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Bataille d'Adamclisi

La bataille d'Adamclisi, livrée durant l'hiver 101/102, prÚs d'Adamclisi en Mésie (aujourd'hui en Dobroudja, Roumanie), est l'une des plus importantes des guerres daciques de Trajan, opposant l'Empire romain aux Daces de Décébale et leurs alliés. Trajan fonde un vicus pour des vétérans et fait élever un tropaion, le Tropaeum Traiani, prÚs du lieu de la bataille pour commémorer sa victoire.

Bataille d’Adamclisi
Tropaeum Traiani
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Monument commémoratif de la bataille élevé par Trajan. Reconstruction moderne.
Informations générales
Date Hiver 101/102 pour la bataille,
109 pour le trophée
Lieu Adamclisi, MĂ©sie romaine
Issue Victoire romaine décisive
Belligérants
Daces et alliésEmpire romain
Commandants
?Trajan
Forces en présence
environ 15 000 hommes ?inconnues
Pertes
trĂšs lourdesenviron 3/4 000 hommes ?

Guerres daciques de Domitien et de Trajan

Batailles

Batailles de Tapae (86, 88, 101)
Bataille d'Adamclisi (hiver 101/102)
SiĂšge de Sarmizegetusa (en) (106)

CoordonnĂ©es 44° 05â€Č 00″ nord, 27° 57â€Č 00″ est

Le lieu, la bataille et le trophée

Le lieu de la bataille

La bataille d'Adamclisi dans le contexte des guerres daciques de Trajan.

Il se situe en MĂ©sie infĂ©rieure, aujourd'hui en Roumanie, en Dobroudja, plus prĂ©cisĂ©ment dans le județ de Constanța.

Dans les guerres daciques

AprĂšs sa victoire non dĂ©cisive lors de la seconde bataille de Tapae, l’empereur Trajan dĂ©cide d’attendre le printemps pour reprendre son offensive sur SarmizĂ©gĂ©tuse, capitale des Daces. Le roi dace DĂ©cĂ©bale entend profiter de l’hiver pour franchir le Danube gelĂ© et envahir, avec ses alliĂ©s Sarmates Roxolans et Bastarnes, la province romaine de MĂ©sie, afin de forcer les Romains Ă  se retirer de leurs positions autour de sa capitale[1] - [2] - [3].

Malheureusement pour les Daces et leurs alliés, un redoux fragilise la glace qui rompt : de nombreux hommes et chevaux se noient dans les eaux glacées, des machines de guerre sont perdues. Accessoirement, cela nous renseigne sur les hivers de l'époque, s'il était envisageable de passer ces machines sur la glace. Les deux armées, dace et sarmate, remportent néanmoins quelques succÚs militaires, mais le général Manius Laberius Maximus, gouverneur de la province de Mésie inférieure, parvient à les tenir à distance.

Trajan ne peut permettre que son ennemi s’attaque à une province de l’Empire : il quitte les monts d’Orastie, tout en y laissant une garnison suffisante pour supporter le harcùlement ennemi, et, grñce aux routes et à la flotte danubienne, la Classis Moesica[4], intervient rapidement.

Les forces daces et roxolanes sont arrĂȘtĂ©es et subissent mĂȘme une dĂ©faite nocturne[5], peut-ĂȘtre l’une aprĂšs l’autre. Les Roxolans sont battus lors d’une bataille nocturne prĂšs de l’endroit oĂč sera fondĂ©e la ville de Nicopolis ad Istrum par Trajan pour honorer la victoire[6] - [7], peut-ĂȘtre aprĂšs avoir vainement assiĂ©gĂ© le castrum de Novae[8].

Les Romains reçoivent des renforts peu aprĂšs et, les ayant encerclĂ©s, forcent les Daces Ă  livrer bataille. La bataille d’Adamclisi est d’une grande fĂ©rocitĂ© et les pertes sont lourdes des deux cĂŽtĂ©s. Une grande partie de l’armĂ©e dace est dĂ©truite Ă  l’issue de la bataille[9] - [3] - [10].

Trajan reprend alors son avancĂ©e sur SarmizĂ©gĂ©tuse, et DĂ©cĂ©bale demande Ă  conclure la paix. Par le traitĂ© qui s’ensuit, DĂ©cĂ©bale doit cĂ©der les territoires occupĂ©s par les Romains et leur livrer toutes les armes et machines de guerre reçues depuis 89, quand les Romains devaient payer un tribut annuel aux Daces. La guerre reprend par la suite en 105 et 106 et s’achĂšve par la destruction du royaume dace et la conquĂȘte, pour deux siĂšcles, de la Dacie (et de ses mines d'or) par les Romains.

La ville romaine

Restes des murs de la ville romaine.

PrÚs du champ de la bataille, Trajan fonde en 109 un vicus, Civitas Tropaensium, pour des vétérans des guerres daciques[11]. La ville devient la plus importante de Scythie mineure (Scythia Minor) et devient un municipe vers 170/200.

Détruite par les Goths, elle est reconstruite pendant le rÚgne de Constantin le Grand avec de meilleurs murs défensifs, qui tiennent jusqu'au sac des Avars en l'an 587.

AprĂšs cette date, elle cesse d'ĂȘtre parmi les villes les plus importantes de Dobroudja et n'est plus mentionnĂ©e pendant sept cents ans.

Adamclisi en Roumanie.

Au cours de la domination ottomane, un village est refondĂ© par des colons turcs. AprĂšs que la DobrogĂ©e a Ă©tĂ© rattachĂ©e Ă  la Roumanie, en 1878, la population musulmane quitte le village pour la Turquie, laissant le lieu dĂ©sertĂ©. Cependant, en 1880-1881, le village est Ă  nouveau repeuplĂ© avec les Roumains de Transylvanie et du Județ de Teleorman[12].

Le nom courant de la ville est d'origine turque : il résulte de l'adaptation en roumain du turc Adam Kilise, qui signifie « l'église d'Adam » (quand les Turcs se sont installés sur le lieu, ils ont pensé que le monument romain était une église trÚs ancienne).

En 2011, Adamclisi a une population totale de 2 150 personnes[13].

Le trophée de Trajan

Trajan fit Ă©lever un monument pour commĂ©morer sa victoire : la colonne d'Adamclisi ou trophĂ©e de Trajan (Tropaeum Traiani, Tropaeum du grec Tropaion), sur les murs duquel sont inscrits les noms de 3 000 lĂ©gionnaires et auxiliaires morts « en combattant pour la RĂ©publique ».

Détails du trophée.

Le monument de Trajan, inspiré du mausolée d'Auguste, est dédié au dieu Mars Ultor (Vengeur). L'inscription est préservée de maniÚre fragmentaire des deux cÎtés du trophée hexagonal, et reconstituée comme suit[14] :

MARTI ULTOR[I]
IM[P(erator)CAES]AR DIVI
NERVA[E] F(ILIUS) N[E]RVA
TRA]IANUS [AUG(USTUS) GERM(ANICUS)]
DAC]I[CU]S PONT(IFEX) MAX(IMUS)
TRIB(UNICIA) POTEST(ATE) XIII
IMP(ERATOR) VI CO(N)S(UL) V P(ater) P(atriae)
?VICTO EXERC]ITU D[ACORUM]
?---- ET SARMATA]RUM
---------------------]E[15].

Le monument Ă©tait censĂ© ĂȘtre un avertissement aux tribus habitant aux frontiĂšres de l'Empire[16].

Une des métopes représentant un cavalier romain.

Sur le monument, 54 mĂ©topes reprĂ©sentent des lĂ©gions romaines au combat. FouillĂ© au dĂ©but du XXe siĂšcle, mais aussi pillĂ©, les sculptures et bas-reliefs originaux ont Ă©tĂ© Ă©parpillĂ©s, rĂ©partis entre les musĂ©es d'archĂ©ologie et d'histoire de Bucarest et de Constanza; le monument a Ă©tĂ© reconstituĂ© sur place en 1977 et un petit musĂ©e a Ă©tĂ© Ă©galement mis en place, oĂč la plupart des mĂ©topes ont Ă©tĂ© regroupĂ©es. Ce musĂ©e voisin contient Ă©galement de nombreux objets archĂ©ologiques, notamment certaines parties du monument romain d'origine. Des 54 mĂ©topes originales, 48 sont actuellement conservĂ©es au musĂ©e voisin, cinq sont perdues et une est au musĂ©e archĂ©ologique d'Istanbul.

Notes et références

Sources

Références

  1. Filippo Coarelli, La colonna Traiana, Rome, Colombo, 1999, p. 82.
  2. Karl Strobel, Kaiser Traian. Eine Epoche der Weltgeschichte, Ratisbonne, 2010, p. 246.
  3. Patrick Le Roux, Le Haut-Empire romain en Occident, d'Auguste aux SĂ©vĂšres, Seuil, 1998, p. 73.
  4. Filippo Coarelli, La colonna Traiana, Rome, Colombo, 1999, pp. 76-78.
  5. AE 1991, 1450 et AE 1937, 10.
  6. JordanĂšs, Histoire des Goths, 18.
  7. Ammien Marcellin, Histoires, livre XXXI, 5.
  8. Filippo Coarelli, La colonna Traiana, Rome, Colombo, 1999, pp. 74-79.
  9. AE 1891, 125 ; CIL III, 12467 et AE 1972, 521.
  10. Paul Petit, Histoire générale de l'Empire romain, tome 1 - Le Haut Empire, Seuil, 1974, p. 216.
  11. Maurice Sartre, Le Haut-Empire romain, les provinces de Méditerranée orientale d'Auguste aux SévÚres, Seuil, 1997 p. 238.
  12. (ro) « Ion (Jean) Dinu, A Major Personality of the Adamclisi Area », vu le 13 mai 2012.
  13. (ro) Constanta County at the 2011 census, lien externe, National Institute of Statistics, Roumanie, vu le 8 mars 2012.
  14. (ro) lien externe.
  15. « Tropaeum Traiani »
  16. Florea Bobu Florescu, Das Siegesdenksmal von Adamclisi: Tropaeum Traiani, Bucarest, 1965.

Voir aussi

Sur le trophée d'Adamclisi

  • (fr) Edmond Courbaud, « Monument d'Adam-Klissi », dans Le bas-relief romain Ă  reprĂ©sentations historiques. Étude archĂ©ologique, historique et littĂ©raire, Paris, Albert Fontemoing Ă©diteur, coll. « BibliothĂšque des Écoles françaises d'AthĂšnes et Rome no 81 », (lire en ligne), p. 167-173
  • (en) Ian A. Richmond, Adamklissi, en Papers of the British School at Rome 35, 1967, pp. 29–39.
  • (en) Lino Rossi, « A Synoptic Outlook of Adamklissi Metopes and Trajan’s Column Frieze. Factual and Fanciful Topics Revisited », dans Athenaeum 85, 1997, pp. 471–486.
  • (de) Florea Bobu Florescu, Das Siegesdenkmal von Adamklissi. Tropaeum Traiani, Akademieverlag, Bucarest, 1965.
  • (de) Adrian V. Rădulescu, Das Siegesdenkmal von Adamklissi, Constance, 1972 et aprĂšs.
  • (de) Wilhelm JĂ€necke, Die ursprĂŒngliche Gestalt des Tropaion von Adamklissi, Winter, Heidelberg, 1919.
  • (de) Adolf FurtwĂ€ngler, Das Tropaion von Adamklissi und provinzialrömische Kunst, Munich, Verlag der K. Akademie, 1903 lire en ligne

Sur les guerres daciques

  • Alexandre Simon Stefan, Les guerres daciques de Domitien et de Trajan : architecture militaire, topographie, images et histoire, École Française de Rome, , 811 p. (ISBN 978-2-7283-0638-1)
  • (it) Filippo Coarelli, La colonna Traiana, Rome, Colombo, , 276 p. (ISBN 978-88-86359-34-4).
  • Wilhelm Froehner, La colonne Trajane, Paris, Typographie Charles de Mourgues FrĂšres, (lire en ligne)
  • (en) Julian Bennett, Trajan. Optimus Princeps. A Life And Times, Londres, Routledge, 1997 (1re Ă©d.) et 2001 (2e Ă©d.), 352 p. (ISBN 978-0-415-24150-2)
  • Patrick Le Roux, Le Haut-Empire romain en Occident, d'Auguste aux SĂ©vĂšres, Paris, Seuil, coll. « Nouvelle Histoire de l'AntiquitĂ© », , 499 p. (ISBN 978-2-02-025932-3)
  • Maurice Sartre, Le Haut-Empire romain, les provinces de MĂ©diterranĂ©e orientale d'Auguste aux SĂ©vĂšres, Paris, Seuil, coll. « Nouvelle Histoire de l'AntiquitĂ© », , 495 p. (ISBN 978-2-02-028153-9)
  • (de) Karl Strobel, Kaiser Traian. Eine Epoche der Weltgeschichte, Ratisbonne, Friedrich Pustet, , 479 p. (ISBN 978-3-7917-2172-9)
  • Paul Petit, Histoire gĂ©nĂ©rale de l'Empire romain, tome 1 : Le Haut-Empire (27 av. J.-C. - 161 ap. J.-C.), Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », , 307 p. (ISBN 978-2-02-004969-6)

Liens externes

  • La colonne d'Adamclisi ou le trophĂ©e de Trajan en photos : lien
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