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Pile alcaline

On appelle pile alcaline un type de pile électrique primaire dont l'électrolyte est alcalin. Les modÚles les plus courants sont la pile alcaline zinc-dioxyde de manganÚse (Zn-MnO2), et la pile alcaline lithium-dioxyde de manganÚse (Li-MnO2). La pile alcaline a remplacé la pile saline (dite Pile Leclanché) dans l'usage domestique.

La pile alcaline zinc-dioxyde de manganĂšse, que l'on appelle souvent pile alcaline par abus de langage, tire son nom du fait que ses deux Ă©lectrodes, l'Ă©lectrode nĂ©gative en zinc et l'Ă©lectrode positive en dioxyde de manganĂšse, sont plongĂ©es dans un Ă©lectrolyte alcalin d'hydroxyde de potassium, par opposition Ă  l'Ă©lectrolyte acide de la pile saline (zinc-carbone) qui offre la mĂȘme tension nominale et la mĂȘme taille.

Les principaux formats sont les formats cylindriques (LR3, LR6, LR14, LR20) pour les piles zinc-dioxyde de manganĂšse, et les formats bouton pour les piles lithium-dioxyde de manganĂšse (par exemple, LR44).

Historique

La pile alcaline a été développée par Lewis Urry avec l'aide Karl Kordesch et Paul A. Marsal dans les années 1950, lorsqu'ils travaillaient à Union Carbide.

Exemples de piles alcalines

Chimie

Dans une pile alcaline, l'anode (électrode négative) est constituée de poudre de zinc (offrant une surface de réaction plus grande et un flux d'électrons accru) et la cathode (électrode positive) de dioxyde de manganÚse.

Les piles alcalines classiques sont comparables aux piles zinc-carbone, mais la différence tient à ce que les piles alcalines utilisant de l'hydroxyde de potassium (KOH) comme électrolyte au lieu du chlorure d'ammonium ou du chlorure de zinc, ont la possibilité de fournir un courant plus intense (mais pas nécessairement davantage d'ampÚres-heures), et ont une durée de vie plus longue que les piles zinc-carbone et chlorure de zinc.

Les demi-réactions sont[1] :

Zn (s) + 2HO− (aq) → ZnO (s) + H2O (l) + 2e−
MnO2 (s) + H2O (l) + e− → MnO(OH)(s) + HO− (aq)

La Réaction totale est donc :

Zn (s) + 2MnO2 (s) + H2O (l) → 2MnO(OH)(s) + ZnO (s)

Construction

Les piles alcalines sont fabriquĂ©es sous forme de cylindres et de boutons assurant la compatibilitĂ© avec les piles zinc-carbone. Plusieurs unitĂ©s cylindriques peuvent ĂȘtre raccordĂ©es en sĂ©rie, comme celles qu'on vend pour les flashes et les appareils Ă  transistors alimentĂ©s en V.

Une pile cylindrique est contenue dans un tube d'acier, qui sert de collecteur du courant de la cathode. Celle-ci est constituĂ©e d'un mĂ©lange d'une pĂąte de dioxyde de manganĂšse compressĂ©e additionnĂ©e de poudre de carbone pour amĂ©liorer la conductivitĂ©. Cette pĂąte peut ĂȘtre coulĂ©e dans le tube ou insĂ©rĂ©e sous forme d'anneaux prĂ©-formĂ©s. Le trou central de la cathode est revĂȘtu d'un sĂ©parateur qui empĂȘche le mĂ©lange des produits de l'anode et de la cathode et le court-circuit de l'Ă©lĂ©ment de pile. Ce sĂ©parateur est constituĂ© d'une couche de cellulose tissĂ©e ou de polymĂšre synthĂ©tique. Il faut que le sĂ©parateur puisse laisser passer les ions et rester stable dans une solution Ă©lectrolytique fortement alcaline. L'anode est constituĂ©e d'une dispersion de poudre de zinc dans un gel contenant l'Ă©lectrolyte d'hydroxyde de potassium. Pour Ă©viter la polarisation de la pile en fin de vie, on utilise plus de dioxyde de manganĂšse qu'il n'est nĂ©cessaire pour rĂ©agir avec la totalitĂ© du zinc.

Dans les types de piles bĂątons standard "AAA", "AA", "C", "sub-C" et "D", l'anode correspond Ă  l'extrĂ©mitĂ© plate tandis que la cathode est celle avec un bouton en relief. Ce bouton correspond Ă  la capsule de mĂ©tal revĂȘtant l'extrĂ©mitĂ© du charbon central dans les piles "salines", mais il ne reflĂšte guĂšre la structure interne de la pile alcaline, dont la cathode est sur la pĂ©riphĂ©rie, tandis que celle d'une pile saline est le charbon central.

La construction d'une pile alcaline est trĂšs consommatrice d'Ă©nergie : il faut environ 50 fois plus d’énergie pour fabriquer une pile alcaline que ce qu’elle fournira pendant toute sa durĂ©e de vie[2].

Durée de vie

Par rapport Ă  la pile LeclanchĂ© (appelĂ©e aussi pile saline zinc-carbone), dont la tension est Ă©galement d'environ 1,5 volt par cellule, les piles alcalines ont une plus grande densitĂ© d'Ă©nergie et une durĂ©e de vie plus longue.

Sur des appareils trĂšs consommateurs, comme des appareils photo ou des tĂ©lĂ©commandes de jeu, elle peut ĂȘtre de quelques heures seulement. Sur des appareils faibles consommateurs, comme des horloges ou des tĂ©lĂ©commandes infra-rouge, elle peut ĂȘtre de deux Ă  trois ans.

Contrairement à ce qui est indiqué les piles alcalines sont rechargeable jusqu'à une dizaine de fois, à condition de ne pas trop les décharger et d'utiliser un chargeur qui connait ce type de pile et la méthode pour les recharger correctement[3].

Réutilisation des piles alcalines au dioxyde de manganÚse

Des appareils, que l'on appelle les rĂ©gĂ©nĂ©rateurs de piles alcalines, permettent de rĂ©utiliser les piles alcalines, au lieu de les jeter aprĂšs un seul cycle de dĂ©charge. En effet, d'un point de vue Ă©lectro-chimique, les couples redox Ă  l'anode et Ă  la cathode sont partiellement rĂ©versibles[4]. Les rĂ©actions chimiques inverses sont possibles. La chute de tension de la pile, qui se produit naturellement lors de la dĂ©charge, peut ĂȘtre inversĂ©e par l'injection d'un courant, qui va favoriser la rĂ©action inverse. Ce qui explique que les piles alcalines peuvent ĂȘtre rĂ©utilisĂ©es une dizaine de fois avec des circuits Ă©lectroniques adaptĂ©s[5] - [6].

Ceci est confirmé expérimentalement par un document du Centre de Recherche de la société Wonder (qui était un fabricant français de piles alcalines)[6], la réversibilité est possible si on réunit des conditions précises :

  • piles en bon Ă©tat (pas de coulures/fuites/oxydation/date de pĂ©remption) et non dĂ©chargĂ©es en dessous de 1,25 V (au-delĂ  des rĂ©actions chimiques internes empĂȘchent la rĂ©versibilitĂ©) ;
  • recharge limitĂ©e Ă  1,70 V / Ă©lĂ©ment[6] ;
  • courant de recharge limitĂ© (environ 50-80 mA pour une pile R6)[6].

Les fabricants, qui n'ont pas conçu les piles alcalines pour qu'elles soient réutilisables, recommandent de jeter les piles aprÚs un seul cycle de décharge. Ils mettent en avant des risques potentiels d'échauffement des piles, de fuite et d'explosion (due à la pression de dihydrogÚne gazeux libéré et à la mauvaise reconstitution de l'amalgame de zinc métallique)[7]. Néanmoins, des régénérateurs de piles alcalines existent et sont commercialisés.

Fuites

Les piles alcalines sont parfois enclines aux fuites de leur Ă©lectrolyte, ce qui peut ĂȘtre dangereux. En effet, l'hydroxyde de potassium est un produit corrosif et irritant pour les yeux et la peau. On peut rĂ©duire le risque de fuite en Ă©vitant de les recharger, ou de mĂ©langer plusieurs types de piles diffĂ©rentes dans le mĂȘme appareil, et en retirant les piles lorsque l'appareil reste longtemps inutilisĂ©.

Toutes les piles se dĂ©chargent lentement d'elles-mĂȘmes, qu'elles soient connectĂ©es Ă  un appareil ou non. Les rĂ©actions chimiques internes se modifient lorsque la pile est presque vide, et de l'hydrogĂšne est alors produit sous forme de gaz, ce qui augmente la pression dans l'enveloppe de la pile. Cette surpression peut alors rompre les joints aux bouts de la pile ou le tube de mĂ©tal. Les piles vides finissent donc souvent par fuir.

L'hydroxyde de potassium contenu dans la pile réagit alors avec le dioxyde de carbone de l'air ambiant. Le produit de cette réaction est une structure cristalline de carbonate de potassium d'aspect duveteux qui se propage depuis la pile le long des électrodes et des pistes circuits électroniques, et en ronge le cuivre.

Notes et références

  1. [PDF]Cours de chimie, physagreg.fr
  2. « Énergie nĂ©cessaire Ă  la construction des piles », sur consoglobe.com
  3. Recharger des piles alcalines non rechargeables, astuces-pratiques.fr du 28 sept. 2011, consulté le 5 juillet 2019
  4. (en) K. Kordesch et al., [PDF] Rechargeability of manganese dioxide in alkaline electrolyte, Electrochimica Acta Vol 26. no10 pp 1495-1504 - 1981
  5. (en) Michael Slifkin, « Recharging the unchargeable », Electronics World,‎ , p. 320 (lire en ligne [PDF], consultĂ© le ).
  6. (en) Société Les Piles Wonder, « Caractéristiques générales des piles alcalines au bioxyde de manganÚse », 1985 (à vérifier) (consulté le ), p. 3
  7. Energizer, « Fiche technique de sécurité / pile Energizer / Eveready », (consulté le )

Liens externes

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