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BĂ©hanzin

BĂ©hanzin (GbĂȘhanzin, GbĂšhanzin) ou GbĂšhin azi bĂŽ ayidjlĂš Ahossou GbowelĂ©, nĂ© en 1845 et mort en 1906 est un roi d'Abomey. Fils du roi GlĂšlĂš, il est d’abord connu sous le nom d'Ahokponu puis de prince Kondo Ă  partir de 1875. Il est traditionnellement (si on exclut la reine HangbĂš et Adandozan) le onziĂšme roi d'Abomey. Durant son rĂšgne, le royaume du Dahomey est dĂ©fait, pour constituer la colonie du Dahomey, avec le rattachement de Porto-Novo du roi Toffa, son cousin et son ennemi.

Behanzin
Illustration.
Behanzin en 1895.
Titre
Roi d'Abomey
–
Prédécesseur GlÚlÚ
Successeur Agoli-Agbo
Biographie
Dynastie Rois d'Abomey
Nom de naissance Ahokponou
Date de naissance
Date de décÚs
Lieu de décÚs Alger (Algérie)
PĂšre GlĂšlĂš

Roi du Dahomey du au , date de sa reddition, déchu de son trÎne dÚs 1892, il décÚde en exil à Alger le . Behanzin est considéré comme un héros par nombre de Béninois : c'est un personnage incontournable et populaire de la mémoire collective nationale.

Biographie

DĂ©but de rĂšgne

En 1875, le prince Ahokponou est désigné par son pÚre, le roi Da-Da Glélé Kini-Kini, comme héritier du royaume sous le nom de Kondo.

En 1889, le roi Glé-Glé mÚne des razzias contre les concessions françaises ; il attaque le Porto-Novo, qui a passé une alliance avec les Français depuis. Le gouverneur Jean-Marie Bayol est retenu à Abomey, le 21 novembre 1889 ; le prince Kondo décide pour son pÚre le roi, devenu incapable. Il conteste le traité conclu le 19 avril 1878, notamment l'attribution des droits de douane de Cotonou à la France.

Le prince Kondo est couronné roi Béhanzin le , aprÚs la mort de son pÚre le , au terme de prÚs de quarante années de rÚgne, son demi-frÚre Ahanhanzo, héritier direct du trÎne, étant mort mystérieusement. Son couronnement est notamment marqué par des sacrifices humains. Le prince Kondo gouverne en se choisissant le nom de Béhanzin (cf emblÚmes, infra). C'est un roi de quarante-cinq ans, qui baigne dans les conflits depuis son enfance. Les troupiers français le surnomment « Bec en zinc ».

Le 19 février 1890, les troupes françaises débarquent à Cotonou. Elles sont insuffisantes pour contenir l'armée royale ; la France tergiverse. Terrillon, chef militaire, et Bayol, gouverneur, entretiennent une forte mésentente. Les forces françaises sont en échec.

Victoires françaises

Jean-Marie Bayol est remplacé par Noël Ballay. Le colonel Alfred Dodds va remplacer Sébastien Terrillon.

Le roi BĂ©hanzin combat les Français, eux-mĂȘmes un temps en rivalitĂ© sur place avec les Allemands et les Portugais. Les attaques sont incessantes. Du 23 fĂ©vrier au 5 mai 1890, BĂ©hanzin prend des Français en otages, dont le pĂšre Alexandre DorgĂšre, nĂ©gociateur entre lui et le pouvoir français ; il les dĂ©tient Ă  Abomey[1]. En mars 1890, BĂ©hanzin Ă©choue Ă  reprendre Cotonou.

Le 18 avril 1890, Terrillon conduit une bataille victorieuse, à Atioupa (ou Atchoupa). La saison des pluies, ainsi que les maladies, figent les opérations militaires jusqu'à l'automne.

Passant par Lagos, les renforts militaires du colonel Dodds arrivent à Porto-Novo le 5 août 1890.

Le 3 octobre 1890, la France installe un protectorat sur le Dahomey. En contrepartie, elle verse une rente annuelle de 20 000 francs au roi BĂ©hanzin[2].

Une fouille au palais de BĂ©hanzin.

L'attribution des droits de douane revenant au roi par les Français entretient les tensions[3] - [4]. Cette perte de revenus motive les hostilitĂ©s. BĂ©hanzin prĂ©pare la guerre en se procurant une forte livraison de fusils modernes et de balles, et mĂȘme de canons, auprĂšs des Allemands, en Ă©change d'esclaves[5] Ă©galement dĂ©signĂ©s comme « travailleurs »[6]. Le roi est particuliĂšrement actif pour Ă©quiper sa troupe d'armes rĂ©centes et puissantes[7]. Il s'adjoint mĂȘme les services de conseillers militaires, Belges et Allemands.

Monument de la résistance du roi Béhanzin érigé à Cana.

Les escarmouches sont incessantes. Le 27 mars 1892, les troupes fons, incluant les redoutables amazones du Dahomey attaquent un navire de guerre français. La guerre contre les troupes françaises commandées par le colonel, bientÎt général Alfred Dodds débute en 1892[8].

Le 19 septembre 1892, les Français sont vainqueurs à la bataille de Dogba.

Le 4 novembre 1892, Alfred Dodds a vaincu l'armée du roi Béhanzin ; le palais royal d'Abomey est pris, incendié par Béhanzin, lequel a pris la fuite, sans remettre les armes aux Français. Les Français découvrent les crùnes humains décorant le palais[9]. Béhanzin est grand amateur de vins français : sa cave fait le bonheur des troupes qui occupent son palais[10].

Le 6 novembre 1892, aprÚs la chute de la ville royale sainte de Cana, Dodds reçoit ses étoiles de général. Dans un communiqué de décembre 1892, Dodds salue « le courage et l'énergie » de Béhanzin.

En fuite

Réfugié à Atchérigbé, le roi déchu Béhanzin organise un astucieux systÚme d'espionnage et de détection des mouvements français, qui lui permet d'échapper sans cesse aux expéditions lancées à sa recherche[6].

La rĂ©sistance de BĂ©hanzin serait appuyĂ©e de pouvoirs magiques : il aurait emportĂ© l'amulette du Dahomey, un bĂ©tyle aux grands pouvoirs[11]. À partir du 30 aoĂ»t 1893, A. Dodds revient et engage une poursuite dans la brousse. Le frĂšre de BĂ©hanzin, le prince Goutchili est nommĂ© roi, Ă  la demande des Français, sous le nom d'Agoli-Agbo. Il dĂ©voile aux Français la cachette de BĂ©hanzin[12]. Les dissensions entre les deux branches de la famille royale servent aux Français. BĂ©hanzin nĂ©gocie sans cesse avec les Français, envoyant mĂȘme une ambassade Ă  Paris, qui ne sera jamais reçue Ă  l'ÉlysĂ©e.

Mais une partie de la population ne soutient pas le roi, notamment les esclaves en majorité nago des fermes royales ; la variole et les désertions amenuisent les forces royales[13]. La diplomatie française isole le roi de tous ses soutiens, notamment en Europe. Traqué, le roi se réfugie à Akajakpa.

Reddition et capture

BĂ©hanzin au poste de Goho.

Le conflit prend fin le [14], lorsque le roi Béhanzin signe sa reddition, aprÚs des cérémonies rituelles et un fameux discours d'adieu[15]. Il se rend au capitaine Privé, qui le conduit au général Dodds, à Goho. Le traité du 29 janvier 1894 marque la fin du conflit ; son article 6 interdit la traite des esclaves au Dahomey, ainsi que les sacrifices humains[16].

Déchu, il se soumet de son plein gré à la condition de pouvoir se rendre en France pour rencontrer le président Sadi Carnot, qu'il considÚre comme le « roi des Français », afin de trouver un accord concernant son pays ; il est capturé et aucune rencontre avec le président n'est organisée.

Conduit du poste de Goho Ă  Cotonou, le roi BĂ©hanzin connaĂźt l'exil politique ; il ne reviendra pas au Dahomey.

Sa résistance, son astuce, la crainte qu'il suscite par ses pratiques de l'esclavage et des sacrifices humains, les mystÚres entourant ses pouvoirs magiques, la nature unique du Dahomey, auront donné une abondante matiÚre aux gazettes et aux journaux français, de 1890 à 1894.

L’exil

Le , BĂ©hanzin est dĂ©portĂ© par les autoritĂ©s coloniales dans l'Ăźle de la Martinique. Avec sa famille et sa suite, il rĂ©side au Fort Tartenson puis dans une rĂ©sidence surveillĂ©e sur les hauteurs de Fort De France. Malade et affaibli, il quitte la Martinique en 1906 aprĂšs d'incessantes demandes pour rejoindre sa terre natale, toutes refusĂ©es puisqu'il est dĂ©placĂ© en AlgĂ©rie alors française. Le gouvernement français ne voudra jamais que l'ex-roi puisse regagner son pays oĂč son souvenir parait sans doute trop prĂ©sent. AprĂšs avoir rĂ©sidĂ© sous surveillance dans la ville de Blida, sa santĂ© se dĂ©gradant, il est transportĂ© Ă  Alger oĂč il dĂ©cĂšde d'une maladie pulmonaire le de l'annĂ©e 1906. Sa dĂ©pouille retrouve le sol ancestral en 1928, Ă  la suite des dĂ©marches de son fils Ouanilo (ou Wanilo) : il est solennellement inhumĂ© Ă  DjimĂ©, le [17].

En exil en Martinique

BĂ©hanzin captif (Martinique)

Pour déterminer le lieu de l'exil de Béhanzin, Dodds (d'origine en partie sénégalaise) hésite entre le Sénégal et le Gabon. Le gouverneur Ballot, né à Fort-de-France, suggÚre la Martinique, proposition soudaine qui emporte la décision. Sans doute pour la proximité de son climat avec celui du Dahomey.

La cour d'exil est composĂ©e de quelques membres de sa famille et d’alliĂ©s restĂ©s fidĂšles : quatre de ses Ă©pouses (Etiomi, SĂ©nocom, MĂ©nousouĂ© et DononcouĂ©), ses trois filles (MĂ©cougnon, Kpotassi et Abopanou) et son jeune fils Ouanilo. À leurs cĂŽtĂ©s, un parent jouant le rĂŽle de secrĂ©taire : AdandĂ©djan, ainsi qu’un interprĂšte prĂ©nommĂ© Pierre Fanon, accompagnĂ© de son Ă©pouse falĂ©guĂ©[18].

Sous escorte du capitaine Privé, le roi déchu et sa cour embarquent à Cotonou, le , à bord du croiseur Le Second. Ils font escale à Dakar. Puis débarquent en Martinique le , reçus par le gouverneur Delphino Moracchini. Les Martiniquais, curieux, viennent nombreux accueillir le roi déchu.

Tout d’abord, ils logent au Fort Tartenson, dans un modeste bĂątiment, transformĂ© en plusieurs petits appartements. SurveillĂ©s, ils sont libres de leurs mouvements. BĂ©hanzin bĂ©nĂ©ficie d’une domesticitĂ© rĂ©duite composĂ©e d’une cuisiniĂšre et de deux servantes. DĂšs son arrivĂ©e, BĂ©hanzin privilĂ©gie l’éducation de son fils Ouanilo, qu’il inscrit chez les FrĂšres de l'instruction chrĂ©tienne de PloĂ«rmel Ă  Fort-de-France, puis au lycĂ©e de Saint-Pierre.

AprĂšs quelques semaines de cĂ©lĂ©britĂ©, entretenue par les journaux de l’époque (La DĂ©fense coloniale, Le RĂ©veil), BĂ©hanzin est bien vite oubliĂ© par la population. Il participe Ă  des manifestations, des rĂ©ceptions ou se promĂšne dans l’üle. Ainsi le , il reçoit l’élite de la Martinique. En octobre de la mĂȘme annĂ©e, il est invitĂ© Ă  bord de la frĂ©gate Le Duquesne de passage aux Antilles. Le , il assiste, Ă  la CathĂ©drale Saint-Louis de Fort-de-France, Ă  la cĂ©rĂ©monie religieuse en hommage au prĂ©sident Sadi Carnot assassinĂ© par l’anarchiste Caserio. Le , il assiste Ă  la cĂ©rĂ©monie de consĂ©cration des cloches de la cathĂ©drale de Fort-de-France.

Reconstitution de l'exil de BĂ©hanzin.

Le budget attribuĂ© pour les dĂ©penses d'installation et d’entretien courant de sa cour, jugĂ© excessif diminue. Ses frais sont payĂ©s par les autoritĂ©s coloniales du Dahomey, le gouverneur Victor Ballot les rĂ©duit de 27 000 francs par an Ă  18 000 francs[13].

BĂ©hanzin et sa famille sont transfĂ©rĂ©s dans une villa : la Villa des Bosquets, situĂ©e au-dessus de l’hĂŽpital civil, Ă  un bon kilomĂštre de Fort-de-France. Loin des siens et de son royaume, BĂ©hanzin continue, sans relĂąche, Ă  relancer le gouvernement français pour retourner dans son pays natal. Tous les six mois, il adresse une lettre au prĂ©sident de la RĂ©publique, dans laquelle il rĂ©itĂšre son vƓu de revoir sa terre. Il va mĂȘme jusqu’à se montrer coopĂ©ratif et conciliant en affirmant son attachement Ă  la France.

En 1897, il licencie son interprĂšte Fanon et sa femme, renvoyĂ©s au Dahomey. Durant son exil, sa petite famille s’agrandit : sa fille Abopanou donne naissance, en 1901, Ă  un garçon prĂ©nommĂ© FrĂ©dĂ©ric, fruit d'une relation incestueuse avec son jeune frĂšre, Ouanilo[19] - [20]. Quelques mois plus tard, l'une de ses Ă©pouses, MĂ©cougnon, accouche d’un garçon nommĂ© Gabriel. En 1905, Abopanou accouche d’un deuxiĂšme enfant, une fille prĂ©nommĂ©e AndrĂ©a, nĂ©e de l'officier Louis Souffleur[21]. À la mort de son secrĂ©taire, en 1899, son fils Ouanilo lui succĂšde, devenant le secrĂ©taire particulier et l'interprĂšte de son pĂšre, car il maĂźtrise parfaitement la langue française.

Mort en Algérie

La presse et des Ă©lus s’unissent Ă  sa cause pour son rapatriement.

Ainsi le dĂ©putĂ© guadeloupĂ©en Gaston Gerville-RĂ©ache plaide en sa faveur, dans le journal qu’il a fondĂ© avec Victor SchƓlcher, Le moniteur des colonies. Cette lutte est relayĂ©e par Hildevert-Adolphe Lara, directeur du journal La DĂ©mocratie de la Guadeloupe. Il est rejoint par Francis de PressensĂ©, dĂ©putĂ© du RhĂŽne et prĂ©sident de la Ligue des droits de l’homme. Le gouverneur Moracchini Ă©met Ă©galement des rapports favorables pour mettre fin Ă  l’exil de BĂ©hanzin, mais en vain. Le gouvernement français tient compte des mises en garde de Victor Ballot, le rĂ©sident en France du Dahomey, alors mĂȘme que la colonie du Dahomey semble paisible.

En 1906, les autoritĂ©s françaises lui accordent le droit de quitter la Martinique. Le roi et sa famille bouclent une nouvelle fois leurs valises et quittent l’üle. Ils partent Ă  bord du paquebot Le Martinique mettant le cap vers Bordeaux. Le , BĂ©hanzin arrive pour la premiĂšre fois en France. Il dĂ©barque sous les acclamations d’une foule de journalistes et de curieux. ArrivĂ©e Ă  Bordeaux par train, la famille s’installe Ă  l'hĂŽtel pour se rendre, dĂšs le lendemain, Ă  l’Exposition coloniale de Marseille. Le jour suivant, ils embarquent tous pour le Maghreb sur l’EugĂšne-PĂ©reire. Ce nouveau voyage devient trĂšs Ă©prouvant pour BĂ©hanzin, dont la santĂ© s'est dĂ©gradĂ©e en Martinique.

Le navire se dirige vers Alger et non vers Abomey, oĂč BĂ©hanzin est toujours jugĂ© indĂ©sirable par le ministre des colonies Albert Sarraut. Il est installĂ© Ă  Blida, qui sera sa derniĂšre rĂ©sidence. BĂ©hanzin meurt le , loin de sa patrie, inhumĂ© au cimetiĂšre Saint-EugĂšne d'Alger.

Cendres rapatriées au Dahomey

En 1928, seulement le gouvernement français accorde à sa famille que ses cendres retournent à Abomey, sous l'insistance notamment de son fils Ouanilo, devenu bachelier à Alger, puis diplÎmé en droit et avocat à Bordeaux et à Paris. Ami d'Albert Londres[22], Ouanilo assiste à la cérémonie de retour au Dahomey[23]. Il meurt peu aprÚs ; il aurait été empoisonné[24].

EmblĂšmes

Symbole du roi BĂ©hanzin au mur de la place Goho Ă  Abomey en 2020.

Être sacrĂ©, BĂ©hanzin porte plusieurs titres : Dada (pĂšre de toute la communautĂ©), Dokounnon (dĂ©tenteur et dispensateur de biens, le richard), SĂšmĂšdo (maĂźtre du monde), AĂŻnon (maĂźtre de la terre), JĂšhossou (maĂźtre des perles), etc. Son totem est le lĂ©opard. Ses insignes de pouvoir sont le kataklĂš (tabouret tripode), les afokpa (sandales), le avotita (pagne tissĂ© et dĂ©corĂ© de motifs appliquĂ©s), le awĂš (parasol), le mankpo (rĂ©cade), le so (fusil) et le hwi (sabre).

Ses noms

Armes de Behanzin.
Homme-requin de Sossa Dede (vers 1890), une statue bochio symbolisant Béhanzin (restitué au Bénin en 2021[25]).

Son emblĂšme personnel porte un Ɠuf, un requin et deux cocotiers car son nom de roi signifie « l’Ɠuf du monde ou le fils du requin ». Il est dĂ©rivĂ© de la sentence : « gbĂȘ hin azin bĂŽ ayi djlĂš », c'est-Ă -dire « le monde tient l’Ɠuf dont la terre mesure le poids »[26] - [27] ou encore « le monde tient l'Ɠuf que la terre dĂ©sire »[28].

Son animal hĂ©raldique, le requin, lui vaut aussi son surnom axĂłsĂș gbĂŽwĂ©lĂ© « roi requin », notamment dans la lutte qu'il mĂšne contre le colonisateur

Son nom de prince Kondo vient de la formulation incantatoire choisie par son pĂšre : amanonnĂș djakpata non dĂł kĂŽ dĂŽ bĂŽ nĂčn nudĂ© sĂŽ Ă , kĂŽ n dĂł dĂŽ signifiant « la vipĂšre qui a installĂ© sa demeure dans l’argile durcie ne se dĂ©place plus, j'ai installĂ© ma demeure dans l'argile durcie » ou encore « Nul ne peut soulever la vipĂšre qui s'est bien installĂ©e dans sa cachette au fond de la terre. »

Son iconographie

Comme pour tous les rois d'Abomey, la puissance de Behanzin se manifeste Ă  travers une iconographie spĂ©cifique, abondamment reproduite sur des supports variĂ©s : tentures, statues, rĂ©cades. Les symboles de Behanzin sont multiples : la scĂšne de pendaison qui symbolise une victoire sur les Nagots, un sous-groupe des Yorubas ; un requin, « le roi des mers », qui incarne la tĂ©mĂ©ritĂ© ; un Ɠuf qui matĂ©rialise le nom fort du souverain.

La gravure ci-dessus montre les armes de Behanzin peintes sur les panneaux de la Victoria (hippomobile) que lui avaient donnĂ©e les Anglais : le requin (Behanzin) sortant de l'Ɠuf.

TrĂŽne du roi Behanzin

De retour en France, aprĂšs la conquĂȘte, le gĂ©nĂ©ral Dodds offre, en 1893, dĂšs son arrivĂ©e Ă  Paris Ă  l'amiral Henri Rieunier, ministre de la marine, un cadeau amical et personnel : un trĂŽne monoxyle du sacre de la famille royale d'Abomey ayant appartenu au dernier roi libre Behanzin. La forme de ce trĂŽne correspond Ă  un style, appelĂ© en langue fon « djandemen », gĂ©nĂ©ralement attribuĂ© au rĂšgne du roi Agonlgo (1789-1797).

Le trÎne du roi Béhanzin figure parmi les anciennes collections du musée du Quai Branly restituées au Bénin en 2021[25].

Hommages

Statue de BĂ©hanzin Ă  Abomey.

Le message marquant de son action anti-coloniale est reprĂ©sentĂ© par sa statue, Ă©rigĂ©e sur la place Goho Ă  Abomey au BĂ©nin (anciennement DanhomĂš ou royaume du Dahomey) : cette statue reprĂ©sente BĂ©hanzin, drapĂ© dans son pagne royal, la main tendue vers l'avant intimant l'arrĂȘt.

Ce monument se trouve à l'entrée de la ville d'Abomey et représente la résistance face au colon ainsi que le refus de laisser sa patrie aux mains de l'étranger. Sa détermination et son message-testament à l'endroit des Béninois d'aujourd'hui sont symbolisés par cette sentence qu'on lui attribue : « Le Requin se rend. Mais, les fils du Requin ne trahiront pas ».

En 1996 est sorti en salle le film L'Exil du roi BĂ©hanzin de Guy Deslauriers.

En 2018 l'auteur plasticien bĂ©ninois Kuassi Estache AgoumkpĂ© (alias S'tach) lui consacre une tournĂ©e artistique d'exposition itinĂ©rante de tableaux et de cartes postales dans plusieurs villes de France: Chambilly, Paray-Le-Monial, Clayette, Ronchin, Paris (ambassade du BĂ©nin en France), Bordeaux, Montpellier et Marcigny. Sur le thĂšme : « GbĂȘhanzin, PanthĂ©on Africain de la RĂ©sistance », elle expose des Ɠuvres rĂ©alisĂ©es avec de la terre, avec du charbon de bois, avec du marc de cafĂ©, avec du kaolin et avec du tissu qui retracent le parcours historique du hĂ©ros de la rĂ©sistance face Ă  la pĂ©nĂ©tration occidentale au DanxomĂš. Elle Ă©voque sa rĂ©sistance, sa dĂ©portation dans l'Ăźle de la Martinique puis en AlgĂ©rie, sa mort Ă  Blida et le retour de sa dĂ©pouille au BĂ©nin Ă  DjimĂ©.

  • La place Goho.
    La place Goho.
  • Vue de la place Goho.
    Vue de la place Goho.
  • Vue de face de la place Goho.
    Vue de face de la place Goho.

Notes et références

  1. « Le PÚre Alexandre DORGÈRE », sur Société des Missions Africaines (consulté le ).'
  2. Histoire générale de l'Afrique, , 545 p. (ISBN 978-92-3-202499-2, lire en ligne), p. 118.
  3. « Historique - douane béninoise » [archive du ] (consulté le ).
  4. Le Dahomey : Notices publiĂ©es par le gouvernement gĂ©nĂ©ral Ă  l'occasion de l'exposition coloniale de Marseille, Paris, Émile Larose, (lire en ligne).
  5. « Amazones du Roi Béhanzin » (consulté le ).
  6. Philippe Bonnichon et Pierre GĂ©ny, PrĂ©sences françaises outre-mer, XVIe – XXIe siĂšcles, , 1188 p. (ISBN 978-2-8111-0737-6, lire en ligne), p. 633.
  7. Sokhna Sané, Le contrÎle des armes à feu en Afrique occidentale française, 1834-1958, , 280 p. (ISBN 978-2-84586-988-2, lire en ligne), p. 46.
  8. https://www.persee.fr/doc/outre_0300-9513_1960_num_47_167_1319
  9. « Trophée de guerre - Palais du roi Béhanzin à Abomey (Bénin) » [archive du ], sur museum.nantes.fr (consulté le ).
  10. Philippe Charlier, Vaudou : l'homme, la nature et les dieux. BĂ©nin, , 363 p..
  11. Auguste Le Hérissé, L'ancien royaume du Dahomey, moeurs, religion, histoire, Paris, (lire en ligne).
  12. Luc Messanvi Garcia, « Archives et tradition orale. À propos d'une enquĂȘte sur la politique du royaume de DanhomĂ© Ă  la fin du 19e siĂšcle. », Cahiers d'Études africaines, PersĂ©e - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 16, no 61,‎ , p. 189–206 (DOI 10.3406/cea.1976.2900, lire en ligne, consultĂ© le ).
  13. Luc Messanvi Garcia, Le royaume du Dahomé face à la pénétration coloniale : affrontements et incompréhension (1875-1894), , 284 p. (ISBN 978-2-86537-209-6, lire en ligne), p. 238.
  14. « HISTOIRE : 1892-1893 - La Légion EtrangÚre pendant la campagne du Dahomey », sur FSALE (consulté le ).
  15. « Discours d'adieu de GbĂȘhanzin » (consultĂ© le ).
  16. « Traité avec le Royaume d'Abomey », sur Musée historique d'Abomey (consulté le ).
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  18. « L'Exil de Behanzin », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
  19. « Blaise Akplogan signe « GbÚkon », le journal du prince Ouanilo » [archive du ], .
  20. Cercle littéraire de Combray, « Behanzin et Ouanilo » (consulté le ).
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  22. « Les MystĂšres de l'Afrique noire : Comment mourrut aprĂšs avoir assistĂ© aux « funĂ©railles » de son pĂšre le prince Ouanilo fils de Behanzin », Le Petit Parisien,‎ (lire en ligne).
  23. Albert Londres, Grands reportages Ă  l'Ă©tranger, , 863 p. (ISBN 978-2-08-140933-0, lire en ligne), p. 433.
  24. Emile Biasini, Grands travaux : de l'Afrique au Louvre, , 344 p. (ISBN 978-2-7381-0294-2, lire en ligne), p. 46.
  25. « Déclaration du Président Emmanuel Macron et du Président du Bénin Patrice Talon », elysee.fr, 9 novembre 2021.
  26. Coquery-Vidrovitch, Goerg et Tenoux 1998.
  27. Behanzin 2006, p. 85-92.
  28. Myriam Suchet, « La traduction, de la reprĂ©sentation du pont au musĂ©e comme reprĂ©sentation. Quelques pistes postcoloniales », Traductions postcoloniales, no 34,‎ (DOI https://doi.org/10.7202/1018479ar, lire en ligne).

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article : document utilisĂ© comme source pour la rĂ©daction de cet article.

  • Albert Bienvenu Akoha et Appolinaire Medagbe, Chants de BĂ©hanzin, le rĂ©sistant, Paris, L'Harmattan, , 198 p. (ISBN 978-2-296-55078-0, prĂ©sentation en ligne)
  • Joseph Amegboh (dit BarthĂ©lĂ©my Elaud), BĂ©hanzin : roi d'Abomey, Paris ; Dakar, Abidjan ; YaoundĂ©, ABC ; NEA ; CLE, , 111 p.
  • (fr+en) Jean-Louis Vullierme, Joseph Adrien Djivo, Paulin J. Houtondji, Cyprien Tokoudagba, Jean-Pierre Mohen, HĂ©lĂšne Joubert et GaĂ«lle Beaujean-Batzer (prĂ©f. Jacques Chirac, Boni Yayi, Marie-CĂ©cile Zinsou), BĂ©hanzin Roi d'Abomey / Behanzin King of Abomey, Paris ; Cotonou, MusĂ©e du Quai Branly ; Fondation Zinssou, , 155 p. + 32 f. de fac-sim. issus de divers journaux, 1890-1906 (L'Illustration, Le Monde illustrĂ©, Le Petit parisien, etc.) (ISBN 90-5779-094-7 et 2-915133-52-2) — ouvrage publiĂ© Ă  l'occasion de l'exposition BĂ©hanzin, roi d'Abomey prĂ©sentĂ©e Ă  la fondation Zinsou Ă  Cotonou, BĂ©nin du 16 dĂ©cembre 2006 au 16 mars 2007, en coproduction avec le musĂ©e du Quai Branly Ă  Paris
  • Jean Coradin, BĂ©hanzin, la rĂ©sistance dahomĂ©enne, ses antĂ©cĂ©dents historiques, Port-au-Prince, Impr. des Antilles, , 269 p.
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  • Patrice Louis, Le roi BĂ©hanzin : Du Dahomey Ă  la Martinique, Paris, ArlĂ©a, , 137 p. (ISBN 978-2-86959-938-3)
  • Paul-Marie-Armand de La LoyĂšre, L'HĂ©ritage de BĂ©hanzin (prĂ©sentĂ© par Paul Mimande), Paris, AUPELF, CNRS, INLCO, — reproduction de l'Ă©dition de Paris, Perrin, 1898, 291 p.
  • François Michel, La campagne du Dahomey, 1893-1894 : la reddition de BĂ©hanzin : correspondance d'un commissaire des colonies prĂ©sentĂ©e par son petit neveu Jacques Serre, Paris, L'Harmattan, , 147 p. (ISBN 2-7475-1478-1)
  • Catherine Coquery-Vidrovitch, Odile Goerg et HervĂ© Tenoux (dir.), Des historiens africains en Afrique : l'histoire d'hier et d'aujourd'hui : logiques du passĂ© et dynamiques actuelles, Paris, MontrĂ©al, L'Harmattan, , 26 p. (ISBN 2-7384-6908-6, prĂ©sentation en ligne)
  • Hildevert-Adolphe Lara, Pour BĂ©hanzin, Storck, , 39 p. (OCLC 123521602)
  • Auguste Le HĂ©rissĂ©, L'ancien royaume du Dahomey, mƓurs, religion, histoire, Paris, E. Larose, , 384 p. (lire en ligne [PDF])
  • Carnet de route de la compagnie de LĂ©gion Ă©trangĂšre au Dahomey - Centre de documentation du MusĂ©e de la LĂ©gion Ă©trangĂšre - Aubagne.

Documents sonores

  • L'histoire de GuedegbĂ©, devin des rois GhĂ©zo, GlĂšlĂš et BĂ©hanzin, confĂ©rence de Daa Bachalou Nondichao enregistrĂ©e au Salon de lecture Jacques Kerchache le 14 janvier 2010, dans le cadre de l'exposition Artistes d'Abomey, MusĂ©e du Quai Branly, Paris, 2010, 1 h 13 min (CD)

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