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Disparitions forcées au Liban

Les disparitions forcĂ©es au Liban ont eu lieu pendant la guerre du Liban (1975-1990) ; les disparus sont des personnes victimes d'enlĂšvements, d'emprisonnements, ou tuĂ©es dans des massacres. Les milices de tous bords opĂ©rant sur le territoire libanais ainsi que des acteurs Ă©tatiques, la Syrie et IsraĂ«l, sont Ă  l'origine de ces « disparitions ». Le nombre de disparus serait de 17 000 d'aprĂšs le bilan officiel Ă©tabli par l'État en 1990. Ils sont appelĂ©s en arabe mafqĂ»dĂźn (disparus) ou makhtĂ»fĂźn (kidnappĂ©s)[1].

Les demandes des familles qui rĂ©clament la vĂ©ritĂ© sur leur sort se heurtent Ă  la force d'inertie des chefs politiques compromis, pour nombre d'entre eux, dans les crimes perpĂ©trĂ©s durant la guerre. Plus de trente ans aprĂšs la fin de la guerre, les personnes toujours portĂ©es disparues sont soit dĂ©tenues dans des prisons syriennes ou israĂ©liennes, soit mortes. En 2018 est adoptĂ©e la « loi 105 sur les disparus » qui reconnaĂźt le droit Ă  l'information pour les familles et prĂ©voit la crĂ©ation de commissions d'enquĂȘte ; en dĂ©cembre 2022 les effets de la loi peinent encore Ă  se concrĂ©tiser.

Les disparitions forcĂ©es habitent la mĂ©moire collective libanaise et ont inspirĂ© de nombreuses Ɠuvres artistiques.

Disparitions forcées pendant la guerre

Nombre

L'estimation de 17 415 disparus[2] est celle de l'État libanais au lendemain de la guerre[3] ; elle se fonde sur les requĂȘtes dĂ©posĂ©es par les familles auprĂšs de la police[4]. Toutefois le nombre rĂ©el est probablement infĂ©rieur parce que certains disparus ont fait l'objet de plusieurs requĂȘtes, et en tout Ă©tat de cause il a diminuĂ© depuis 1990 parce qu'une partie des kidnappĂ©s est revenue sans que leur famille ait pensĂ© Ă  annuler le signalement[5].

Selon des ONG, le nombre est, en 2020, de 5 000 Ă  8 000 disparus[6].

Catégories

Les disparitions au Liban peuvent relever de plusieurs cas de figure :

  • Des enlĂšvements par des miliciens, libanais ou palestiniens, ou par des services de renseignements ; la plupart des victimes qui ne sont jamais revenues sont probablement dĂ©cĂ©dĂ©es[7]. Le but des enlĂšvements pouvait ĂȘtre un Ă©change d'otages, ou le paiement d'une rançon[4] ; il y a eu Ă©galement des cas de vengeance, et des exĂ©cutions sommaires[8] 
  • Des enlĂšvements suivis d'un emprisonnement en Syrie ; les victimes pourraient ĂȘtre demeurĂ©es en vie longtemps aprĂšs la disparition[7] - [8] 
  • Des enlĂšvements suivis d'un emprisonnement en IsraĂ«l ; les victimes pourraient ĂȘtre demeurĂ©es en vie longtemps aprĂšs la disparition[7] - [8]
  • Des morts pendant les massacres ou au combat ; les corps n'ont jamais Ă©tĂ© restituĂ©s aux familles et ont probablement Ă©tĂ© enfouis dans des fosses communes[4].

Un exemple célÚbre relayé par la presse internationale est celui de centaines de Palestiniens toujours disparus (fin 2022) aprÚs avoir été raflés par l'armée israélienne lors du massacre de Sabra et Chatila quarante ans plus tÎt[9] - [10] - [11]. Un cas fortement médiatisé en France est celui des otages français, et notamment du sociologue Michel Seurat enlevé par le Jihad islamique au Liban en 1985, mort en captivité en 1986, et dont la dépouille ne sera restituée qu'en 2006[1].

Depuis 1990, des prisonniers ont été libérés des prisons syriennes en 2000 (à la mort de Hafez al-Assad) et surtout en 2005 (lors du retrait de l'armée d'occupation syrienne du Liban). Des échanges de prisonniers et de corps de combattants ont eu lieu entre le Hezbollah et Israël en 2000, 2004, 2008[8].

Déni des autorités aprÚs la guerre

Amnistie de 1991

Une loi d’amnistie est adoptĂ©e le 26 aoĂ»t 1991 ; elle soustrait les responsables des crimes commis durant la guerre Ă  la justice pĂ©nale[2], crimes dont font partie les disparitions forcĂ©es[4]. Cette loi d'amnistie a favorisĂ© l'arrĂȘt des combats, mais elle a permis Ă  d'anciens chefs de milice de poursuivre dans la voie de la politique et de « rĂ©gner » aprĂšs le temps des massacres[12].

L'arrivée au pouvoir des acteurs de la guerre a fait obstacle à l'instauration d'une commission vérité et réconciliation, un des instruments de la justice transitionnelle qui aide à la cicatrisation des blessures dans une société post-conflit[5].

Loi de 1995

En 1995 est adoptĂ©e la « loi 434 » qui autorise les familles Ă  dĂ©clarer le dĂ©cĂšs d'une personne disparue, dans les cas oĂč la disparition date de plus de quatre ans, pour rĂ©gler des questions juridiques telles que les successions[2]. Cette loi traduit le dĂ©sengagement de l'État concernant les questions de mĂ©moire et de rĂ©conciliation ; elle reconduit l'amnĂ©sie officielle associĂ©e Ă  la loi de 1991[2].

EnquĂȘtes de 2000, 2001, 2005

En 1998 le prĂ©sident de la RĂ©publique Elias Hraoui affirme qu'il ne reste plus aucun Libanais dans une prison syrienne ou israĂ©lienne[2] ; en 2000 cependant, des dizaines de prisonniers politiques libanais sont libĂ©rĂ©s des geĂŽles syriennes oĂč ils Ă©taient dĂ©tenus depuis plusieurs annĂ©es[2].

Sous la pression des familles de disparus, des commissions d'enquĂȘte sont instituĂ©es Ă  titre provisoire en 2000, 2001 et 2005. L'enquĂȘte de 2000 conduit le gouvernement Ă  reconnaĂźtre l'existence de fosses communes ; il ne tente pas d'en Ă©tablir la liste exhaustive et dĂ©clare qu'il est impossible d'identifier les corps dans celles qui ont Ă©tĂ© mises au jour[2]. L’ONG Act for Disappeared localise pour sa part 112 sites de charniers (en 2014)[5] - [6].

Conséquences de cette inaction

La mauvaise volonté dont font preuve les responsables politiques en matiÚre de recherche de la vérité produit des effets sur les familles des disparus et sur la société entiÚre.

Pour les proches, les souffrances psychologiques liĂ©es Ă  la perte d'un ĂȘtre cher sont aggravĂ©es dans le cas d'une disparition ; l'incertitude prolonge l'attente et fait obstacle au travail du deuil[12] - [2].

Pour la sociĂ©tĂ© entiĂšre, l'occultation des crimes perpĂ©tue une forme de guerre souterraine, d'autant plus que les anciens criminels ont pris les rĂȘnes du pouvoir[3]. Il est gĂ©nĂ©ralement admis qu'aprĂšs un conflit, la rĂ©conciliation avec le passĂ© et l'apaisement de la souffrance supposent une reconnaissance prĂ©alable des violations du droit commises durant la pĂ©riode antĂ©rieure[3].

Mobilisation sociale contre l'occultation des disparus

Consolidation de la paix

Les activistes de la société civile et du monde artistique mobilisés en faveur du droit à la vérité sur le sort des disparus mettent en avant, au-delà de l'objectif humanitaire, les enjeux citoyens que constituent la consolidation de la paix (peacebuilding), la justice transitionnelle, et la transformation démocratique du Liban[13].

La paix obtenue en 1990 demeure inachevĂ©e, comme le montrent de nombreux Ă©pisodes de violence depuis cette date[6]. La seule initiative tĂ©moignant d'une reconnaissance des victimes civiles de la guerre est le versement, dĂšs 1993, de compensations financiĂšres aux populations dĂ©placĂ©es[6]. Les personnes qui Ɠuvrent pour les disparus soulignent la fragilitĂ© d'une paix obtenue en Ă©change d'un renoncement Ă  l'exigence de justice[14] ; elles prĂ©sentent leur action comme «une dĂ©marche citoyenne et prĂ©ventive»[6]. Leur objectif est de renforcer la cohĂ©sion sociale, restaurer la confiance des Libanais dans l'État[6].

Organisations de familles de disparus

Les familles des disparus de la guerre forment un mouvement de la sociĂ©tĂ© civile non confessionnel et non partisan. Avançant d'abord en ordre dispersĂ©, elles se sont organisĂ©es aprĂšs 2007, date de la mise en place d'un Tribunal spĂ©cial des Nations Unies pour le Liban, en judiciarisant leur combat, en se rĂ©clamant des principes de la justice transitionnelle[6], et en sollicitant l'aide d'ONG de dĂ©fense des droits de l’homme comme International Center for Transitional Justice, Human Rights Watch ou la Croix-Rouge[8]. Une de leurs principales demandes est l'ouverture des fosses communes[8]. Les organisations les plus connues sont le ComitĂ© des familles de disparus au Liban fondĂ© par Wadad Halwani en 1982, le Support of Lebanese in Detention and Exile (SOLIDE) centrĂ© sur les disparus en Syrie, crĂ©Ă© en 1989, et SOLIDA (Soutien aux Libanais dĂ©tenus arbitrairement) actif depuis 1996, devenu le Centre Libanais des Droits Humains[8].

Les femmes jouent un grand rÎle dans cette activité militante[1] - [15] - [16] ; elles organisent réguliÚrement des sit-in dans le centre-ville de Beyrouth ; la figure la plus emblématique est Wadad Halwani, dont le mari a été enlevé sous ses yeux en 1982, et qui se bat depuis plus de 40 ans pour connaßtre la vérité au sujet de cette disparition[12] - [3] - [17].

Le ComitĂ© des familles des disparus et d'autres organisations, donnant Ă  leur action une portĂ©e plus large que celle de la dĂ©fense des disparus, demandent que la date du premier jour de la guerre du Liban, le 13 avril 1975, soit commĂ©morĂ© chaque annĂ©e. Le credo associĂ© au 13 avril est : « Qu'il soit rappelĂ© pour qu'il ne se rĂ©pĂšte pas » (Tinzakkar lamĂątin‘ñd)[6] - [1].

Travail du CICR

Depuis 2012, le ComitĂ© international de la Croix-Rouge travaille Ă  une collecte de donnĂ©es concernant les disparus. Il a enquĂȘtĂ© auprĂšs de 3 000 familles pour Ă©tablir les circonstances de la disparition, pris des renseignements sur la taille, la dentition etc. des personnes concernĂ©es[5]. Il a recueilli des Ă©chantillons de salive des parents des disparus pour en extraire l'ADN et aider Ă  l'identification des corps en prĂ©vision d'une ouverture des fosses communes[5]. Ce travail vise Ă  compenser l'inaction du gouvernement[2].

Expositions

En 2006, le ComitĂ© libanais des familles de disparus commande Ă  l'artiste Nada Sehnaoui une installation qu’elle intitule Waynoun ? (OĂč sont-ils ?) pour commĂ©morer la date du dĂ©but de la guerre, le 13 avril 1975 : 3000 noms et 400 photographies sont collĂ©s sur des ballons gĂ©ants noirs ou blancs, et exposĂ©es dans une ruine de guerre, L'ƒuf, devenu un lieu de mĂ©moire dans le centre-ville de Beyrouth[18]

En 2008, deux installations, Missing (Disparus) et In a sea of oblivion (Dans une mer d’oubli) sont prĂ©sentĂ©es dans L'ƒuf par Umam Documentation & Research, puis dans plusieurs villes libanaises ; « Missing » expose 500 photos de disparus[19].

En 2012, une installation intitulĂ©e 17 000 est crĂ©Ă©e par l'artiste Reine Mahfouz ; une partie de l'Ɠuvre montre des photos de bulldozers qui mettent au jour des fosses communes ; une autre est composĂ©e de vĂȘtements, de chaussettes et d'affaires de disparus, traces de ces personnes qui demeurent par-delĂ  leur absence[18]. L'installation, exposĂ©e dans le bĂątiment du MinistĂšre du Tourisme, est soutenue par l'ONG Act for the Disappeared[18].

Films

En 2000, Jean Chamoun met en scÚne dans Ombre de la ville une femme à la recherche de son mari disparu ; elle rejoint un groupe de femmes revendiquant leur droit de connaßtre la vérité au sujet de l'enlÚvement de leurs proches ; l'histoire s'inspire de celle de Wadad Halwani, fondatrice du Comité des familles de disparus (Wadad Halwani apparaßt dans le film comme une des figures du groupe)[20]. Le film représente une « guerre » qui ne dit pas son nom et se poursuit sous l'apparence de la paix[20].

En 2003, Lamia Joreige, dont l'oncle fait partie des disparus, rĂ©alise un film documentaire intitulĂ© Ici et peut-ĂȘtre ailleurs qui traite de la prĂ©sence des disparus dans la mĂ©moire collective. La rĂ©alisatrice se rend sur la ligne de dĂ©marcation Ă  Beyrouth, thĂ©Ăątre de nombreux enlĂšvements, et y interroge des Libanais sur les disparitions de proches qui les ont affectĂ©s[21]. Le film dĂ©roule aussi une enquĂȘte menĂ©e Ă  partir de la photographie d’un homme disparu en 1986 ; les quatre tĂ©moignages recueillis au sujet de l'enlĂšvement de cet homme, contradictoires, ne permettent pas d'Ă©tablir une vĂ©ritĂ© historique. Lamia Joreige Ă©voque le caractĂšre fragmentaire des archives liĂ©es Ă  la guerre, « la confusion dans laquelle sont plongĂ©s les survivants »[22]. Elle construit une mĂ©moire, puisqu'elle ne dispose des preuves qui permettent d'Ă©crire une histoire[22]. Elle consacre son Ɠuvre aux disparitions non documentĂ©es qui semblent condamnĂ©es Ă  l'oubli[22] - [23].

En 2005, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige rĂ©alisent un film de fiction intitulĂ© A Perfect day oĂč une femme et son fils se rĂ©solvent Ă  dĂ©clarer le dĂ©cĂšs de son mari et pĂšre disparu depuis 10 ans[24], pour obtenir l'attestation qui dĂ©noue une situation juridique complexe. L'Ɠuvre est centrĂ©e sur la relation entre la mĂšre et le fils et les sĂ©quelles psychologiques du deuil gelĂ©[25].

En 2010, Bahi Hojeij met en scÚne dans un film de fiction, Que vienne la pluie, un homme disparu depuis 20 ans, affecté par les traumatismes qu'il a subis durant sa captivité, qui revient.et retrouve son épouse ainsi que ses enfants qui le connaissent à peine[26] - [27].

En 2011, Dalia Khamissy donne la parole à plusieurs familles de disparus dans un documentaire-photos intitulé Open Eye : Lebanon 's Missing, une commande de la BBC[18] - [28].

En 2016, Lokman Slim et Monika Borgmann réalisent un docu-fiction intitulé Palmyre consacré à des détenus politiques libanais en Syrie[2]. Le film présente une alternance de scÚnes dans lesquelles les anciens détenus, rescapés de la prison de Palmyre, témoignent de leurs conditions d'incarcération, face à la caméra, et d'autres scÚnes dans lesquelles ils jouent leur propre rÎle ainsi que celui de leurs geÎliers, dans un décor reconstitué, afin de donner au public une idée de ce qu'ils ont vécu entre 1986 et 2000 dans cette prison[29]. Les scÚnes de « performance collective » évitent de représenter les actes de violence les plus choquants, leur objectif étant plutÎt de suggérer les effets psychiques et physiques de la terreur[29].

En 2016, le film de fiction TombĂ© du ciel de Wissam Charaf met en scĂšne les retrouvailles entre deux frĂšres, l'aĂźnĂ© disparu, qui passait pour mort, et le cadet ; le retour du disparu - probabement un milicien – semble comparable dans le film au « retour du refoulĂ© » qu'une sociĂ©tĂ© a essayĂ© d'Ă©carter[30].

En 2018, Ghassan Halwani, fils du disparu Adnan Halwani et de Wadad Halwani, prĂ©sidente du ComitĂ© des familles de disparus, rĂ©alise un documentaire intitulĂ© Palimpseste, ascension de l’invisible (laurĂ©at en 2018 du prix Ulysse du festival Cinemed de Montpellier) ; le film s'ouvre sur l'affirmation selon laquelle « un crime se dĂ©roule en deux actes. D’abord, l’acte de tuer. Ensuite, celui de se dĂ©barrasser des preuves. » ; l'Ɠuvre Ă©voque Ă©galement les fosses communes Ă  travers le Liban[2].

Loi de 2018

Droit Ă  l'information

En 2018 la « loi 105 » sur les disparus dispose que « les familles ont le droit de connaĂźtre le sort de leurs proches disparus ou sĂ©questrĂ©s de force » durant la guerre[2]. Elle institue une commission d'enquĂȘte qui doit Ă©tablir la liste de toutes les fosses communes dissĂ©minĂ©es Ă  travers le pays et identifier les corps qui y sont enterrĂ©s Ă  l'aide d'une banque de donnĂ©es ADN[2] - [5] - [12]. À la diffĂ©rence des prĂ©cĂ©dentes commissions d'enquĂȘte, celle-ci a « force de loi » ; elle dispose d'un mandat permanent, et non plus provisoire ; elle est constituĂ©e en majoritĂ© de personnalitĂ©s de la sociĂ©tĂ© civile et non plus de militaires[5].

La loi de 2018  permet « pour la premiĂšre fois, selon Le Monde diplomatique, que le rĂ©cit sur la guerre Ă©choie aux victimes, jusqu’ici confinĂ©es au silence et Ă  l’invisibilitĂ© », et qu'il ne soit plus la propriĂ©tĂ© de ceux qui l'ont organisĂ©e[2].

Limites

L’article 37 de la loi a suscitĂ© la controverse parce qu'il risque d'en empĂȘcher l'application ; il dispose que « tout instigateur, perpĂ©trateur ou complice de disparition forcĂ©e doit ĂȘtre puni d’une peine de prison assortie de travaux forcĂ©s de cinq Ă  quinze ans »[2]. Cette clause est de nature Ă  provoquer un blocage de la situation dans un pays oĂč les anciens criminels de guerre sont au pouvoir[2].

De plus les fosses communes sont situĂ©es pour nombre d'entre elles dans des zones dominĂ©es par les anciennes milices qui pourraient faire obstruction Ă  l'enquĂȘte[17].

Lokman Slim, directeur de UMAM, organisation « qui Ɠuvre Ă  l'Ă©dification d'une mĂ©moire collective sur les annĂ©es de guerre », analyse la loi comme un message envoyĂ© par les autoritĂ©s Ă  la communautĂ© internationale, et dont l'objectif est de  « s’acheter une respectabilitĂ© Ă  peu de frais », sans perspective d'application concrĂšte, Ă©tant donnĂ© que les chefs politiques sont personnellement compromis dans les affaires de disparitions forcĂ©es[2] - [17].

En 2019 la commission d'enquĂȘte ne fonctionne toujours pas[31] et en dĂ©cembre 2022 elle est toujours entravĂ©e, notamment par le manque de moyens financiers[32].

Bibliographie

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  • Lynn Maalouf, « Les disparitions forcĂ©es au Liban : l’hĂ©ritage immuable d’une nation », dans MĂ©moires de guerres au Liban (1975-1990), sous la direction de Franck Mermier et Christophe Varin (dir.), Arles, IFPO/Sindbad/Actes Sud, 2010
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  • Yves Mirman, « Se rĂ©concilier « entre victimes » pour tenir la lutte : la coordination transversale des familles de disparus au Liban et de leurs alliĂ©s de la justice transitionnelle », L’AnnĂ©e du Maghreb, 26 | 2021, lire en ligne ; DOI : https://doi.org/10.4000/anneemaghreb.10284
  • Yves Mirman, « La rĂ©miniscence douloureuse de trop ! Se partager les rĂ©cits des familles de disparus au Liban entre journalistes, militants et chercheurs », Annales de gĂ©ographie, 2021/6 (No 742), p. 99-121. DOI : 10.3917/ag.742.0099, lire en ligne
  • Yves Mirman, « Se mobiliser au nom du droit au Liban : la cause des disparus », Les Carnets de l’Ifpo, 13 novembre 2012, lire en ligne
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Références

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  14. «ExtĂ©nuĂ©s par plus de quinze annĂ©es de violence, les Libanais ont consenti Ă  l’équation "paix contre justice" et Ă  celle de "paix contre vĂ©ritĂ©"», Carmen Hassoun Abou JaoudĂ©, « OpportunitĂ©s et dĂ©fis de la justice transitionnelle au Liban : la centralitĂ© de la question des disparus ou Chronique d’une guerre inachevĂ©e », Confluences MĂ©diterranĂ©e, 2020/1 (No 112), p. 207-223, lire en ligne
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Voir aussi

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