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Bernard Halpern

Bernard Naftali Halpern est un immunologiste et allergologue français né à Tarnoruda (en actuelle Ukraine, alors dans l'Empire russe) le et mort le à Paris[1].

Bernard Halpern
Nom de naissance Naftali Halpern
Naissance
Tarnoruda (en actuelle Ukraine) (Empire russe)
DĂ©cès (Ă  73 ans)
Paris 14e (France)
Nationalité Drapeau de la Russie Russe puis naturalisé Drapeau de la France Français en 1932.

Biographie

Issu d'une famille juive de huit enfants, déporté par le tsar, avec sa famille en Sibérie, en 1905, comme beaucoup de familles juives, il revient après la révolution en Ukraine, pour quitter celle-ci définitivement en 1920 quand son village est attaqué par les cosaques[2]. Dans un train de prisonniers allemands, il rejoint seul à 16 ans la Pologne, où il va achever ses études secondaires, vivant des leçons données à ses petits camarades. Il vient enfin en France en 1926, à 22 ans, pour entamer des études de médecine, d'abord à Nancy puis à Paris en 1928. Il travaille en parallèle dans le laboratoire de biologie expérimentale du professeur Gautrelet à la faculté de médecine de Paris. Entré garçon de laboratoire, il devient rapidement un des principaux collaborateurs du maître.

Docteur en médecine en 1936, il est destiné à une carrière académique au sein de l’université. Mais une réglementation draconienne, qui requiert cinq ans de résidence après naturalisation, lui ferme les portes de la faculté de médecine. Il se tourne donc vers l’industrie et commence sa carrière dans les laboratoires de recherche de la société Rhône-Poulenc, qui travaillent en étroite collaboration avec le laboratoire de chimie thérapeutique dirigé par Ernest Fourneau à l'Institut Pasteur où, en 1935, Daniel Bovet et ses collaborateurs viennent de découvrir les propriétés antibactériennes du sulfamide, l'agent actif du Prontosil de Gerhard Domagk, ouvrant ainsi la voie de la sulfamidothérapie[3]. Or c'est également à l'Institut Pasteur que, en collaboration avec Anne-Marie Staub, Bovet découvre en 1937 les premiers antihistaminiques[4]. Aussi les travaux d'Halpern le conduisent-ils tout naturellement à étudier le rôle de ces médicaments dans le traitement de diverses formes de l'allergie.

Durant cette période, Bernard Halpern contribue largement aux succès de la société Rhône-Poulenc, jouant ainsi son rôle dans la compétition que se livrent, depuis la fin de la Grande Guerre, les laboratoires pharmaceutiques des différentes nations industrielles. Cependant, il doit quitter Paris en 1940 et se réfugier en zone Sud, où il exerce la médecine générale dans un village de l’Ardèche jusqu’à ce que la législation de Vichy le lui interdise.

Il trouve à nouveau refuge dans les laboratoires de Rhône-Poulenc, nouvellement installés à Lyon en zone libre. Dans ces circonstances, il démontre en 1942 l’utilité anti-allergique de l’Antergan puis du Phénergan, les premiers antihistaminiques utilisés en clinique humaine[5]. Cette découverte attire l’attention des autorités allemandes car ces médicaments permettent également de prolonger la durée de vie des poches de transfusion sanguine. Il parvient à temps à se réfugier en Suisse avec sa femme et ses enfants[6].

Sa carrière après-guerre est marquée de plusieurs étapes. Directeur de recherche au CNRS en 1948, puis directeur d’études à l’École pratique des hautes études, il est élu en 1961 à la chaire de médecine expérimentale, occupée précédemment par François Magendie, Claude Bernard, Charles Nicolle et René Leriche. Son activité clinique et ses travaux de recherche se déroulent alors à l’hôpital Broussais, où il accueille dans son service de clinique des maladies allergiques des élèves du monde entier et diversifie ses travaux de recherche. Parmi ses proches collaborateurs, on peut mentionner Alain Zweibaum, Guido Biozzi et Baruj Benacerraf, futur prix Nobel, qui retournera aux États-Unis après avoir passé huit ans chez Bernard Halpern. Il est élu membre de l’Académie de médecine et de l’Académie des sciences.

Tout au long de sa vie, Bernard Halpern admira le travail de Claude Bernard[7], parce qu’il savait que la médecine et la physiologie sont indissociables et que leur pratique peut suivre une méthode expérimentale.

Il Ă©tait Ă©galement un proche de Raymond Aron.

Ĺ’uvres et publications

  • Le venin de vipera aspis. Étude expĂ©rimentale (thèse de doctorat en mĂ©decine), 1936.
  • « Comparaison de l'action spasmolytique de l'atropine, de la papavĂ©rine, et d'un ester D-amino-alcool synthĂ©tique : α-phĂ©nyl-valĂ©rate du diĂ©thyl-amino-Ă©thanol, par B.-N. Halpern. II. Action spasmolytique sur les organes Ă  muscles lisses Â», in Paris mĂ©dical 1938, no 109, p. 485-92, Première partie, texte intĂ©gral, et Paris mĂ©dical, 1939, no 113, p. 96-100, Deuxième partie, texte intĂ©gral.
  • « Ă‰tude expĂ©rimentale des antihistaminiques de synthèse. Essais de chimiothĂ©rapie des Ă©tats allergiques, Â» in Journal de MĂ©decine de Lyon, 1942.
  • Les antihistaminiques de synthèse. Essais de chimiothĂ©rapie des Ă©tats allergiques, Office intern. de librairie (Paris), 1942.
  • (en) A Study of Germination of the Spores of Various Yeast-like Fungi and Molds, University of Illinois, 1942, 114 p.
  • Le rĂ´le du système rĂ©ticulo-endothĂ©lial dans la dĂ©fense de l'organisme. Acquisitions mĂ©dicales rĂ©centes, 1956.
  • (en) Microbial growth patterns of mycobacterium tuberculosis grown in liquid synthetic medium under various oxygen tension levels, oxidation reduction potentials, and with antimicrobial agents, Northwestern University (Evanston, Ill.). Dept. of Bacteriology, Northwestern University, 1957.
  • Titres et travaux scientifiques du Dr Bernard N. Halpern, Paris, 1960.
  • Leçon inaugurale (faite le 15 novembre 1961 au Collège de France, Chaire de mĂ©decine expĂ©rimentale), impr. Daupeley-Gouverneur, 1962, 39 p.
  • Greffe et auto-immunitĂ© : acquisitions rĂ©centes en immunologie (facteurs humoraux et cellulaires impliquĂ©s dans la tolĂ©rance immunitaire, sĂ©minaire de la Chaire de mĂ©decine expĂ©rimentale du Collège de France, Paris, 1963. MĂ©canismes immunologiques impliquĂ©s dans les maladies auto-immunes. SĂ©minaire de la Chaire de mĂ©decine expĂ©rimentale du Collège de France, Paris, 1964), 1965, 396 p.
  • L'allergie (collection « Que sais-je ? »), PUF (Paris), 1965.
  • « Discours prononcĂ© par M. Bernard Halpern Â», in École pratique des hautes Ă©tudes, Section des sciences religieuses, Annuaire 1969-1970. Tome 77. 1968. pp. 77-82. Texte intĂ©gral en ligne.
  • Les immuno-dĂ©presseurs, applications cliniques (symposium rĂ©uni Ă  Nancy, 9-11 mai 1969), L'Expansion scientifique française (Paris), 1970, 205 p.
  • « Radioprotection confĂ©rĂ©e par le Corynebacterium parvum contre la lĂ©talitĂ© dĂ©terminĂ©e par l'irradiation X Ă  des doses sublĂ©tales et lĂ©tales chez la souris Â», in Comptes rendus de l'AcadĂ©mie des sciences, 1977.
En collaboration
  • Avec R. Ducrot : « Recherches expĂ©rimentales sur une nouvelle sĂ©rie chimique de corps douĂ©s de propriĂ©tĂ©s antihistaminiques puissantes : les dĂ©rivĂ©s de la thĂ©odiphĂ©nylamine Â», in Comptes rendus de la SociĂ©tĂ© de biologie, 1946.
  • Avec J.-P. Laubscher : « Recherches sur l'action des antihistaminiques de synthèse sur la rĂ©sistance capillaire chez l'homme Â», in Semaine des HĂ´pitaux de Paris, 1948.
  • Avec Jean Hamburger et Georges MathĂ© : « Ă‰tude des perturbations de l'Ă©quilibre hydrique provoquĂ©es chez le chien au moyen de la perfusion intestinale Â», in Archives de la SociĂ©tĂ© de physiologie, 1950.
  • Avec Baruj Benacerraf : « PathogĂ©nie et traitement des nĂ©phropathies allergiques expĂ©rimentales Â», in JournĂ©es thĂ©rapeutiques de Paris, 1951.
  • Avec P. Liacopoulos et M. Briot : « Aspects qualitatifs et quantitatifs de l'antagonisme des antihistaminiques de synthèse Ă  l'Ă©gard de l'histamine, des substances histamino-libĂ©ratrices et de la rĂ©action anaphylactique Â», in Comptes rendus de la SociĂ©tĂ© de biologie, 1956.
  • Avec G. Biozzi, C. Stiffel et D. Mouton : « Effet de l'inoculation du bacille de Calmette-GuĂ©rin sur le dĂ©veloppement de la tumeur ascitique d'Ehrlich chez la souris Â», in Comptes rendus de la SociĂ©tĂ© de biologie, 1959.
  • Avec E. DominĂ© et A. Fray : « Le rĂ´le des mĂ©diateurs chimiques dans la rĂ©gulation de l'Ă©osinophilie sanguine Â», in Bulletin de la SociĂ©tĂ© de pathologie exotique et de ses filiales, 1962, tome 55, pp. 489-99. Texte intĂ©gral.
  • Avec Roger Heim et al. : Les Concepts de Claude Bernard sur le milieu intĂ©rieur, [Colloque international organisĂ© pour la cĂ©lĂ©bration du centenaire de la publication de l'Introduction Ă  l'Ă©tude de la mĂ©decine expĂ©rimentale de Claude Bernard, 1965], Fondation Singer-Polignac (Paris), 1967, 431 p.
  • Avec Baruj Benacerraf et G. Biozzi : « Quantitative Study of the Granulopectic Activity of the Reticulo-Endothelial System: I: The Effect of the Ingredients present in India Ink and of Substances Affecting Blood Clotting in vivo on the Fate of Carbon Particles Administered Intravenously in Rats, Mice and Rabbits Â», in British journal of experimental pathology 34.4 (1953) : 426.
  • Synthèse cellulaire et structure molĂ©culaire des immunoglobulines (publiĂ© sous la direction de Bernard Halpern), Dunod (Paris), 1969, 367 p.

Prix et distinctions

Hommages

Bibliographie

  • Louis Pasteur Vallery-Radot, Christian Fouchet, Robert Courrier : « Remise de l'Ă©pĂ©e d'acadĂ©micien Ă  Bernard Halpern Â», [Salons du Rectorat de l'AcadĂ©mie de Paris, le 20 mars 1965, La Tradition Graphique, 1965, 80 p.
  • Étienne Wolff : « Notice nĂ©crologique sur Bernard Halpern Â» (23 avril 1979), in C R Acad Sc Paris, t. 288, pp. 130-36, Texte intĂ©gral.
  • Anne Rassmussen : « Halpern Bernard Â», in Dictionnaire des Ă©trangers qui ont fait la France, [publiĂ© sous la dir. de Pascal Ory], Robert Laffont (Paris), 2013, 1 357 p. Texte intĂ©gral
  • « Symposium d'immunologie Bernard Halphern Â», in La lettre du Collège de France, no 12, pp. 24-25, Texte intĂ©gral.
  • (en) Robert A. Kyle, Marc A. Shampo : « Bernard Halpern: French Immunologist and Allergist Â», in Mayo Clinic Proceedings, Volume 64, Issue 11, 1455, Texte intĂ©gral.
  • Hommage Ă  Bernard Halpern, Association des Amis de Bernard Halpern, 1987, 34 p.
  • Panayotis Liacopoulos : « Halpern Bernard(1904-1978) », in Encyclopædia Universalis Extrait en ligne.
  • Raymond Paul : « La Chlorpromazine : dĂ©roulement des recherches qui ont conduit Ă  sa synthèse Â», in Histoire des sciences mĂ©dicales, Texte intĂ©gral.
  • (en) K.-C. Bergmann, J. Ring: History of Allergy, Karger (Basel), 2014, 446 p.

Notes et références

  1. Archives en ligne de Paris 14e, année 1978, acte de décès no 2850, cote 14D 625, vue 27/31
  2. Bernard Halpern (1904 - 1978) dans le site histcnrs.fr
  3. Daniel Bovet, Une chimie qui guérit. Histoire de la découverte des sulfamides, Payot, « Médecine et sociétés », Paris, 1988.
  4. A.-M. Staub et D. Bovet, « Action protectrice des éthers phénoliques au cours de l'intoxication histaminique », C. r. séances Soc. biol., vol. 124, 1937, pp. 547-549 ; « Action de la thymoxyéthyldiéthylamine (929 F) et des éthers phénoliques sur le choc anaphylactique du cobaye », C. r. séances Soc. biol., 1937, vol. 125, pp. 818-823.
  5. B. Halpern, « Les antihistaminiques de synthèse : Essais de chimiothérapie des états allergiques », Arch. int. pharmacodynam. et thér., vol. 68, 1942.
  6. Nicolas Chevassus-au-Louis, « Quand Vichy rĂ©organisait la science française… Â», in: La Recherche, n°372, fĂ©vrier 2004, p. 38, Texte intĂ©gral.
  7. Julien Pierre, « Claude Bernard et le milieu intĂ©rieur : Fondation Singer-Polignac Â», [Les concepts de Claude Bernard sur le milieu intĂ©rieur.Colloque international organisĂ© pour la cĂ©lĂ©bration du centenaire de la publication de l'Introduction Ă  l'Ă©tude de la mĂ©decine expĂ©rimentale de Claude Bernard (1965)], in: Revue d'histoire de la pharmacie, 1967, vol. 55, n° 195, p. 632, Texte intĂ©gral.
  8. Benard Halpern dans le site de la Bibliothèque de l’Académie de médecine
  9. Dossier Bernard Halpern dans le site Salamandre.
  10. CNRS, « Liste des médaillés d'or du CNRS », sur cnrs.fr (consulté le )

Annexes

Articles connexes

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