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Assassinats politiques au Liban depuis les années 1970

Les assassinats politiques de personnalités au Liban ont connu une augmentation spectaculaire depuis les années 1970, du fait du déplacement sur le territoire libanais de conflits régionaux et du déchaßnement de violence au cours de la guerre du Liban (1975-1990)[1]. Ces meurtres visent des figures politiques, des écrivains, des journalistes, des religieux, tués en raison de leurs opinions.

Les assassinats politiques sont une pratique associĂ©e gĂ©nĂ©ralement aux dictatures. Ceux qui endeuillent le Liban, pays dĂ©mocratique, relĂšvent d'une autre catĂ©gorie : ils s'expliquent par la faiblesse de l'État et des services de renseignement libanais, ainsi que par la puissance des services de renseignements des pays de la rĂ©gion, en l'occurrence la Syrie, IsraĂ«l, l'Iran, qui infiltrent facilement les terrains d'opĂ©ration libanais[1].

Le Liban moderne a connu des attentats visant des personnalités avant les années 1970, mais le rythme s'est considérablement accru depuis cette période. Le premier assassinat politique depuis l'indépendance du Liban en 1943 est celui du premier ministre Riad el Solh en 1951 ; il a été commis en Jordanie, non en territoire libanais, par des membres du Parti Social-Nationaliste Syrien, en réaction à la condamnation à mort du chef et fondateur de ce parti, le Libanais Antoun Saadé[1]. Il y aurait eu 220 assassinats et tentatives d'assassinat entre 1943 et 2021 selon l'institut de recherche et de statistiques Information International[2].

SĂ©ries d'assassinats

Assassinats par Israël de figures palestiniennes

Avec l'assassinat du Palestinien Ghassan Kanafani en 1972 commence un cycle d'attentats commis sur le territoire libanais par une puissance rĂ©gionale, IsraĂ«l, ou Ă  son instigation[1]. Selon l'analyse de la politologue Elizabeth Picard, le Liban, «sociĂ©tĂ© ouverte, État faible, devient le dernier champ de bataille israĂ©lo-arabe », aprĂšs l'Égypte et la Jordanie[3].

Assassinats de chefs de factions libanaises par d'autres factions libanaises

La guerre du Liban est par certains aspects une guerre civile ; les milices entreprennent quelquefois d'éliminer les chefs de milices rivales par le moyen de l'assassinat politique ; il en va ainsi par exemple des Forces libanaises (coalition de milices chrétiennes) qui assassinent le Tony Frangié, chef d'une milice chrétienne concurrente, la Brigade Marada[1].

Assassinats commandités par la Syrie

De nombreuses personnalités libanaises sont visées par des attentats commandités par une puissance régionale, la Syrie. Un des plus emblématiques est celui en 1982 visant Bachir Gémayel, tout juste élu président de la République ; les meurtriers, membres du Parti social nationaliste syrien, étaient liés au régime de Damas[1].

Attentat conçu par les États-Unis et l'Arabie Saoudite

L'attentat le plus meurtrier visant une personnalitĂ© au Liban est celui qui avait pour but de tuer, en 1985, le guide spirituel du Hezbollah, Mohammad Hussein Fadlallah. 85 personnes sont mortes, 200 autres ont Ă©tĂ© blessĂ©es dans cet attentat Ă  la voiture piĂ©gĂ©e auquel le religieux a cependant Ă©chappĂ©. L'enquĂȘte menĂ©e par le journaliste amĂ©ricain Bob Woodward conduit vers la CIA qui a exĂ©cutĂ© cette opĂ©ration (plus prĂ©cisĂ©ment vers son directeur, William Casey[4]), et vers les services secrets saoudiens[1].

Assassinats par le Hezbollah de résistants anti-israéliens concurrents

Le Hezbollah, soutenu par une puissance régionale, l'Iran, est un mouvement intégriste chiite anti-israélien apparu au Liban dans les années 1980. Il a assassiné des personnalités membres de partis actifs sur le front de la résistance à Israël, en particulier des personnalités du Parti communiste, et du PSNS, dans le but d'apparaßtre comme l'unique rempart contre l'occupation israélienne, d'accaparer le monopole de la défense nationale dans le sud du pays et le prestige qui y est associé. Une figure particuliÚrement réputée qui a perdu la vie dans cette série d'attentats est celle de l'intellectuel chiite Mahdi Amel (en) (ou Hassan Hamdan), surnommé le « Gramsci arabe », du nom d'Antonio Gramsci, fondateur du Parti communiste italien, et tué en 1987[1].

Assassinats par Israël de dirigeants du Hezbollah

Israël a recours aux assassinats pour combattre le Hezbollah, et liquide par exemple d'un tir de missile le dirigeant de cette organisation, Abbas Moussaoui, en 1992[1].

Assassinats par le Hezbollah d'opposants Ă  l'emprise syro-iranienne sur le Liban

À partir de 2004, le Hezbollah assassine des personnalitĂ©s hostiles Ă  la prĂ©sence de la Syrie et Ă  l'influence de son alliĂ© iranien au Liban. Le premier attentat de cette sĂ©rie est celui qui a visĂ© fin 2004 le ministre druze Marwan HamadĂ©[1]. L'explosion de 1800 kg de TNT qui a tuĂ© le-premier ministre Rafiq Hariri en 2005 s'inscrit dans ce cycle de violence, qui se perpĂ©tue jusqu'en 2021 avec le meurtre de l'Ă©diteur, intellectuel et activiste Lokman Slim en 2021[1].

Conséquences sociales et politiques

Le principal effet des attentats est de provoquer une polarisation de la vie politique au Liban, et de forcer chacun à prendre parti pour ou contre un camp[1]. Les assassinats constituent une forme de propagande ; ils sont clivants, et aggravent les tensions[1]. L'objectif des auteurs d'attentats est selon Fadi Kiwan, directeur de l'Institut des sciences politiques de l'Université St Joseph, de « créer des divisions selon des lignes sectaires : entre musulmans et chrétiens ; entre sunnites libanais et Syriens ; depuis les années 2010, entre chiites et sunnites »[5].

Les personnalités assassinées acquiÚrent l'aura des martyrs, ce qui contribue à rendre le dialogue et la réconciliation plus difficiles. Certaines figures ont ainsi connu une forme de sacralisation dans leur communauté à la suite de leur mort violente, comme le premier ministre Rafiq Hariri chez les sunnites, le président de la République Bachir Gémayel pour une part des chrétiens, l'imam Moussa Sadr (disparu en Libye en 1978) pour une part des chiites, Imad Moughnieh, « cerveau militaire du Hezbollah », tué par une opération américano-israélienne, pour les partisans du Hezbollah[1].

Les consĂ©quences politiques sont manifestes et plus dĂ©vastatrices encore lorsque les assassinats frappent des hommes d'État libanais, comme RenĂ© Moawad ou Rafiq Hariri, dont la disparition inflĂ©chit le cours de l'Histoire[1].

Absence de suites judiciaires

A quelques rares exceptions prĂšs, les responsables des assassinats politiques au Liban n'ont jamais Ă©tĂ© jugĂ©s[1]. Les puissances rĂ©gionales sont hors d'atteinte. Quant aux commanditaires libanais d'attentats, il s'agit souvent d'anciens chefs de milices, qui ont bĂ©nĂ©ficiĂ© de l'amnistie de 1991 – amnistie qui a aggravĂ© le problĂšme de l'impunitĂ©[6] - [7]. En principe cette loi d'aministie excluait pourtant «l’assassinat ou la tentative d’assassinat de personnalitĂ©s religieuses ou politiques, et de diplomates», mais cette clause n'a quasiment pas eu de traduction dans les faits[8]. Un seul leader politique a Ă©tĂ© jugĂ©, Samir Geagea, accusĂ© notamment de l'assassinat du premier ministre Rachid KaramĂ©[1], et condamnĂ© Ă  la perpĂ©tuitĂ©, puis libĂ©rĂ© aprĂšs 11 ans de prison Ă  la faveur d'une amnistie en 2005[9]. L'assassin du prĂ©sident Bachir Gemayel en 1982, Habib Chartouni, a Ă©tĂ© emprisonnĂ©, puis libĂ©rĂ© illĂ©galement lors d'une offensive des troupes syriennes Ă  Beyrouth en 1990[1]. Il a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  mort par contumace en 2017[10]. Un seul homme, membre du Hezbollah, a Ă©tĂ© reconnu coupable par le Tribunal international pour le Liban de l'assassinat de Rafic Hariri ; en fuite, il a Ă©tĂ© condamnĂ© par contumace[1].

Selon le politologue franco-libanais Ziad Majed, « l'impunité est le poison de la région. »[11].

Recherches et documentation

La «Fondation Lokman Slim» est crĂ©Ă©e eu Liban en 2022, Ă  la suite de l’assassinat de cet intellectuel libanais dont elle porte le nom, avec pour objectif de collecter des donnĂ©es concernant les assassinats politiques dont les effets perdurent au Liban et au Moyen-Orient[11]. Le travail de documentation apparaĂźt Ă  de nombreux chercheurs comme un moyen d'expliquer que « la violence n’est pas inhĂ©rente Ă  la rĂ©gion », d'en Ă©clairer les causes, et de dĂ©construire les visions essentialistes relatives au monde arabe[11].

Personnalités assassinées

Figures politiques

  • En 1973, trois dirigeants de l'Organisation de la libĂ©ration de la Palestine, Kamal Nasser, Kamal Adouan et Youssef Najjar, alias Abou Youssef, sont exĂ©cutĂ©s par un commando israĂ©lien Ă  Beyrouth[12] - [13] - [14] - [15].
  • EN 1975, Maarouf Saad, notable sunnite, un homme politique propalestinien, et de gauche[16], est tuĂ© lors d'une manifestation de pĂȘcheurs Ă  SaĂŻda. Ses partisans accusent l'armĂ©e ; une manifestation de soutien Ă  l'armĂ©e est organisĂ©e par des chrĂ©tiens[17]. La mort de Maarouf Saad apparaĂźt a posteriori comme un des Ă©vĂ©nements qui ont contribuĂ© Ă  prĂ©cipiter le Liban dans la guerre civile[1].
  • En 1977, Kamal Joumblatt, ancien ministre, fondateur du Parti socialiste progressiste, est tuĂ© dans une embuscade dans la rĂ©gion du Chouf. Il Ă©tait considĂ©rĂ© comme un homme de dialogue, qui s'efforce de rapprocher les communautĂ©s[18] - [1]. Chef druze hostile Ă  la prĂ©sence de troupes syriennes au Liban, il avait Ă©tabli une relation Ă©troite avec Raymond EddĂ©, homme politique chrĂ©tien et de droite, Ă©galement opposĂ© aux occupations militaires et aux ingĂ©rences de la Syrie et d'IsraĂ«l au Liban[1]. Kamal Joumblatt est assassinĂ© sur ordre de la Syrie[19] - [20].
  • En 1978, Tony FrangiĂ©, dĂ©putĂ©, ministre, est abattu par une milice chrĂ©tienne dans son domicile Ă  Ehden, avec sa famille et ses gardes ; l'attaque fait 35 morts[18] - [3] - [14]. Le pĂšre de Tony FrangiĂ©, l'ancien prĂ©sident de la RĂ©publique Sleiman FrangiĂ©, accuse Bachir Gemayel, chef de la milice des Forces libanaises, et futur prĂ©sident de la RĂ©publique, d'ĂȘtre le commanditaire de cette tuerie ; les miliciens Ă©taient conduits par Samir Geagea, qui succĂ©dera Ă  Bachir Gemayel Ă  la tĂȘte des Forces libanaises[21].
  • En 1979, Ali Hassan Salameh (Abou Hassan), palestinien, un des responsables du Fatah (organisation au sein de l'O.L.P.), et chef des opĂ©rations du groupe rĂ©sistance Septembre noir, est tuĂ© Ă  Beyrouth sur ordre d'IsraĂ«l dans l'explosion de sa voiture[22].
  • En 1981, Louis Delamare, ambassadeur de France au Liban, est tuĂ© par balles alors qu'il circulait en voiture Ă  Beyrouth ; le meurtre est attrbuĂ© Ă  la Syrie[23].
  • En septembre 1982, Bachir Gemayel, tout juste Ă©lu prĂ©sident de la RĂ©publique, est assassinĂ© dans l'explosion d'une bombe. Bachir Gemayel, ancien chef d'une milice chrĂ©tienne, est Ă©lu avec le soutien d'IsraĂ«l[24]. Il est assassinĂ© par un chrĂ©tien prosyrien[18]. Vingt de ses proches du Parti phalangiste, avec lesquels il Ă©tait en rĂ©union, sont tuĂ©s avec lui[21].
  • En 1987, Rachid KaramĂ©, premier ministre qui a 35 ans de vie politique derriĂšre lui, est tuĂ© par l'explosion d'une bombe placĂ©e dans un hĂ©licoptĂšre militaire qui le ramenait de Tripoli Ă  Beyrouth[18]. Il Ă©tait considĂ©rĂ© comme « une figure sunnite modĂ©rĂ©e »[1]. Le responsable de ce meurtre est Samir Geagea, chef d'une milice chrĂ©tienne, condamnĂ© pour ce crime en 1996[25].
  • En 1989, le prĂ©sident de la RĂ©publique libanaise RenĂ© Moawad est tuĂ© avec 16 autres personnes[21] dans une explosion Ă  Beyrouth[18], deux semaines aprĂšs son Ă©lection, alors qu'il circulait dans une zone « sous contrĂŽle syrien »[26]. Il Ă©tait considĂ©rĂ© comme « modĂ©rĂ©ment prosyrien »[26], voire comme « un indĂ©pendant, disposĂ© au dialogue »[1].
  • En 1990, Dany Chamoun, prĂ©sident du Parti national libĂ©ral et ancien chef d'une milice chrĂ©tienne, est assassinĂ© par un commando dans une banlieue de Beyrouth[18] - [14]. Samir Geagea, chef d'une milice chrĂ©tienne, les Forces libanaises, est condamnĂ© en 1996 pour ce crime dont il est l'instigateur[25].
  • En 1992, Abbas Moussaoui, chef du Hezbollah, est assassinĂ© dans une attaque Ă  l'hĂ©licoptĂšre sur ordre d'IsraĂ«l[18] ; 10 autres personnes sont tuĂ©es avec lui[27].
  • En 2002, Jean Ghanem, dĂ©putĂ©, proche de Elie Hobeika, meurt Ă  la suite d'un accident de voiture, dans des conditions jugĂ©es suspectes[6] - [28] - [29].
  • En 2002, Elie Hobeika, ancien ministre, est tuĂ© dans un attentat Ă  la voiture piĂ©gĂ©e. Elie Hobeika a dirigĂ© une milice pro-israĂ©lienne qui a participĂ© au massacre des Palestiniens de Sabra et Chatila, en 1982[18], massacre dans lequel l'armĂ©e israĂ©lienne est impliquĂ©e. Il est tuĂ© deux mois avant le procĂšs intentĂ© contre le gĂ©nĂ©ral israĂ©lien Ariel Sharon, oĂč il Ă©tait convoquĂ© comme tĂ©moin[30].
  • En 2002, Jihad Ahmad Jibril, palestinien, chef de la branche armĂ©e du Front populaire de libĂ©ration de la Palestine-Commandement GĂ©nĂ©ral, fils du cofondateur du Front populaire de libĂ©ration de la Palestine Ahmad Jibril, est assassinĂ© Ă  Beyrouth[18] - [6] sur ordre d'IsraĂ«l[31].
  • En 2003, Ali Hussein Saleh, responsable de la sĂ©curitĂ© du Hezbollah est tuĂ© Ă  Beyrouth dans un attentat Ă  la voiture piĂ©gĂ©e[32]. Selon le journal Le Monde, IsraĂ«l «nie toute implication dans cette action mais, de source sĂ©curitaire citĂ©e par l'AFP, on indique qu'Ali Hussein Saleh Ă©tait considĂ©rĂ© comme un agent de liaison entre l'Iran et les mouvements radicaux palestiniens»[33].
  • En 2004, Ghaleb Awali, un dirigeant du Hezbollah, est assassinĂ© dans un attentat Ă  la voiture piĂ©gĂ©e[18]. En 2013 la justtice libanaise condamne deux personnes impliquĂ©es dans cet attentat pour espionnage au profit d'IsraĂ«l[34].
  • En 2004, Marwan HamadĂ© ancien ministre de l'Ă©conomie, dĂ©putĂ© druze, opposĂ© Ă  la Syrie et au Hezbollah, Ă©chappe Ă  un attentat Ă  la voiture piĂ©gĂ©e ; il est blessĂ© dans l'explosion et son chauffeur tuĂ©[18].
  • En 2005, l'ancien premier ministre libanais Rafiq Hariri est tuĂ© dans une explosion de 1800 kg de TNT qui vise son cortĂšge Ă  Beyrouth. L'explosion fait 22 morts, dont le ministre Bassel Fleihan, et 200 blessĂ©s. D'aprĂšs les conclusions du Tribunal international pour le Liban, l'attentat est commis par un membre du Hezbollah, qui est condamnĂ© par contumace.
  • En 2005, Georges Hawi (ou Haoui), ancien chef du Parti communiste, et antisyrien, est tuĂ© dans l'explosion de sa voiture oĂč avait Ă©tĂ© dissimulĂ©e une bombe[35] - [36].
  • En 2006, Mahmoud al-Majzoub (en), palestinien, haut responsable du Jihad islamique palestinien, ayant des liens Ă©troits avec le Hezbollah, est tuĂ© dans un attentat Ă  la voiture piĂ©gĂ©e[37] - [38]
  • En 2006, Pierre Gemayel, ministre de l'Industrie, antisyrien, est tuĂ© par balles dans une attaque contre son convoi[35]. Son pĂšre, l’ancien prĂ©sident de la RĂ©publique Amine Gemayel, accuse la Syrie[39].
  • En 2007, Walid Eido, dĂ©putĂ© antisyrien, proche de l'ancien premier ministre assassinĂ© Rafiq Hariri, est tuĂ© dans un attentat Ă  la voiture piĂ©gĂ©e. Cet assassinat, gĂ©nĂ©ralement attribuĂ© Ă  la Syrie, aurait eu pour objectif d'empĂȘcher le groupe antisyrien majoritaire Ă  l'AssemblĂ©e nationale d'Ă©lire un nouveau prĂ©sident de la RĂ©publique[40].
  • En 2007, Antoine Ghanem, dĂ©putĂ© antisyrien, est assassinĂ©, deux semaines avant la date de l'Ă©lection Ă  l'AssemblĂ©e nationale d'un nouveau prĂ©sident. L'objectif de l'attentat est d'empĂȘcher le groupe antisyrien majoritaire Ă  l'AssemblĂ©e de porter au pouvoir l'homme de son choix[41].
  • En 2008, Saleh al-Aridi (en), homme politique prosyrien, cofondateur du Parti dĂ©mocratique Libanais, et proche du Hezbollah, est tuĂ© dans un attentat Ă  la voiture piĂ©gĂ©e[42].
  • En 2013, Hassan al-Laqqiss (en), un des dirigeants du Hezbollah, est tuĂ© par balles alors qu'il se trouvait dans sa voiture Ă  Beyrouth. Il Ă©tait le responsable de l'acquisition d'armes du Hezbollah. Selon Matthew Levitt, expert amĂ©ricain en terrorisme islamiste, Hassan Hawlo al-Lakiss a Ă©tĂ© assassinĂ© sur ordre d'IsraĂ«l[43].
  • En 2013, Mohammad Chatah, ancien ministre, antisyrien et opposĂ© au Hezbollah, conseiller du premier ministre Saad Hariri, fils de Rafic Hariri, est tuĂ© dans sa voiture par l'explosion d'une charge de 60 kg de TNT dĂ©clenchĂ©e Ă  distance[44].

Intellectuels, journalistes, activistes

  • Le premier assassinat d'un journaliste dans le Liban indĂ©pendant est celui de Nassib Metni en 1958. Il est l'Ă©tincelle Ă  l'origine de la crise de 1958 au Liban. Nassib Metni Ă©tait le rĂ©dacteur en chef du journal de gauche Al Telegraf, solidaire de l'opposition au prĂ©sident de la RĂ©publique Camille Chamoun[1] - [6].
  • En 1972, Ghassan Kanafani, romancier palestinien, rĂ©dacteur en chef d' al-RaĂŻdu au Koweit, d' al-Hourriyya, d' al-Mouharir , et d' al-Anwar Ă  Beyrouth, est assassinĂ© sur ordre d'IsraĂ«l[45]. Il avait rejoint en 1969 le Front populaire de libĂ©ration de la Palestine, dont il rĂ©dige le journal Al Hadaf et le programme d'orientation marxiste-lĂ©niniste et anti-impĂ©rialiste ; c'est en tant que porte-parole du FPLP qu'il est tuĂ© Ă  Beyrouth en 1972, sur ordre des autoritĂ©s israĂ©liennes, dans un attentat Ă  la voiture piĂ©gĂ©e[46] - [47] - [48]. Le FPLP avait co-organisĂ© avec l'ArmĂ©e rouge japonaise un attentat anti-israĂ©lien Ă  l'aĂ©roport de Lod, qu'il avait prĂ©sentĂ© comme une opĂ©ration de reprĂ©sailles contre l'assassinat par IsraĂ«l de deux Palestiniens[49]. La mort de Ghassan Kanafani est le premier assassinat politique au Liban depuis les annĂ©es 1970[1].
  • En 1980, Salim Lawzi, journaliste, fondateur du magazine Al Hawadess, est enlevĂ© et tuĂ© sur ordre du rĂ©gime syrien ; il avait critiquĂ© le rĂŽle jouĂ© par la Syrie au Liban[46] - [47] - [6].
  • En 1980, Riad Taha, journaliste, prĂ©sident du Syndicat de la Presse, est assassinĂ© ; son meurtre est attribuĂ© Ă  la Syrie ou aux Palestiniens[47] - [50] - [6] - [51].
  • En 1984, Malcolm H. Kerr, professeur amĂ©ricain, prĂ©sident de l'UniversitĂ© amĂ©ricaine de Beyrouth, est tuĂ© par balles, trĂšs vraisemblablement par des agents Ă  la solde du Hezbollah[52]. Le meurtre est revendiquĂ© par l’Organisation du Jihad islamique, milice soutenue par l’Iran,  qui le prĂ©sente comme un acte de rĂ©sistance Ă  la prĂ©sence des troupes amĂ©ricaines au Liban[53].
  • En 1986, Suheil Tawileh, communiste, rĂ©dacteur en chef du magazine Nida, directeur du magazine Tariq, est enlevĂ© et tuĂ© par le Hezbollah[6] - [51] - [47] - [54].
  • En 1986, Michel Seurat, sociologue français, meurt en captivitĂ© ; il avait Ă©tĂ© enlevĂ© en 1985 avec un autre Français, le journaliste Jean-Paul Kauffmann, par un groupe armĂ© soutenu par l'Iran[47]. Il a Ă©tĂ© victime d'un «chantage politico-financier entre la France et l'Iran», une des principales revendications de l'Iran Ă©tant l'arrĂȘt des livraisons d'armes françaises Ă  l'Irak dans le contexte de la guerre Irak-Iran[55].
  • En 1987, Hussein MrouwĂ©, Ă©crivain et philosophe communiste, est assassinĂ© par la milice chiite Amal[56] - [51] - [47].
  • En 1987, Mahdi Amel (en), de son vrai nom Hassan Hamdan, philosophe gramsciste et dirigeant communiste[57], est assassinĂ© au moment de l'entrĂ©e de l'armĂ©e syrienne Ă  Beyrouth ; le meurtre est attribuĂ© Ă  une milice chiite, Amal ou Hezbollah, protĂ©gĂ©e par la Syrie[6] - [56] - [47].
  • En 1992, Mustafa Jeha (ou Geha), Ă©crivain, chiite anti-fondamentaliste, auteur d'Ă©crits oĂč il dĂ©nonce l'ayatollah Khomeini, est assassinĂ©[58] - [51]. Son fils le journaliste Mustafa Mustafa Jeha Ă©chappe Ă  un attentat en 2012[47] .
  • En 2005, Samir Kassir, historien et journaliste, figure emblĂ©matique du quotidien An Nahar, est assassinĂ© sur ordre du rĂ©gime syrien qu'il critiquait.
  • En 2005, GĂ©brane TuĂ©ni, le directeur du quotidien An Nahar, opposĂ© Ă  l'influence syrienne au Liban, est assassinĂ©[1].
  • En 2005, May Chidiac, prĂ©sentatrice de tĂ©lĂ©vision, est victime d'un attentat commanditĂ© par la Syrie ; elle perd un bras et une jambe dans l’explosion de sa voiture qui avait Ă©tĂ© piĂ©gĂ©e ; elle continue ses activitĂ©s de journaliste[47]
  • En 2021, Lokman Slim, Ă©diteur, «militant de la mĂ©moire», «l'une des voix critiques les plus respectĂ©es de la sociĂ©tĂ© civile libanaise», est assassinĂ© par le Hezbollah[6]. Il collectait des donnĂ©es sur les crimes commis pendant la guerre du Liban — les charniers, les disparus, les attentats, les actes de torture etc[6] - [59]. Il avait Ă©voquĂ© la responsabilitĂ© du Hezbollah et de la Syrie dans l'explosion au port de Beyrouth en aoĂ»t 2020[60].

Personnalités religieuses

  • En 1982, Cheikh Ahmad Assaf, directeur du Centre islamique, personnalitĂ© sunnite, est assassinĂ©[61]. Il s'Ă©tait exprimĂ© en faveur de la «lĂ©galitĂ© libanaise», signifiant par lĂ  son opposition Ă  la double emprise exercĂ©e Ă  cette Ă©poque au Liban par l'O.L.P. et la Syrie[62].
  • En 1983, Cheikh Halim Takieddine, chef des tribunaux religieux druzes, personnalitĂ© modĂ©rĂ©e, favorable au dialogue entre druzes et chrĂ©tiens, est abattu par un homme armĂ© d'un revolver avec silencieux[52] - [63]. Le soupçons se portent sur les Phalanges libanaises[64].
  • En 1984, Cheikh Ragheb Harb, imam de Jibchit, chef spirituel du Hezbollah au sud Liban, est assassinĂ© par des agents Ă  la solde d'IsraĂ«l[65].
  • En 1986, Cheikh Sobhi Saleh, appelant au dialogue entre chrĂ©tiens et musulmans, est assassinĂ© ; il Ă©tait le chef du Conseil islamique sunnite[61] - [66].
  • En 1989, Cheikh Hassan Khaled, grand muphti, chef spirituel de la communautĂ© sunnite du Liban, est tuĂ© dans un attentat Ă  la voiture piĂ©gĂ©e Ă  Beyrouth. Il Ă©tait considĂ©rĂ© comme «un personnage modĂ©rĂ©, un symbole de la coexistence islamo-chrĂ©tienne»[67] et un pacificateur[68]. L'explosion de 150 kg de TNT fait 22 morts et 80 blessĂ©s[18]. L'assassinat a Ă©tĂ© commanditĂ© par la Syrie[69].
  • En 1995, Nizar Halabi, dirigeant musulman sunnite intĂ©griste, est assassinĂ© Ă  son domicile[18]. Il Ă©tait le patron des Ahbash, une organisation de bienfaisance appuyĂ©e par le rĂ©gime syrien[70]. Le groupe ne nourrit « aucune aspiration djihadiste » ; l'assassinat est commis par un groupuscule djihadiste palestinien Usbat al-Ansar[70].

Bibliographie

Références

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Voir aussi

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