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Bataille de Castalla (1813)

La bataille de Castalla se déroula le à Castalla, en Espagne, dans le cadre de la guerre d'indépendance espagnole. Elle opposa une armée anglo-hispano-sicilienne commandée par le lieutenant-général John Murray à l'armée française d'Aragon sous les ordres du maréchal Louis-Gabriel Suchet. Les troupes de Murray, installées sur une colline, repoussèrent avec succès les attaques françaises, obligeant Suchet à se retirer.

Bataille de Castalla (1813)
Description de cette image, également commentée ci-après
Bataille de Castalla, 13 avril 1813. Illustration du XIXe siècle.
Informations générales
Date 13 avril 1813
Lieu Castalla, Espagne
Issue Victoire anglo-espagnole
Forces en présence
13 200 hommes18 200 hommes
Pertes
Biar : 300 tués ou blessés
Castalla : 1 300 tuĂ©s ou blessĂ©s
Biar : 301 tués ou blessés, 2 canons
Castalla : 440 tués ou blessés

Guerre d'indépendance espagnole

Batailles

Campagne d'Aragon et de Catalogne (1809-1814)
CoordonnĂ©es 38° 36′ 00″ nord, 0° 40′ 00″ ouest
Géolocalisation sur la carte : Communauté valencienne
(Voir situation sur carte : Communauté valencienne)
Bataille de Castalla (1813)
GĂ©olocalisation sur la carte : Espagne
(Voir situation sur carte : Espagne)
Bataille de Castalla (1813)

Le marquis de Wellington, commandant en chef des forces alliĂ©es, voulait empĂŞcher le corps de Suchet de venir renforcer les autres armĂ©es françaises en Espagne. Dans ce but, il ordonna au gĂ©nĂ©ral Murray de se porter Ă  la rencontre de l'armĂ©e d'Aragon avec 18 000 hommes. Cependant, Murray manĹ“uvra maladroitement, ce qui incita Suchet Ă  passer Ă  l'attaque. Le marĂ©chal battit un dĂ©tachement espagnol Ă  Yecla, puis marcha contre Murray ; sa progression fut nĂ©anmoins retardĂ©e le Ă  Biar par la brigade Adam, permettant au gros de l'armĂ©e alliĂ©e de se retrancher sur une position dĂ©fensive près de Castalla. Le 13, les attaques françaises furent repoussĂ©es avec de lourdes pertes par les troupes britanniques d'Adam et de Mackenzie, ainsi que par les Espagnols de Whittingham. Suchet se retira du champ de bataille, sans que Murray ne se lance Ă  sa poursuite.

Contexte

Portrait en pied d'un maréchal de Napoléon, sabre au côté et chapeau à la main, avec ses troupes passant près de lui.
Le maréchal Suchet, commandant en chef de l'armée d'Aragon. Peinture de Jean-Baptiste Paulin Guérin.

Depuis 1809, l'Aragon était occupé par l'armée française du maréchal Louis-Gabriel Suchet. Celui-ci administrait la province de manière indépendante et ne coopérait que très peu avec les autres commandants français. Cependant, le marquis de Wellington, commandant en chef des armées alliées, craignait que sa position ne devienne délicate en cas d'intervention des troupes de Suchet dans le Centre et le Nord de l'Espagne. Pour éviter cette situation, Wellington ordonna que des opérations de débarquement soient effectuées sur la côte est de l'Espagne afin d'occuper les forces de Suchet[1].

Depuis l'Ă©tĂ© 1812, une armĂ©e anglo-sicilienne forte de 8 000 hommes, renforcĂ©e par environ 6 000 soldats espagnols venus de Minorque, occupa le port d'Alicante sur la cĂ´te est de l'Espagne[2]. Plusieurs gĂ©nĂ©raux se succĂ©dèrent Ă  la tĂŞte des troupes sans que ces dernières ne prennent pour autant une part active aux affrontements. En fĂ©vrier 1813, le gĂ©nĂ©ral John Murray prit le commandement de l'armĂ©e d'Alicante qui alignait Ă  ce moment 18 000 hommes[1].

Prélude

Au dĂ©but du mois d'avril, après quelques manĹ“uvres indĂ©cises, Murray positionna sa petite armĂ©e Ă  Villena, au nord-ouest d'Alicante. SimultanĂ©ment, Suchet avait dĂ©cidĂ© de surprendre le gĂ©nĂ©ral britannique et ses alliĂ©s espagnols et il divisa ses forces en deux colonnes : la première, sous les ordres du gĂ©nĂ©ral de division Harispe, se dirigea sur Yecla qu'occupait un dĂ©tachement espagnol, tandis que la deuxième, commandĂ©e par Suchet en personne, s'avança sur Villena Ă  la rencontre de Murray[3]. Le 11 avril 1813, Ă  Yecla, Harispe se heurta aux 3 000 soldats espagnols du gĂ©nĂ©ral Mijares. Le 4e rĂ©giment de hussards et le 24e rĂ©giment de dragons prirent leurs adversaires par surprise et les mirent en dĂ©route, leur infligeant une perte de 400 tuĂ©s et 1 000 prisonniers. Deux bataillons d'infanterie espagnols furent pratiquement anĂ©antis. Les Français eurent 18 tuĂ©s et 61 blessĂ©s dans leurs rangs[4].

Le général Murray fut informé de ce revers dans la journée et il ordonna immédiatement le repli sur Alicante, laissant la brigade du colonel Frederick Adam au col de Biar pour couvrir sa retraite. Dans la matinée du 12 avril, la colonne de Suchet captura un bataillon espagnol à Villena avant de se lancer à la poursuite de Murray. À Biar, les Français engagèrent la brigade Adam sans parvenir à la faire reculer. Adam réussit à tenir les fantassins français à distance pendant cinq heures ce qui permit à Murray de concentrer son armée à Castalla[3]. La cavalerie de Suchet intervint et contraignit Adam à évacuer Biar, mais cette tentative de transformer la retraite anglo-espagnole en déroute échoua lorsque les cavaliers français tombèrent dans une embuscade tendue par trois compagnies du 2e bataillon du 27e régiment[5]. Les Français perdirent 300 hommes au cours de l'action alors que la brigade Adam laissa sur le terrain 260 tués ou blessés et 41 disparus. Le colonel britannique se vit également contraint d'abandonner deux de ses quatre canons[6].

Forces en présence

L'armĂ©e de Murray se composait de 18 716 hommes organisĂ©s en une avant-garde, deux divisions anglo-italiennes, deux divisions espagnoles, de la cavalerie et de l'artillerie. L'avant-garde commandĂ©e par Adam comprenait 1 179 hommes organisĂ©s en trois bataillons et divers dĂ©tachements. La 1re division du lieutenant-gĂ©nĂ©ral Clinton comptait 4 036 hommes en cinq bataillons. La 2e division britannique sous les ordres du gĂ©nĂ©ral Mackenzie alignait cinq bataillons pour un total de 4 045 soldats. La 1re division espagnole du colonel Whittingham prĂ©sentait Ă  l'effectif 3 901 hommes de troupe en six bataillons, tandis que la 2e division espagnole du gĂ©nĂ©ral Roche incluait 4 019 hommes en cinq bataillons. Murray put aussi s'appuyer sur une cavalerie forte de 1 036 soldats rĂ©partis en neuf escadrons ainsi que sur une artillerie de 30 pièces servies par 500 artilleurs environ[7].

L'armĂ©e française d'Aragon commandĂ©e par le marĂ©chal Suchet Ă©tait formĂ©e d'une division de cavalerie et de trois divisions d'infanterie. Le gĂ©nĂ©ral AndrĂ© Joseph Boussart avait sous ses ordres huit escadrons de cavalerie soit un total de 1 424 sabres. En l'absence du gĂ©nĂ©ral Musnier, la 1re division Ă©tait commandĂ©e provisoirement par le gĂ©nĂ©ral de brigade Robert et Ă©tait forte de huit bataillons totalisant 5 084 hommes ; la 2e division, dirigĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Harispe, comptait 4 052 soldats en six bataillons ; enfin, la 3e division du gĂ©nĂ©ral Habert, la plus faible, comprenait 2 722 hommes en quatre bataillons. L'artillerie française se composait de 24 canons servis par 282 artilleurs[8].

DĂ©roulement de la bataille

Un général britannique en uniforme rouge, chapeau dans une main et l'autre dans l'habit.
Portrait du colonel Frederick Adam par William Salter, National Gallery, Londres.

Suchet décida d'envoyer les divisions Robert et Habert au centre du dispositif de Murray et cinq compagnies de voltigeurs sur son flanc gauche, pendant que la cavalerie de Boussart était chargée d'envelopper le flanc droit adverse. La division Harispe serait tenue en réserve. Les Français étaient confiants et estimaient qu'un feu nourri serait suffisant pour mettre en fuite l'infanterie hispano-sicilienne[9]. Avant le début des combats, Murray ordonna au colonel Whittingham de poster sa division en face de l'aile droite française. Whittingham, se conformant à ces instructions, mit ses troupes en mouvement, créant ainsi une brèche au centre de la ligne de bataille[5].

Le , à midi, les troupes françaises passèrent à l'attaque. La division Robert, formée en cinq colonnes, se porta sur le centre anglo-espagnol[9]. De sa propre initiative, Whittingham outrepassa alors ses ordres et réoccupa son emplacement initial au centre du dispositif, détachant un bataillon pour contrer les voltigeurs français[5]. Les trois colonnes de droite de la division Robert et les tirailleurs furent repoussés par les Espagnols de Whittingham. Les deux colonnes de gauche se heurtèrent quant à elles à la brigade Adam et un bref duel de mousqueterie opposa le 2e bataillon du 27e régiment britannique, déployé en ligne, au 121e de ligne français, rangé en colonne ; celui-ci se replia en désordre après avoir perdu 369 hommes[6]. La division Habert fut également stoppée par les fantassins de Mackenzie alors que la cavalerie de Boussart était bloquée par un ruisseau en crue en avant de l'aile droite britannique[9].

Repoussé de toutes parts, Suchet, inférieur en nombre, était dans une situation critique, mais Murray hésita à tirer parti de son succès et le maréchal put se retirer du champ de bataille sans être inquiété. La défense de la passe de Biar par l'arrière-garde française permit au reste de l'armée de s'en tirer sans grandes pertes[10].

Pertes et conséquences

L'armĂ©e anglo-espagnole perdit 440 tuĂ©s ou blessĂ©s[10]. La division Whittingham comptait 233 hommes hors de combat, celle de Mackenzie en perdit 47 et la brigade Adam 70. Suchet admit 800 tuĂ©s ou blessĂ©s pour l'ensemble des combats de Yecla, Biar et Castalla mais ce chiffre est probablement en dessous de la rĂ©alitĂ©. Le gĂ©nĂ©ral Murray dĂ©clara avoir infligĂ© une perte de 2 500 hommes aux Français ; cependant, un chiffre de 1 300 tuĂ©s ou blessĂ©s français Ă  Castalla est plus rĂ©aliste. En dĂ©pit de sa victoire, Murray poursuivit sa retraite sur Alicante[6].

Notes et références

  1. Glover 2001, p. 270.
  2. Glover 2001, p. 269.
  3. Riley 2000, p. 339.
  4. Smith 1998, p. 413.
  5. Gates 2002, p. 399.
  6. Smith 1998, p. 414.
  7. Gates 2002, p. 516.
  8. Gates 2002, p. 516-517.
  9. Riley 2000, p. 340.
  10. Riley 2000, p. 342.

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Michael Glover, The Peninsular War 1807-1814, Londres, Penguin, , 431 p. (ISBN 0-14-139041-7). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Jonathan P. Riley, Napoleon and the World War of 1813 : Lessons in Coalition Warfighting, Portland, Frank Cass Publishers, , 480 p. (ISBN 0-7146-4893-0). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Digby Smith, The Greenhill Napoleonic Wars Data Book : Actions and Losses in Personnel, Colours, Standards and Artillery, 1792-1815, Londres, Greenhill Books, , 582 p. (ISBN 1-85367-276-9, BNF 38973152). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) David Gates, The Spanish Ulcer : A History of the Peninsular War, Londres, Pimlico, , 557 p. (ISBN 0-7126-9730-6). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
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