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Arthur Staggs

Arthur Staggs, né le à Londres et mort le , fut, pendant la Seconde Guerre mondiale, un agent britannique du service secret britannique Special Operations Executive. Il fut l'opérateur radio du réseau FARMER dirigé par Michael Trotobas « Sylvestre », qui eut à son actif, durant l'année 1943, de nombreux sabotages ferroviaires et industriels dans la région de Lille.

Arthur Staggs
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Biographie
Naissance
Décès
(Ă  100 ans)
Nationalité
Activité
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Distinction

Biographie

Premières années

Arthur Albert George Staggs nait le à Londres. Sa mère meurt quand il a deux ans. Arthur est placé dans un orphelinat, où il passe toute sa petite enfance. Pendant la Première Guerre mondiale, son père s’engage, rejoint le Royal Engineers et combat en France. Son père se remarie avec une Française qui ne parle pas anglais. Arthur passe un an en France dans une école maternelle. Il devient bilingue. Arthur retourne en Angleterre et va à l’école catholique de Grays dans l'Essex.

En 1926, sa famille s'installe à Roubaix. Son père entre comme ingénieur chez Perrott & Perrott, société basée à Bradford. Arthur commence à travailler à l’âge de 13 ans comme apprenti dans la fonderie. Il est ensuite employé dans une usine de textile (triage puis filage des laines). Puis il entre chez McCormick and Deering à Croix dans le Nord, la famille vivant à Wasquehal. Arthur commence comme ouvrier, mais il suit les cours du soir de l’entreprise pendant trois ans, étudiant l’algèbre, le dessin industriel, etc. Il obtient la qualification d’inspecteur qualité pour la forge.

C’est l’époque de la dépression et le gouvernement français introduit une nouvelle loi pour réduire le travail des étrangers de 35 %. Le permis de travail d’Arthur est supprimé par les Autorités. Comme le père d’Arthur connaît le directeur de Perrott & Perrott et que ce dernier suit avec intérêt l’avancement d’Arthur, celui-ci peut continuer à travailler en France. La société doit avoir un interprète à plein temps, ce qui donne à Arthur une bonne expérience.

PĂ©riode de la guerre (1939-1945)

En , dès la première semaine de la guerre, Arthur prend contact avec le Consul britannique à Lille et retourne auprès de sa grand-mère à Grays. Les journaux du dimanche passent une petite annonce pour des emplois de linguistes. Arthur postule et passe un entretien à Ash Vale, Aldershot, avec Lord Northesk. Il réussit l’oral et l’écrit. Une semaine plus tard, il passe un examen médical, puis il va à la caserne Mychett à Aldershot.

Arthur s’engage dans le corps de la police militaire No. 7687530 comme Field Security Ă  Sheerness dans le Kent. LĂ , Arthur est chargĂ© de mener les entretiens avec les 300 soldats français Ă©vacuĂ©s par les Britanniques de Dunkerque en . Le but est d’identifier des membres de la cinquième colonne. Il en trouve cinq ou six. Il est ensuite dĂ©placĂ© vers le Intelligence Corps Ă  Winchester, oĂą il a la responsabilitĂ© des rĂ©serves. Il a des entretiens avec le MI 5 et le MI 6 et on l’envoie au Pembroke College Ă  Oxford oĂą on l’appelle de nombreuses fois pour des vĂ©rifications concernant des routes françaises, des villes, etc. Un jour qu’il donne davantage de renseignements, on lui dit de faire rapport au Ministère de la guerre Ă  Whitehall.

En 1942, Arthur est interviewé en français par l’officier recruteur, Major Maurice Gielgud (frère de John, l'acteur). On constate qu'Arthur parle couramment le français et même le patois local. Il a également d’excellents contacts datant de sa vie avant guerre dans la région de Roubaix. Lorsqu’on lui demande s’il accepte d’être volontaire pour un service risqué en France occupée, il répond : « Je ne me suis pas engagé dans l’armée pour être responsable de réserves ! ». Arthur suit l'entraînement spécial[1].

Le , le jour de son 30e anniversaire, il rencontre son futur chef de réseau Michael Trotobas « Sylvestre » et embarque de nuit à Tempsford dans le bombardier Whisley, avec Trotobas et Gustave (dit « Guy ») Biéler. Il est l'opérateur radio du réseau FARMER, avec pour nom de guerre « Guy » et pour identité de couverture Albert Foulon, dit Bébert.

Dans la nuit du , il est parachuté blind du côté de Montargis. Il est accueilli dans une "Maison sûre" à Passy à Paris, arrangée par MONKEYPUZZLE. Arthur constate que sa radio est défectueuse. Il va consulter un technicien qualifié qu’il avait connu à Saint-Erme.

En , il se déplace en train Lille-Saint-Erme[2]. Le technicien lui apprend que l’un des composants est mal monté.

En 1943, le SOE lui fournit un nouveau poste, qu’Arthur doit récupérer à Tours. Son voyage Lille-Paris-Tours (et retour avec le poste de radio) est risqué. Il peut commencer à émettre[3]. Il développe le réseau FARMER avec de nombreux sabotages de lignes de chemin de fer, d'écluses, de tracteurs de barges, etc. Le , Michael Trotobas est tué au moment d’être arrêté dans une maison sûre, à la suite d’une trahison. En décembre. Arthur est arrêté[4].

Le , après deux mois de confinement et d’interrogatoires intensifs, il est relâché, par manque de preuves tangibles[5].

De février à , Arthur perd contact avec le SOE. On le connaît comme Capitaine Bébert responsable des FFI à Aire-sur-la-Lys. Il fait son possible pour les organiser sur une courte période, dans une grande région allant de Dunkerque, Calais, Boulogne-sur-Mer jusqu’à Béthune. Il prend une part active dans le travail des résistants locaux, comme des raids sur les sites de lancement de V1 dans la région de la Lys. Les hommes d’Arthur mettent du sable dans les réservoirs, tordent les ailerons, mettent de l’acide sur les connexions. Il manque d’être tué lors d’un raid américain de Marauders. Après le débarquement en Normandie, les FFI essaient d’empêcher les Allemands de faire sauter les ponts, pour faciliter l’avance des Alliés vers les Pays-Bas. Arthur perd trois FFI qui essayent d’enlever des mines placées sur les ponts des canaux. Après le départ des Allemands, le Commissaire de Police avertit Arthur qu’il est menacé d’exécution et lui donne un pistolet et des munitions. Cela le contraint à partir.

En au cours de la Libération, Arthur va à Paris et rencontre quelques collègues du SOE à l’hôtel Cecil. Les premiers mots de Vera Atkins à Arthur sont : « Nous pensions que vous étiez mort » (hypothèse réaliste si on se souvient qu’il a été arrêté par la police allemande neuf mois auparavant). Arthur est escorté, pour son retour en Angleterre, par un Major Hamilton.

Après guerre

En 1945, Arthur s’installe à Aire-sur-la-Lys. Il épouse Elizabeth Wickson.

Sa fille Anne nait en 1946. Arthur retourne à Grays dans l'Essex. Il commence à travailler à l’International Harvester Company, City Road, Londres. Mais il est contraint de cesser de travailler en raison de son épuisement nerveux. Il voit un psychologue et un psychiatre. On lui prescrit de prendre un travail léger au grand air. Ses problèmes de santé continuent pendant sept ans.

En 1961, Arthur et sa famille sont invités à Roubaix pour rendre visite à son père et ses à amis de Croix-Wasquehal. Les habitants et les notables locaux donnent une réception en son honneur. Lors d’une cérémonie de remise de médaille, il est fait citoyen d’honneur de Roubaix. Jusqu’à sa mort, Arthur garde la contact avec ses amis de Lille et du Pas-de-Calais, y compris la veuve de son ami Claude Bagein qui est mort de cause naturelle six mois après la fin de la guerre.

Il meurt en 2013 dans sa 101e année.

Reconnaissance

  • Distinction : LĂ©gion d’honneur ().
  • Citoyen de Lille (1998).
  • Citoyen d’honneur de Thame (2010).

Famille

  • Son père : Anglais, batelier sur la Tamise.
  • Sa mère : Anglaise.

Identités

  • Nom de naissance : Arthur Albert George Staggs
  • Comme agent du SOE, section F :
    • nom de guerre : « Guy Â»
    • Nom de code opĂ©rationnel (pour la RAF) : BAKER (en français BOULANGER)

Sources et liens externes

  • Photographie d'Arthur Staggs sur le site Special Forces Roll of Honour
  • (en) users.nlc.net.au
  • (en) www.little-big-man.com
  • Michael R. D. Foot et Jean-Louis CrĂ©mieux-Brilhac (annotations) (trad. de l'anglais par Rachel Bouyssou), Des Anglais dans la RĂ©sistance : Le Service Secret Britannique d'Action (SOE) en France 1940-1944 [« SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944 »], Paris, Tallandier, , 799 p. (ISBN 978-2-84734-329-8, BNF 41218078)
    Ce livre présente la version officielle britannique de l’histoire du SOE en France. Une référence essentielle. L'ouvrage en anglais est paru en 1966, a été réédité en 1968 avec des corrections et a eu une nouvelle édition remaniée en 2004 chez Routledge (ISBN 978-0-7146-5528-4)
  • Libre RĂ©sistance, bulletin d’information et de liaison — Anciens des RĂ©seaux de la Section F du SOE (Special Operations Execcutive) — RĂ©seaux Buckmaster, numĂ©ro 37, 1er trimestre 2014.

Notes

  1. Séquence de l'entraînement spécial :
    • EntraĂ®nement initial Ă  Wanborough Manor (4 semaines)
    • Saut en parachute Ă  Ringway, Manchester (2 semaines)
    • EntraĂ®nement Commando et code Morse Ă  Inverailort House, Arisaig (6 semaines)
    • EntraĂ®nement radio Ă  Thame Park Radio School (12 semaines). L’entraĂ®nement radio inclut de faire des transmissions depuis North Berwick en Écosse, ce qui implique trois pĂ©riodes d’essai de deux semaines pour garantir l’exactitude du travail.
  2. Récit d'épisodes du déplacement de Lille à Saint-Erme : Deux douaniers fouillent le train et n’acceptent pas l’explication d’Arthur selon laquelle son équipement serait un appareil de synchronisation du son pour les films parlants. Après une réflexion rapide, Arthur propose un pot de vin de mille francs à chacun et, leur montrant son pistolet, menace de les tuer au cas où il serait suivi. Ils acceptent et Arthur quitte le train en toute sécurité à la station suivante… À l'arrivée à la gare de Laon, il constate qu'il dispose de beaucoup de temps avant le prochain car pour Saint-Erme. Il dépose son équipement radio à la consigne, en posant par-dessus des fioles médicales en verre et en attirant l'attention sur leur fragilité. Quand il revient plus tard, personne n'y a touché !… Peu après, en attendant son bus sur le quai, un officier allemand engage la conversation avec lui. Arthur reste avec l’officier pendant le voyage, pensant que si le bus devait être fouillé, cela le protégerait contre la curiosité des Feldgendarmes… Arrivé à destination à Saint-Erme chez la personne qu'il devait rencontrer, il fait le récit de ses aventures de la journée, qui expliquent son retard, mais son hôte a du mal à le croire. Mais lorsque le technicien radio arrive, il confirme les dires d'Arthur car il avait assisté à la scène dans le train.
  3. Les messages sont codés.
    • Voici un poème qu'il utilise pour coder les messages :
    For You Alone / However busy I may be / Whenever we’re apart / There’s still a shine of memory / Deep down within my heart / Where I preserve your image dear / Forever to remain / And thoughts of you bring constant cheer / Until we meet again.
    • Traduction française :
    Pour toi seule / Aussi occupé que je sois / Quand nous sommes séparés / Il y a toujours un rayon de souvenir / Tout au fond de mon cœur / Où je préserve ta chère image / Pour qu’elle reste toujours / Et penser à toi m’est toujours un réconfort / Jusqu’à ce que nous nous revoyions.
  4. Récit de l'arrestation. Une nuit, Arthur est chez Claude (125 Boulevard de Metz, Roubaix) attendant le retour d’un groupe de résistants qui sont allés rafler à la mairie des coupons de rationnement. On frappe à la porte. Comme d’habitude, il se cache dans le cellier. C’est la police allemande, équipée de mitraillettes. Arthur réalise vite que les Allemands vont fouiller la maison. En prenant l'air innocent, il prétend être allé chercher du fromage et du vin. Malgré cela, Arthur et Claude sont arrêtés. Arthur gardera les côtes déformées pour avoir reçu des coups de crosse qui les lui ont cassées au moment de l’arrestation. Le souci immédiat d’Arthur est qu’il y a un compas de l’armée britannique dans la maison, mais heureusement les Allemands ne le trouvent pas. En plus, dans sa cellule, la première nuit, Arthur réalise qu’il a sur lui des photographies d’amis qui pourraient être compromettantes. Arthur les déchire en petits morceaux et les mange.
  5. Récit de sa libération. Sa méticulosité et son histoire montée de toutes pièces sont très sûres et ont payé. Le jour de sa libération, Arthur demande à un officier de la police allemande la raison de son arrestation et de sa captivité. La réponse lui est donnée en riant : « Nous pensions que vous étiez un parachutiste anglais ! ». Arthur aurait bien aimé retrouver l’officier après la guerre pour lui dire qu’il avait raison. Claude aussi est relâché. Arthur a d’abord pensé que la police allemande avait agi grâce à un tuyau et que c’était la même équipe qui avait arrêté Trotobas. Mais il découvrit par la suite que c’était deux équipes différentes. Selon lui, si les deux équipes avaient seulement comparé leurs notes, il n’aurait pas survécu.
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