BĂ©hanzin
BĂ©hanzin (GbĂȘhanzin, GbĂšhanzin) ou GbĂšhin azi bĂŽ ayidjlĂš Ahossou GbowelĂ©, nĂ© en 1845 et mort en 1906 est un roi d'Abomey. Fils du roi GlĂšlĂš, il est dâabord connu sous le nom d'Ahokponu puis de prince Kondo Ă partir de 1875. Il est traditionnellement (si on exclut la reine HangbĂš et Adandozan) le onziĂšme roi d'Abomey. Durant son rĂšgne, le royaume du Dahomey est dĂ©fait, pour constituer la colonie du Dahomey, avec le rattachement de Porto-Novo du roi Toffa, son cousin et son ennemi.
Behanzin | |
Behanzin en 1895. | |
Titre | |
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Roi d'Abomey | |
â | |
Prédécesseur | GlÚlÚ |
Successeur | Agoli-Agbo |
Biographie | |
Dynastie | Rois d'Abomey |
Nom de naissance | Ahokponou |
Date de naissance | |
Date de décÚs | |
Lieu de décÚs | Alger (Algérie) |
PĂšre | GlĂšlĂš |
Roi du Dahomey du au , date de sa reddition, déchu de son trÎne dÚs 1892, il décÚde en exil à Alger le . Behanzin est considéré comme un héros par nombre de Béninois : c'est un personnage incontournable et populaire de la mémoire collective nationale.
Biographie
DĂ©but de rĂšgne
En 1875, le prince Ahokponou est désigné par son pÚre, le roi Da-Da Glélé Kini-Kini, comme héritier du royaume sous le nom de Kondo.
En 1889, le roi Glé-Glé mÚne des razzias contre les concessions françaises ; il attaque le Porto-Novo, qui a passé une alliance avec les Français depuis. Le gouverneur Jean-Marie Bayol est retenu à Abomey, le 21 novembre 1889 ; le prince Kondo décide pour son pÚre le roi, devenu incapable. Il conteste le traité conclu le 19 avril 1878, notamment l'attribution des droits de douane de Cotonou à la France.
Le prince Kondo est couronné roi Béhanzin le , aprÚs la mort de son pÚre le , au terme de prÚs de quarante années de rÚgne, son demi-frÚre Ahanhanzo, héritier direct du trÎne, étant mort mystérieusement. Son couronnement est notamment marqué par des sacrifices humains. Le prince Kondo gouverne en se choisissant le nom de Béhanzin (cf emblÚmes, infra). C'est un roi de quarante-cinq ans, qui baigne dans les conflits depuis son enfance. Les troupiers français le surnomment « Bec en zinc ».
Le 19 février 1890, les troupes françaises débarquent à Cotonou. Elles sont insuffisantes pour contenir l'armée royale ; la France tergiverse. Terrillon, chef militaire, et Bayol, gouverneur, entretiennent une forte mésentente. Les forces françaises sont en échec.
Victoires françaises
Jean-Marie Bayol est remplacé par Noël Ballay. Le colonel Alfred Dodds va remplacer Sébastien Terrillon.
Le roi BĂ©hanzin combat les Français, eux-mĂȘmes un temps en rivalitĂ© sur place avec les Allemands et les Portugais. Les attaques sont incessantes. Du 23 fĂ©vrier au 5 mai 1890, BĂ©hanzin prend des Français en otages, dont le pĂšre Alexandre DorgĂšre, nĂ©gociateur entre lui et le pouvoir français ; il les dĂ©tient Ă Abomey[1]. En mars 1890, BĂ©hanzin Ă©choue Ă reprendre Cotonou.
Le 18 avril 1890, Terrillon conduit une bataille victorieuse, à Atioupa (ou Atchoupa). La saison des pluies, ainsi que les maladies, figent les opérations militaires jusqu'à l'automne.
Passant par Lagos, les renforts militaires du colonel Dodds arrivent à Porto-Novo le 5 août 1890.
Le 3 octobre 1890, la France installe un protectorat sur le Dahomey. En contrepartie, elle verse une rente annuelle de 20 000 francs au roi BĂ©hanzin[2].
L'attribution des droits de douane revenant au roi par les Français entretient les tensions[3] - [4]. Cette perte de revenus motive les hostilitĂ©s. BĂ©hanzin prĂ©pare la guerre en se procurant une forte livraison de fusils modernes et de balles, et mĂȘme de canons, auprĂšs des Allemands, en Ă©change d'esclaves[5] Ă©galement dĂ©signĂ©s comme « travailleurs »[6]. Le roi est particuliĂšrement actif pour Ă©quiper sa troupe d'armes rĂ©centes et puissantes[7]. Il s'adjoint mĂȘme les services de conseillers militaires, Belges et Allemands.
Les escarmouches sont incessantes. Le 27 mars 1892, les troupes fons, incluant les redoutables amazones du Dahomey attaquent un navire de guerre français. La guerre contre les troupes françaises commandées par le colonel, bientÎt général Alfred Dodds débute en 1892[8].
Le 19 septembre 1892, les Français sont vainqueurs à la bataille de Dogba.
Le 4 novembre 1892, Alfred Dodds a vaincu l'armée du roi Béhanzin ; le palais royal d'Abomey est pris, incendié par Béhanzin, lequel a pris la fuite, sans remettre les armes aux Français. Les Français découvrent les crùnes humains décorant le palais[9]. Béhanzin est grand amateur de vins français : sa cave fait le bonheur des troupes qui occupent son palais[10].
Le 6 novembre 1892, aprÚs la chute de la ville royale sainte de Cana, Dodds reçoit ses étoiles de général. Dans un communiqué de décembre 1892, Dodds salue « le courage et l'énergie » de Béhanzin.
En fuite
Réfugié à Atchérigbé, le roi déchu Béhanzin organise un astucieux systÚme d'espionnage et de détection des mouvements français, qui lui permet d'échapper sans cesse aux expéditions lancées à sa recherche[6].
La rĂ©sistance de BĂ©hanzin serait appuyĂ©e de pouvoirs magiques : il aurait emportĂ© l'amulette du Dahomey, un bĂ©tyle aux grands pouvoirs[11]. Ă partir du 30 aoĂ»t 1893, A. Dodds revient et engage une poursuite dans la brousse. Le frĂšre de BĂ©hanzin, le prince Goutchili est nommĂ© roi, Ă la demande des Français, sous le nom d'Agoli-Agbo. Il dĂ©voile aux Français la cachette de BĂ©hanzin[12]. Les dissensions entre les deux branches de la famille royale servent aux Français. BĂ©hanzin nĂ©gocie sans cesse avec les Français, envoyant mĂȘme une ambassade Ă Paris, qui ne sera jamais reçue Ă l'ĂlysĂ©e.
Mais une partie de la population ne soutient pas le roi, notamment les esclaves en majorité nago des fermes royales ; la variole et les désertions amenuisent les forces royales[13]. La diplomatie française isole le roi de tous ses soutiens, notamment en Europe. Traqué, le roi se réfugie à Akajakpa.
Reddition et capture
Le conflit prend fin le [14], lorsque le roi Béhanzin signe sa reddition, aprÚs des cérémonies rituelles et un fameux discours d'adieu[15]. Il se rend au capitaine Privé, qui le conduit au général Dodds, à Goho. Le traité du 29 janvier 1894 marque la fin du conflit ; son article 6 interdit la traite des esclaves au Dahomey, ainsi que les sacrifices humains[16].
Déchu, il se soumet de son plein gré à la condition de pouvoir se rendre en France pour rencontrer le président Sadi Carnot, qu'il considÚre comme le « roi des Français », afin de trouver un accord concernant son pays ; il est capturé et aucune rencontre avec le président n'est organisée.
Conduit du poste de Goho Ă Cotonou, le roi BĂ©hanzin connaĂźt l'exil politique ; il ne reviendra pas au Dahomey.
Sa résistance, son astuce, la crainte qu'il suscite par ses pratiques de l'esclavage et des sacrifices humains, les mystÚres entourant ses pouvoirs magiques, la nature unique du Dahomey, auront donné une abondante matiÚre aux gazettes et aux journaux français, de 1890 à 1894.
Lâexil
Le , BĂ©hanzin est dĂ©portĂ© par les autoritĂ©s coloniales dans l'Ăźle de la Martinique. Avec sa famille et sa suite, il rĂ©side au Fort Tartenson puis dans une rĂ©sidence surveillĂ©e sur les hauteurs de Fort De France. Malade et affaibli, il quitte la Martinique en 1906 aprĂšs d'incessantes demandes pour rejoindre sa terre natale, toutes refusĂ©es puisqu'il est dĂ©placĂ© en AlgĂ©rie alors française. Le gouvernement français ne voudra jamais que l'ex-roi puisse regagner son pays oĂč son souvenir parait sans doute trop prĂ©sent. AprĂšs avoir rĂ©sidĂ© sous surveillance dans la ville de Blida, sa santĂ© se dĂ©gradant, il est transportĂ© Ă Alger oĂč il dĂ©cĂšde d'une maladie pulmonaire le de l'annĂ©e 1906. Sa dĂ©pouille retrouve le sol ancestral en 1928, Ă la suite des dĂ©marches de son fils Ouanilo (ou Wanilo) : il est solennellement inhumĂ© Ă DjimĂ©, le [17].
En exil en Martinique
Pour déterminer le lieu de l'exil de Béhanzin, Dodds (d'origine en partie sénégalaise) hésite entre le Sénégal et le Gabon. Le gouverneur Ballot, né à Fort-de-France, suggÚre la Martinique, proposition soudaine qui emporte la décision. Sans doute pour la proximité de son climat avec celui du Dahomey.
La cour d'exil est composĂ©e de quelques membres de sa famille et dâalliĂ©s restĂ©s fidĂšles : quatre de ses Ă©pouses (Etiomi, SĂ©nocom, MĂ©nousouĂ© et DononcouĂ©), ses trois filles (MĂ©cougnon, Kpotassi et Abopanou) et son jeune fils Ouanilo. Ă leurs cĂŽtĂ©s, un parent jouant le rĂŽle de secrĂ©taire : AdandĂ©djan, ainsi quâun interprĂšte prĂ©nommĂ© Pierre Fanon, accompagnĂ© de son Ă©pouse falĂ©guĂ©[18].
Sous escorte du capitaine Privé, le roi déchu et sa cour embarquent à Cotonou, le , à bord du croiseur Le Second. Ils font escale à Dakar. Puis débarquent en Martinique le , reçus par le gouverneur Delphino Moracchini. Les Martiniquais, curieux, viennent nombreux accueillir le roi déchu.
Tout dâabord, ils logent au Fort Tartenson, dans un modeste bĂątiment, transformĂ© en plusieurs petits appartements. SurveillĂ©s, ils sont libres de leurs mouvements. BĂ©hanzin bĂ©nĂ©ficie dâune domesticitĂ© rĂ©duite composĂ©e dâune cuisiniĂšre et de deux servantes. DĂšs son arrivĂ©e, BĂ©hanzin privilĂ©gie lâĂ©ducation de son fils Ouanilo, quâil inscrit chez les FrĂšres de l'instruction chrĂ©tienne de PloĂ«rmel Ă Fort-de-France, puis au lycĂ©e de Saint-Pierre.
AprĂšs quelques semaines de cĂ©lĂ©britĂ©, entretenue par les journaux de lâĂ©poque (La DĂ©fense coloniale, Le RĂ©veil), BĂ©hanzin est bien vite oubliĂ© par la population. Il participe Ă des manifestations, des rĂ©ceptions ou se promĂšne dans lâĂźle. Ainsi le , il reçoit lâĂ©lite de la Martinique. En octobre de la mĂȘme annĂ©e, il est invitĂ© Ă bord de la frĂ©gate Le Duquesne de passage aux Antilles. Le , il assiste, Ă la CathĂ©drale Saint-Louis de Fort-de-France, Ă la cĂ©rĂ©monie religieuse en hommage au prĂ©sident Sadi Carnot assassinĂ© par lâanarchiste Caserio. Le , il assiste Ă la cĂ©rĂ©monie de consĂ©cration des cloches de la cathĂ©drale de Fort-de-France.
Le budget attribuĂ© pour les dĂ©penses d'installation et dâentretien courant de sa cour, jugĂ© excessif diminue. Ses frais sont payĂ©s par les autoritĂ©s coloniales du Dahomey, le gouverneur Victor Ballot les rĂ©duit de 27 000 francs par an Ă 18 000 francs[13].
BĂ©hanzin et sa famille sont transfĂ©rĂ©s dans une villa : la Villa des Bosquets, situĂ©e au-dessus de lâhĂŽpital civil, Ă un bon kilomĂštre de Fort-de-France. Loin des siens et de son royaume, BĂ©hanzin continue, sans relĂąche, Ă relancer le gouvernement français pour retourner dans son pays natal. Tous les six mois, il adresse une lettre au prĂ©sident de la RĂ©publique, dans laquelle il rĂ©itĂšre son vĆu de revoir sa terre. Il va mĂȘme jusquâĂ se montrer coopĂ©ratif et conciliant en affirmant son attachement Ă la France.
En 1897, il licencie son interprĂšte Fanon et sa femme, renvoyĂ©s au Dahomey. Durant son exil, sa petite famille sâagrandit : sa fille Abopanou donne naissance, en 1901, Ă un garçon prĂ©nommĂ© FrĂ©dĂ©ric, fruit d'une relation incestueuse avec son jeune frĂšre, Ouanilo[19] - [20]. Quelques mois plus tard, l'une de ses Ă©pouses, MĂ©cougnon, accouche dâun garçon nommĂ© Gabriel. En 1905, Abopanou accouche dâun deuxiĂšme enfant, une fille prĂ©nommĂ©e AndrĂ©a, nĂ©e de l'officier Louis Souffleur[21]. Ă la mort de son secrĂ©taire, en 1899, son fils Ouanilo lui succĂšde, devenant le secrĂ©taire particulier et l'interprĂšte de son pĂšre, car il maĂźtrise parfaitement la langue française.
Mort en Algérie
La presse et des Ă©lus sâunissent Ă sa cause pour son rapatriement.
Ainsi le dĂ©putĂ© guadeloupĂ©en Gaston Gerville-RĂ©ache plaide en sa faveur, dans le journal quâil a fondĂ© avec Victor SchĆlcher, Le moniteur des colonies. Cette lutte est relayĂ©e par Hildevert-Adolphe Lara, directeur du journal La DĂ©mocratie de la Guadeloupe. Il est rejoint par Francis de PressensĂ©, dĂ©putĂ© du RhĂŽne et prĂ©sident de la Ligue des droits de lâhomme. Le gouverneur Moracchini Ă©met Ă©galement des rapports favorables pour mettre fin Ă lâexil de BĂ©hanzin, mais en vain. Le gouvernement français tient compte des mises en garde de Victor Ballot, le rĂ©sident en France du Dahomey, alors mĂȘme que la colonie du Dahomey semble paisible.
En 1906, les autoritĂ©s françaises lui accordent le droit de quitter la Martinique. Le roi et sa famille bouclent une nouvelle fois leurs valises et quittent lâĂźle. Ils partent Ă bord du paquebot Le Martinique mettant le cap vers Bordeaux. Le , BĂ©hanzin arrive pour la premiĂšre fois en France. Il dĂ©barque sous les acclamations dâune foule de journalistes et de curieux. ArrivĂ©e Ă Bordeaux par train, la famille sâinstalle Ă l'hĂŽtel pour se rendre, dĂšs le lendemain, Ă lâExposition coloniale de Marseille. Le jour suivant, ils embarquent tous pour le Maghreb sur lâEugĂšne-PĂ©reire. Ce nouveau voyage devient trĂšs Ă©prouvant pour BĂ©hanzin, dont la santĂ© s'est dĂ©gradĂ©e en Martinique.
Le navire se dirige vers Alger et non vers Abomey, oĂč BĂ©hanzin est toujours jugĂ© indĂ©sirable par le ministre des colonies Albert Sarraut. Il est installĂ© Ă Blida, qui sera sa derniĂšre rĂ©sidence. BĂ©hanzin meurt le , loin de sa patrie, inhumĂ© au cimetiĂšre Saint-EugĂšne d'Alger.
Cendres rapatriées au Dahomey
En 1928, seulement le gouvernement français accorde à sa famille que ses cendres retournent à Abomey, sous l'insistance notamment de son fils Ouanilo, devenu bachelier à Alger, puis diplÎmé en droit et avocat à Bordeaux et à Paris. Ami d'Albert Londres[22], Ouanilo assiste à la cérémonie de retour au Dahomey[23]. Il meurt peu aprÚs ; il aurait été empoisonné[24].
EmblĂšmes
Ătre sacrĂ©, BĂ©hanzin porte plusieurs titres : Dada (pĂšre de toute la communautĂ©), Dokounnon (dĂ©tenteur et dispensateur de biens, le richard), SĂšmĂšdo (maĂźtre du monde), AĂŻnon (maĂźtre de la terre), JĂšhossou (maĂźtre des perles), etc. Son totem est le lĂ©opard. Ses insignes de pouvoir sont le kataklĂš (tabouret tripode), les afokpa (sandales), le avotita (pagne tissĂ© et dĂ©corĂ© de motifs appliquĂ©s), le awĂš (parasol), le mankpo (rĂ©cade), le so (fusil) et le hwi (sabre).
Ses noms
Son emblĂšme personnel porte un Ćuf, un requin et deux cocotiers car son nom de roi signifie « lâĆuf du monde ou le fils du requin ». Il est dĂ©rivĂ© de la sentence : « gbĂȘ hin azin bĂŽ ayi djlĂš », c'est-Ă -dire « le monde tient lâĆuf dont la terre mesure le poids »[26] - [27] ou encore « le monde tient l'Ćuf que la terre dĂ©sire »[28].
Son animal hĂ©raldique, le requin, lui vaut aussi son surnom axĂłsĂș gbĂŽwĂ©lĂ© « roi requin », notamment dans la lutte qu'il mĂšne contre le colonisateur
Son nom de prince Kondo vient de la formulation incantatoire choisie par son pĂšre : amanonnĂș djakpata non dĂł kĂŽ dĂŽ bĂŽ nĂčn nudĂ© sĂŽ Ă , kĂŽ n dĂł dĂŽ signifiant « la vipĂšre qui a installĂ© sa demeure dans lâargile durcie ne se dĂ©place plus, j'ai installĂ© ma demeure dans l'argile durcie » ou encore « Nul ne peut soulever la vipĂšre qui s'est bien installĂ©e dans sa cachette au fond de la terre. »
Son iconographie
Comme pour tous les rois d'Abomey, la puissance de Behanzin se manifeste Ă travers une iconographie spĂ©cifique, abondamment reproduite sur des supports variĂ©s : tentures, statues, rĂ©cades. Les symboles de Behanzin sont multiples : la scĂšne de pendaison qui symbolise une victoire sur les Nagots, un sous-groupe des Yorubas ; un requin, « le roi des mers », qui incarne la tĂ©mĂ©ritĂ© ; un Ćuf qui matĂ©rialise le nom fort du souverain.
La gravure ci-dessus montre les armes de Behanzin peintes sur les panneaux de la Victoria (hippomobile) que lui avaient donnĂ©e les Anglais : le requin (Behanzin) sortant de l'Ćuf.
TrĂŽne du roi Behanzin
De retour en France, aprĂšs la conquĂȘte, le gĂ©nĂ©ral Dodds offre, en 1893, dĂšs son arrivĂ©e Ă Paris Ă l'amiral Henri Rieunier, ministre de la marine, un cadeau amical et personnel : un trĂŽne monoxyle du sacre de la famille royale d'Abomey ayant appartenu au dernier roi libre Behanzin. La forme de ce trĂŽne correspond Ă un style, appelĂ© en langue fon « djandemen », gĂ©nĂ©ralement attribuĂ© au rĂšgne du roi Agonlgo (1789-1797).
Le trÎne du roi Béhanzin figure parmi les anciennes collections du musée du Quai Branly restituées au Bénin en 2021[25].
Hommages
Le message marquant de son action anti-coloniale est reprĂ©sentĂ© par sa statue, Ă©rigĂ©e sur la place Goho Ă Abomey au BĂ©nin (anciennement DanhomĂš ou royaume du Dahomey) : cette statue reprĂ©sente BĂ©hanzin, drapĂ© dans son pagne royal, la main tendue vers l'avant intimant l'arrĂȘt.
Ce monument se trouve à l'entrée de la ville d'Abomey et représente la résistance face au colon ainsi que le refus de laisser sa patrie aux mains de l'étranger. Sa détermination et son message-testament à l'endroit des Béninois d'aujourd'hui sont symbolisés par cette sentence qu'on lui attribue : « Le Requin se rend. Mais, les fils du Requin ne trahiront pas ».
En 1996 est sorti en salle le film L'Exil du roi BĂ©hanzin de Guy Deslauriers.
En 2018 l'auteur plasticien bĂ©ninois Kuassi Estache AgoumkpĂ© (alias S'tach) lui consacre une tournĂ©e artistique d'exposition itinĂ©rante de tableaux et de cartes postales dans plusieurs villes de France: Chambilly, Paray-Le-Monial, Clayette, Ronchin, Paris (ambassade du BĂ©nin en France), Bordeaux, Montpellier et Marcigny. Sur le thĂšme : « GbĂȘhanzin, PanthĂ©on Africain de la RĂ©sistance », elle expose des Ćuvres rĂ©alisĂ©es avec de la terre, avec du charbon de bois, avec du marc de cafĂ©, avec du kaolin et avec du tissu qui retracent le parcours historique du hĂ©ros de la rĂ©sistance face Ă la pĂ©nĂ©tration occidentale au DanxomĂš. Elle Ă©voque sa rĂ©sistance, sa dĂ©portation dans l'Ăźle de la Martinique puis en AlgĂ©rie, sa mort Ă Blida et le retour de sa dĂ©pouille au BĂ©nin Ă DjimĂ©.
- La place Goho.
- Vue de la place Goho.
- Vue de face de la place Goho.
Notes et références
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- Myriam Suchet, « La traduction, de la reprĂ©sentation du pont au musĂ©e comme reprĂ©sentation. Quelques pistes postcoloniales », Traductions postcoloniales, no 34,â (DOI https://doi.org/10.7202/1018479ar, lire en ligne).
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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- (fr+en) Jean-Louis Vullierme, Joseph Adrien Djivo, Paulin J. Houtondji, Cyprien Tokoudagba, Jean-Pierre Mohen, HĂ©lĂšne Joubert et GaĂ«lle Beaujean-Batzer (prĂ©f. Jacques Chirac, Boni Yayi, Marie-CĂ©cile Zinsou), BĂ©hanzin Roi d'Abomey / Behanzin King of Abomey, Paris ; Cotonou, MusĂ©e du Quai Branly ; Fondation Zinssou, , 155 p. + 32 f. de fac-sim. issus de divers journaux, 1890-1906 (L'Illustration, Le Monde illustrĂ©, Le Petit parisien, etc.) (ISBN 90-5779-094-7 et 2-915133-52-2) â ouvrage publiĂ© Ă l'occasion de l'exposition BĂ©hanzin, roi d'Abomey prĂ©sentĂ©e Ă la fondation Zinsou Ă Cotonou, BĂ©nin du 16 dĂ©cembre 2006 au 16 mars 2007, en coproduction avec le musĂ©e du Quai Branly Ă Paris
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- Catherine Coquery-Vidrovitch, Odile Goerg et Hervé Tenoux (dir.), Des historiens africains en Afrique : l'histoire d'hier et d'aujourd'hui : logiques du passé et dynamiques actuelles, Paris, Montréal, L'Harmattan, , 26 p. (ISBN 2-7384-6908-6, présentation en ligne)
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- Carnet de route de la compagnie de Légion étrangÚre au Dahomey - Centre de documentation du Musée de la Légion étrangÚre - Aubagne.
Documents sonores
- L'histoire de Guedegbé, devin des rois Ghézo, GlÚlÚ et Béhanzin, conférence de Daa Bachalou Nondichao enregistrée au Salon de lecture Jacques Kerchache le 14 janvier 2010, dans le cadre de l'exposition Artistes d'Abomey, Musée du Quai Branly, Paris, 2010, 1 h 13 min (CD)
Iconographies
- 3 iconographies de Béhanzin et de sa famille, Banque Numérique des Patrimoines Martiniquais, Archives Départementales de la Martinique.
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Victor-Louis Maire, « Behanzin : Ses troupes. I. Les guerriers ; II. Les amazones. Leur organisation - description de leur costume », dans Dahomey : Abomey, dĂ©cembre 1893 â HyĂšres, dĂ©cembre 1903, Besançon, A. Cariage, (lire en ligne), p. 43-52
- « Centenaire de la mort du roi Béhanzin », dossier de presse réalisé à l'occasion de l'exposition à la Fondation Zinsou en partenariat avec le musée du Quai Branly [PDF], sur quaibranly.fr, 2006-2007