspect extĂ©rieur très sobre, ces thermes Ă©taient richement dĂ©corĂ©s Ă  l’intĂ©rieur. Des fouilles ont Ă©tĂ© entreprises sur ce site dès le XVIe siècle par le cardinal Farnèse lors de la construction de son palais. Au XIXe siècle, on a dĂ©couvert de magnifiques statues, vasques, mosaĂŻques, colonnes et chapiteaux.

On peut regarder les thermes comme les constructions dans lesquelles les Romains, vainqueurs du monde et enrichis des dĂ©pouilles de presque tous les peuples de l'univers, ont dĂ©ployĂ© le plus de luxe et de magnificence. Les chefs-d'Ĺ“uvre de tous les arts ont concouru Ă  l'embellissement de ces lieux ; on sait que le groupe du Laocoon a Ă©tĂ© dĂ©couvert dans les thermes de Titus, et que des ruines des thermes de Caracalla sont sorties des Ĺ“uvres cĂ©lèbres. Les salons principaux Ă©taient revĂŞtus de marbre et ornĂ©s de bronze dorĂ©. Les murs Ă©taient couverts de marbre de couleur et les plafonds Ă©taient probablement dĂ©corĂ©s de peintures; le pavĂ© de presque toutes les salles Ă©tait ornĂ© de mosaĂŻques, les bassins et les palestres Ă©taient dĂ©corĂ©es de statues et de fresques ; enfin certaines baignoires Ă©taient creusĂ©es dans les marbres les plus prĂ©cieux, les autres Ă©tant exĂ©cutĂ©es en basalte, en granite, en porphyre et en albâtre. Aux thermes de Caracalla, on ne comptait pas moins de mille six cents sièges de marbre.

Les statues des thermes de Caracalla

Des fouilles archĂ©ologiques entreprises Ă  diffĂ©rentes Ă©poques ont mis au jour de nombreuses Ĺ“uvres d’art, surtout Ă  l'Ă©poque du pape Paul III Farnèse (1534-1549) :

  • le fameux groupe du Taureau Farnèse, par Apollonios et Tauriscus de Tralles, reprĂ©sentant le supplice de DircĂ©, liĂ©e par Amphion et ZĂ©thos Ă  un taureau pour se venger de l'outrage dont avait Ă©tĂ© victime leur mère Antiope.
  • la statue colossale d’Hercule Farnèse, rĂ©alisĂ©e par l’AthĂ©nien Glycon largement inspirĂ©e d’une Ĺ“uvre grecque de Lysippe. Hercule y est reprĂ©sentĂ© reposant sur sa massue recouverte en partie de la peau du lion, et il tient Ă  la main les pommes du jardin des HespĂ©rides.
  • Flore Farnèse, Ĺ“uvre inspirĂ©e par l’école attique du IVe siècle av. J.-C. (copie ?)
  • Un hĂ©ros grec avec enfant, ou Groupe statuaire reprĂ©sentant NĂ©optolème et Astyanax, Ă©poque romaine, dĂ©but du IIIe siècle.

(Toutes ces statues sont conservées au musée national de Naples.)

MosaĂŻques

Détail d'une mosaïque.

Les thermes de Caracalla Ă©taient dĂ©corĂ©s de riches mosaĂŻques : parmi elles, on a retrouvĂ© la cĂ©lèbre mosaĂŻque sur laquelle ont Ă©tĂ© reproduits diffĂ©rents athlètes vĂŞtus de leurs costumes caractĂ©ristiques, nantis de leurs agrès de compĂ©tition et tenant près d'eux les prix de leurs victoires. Elle fut dĂ©couverte durant les fouilles de 1824 dans les exèdres des palestres et transfĂ©rĂ© au MusĂ©e du Vatican.

D’autres mosaïques, bicolores, figurent des dauphins, des divinités aquatiques, des animaux, des figures humaines ou des dessins géométriques.

Temple - objets divers

Parmi les objets et Ă©lĂ©ments importants retrouvĂ©s aux thermes, on peut citer :

  • deux baignoires de marbre gris Ă©gyptien de la place Farnèse, ainsi que celles qui embellissent la Cour du BelvĂ©dère au Vatican
  • La dernière colonne entière transportĂ©e sur la Place de la TrinitĂ© Ă  Florence en 1563 : large socle, base Ă  2 tores, fĂ»t monolithe lisse, etc.

Les souterrains fouillĂ©s au dĂ©but du XXe siècle prĂ©sentent Ă©galement un grand intĂ©rĂŞt : lĂ  se trouvaient les pièces de service nĂ©cessaires au bon fonctionnement de l’établissement et c’est dans un de ces souterrains, sous la grande exèdre nord-ouest, que se rĂ©vĂ©la un Mithraeum, temple Ă  Mithra, le plus imposant de Rome.

Le fonctionnement des thermes romains

L’eau, aqueduc, chauffage

L’aqueduc est vital au fonctionnement des thermes : l'Aqua Antoniniana, dĂ©rivation spĂ©ciale de l'Aqua Marcia, apporte l’eau nĂ©cessaire dans d’énormes citernes (64 en tout, d’une capacitĂ© de 80 000 litres chacune) situĂ©es au-dessus du niveau des Thermes afin de maintenir une pression suffisante pour alimenter les diffĂ©rents bassins. L’enceinte extĂ©rieure entourait un plateau artificiel sous lequel se trouvent les locaux et les circulations de service (chaufferies, rĂ©serves de combustibles…). L’eau est ensuite distribuĂ©e dans diffĂ©rentes chambres qui alimentent chacune une partie bien dĂ©terminĂ©e des bains.

Ce flux est réglé par un grand réseau de galeries et de tuyauteries souterrain; on avait la place pour passer avec un char. Le chauffage se fait par un foyer souterrain, l’hypocauste, qui propulse de l’air chaud sous les sols et à l’intérieur des murs constitués de piliers en brique.

L’eau, chauffĂ©e dans une chaudière au sous-sol (præfurnium), situĂ©e au-dessus du foyer alimentĂ© avec du charbon de bois, entretenu par des esclaves, arrive dans les bains par un système de tuyauteries. Des passages souterrains voĂ»tĂ©s permettent aux esclaves d’entretenir le système de chauffage. L’air chaud circule sous les bains surĂ©levĂ©s par des piliers de briques, de l’air chaud circule aussi dans les murs par des conduits en briques creuses. Les bains les plus chauds comme le caldarium sont les plus près du præfurnium, ils peuvent ainsi chauffer jusqu’à 30 Â°C, les bains plus froids Ă©tant plus Ă©loignĂ©s. Pour les parties comme le sudatorium (extrĂŞmement chaud) les bassins Ă©taient mĂ©talliques et contiennent du charbon de bois ardent, la tempĂ©rature de l’eau est alors portĂ©e Ă  60 Â°C. Les baigneurs portent alors des sandales de bois pour ne pas se brĂ»ler le dessous des pieds.

Circuit balnéaire

Les Romains aimaient se retrouver en fin d'après-midi aux thermes pour s’y baigner, prendre des bains de vapeur et faire de l’exercice. À son arrivée, le Romain se rendait à l’apodyterium, le vestiaire. C’était une salle carrée flanquée de chaque côté de deux petites pièces probablement voûtées en berceau. Là il laissait ses vêtements dans une niche qu’il confiait à la surveillance d’un esclave. Il se situe dans le couloir autour de la palestre qui comprend aussi des baignoires et des latrines.

Les mĂ©decins romains avaient Ă©laborĂ© toute une succession d'Ă©tapes pour le bain : d'abord les exercices physiques pour Ă©chauffer le corps Ă  la palestre (gymnase) : jeux de balles, course Ă  pied, haltĂ©rophilie, lutte… La palestre comprend une piscine et un jardin entourĂ© par de vastes pĂ©ristyles soutenant un mur ornĂ© de fresques.

Ceux qui n’aiment pas l’effort physique vont directement dans le caldarium, immense rotonde coiffĂ©e d'une coupole appuyĂ©e sur huit piliers. Les fenĂŞtres entre les piliers laissent entrer Ă  flots la lumière de l'après-midi. La tempĂ©rature atteignait probablement 50 ou 55 Â°C. Le caldarium est composĂ© de deux parties : le bain chaud et le laconium ou le sudatorium qui Ă©taient des pièces annexes Ă  chaleur sèche destinĂ©es Ă  activer la transpiration. Pour Ă©liminer la sueur, la saletĂ© et les peaux mortes, on se racle la peau avec un strigile (grattoir courbe). On puise de l’eau fraĂ®che dans le labrum (grande vasque centrale) puis on va s’immerger dans un des bassins latĂ©raux.

On passe ensuite dans une salle plus petite, le tepidarium pour y prendre un bain tiède, très reposant. Cette salle constitue un sas qui prépare l’entrée dans le frigidarium, grande salle fraîche et voûtée, flanquée de bains froids. De là, on peut terminer en nageant dans la piscine découverte. À côté de ces espaces principaux, on trouvait les chambres pour les bains privés, les cours de service, des petites pièces pour l'entreposage des huiles et des sables, et les chambres ouvertes pour des bains de soleil. À la sortie de l’eau, on se fait masser, éventuellement épiler et parfumer. Les thermes de Caracalla étaient aussi équipés d’une douche appelée lavatio.

Fin des thermes et redécouvertes

RestaurĂ©s plusieurs fois sous AurĂ©lien, sous DioclĂ©tien et sous ThĂ©odoric le Grand au dĂ©but du VIe siècle, les thermes de Caracalla cessent de fonctionner en 537 apr. J.-C., lorsque Vitigès et ses Ostrogoths assiègent Rome et dĂ©truisent l'aqueduc qui l’alimente[1].

Par la suite ils tombent en ruines après les incursions des Sarrasins au IXe siècle. Au Moyen Ă‚ge, ils deviennent un cimetière pour les pèlerins dĂ©cĂ©dĂ©s lors de leur voyage Ă  Rome, puis une carrière de marbre et de briques pour les Ă©glises et les palais romains.

Ă€ partir du XVIe siècle, on en extrait des Ĺ“uvres d'art, dont le fameux Taureau Farnèse, l'Hercule Farnèse et Flore Farnèse, trois grandes statues recueillies dans la collection Farnèse. Les premières fouilles systĂ©matiques commencent en 1824, dĂ©gageant le sol au niveau des mosaĂŻques, dont la mosaĂŻque des Athlètes conservĂ©e au MusĂ©e Pio Cristiano du Vatican, et rĂ©cupĂ©rant les grandes vasques en granit. En 1901 et en 1912, les souterrains sont peu Ă  peu dĂ©gagĂ©s, exploration qui culmine avec la dĂ©couverte du Mithraeum en 1938[3].

Conclusion

« Les bains de Caracalla Â», de Lawrence Alma-Tadema.

Les Thermes de Caracalla sont, parmi les nombreux grands Ă©tablissements thermaux de l'Ă©poque impĂ©riale, ceux qui nous sont parvenus dans les meilleures conditions. Les ruines montrent encore bien la rĂ©partition des pièces, bien que dĂ©pouillĂ©es de leurs marbres et de leurs dĂ©corations, l'Ă©tablissement offre un exemple important des caractĂ©ristiques de l'architecture romaine : plan axial, symĂ©trie et fonctionnalisme. C’est sans doute l’édifice thermal le mieux conservĂ© et le plus luxueux de l’époque impĂ©riale. Sous l’Empire, les thermes se multiplient. Il en fleurit partout dans les villes. On en recense 70 Ă  la fin du Ier siècle av. J.-C., et plus d’un millier deux siècles plus tard. Les thermes de Caracalla ne sont donc pas un projet autonome, mais s’inscrivent dans un large mouvement de construction. Ce qui structure la ville romaine ce n’est pas son plan, mais bien la prĂ©sence dans tout l’empire de monuments comme les thermes grâce Ă  sa portĂ©e sociale.

Cet ensemble, inspirĂ© des thermes de Trajan, est donc Ă  la fois reprĂ©sentatif d’un certain type de thermes et original : par sa taille d’abord, qui prĂ©figure l’immensitĂ© des thermes de DioclĂ©tien, par la richesse de son dĂ©cor et les techniques de construction employĂ©es.

Les thermes romains sont les précurseurs de ceux que nous employons aujourd’hui, mais la définition a changé puisqu’on parlera plutôt maintenant d’établissement thermal où l’on fait une cure, où l’on vient prendre des eaux ayant des vertus médicinales. Il est devenu un lieu relativement coûteux et épisodique, en opposition avec la véritable pratique sociale quotidienne de ces lieux complets et particulièrement représentatifs de la vie romaine.

Attribué à Théodore Caruelle d'Aligny, Colonne en ruine dans les thermes de Caracalla, 1824-27.

Classification

D. Krencher, R. Rebuffat et I. Niesen ont classifié les thermes en fonction de leur plan et de l’itinéraire qu’ils imposent à l’utilisateur. Les thermes de Caracalla sont classés IX, petits et grands thermes impériaux caractérisés par un double circuit en boucle et une disposition axiale du frigidarium, du tepidarium de sortie et du caldarium avec un dédoublement des salles intermédiaires.

  • Vues panoramiques des ruines
  • Vue d'ensemble de la façade sud

  • Arcades du frigidarium

  • Passage entre le tepidarium (Ă  gauche) et le caldarium (Ă  droite)

  • Au fond, escalier

Notes et références

  1. Coarelli 1994, p. 228
  2. Coarelli 1994, p. 229-231
  3. Coarelli 1994, p. 229

Bibliographie

  • Filippo Coarelli (trad. de l'italien par Roger Hanoune), Guide archĂ©ologique de Rome, Paris, Hachette, (1re Ă©d. 1980), 350 p. (ISBN 2-01-235428-9)
  • Pierre Gros, L'Architecture romaine du dĂ©but du IIIe siècle av. J.-C. Ă  la fin du Haut-Empire, t. 1 : Les Monuments publics, Picard, 2002, (ISBN 2708406736)
  • Bernard Andreae, L’Art de l’ancienne Rome, Éditions d'Art Mazenod, 1973, rééditĂ© en 1988, (ISBN 2850880043)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes