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Biais (distorsion)

Dans diverses disciplines, un biais est une erreur systématique ou une simplification abusive.

L'interprétation des formes aléatoires apparaissant à la surface de la Lune constitue un exemple courant de biais perceptuel causé par la paréidolie (processus tendant à discerner une forme familière parmi des formes aléatoires).

Les biais peuvent être transmis implicitement avec le contexte culturel. Un individu peut notamment développer un biais en faveur ou à l'encontre d'un autre individu, d'un groupe ethnique, d'une identité de sexe ou de genre, d'une nation, d'une religion, d'une classe sociale, d'un parti politique, d'une théorie, d'une idéologie ou d'une espèce[1]. « Biaisé » signifie unilatéral, manquant de neutralité de point de vue ou d'ouverture d'esprit. Les biais peuvent prendre de nombreuses formes et sont associés aux préjugés et à l'intuition[2].

En science et technique, un biais est une erreur de mesure. Un biais statistique peut résulter d'un échantillonnage déséquilibré d'une population, ou d'un procédé d'évaluation qui ne donne pas un résultat précis en moyenne.

Biais cognitifs

Un biais cognitif est un faux-pas récurrent dans la réflexion, l'évaluation, la mémorisation ou d'autres processus cognitifs[3]. C'est-à-dire un schéma suivant lequel apparaissent des déviations par rapport aux normes en matière de jugement, ces déviations pouvant amener à créer des inférences de manière déraisonnable[4].

Les individus créent leur propre « réalité sociale subjective » à partir de leurs propres perceptions, leur vision du monde peut dicter leur comportement[5]. Ainsi, les biais cognitifs peuvent parfois conduire à une distorsion perceptuelle, à un jugement inexact, à une interprétation illogique ou à ce que l’on appelle généralement l'irrationalité[6] - [7] - [8]. Cependant, certains biais cognitifs sont considérés comme adaptatifs et peuvent donc conduire au succès dans la situation appropriée[9]. En outre, les biais cognitifs peuvent permettre des choix plus rapides lorsque la vitesse a plus de valeur que la précision[10]. D'autres biais cognitifs sont un « sous-produit » de limitations de traitement humain[4], résultant d'une absence de mécanismes mentaux appropriés, ou simplement de limitations humaines dans le traitement de l'information[5].

Conflits d'intérêt

Une situation de conflit d’intérêts apparaît quand un individu ou une organisation doit gérer plusieurs liens d'intérêts qui s’opposent, dont au moins l’un d’eux pourrait corrompre la motivation à agir sur les autres. La corruption, le favoritisme, le lobbying, l'auto-régulation et la caution de complaisance (en) sont des sources courantes de conflit d'intérêt.

Biais statistiques

Un biais statistique est une tendance systématique dans le traitement des données qui engendre des erreurs dans les résultats d'une étude. Cela peut être provoqué de différentes manières, dans la manière de choisir un échantillon ou dans la manière de collecter les données[11].

Le biais statistique est une propriété quantitative des techniques statistiques et de leurs résultats, la valeur attendue des résultats étant différente du paramètre quantitatif sous-jacent réel estimé.

Préjugés

Un préjugé est une opinion adoptée en l'absence d'informations ou de pratiques suffisantes. Parfois articulés sur des mythes ou des croyances, ou résultant d'une généralisation hâtive, les préjugés sont considérés dans une perspective bayésienne comme le point de départ de toute acquisition d'information, le processus d'apprentissage consistant simplement à les rectifier aussi vite que possible à la lumière de l'expérience.

Un préjugé est une idée admise sans démonstration, au même titre qu'un axiome ou un postulat. Cependant, il est considéré par celui qui y adhère comme une vérité, tandis que l'axiome ou le postulat s'inscrit dans un contexte de pensée philosophique ou scientifique dans lequel il est vu comme une hypothèse de travail utilisable indépendamment. Selon Charles Lord et al. (1979), il se peut cependant que même lorsque l'idée est démontrée comme fausse, le préjugé peut persévérer chez celui qui y adhère[12].

Biais scientifiques

  • L'effet expĂ©rimentateur consiste en un biais affectant les rĂ©sultats d'une expĂ©rimentation, ceux-ci validant les hypothèses internes, conscientes ou non, de l'expĂ©rimentateur.
  • Le biais de confusion dĂ©signe un ensemble d'erreurs qui peuvent survenir dans l'interprĂ©tation des liens entre la variable dĂ©pendante et la variable indĂ©pendante lors de l'analyse de rĂ©sultats expĂ©rimentaux du fait de l'interfĂ©rence d'autres variables qui ont Ă©tĂ© insuffisamment contrĂ´lĂ©es par le protocole de recherche.
  • Le biais de publication dĂ©signe le fait que les chercheurs et les revues scientifiques ont bien plus tendance Ă  publier des expĂ©riences ayant obtenu un rĂ©sultat positif (statistiquement significatif) que des expĂ©riences ayant obtenu un rĂ©sultat nĂ©gatif. Ce biais de publication donne aux lecteurs une perception biaisĂ©e (vers le positif) de l'Ă©tat de la recherche.
  • Le biais de financement dĂ©signe le fait que les rĂ©sultats des recherches ont tendance Ă  ĂŞtre plus favorables au financeur direct ou indirect.
  • Les biais mĂ©thodologiques sont des erreurs dans la mĂ©thode scientifique, telles que des règles de protocoles non respectĂ©es, qui engendrent des rĂ©sultats erronĂ©s.

Biais médiatiques

Les biais médiatiques sont une tendance des médias à présenter involontairement les informations, idées ou évènements d'une façon altérée par un a priori ou une conviction. Par exemple :

  • La mise sur agenda dĂ©crit la capacitĂ© des mĂ©dias Ă  se focaliser sur des Ă©vènements particuliers. Si un Ă©vènement est couvert de manière frĂ©quente et prĂ©Ă©minente, l'audience considĂ©rera le problème comme plus important. La saillance du sujet dans l'opinion publique sera plus importante[13].
  • Le gatekeeping ("portier") est la manière dont l'information et les nouvelles sont filtrĂ©es au public, par chaque personne ou entreprise se trouvant sur la route. Il s'agit du "processus de cueillette et d'inclusion d’innombrables informations dans le nombre limitĂ© de messages qui parviennent aux gens tous les jours et constitue le centre du rĂ´le des mĂ©dias dans la vie publique moderne. [...] Ce processus ne dĂ©termine pas seulement les informations qui sont sĂ©lectionnĂ©es, mais Ă©galement quel sera le contenu et la nature des messages, tels que les actualitĂ©s. "[14]
  • Le sensationnalisme fait ressortir certains Ă©lĂ©ments sordides et/ou spectaculaires pour attirer l'attention des spectateurs ou des lecteurs. Certains sont ainsi tentĂ©s de leur donner plus de poids et de portĂ©e qu'ils n'en ont rĂ©ellement.

Autres biais

  • En psychologie sociale, le biais de groupe est le phĂ©nomène par lequel les positions initiales des membres individuels d'un groupe sont exagĂ©rĂ©es vers une position plus extrĂŞme, prĂ©cisĂ©ment parce qu'ils sont en groupe.
  • Un biais Ă©motionnel est un phĂ©nomène psychologique consistant en une distorsion de la connaissance et de la dĂ©cision en raison de facteurs Ă©motionnels..
  • Biais culturel — biais liĂ© Ă  la tendance Ă  se conformer Ă  un type culturel donnĂ©.
  • Biais linguistique (hypothèse de Sapir-Whorf) — selon laquelle les caractĂ©ristiques d'une langue influent sur la cognition de ses locuteurs.
  • Biais de cadrage — la façon de prĂ©senter une situation influe sur la façon dont elle est interprĂ©tĂ©e.

Références

  1. (en) Bonnie SteinBock, Speciesism and the Idea of Equality, Philosopy 204, vol. 53, pp. 247-256, 1978
  2. (en) "bias ...; prejudice", The New Merriam–Webster Dictionary, (ISBN 0877799008)
  3. (en) Definition of Cognitive Bias, Chegg
  4. (en) M.G Haselton, D. Nettle, P.W Andrews, The evolution of cognitive bias, Hoboken, NJ, US: John Wiley & Sons Inc, 2005, D. M. Buss (Ed.), The Handbook of Evolutionary Psychology, pp. 724–746
  5. (en) H. Bless, K. Fiedler, F. Strack, Social cognition: How individuals construct social reality, 2004, Hove and New York: Psychology Press, page 2
  6. (en) D. Kahneman, A. Tversky, Subjective probability: A judgment of representativeness, 1972, Cognitive Psychology 3, 3, pp. 430–454, DOI 10.1016/0010-0285(72)90016-3
  7. (en) Baron, J. (2007). Thinking and Deciding (4e ed.). New York, NY: Cambridge University Press.
  8. (en) Ariely, D. (2008). Predictably Irrational: The Hidden Forces That Shape Our Decisions. New York, NY: HarperCollins.
  9. Par exemple : (en) G. Gigerenzer, D.G Goldstein, Reasoning the fast and frugal way: Models of bounded rationality, Psychological Review, 1996, volume 103, pp. 650–669, DOI 10.1037/0033-295X.103.4.650
  10. (en) A. Tversky, D. Kahneman, Judgement under uncertainty: Heuristics and biases, Science 185, 1974, pp. 1124–1131, DOI
  11. (en) Dedorah J. Rumsey, How to identify statistical bias, dummies.com
  12. David G. Myers, Psychologie, Paris : Flammarion médecine-sciences, (ISBN 978-2-257-15533-7, lire en ligne)
  13. M McCombs et Reynolds, A, « News influence on our pictures of the world », Media Effects: Advances in Theory and Research,‎
  14. (en) Pamela J. Shoemaker, Tim P. Vos, Gatekeeping Theory, 2009, Routledge, (ISBN 978-0415981392)
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