Batterie zinc-ion
Une batterie zinc-ion ou batterie Zn-ion (abrégé ZIB) utilise des ions zinc (Zn2+) comme porteurs de charge[1]. Plus précisément, les ZIB utilisent du Zn comme anode, des matériaux d'intercalation de Zn comme cathode et un électrolyte contenant du Zn.
Il en existe deux grandes formes :
- la batterie Zn-ion à électrolytes à base organique ;
- la batterie Zn-ion à électrolytes en solution aqueuse, qui offre une sécurité très élevé et laisse espérer des coûts finaux plus bas.
En 2022, ces batteries semblent avoir atteint un niveau de maturité permettant leur commercialisation dans les systèmes de stockage stationnaires de l'électricité issues d'énergies renouvelables (éolien et solaire photovoltaïque en particulier) dans les smartgrids et autres réseaux électriques.
Sémantique
L'expression « batterie zinc-ion » est plutôt réservée aux batteries rechargeables (secondaires), parfois aussi dites « batteries rechargeables au zinc métal » (ou RZMB pour « rechargeable zinc metal batteries »)[2]. Les ZIB diffèrent des piles non rechargeables (primaires) à base de zinc (telles que certaines piles alcalines ou zinc-carbone).
Histoire
En 2011, le groupe de Feiyu Kang montre pour la première fois qu'une insertion réversible d'ions Zn dans la structure tunnel d'un hôte en dioxyde de manganèse de type alpha (MnO2) est possible en utilisant le zinc comme cathode dans une batterie Zn-ion[3] - [4].
L'université de Waterloo (Canada) a breveté la technologie des batteries zinc-ion développée dans ses laboratoires[5].
En 2020, Eos Energy Storage produit 1,5 GWh de batteries au zinc fabriquées aux États-Unis pour être utilisées pour le stockage des énergies intermittentes dans les réseaux électriques du Texas et de la Californie[6] - [7].
Recherche
La recherche est intense depuis les années 2010, marquée par une croissance exponentielle de la littérature scientifique sur le sujet[8]
Motivation et enjeux
Cette batterie semble présenter plusieurs intérêts majeurs de soutenabilité :
- alors que le lithium est un métal relativement rare, polluant, source de tensions géopolitiques, une électrode négative en zinc présente l'avantage d'une capacité volumétrique théorique bien plus élevée et le zinc est naturellement abondant et mieux réparti dans le monde. Le coût de fabrication en série de ZIB devrait être bas, car le zinc métallique est très disponible sur la planète et, si son raffinage donne du cadmium toxique comme sous-produit, le zinc-métal a une bonne recyclabilité ;
- le zinc a une meilleure compatibilité avec les électrolytes aqueux que la plupart des autres métaux testés dans les batteries ;
- contrairement aux batteries lithium-ion, les batteries Zn-ion aqueuses ne sont que légèrement acides, fonctionnant dans une fourchette de pH comprise entre 4 et 5,5[9] - [10] - [11] ;
- leur sécurité intrinsèque est élevée ; comparé à celui d'autres types de batteries, leur risque est faible en matière de toxicité, pollution, incendies, etc., notamment en cas de rupture de l'enveloppe de la batterie, d'incendie ;
- leur puissance spécifique est élevée ;
- leur réversibilité est élevée.
Pour ces raisons, les ZIB semblent être d’excellentes candidates pour les applications de réseau électrique[9] - [12] - [13].
Inconvénients :
- moindre efficacité coulombienne (charge) que celle des LIB de pointe[2] ;
- surpotentiels plus importants pour le placage et le striping sur l'électrode négative[2] ;
- risque de défaillance dendritique[2] - [14].
Chimie
Les électrolytes aqueux aussi bien que non aqueux sont étudiés comme candidats pour les ZIB, notamment des sels de zinc utilisant les anions TFSI ou triflate (pour les électrolytes aqueux et non aqueux), du sulfate de zinc et des électrolytes aqueux alcalins à base d'KOH[2] - [14]
Jusqu'à présent, plusieurs matériaux de cathode ont été explorés pour les ZIB, notamment le MnO2 de types gamma et delta, l'hexacyanoferrate de cuivre, l'oxyde de bismuth, les sulfures en couches et les analogues du bleu de Prusse[2] - [15] - [16] - [17]. Par exemple, en 2017, les chercheurs ont signalé un prototype de batterie zinc-ion qui a une réversibilité, un taux et une capacité élevés sans formation de dendrites[18] ; ce dispositif utilisait une anode en zinc métallique, une cathode en oxyde de vanadium (Zn0,25 V2O5⋅nH2O) et un électrolyte aqueux, matériaux tous non toxiques ou peu toxiques (par rapport aux métaux ou métalloïdes habituellement utilisés dans les piles et batteries). Après 1 000 cycles, elle conservait 80 % de sa capacité. La cellule a atteint une capacité allant jusqu'à 300 mAh g−1 et une densité d'énergie de ∼450 Wh l−1.
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Zinc-ion battery » (voir la liste des auteurs).
- (en-US) « A cheap, long-lasting, sustainable battery for grid energy storage », KurzweilAI, (consulté le ).
- (en) Ma, Schroeder, Borodin et Pollard, « Realizing high zinc reversibility in rechargeable batteries », Nature Energy, vol. 5, no 10, , p. 743–749 (ISSN 2058-7546, DOI 10.1038/s41560-020-0674-x, Bibcode 2020NatEn...5..743M, lire en ligne).
- Brevet américain « Rechargeable zinc ion battery », déposé par Feiyu Kang, publié le 9 février 2012, no 20120034515.
- (en) Xu, Li, Du et Kang, « Energetic Zinc Ion Chemistry: The Rechargeable Zinc Ion Battery », Angewandte Chemie International Edition, vol. 51, no 4, , p. 933–935 (ISSN 1521-3773, PMID 22170816, DOI 10.1002/anie.201106307).
- Kundu, Vajargah, Wan et Adams, « Aqueous vs. nonaqueous Zn-ion batteries: consequences of the desolvation penalty at the interface », Energy & Environmental Science, vol. 11, no 4, , p. 881–892 (DOI 10.1039/C8EE00378E, lire en ligne)
- « Home », Eos Energy Enterprises
- « 1.5GWh of 'Made in America' zinc batteries joining Texas, California grids from Eos Energy Storage », Energy Storage News, .
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