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ArrĂȘt maladie

Un arrĂȘt maladie ou arrĂȘt de travail pour maladie, parfois intitulĂ© « congĂ© maladie », permet une indemnisation couvrant la pĂ©riode pendant laquelle un employĂ© interrompt son travail pour cause de maladie. C'est lors d'une consultation chez un mĂ©decin que celui-ci lui remet un avis d'arrĂȘt de travail que l'assurĂ© doit complĂ©ter et transmettre dans certains dĂ©lais Ă  la SĂ©curitĂ© sociale et Ă  son employeur.

En France

Histoire

En France, dÚs 1928, la loi prévoit pour l'assuré malade, d'aprÚs attestation médicale, le droit, dÚs le sixiÚme jour, à une indemnité par jour ouvrable d'un demi-salaire quotidien, jusqu'à la guérison ou la consolidation de la blessure pour un maximum de six mois[1].

L'article 7 du décret-loi du modifie cette loi[2]. Elle garantit toujours à l'assuré malade le droit dÚs le sixiÚme jour à une indemnité. Elle précise que l'indemnité est due par jour ouvrable. Cette indemnité est alors de trois à dix-huit francs. L'indemnité est dorénavant due dÚs le quatriÚme jour, si l'assuré a au moins trois enfants à sa charge[3].

Procédure

En cas d'arrĂȘt maladie, les salariĂ©s du secteur privĂ© et les fonctionnaires doivent transmettre dans les 48 heures un certificat mĂ©dical.

Les fonctionnaires (stagiaires ou titulaires) en congĂ© de maladie ordinaire (CMO, moins d'un an) conservent l'intĂ©gralitĂ© de leur traitement indiciaire pendant trois mois, et la moitiĂ© pendant les neuf mois suivants. Le supplĂ©ment familial de traitement (SFT) et l'indemnitĂ© de rĂ©sidence continuent Ă  ĂȘtre versĂ©s intĂ©gralement.

Dans la fonction publique d'État, les primes et indemnitĂ©s sont versĂ©es, pour l'essentiel, dans la mĂȘme proportion que le traitement indiciaire. Dans la fonction publique territoriale, les conditions de suspension ou de maintien des primes sont dĂ©finies par dĂ©libĂ©ration de la collectivitĂ© territoriale. Dans la fonction publique hospitaliĂšre, il n'existe pas de rĂšgles sur ce point.

En cas d'accident de travail ou de maladie professionnelle imputés au service, le fonctionnaire perçoit également l'intégralité de son traitement, jusqu'à la reprise du travail ou son départ à la retraite.

Volumes

Pour la fonction publique d'État, le nombre de jours d'arrĂȘt maladie est de treize jours par an en moyenne par agent (2003). Les chiffres varient de six au ministĂšre de la jeunesse et des sports, dix-neuf dans la police nationale, et vingt-trois au ministĂšre de l'outre-mer. Dans la fonction publique hospitaliĂšre, le nombre moyen de jours d'arrĂȘts par agent est de 14,2 jours en 2008. Dans la fonction publique territoriale, c'est dix-huit jours par an et par agent[4].

Dans le secteur privĂ©, l'assurance maladie ne compte que les jours indemnisĂ©s, aprĂšs les trois jours de carence. Deux cent trois millions de jours ont Ă©tĂ© indemnisĂ©s en 2010, soit une moyenne de dix jours indemnisĂ©s par salariĂ©, ou treize jours par salariĂ©s en 2010, en comptant les trois jours de carence non indemnisĂ©s (sans compter les arrĂȘts de moins de trois jours)[4].

Évolution

En 2011, les indemnitĂ©s journaliĂšres maladie reprĂ©sentent 6,6 milliards d'euros de dĂ©penses par an.

Elles progressent (par exemple de + 3,9 % en 2010, + 5,1 % en 2009[5]), et de 2014 Ă  2017 les indemnitĂ©s pour arrĂȘts de travail croissent de 4 Ă  5 % par an (environ deux fois plus vite que la hausse moyenne des dĂ©penses de soins, ce qui s'explique par plusieurs raisons :

  • la population augmente ;
  • Avec la fin du baby boom, la population gĂ©nĂ©rale vieillit, et la population active vieillit Ă©galement (en raison du recul de l'Ăąge du dĂ©part Ă  la retraite. la durĂ©e moyenne des arrĂȘts s’accroĂźt statistiquement avec l’ñge ce qui implique des dĂ©penses plus Ă©levĂ©es (Vers 2015, 41 % des arrĂȘts maladie indemnisĂ©s en France concernent ainsi des bĂ©nĂ©ficiaires de plus de 50 ans) ;
  • les dĂ©penses de santĂ© progressent globalement (4 Ă  5 milliards d’euros/an supplĂ©mentaires dans les annĂ©es 2010) ;
  • les pĂ©riodes de reprise Ă©conomique, s'accompagnent d'une augmentation du nombre de personnes en emploi, ce qui entraine mĂ©caniquement une hausse du nombre potentiel d'arrĂȘts de travail ;
  • dans certains pays l'espĂ©rance de vie en bonne santĂ© semble diminuer. En France, en 2018 alors que le gouvernement veut faciliter les temps partiels thĂ©rapeutiques pour freiner la croissance du nombre d'arrĂȘts maladie, Nicolas Revel (qui dirige l’Assurance maladie) demande aux employeurs de mieux prĂ©venir les pathologies professionnelles[6].

Dans le secteur privé (salariés)

Dans le secteur privĂ©, la sĂ©curitĂ© sociale paye une indemnitĂ© dĂšs le quatriĂšme jour. Cette indemnitĂ© couvre une partie du traitement; elle peut ĂȘtre complĂ©tĂ©e par l'employeur, en fonction notamment du minimum de la lĂ©gislation et de la convention collective applicable. L'employeur est libre de choisir d'assurer le maintien du salaire ou de ne payer que le minimum rĂ©glementaire. En cas de maintien du salaire, l'employeur dĂ©duit du salaire ce que la sĂ©curitĂ© sociale verse Ă  l'assurĂ©, sauf si les indemnitĂ©s de la sĂ©curitĂ© sociale sont versĂ©es Ă  l'employeur (subrogation).

Jours de carence

Jusqu'en 2011, les salariés malades du secteur privé recevaient des indemnités journaliÚres versées par la Sécurité sociale (France) aprÚs un délai de carence de trois jours.

Lorsque le salariĂ© a un an d'anciennetĂ©, l'employeur a l'obligation[7] de verser des indemnitĂ©s complĂ©mentaires Ă  l'indemnitĂ© journaliĂšre de sĂ©curitĂ© sociale. Ces indemnitĂ©s complĂ©mentaires peuvent ĂȘtre assujetties Ă  une pĂ©riode de carence de sept jours. Ces indemnitĂ©s complĂ©mentaires sont versĂ©es en fonction de l'anciennetĂ© du contrat de travail.

Les indemnités sont souvent compensées par l'employeur dans les grandes entreprises.

Au contraire, les fonctionnaires Ă©taient indemnisĂ©s par leur employeur dĂšs le premier jour d'arrĂȘt ; l'instauration d'un jour de carence, votĂ©e par les dĂ©putĂ©s le 16 novembre 2011 et appliquĂ©e depuis le 1er janvier 2012, a dĂ©calĂ© cette indemnisation d'un jour.

Le dĂ©lai de carence ne s'applique pas dans le cas d'un arrĂȘt pour accident du travail ou maladie professionnelle, ni dans le cas d'un congĂ© maternitĂ©, d'un congĂ© paternitĂ© ou d'un congĂ© d'adoption.

Le jour de carence pour les fonctionnaires est abrogé par le gouvernement Ayrault, abrogation effective à partir du 1er janvier 2014[8]. Début juillet 2017, Gérald Darmanin, ministre de l'Action et des Comptes publics, a annoncé l'intention du gouvernement de rétablir le jour de carence dans la fonction publique en 2018[9].

Taux d'indemnisation

Au-delĂ  du huitiĂšme jour d'arrĂȘt, l'employeur doit complĂ©ter l'indemnitĂ© de base pour les salariĂ©s qui ont plus d'un an d'anciennetĂ©, afin que l'indemnitĂ© totale atteigne au moins 90 % de leur salaire brut. Il s'ajoute ainsi un complĂ©ment versĂ© par l'employeur, en particulier si le salariĂ© bĂ©nĂ©ficie d'une annĂ©e d'anciennetĂ©. Il reçoit alors 90 % puis 66 % de son salaire brut (y compris les indemnitĂ©s journaliĂšres). Cette proportion varie selon son anciennetĂ©, par exemple 90 % pendant les 30 premiers jours si l'anciennetĂ© est de 1 Ă  5 ans, 40 jours si elle est d'au moins 6 ans, 50 jours si elle est d'au moins 11 ans, etc. Les conventions collectives ou accords collectifs de branche peuvent prĂ©voir une indemnisation plus avantageuse[5].

Conventions collectives

Le paiement de ces arrĂȘts maladies est Ă©galement rĂ©gi par les conventions collectives.

Ainsi, la convention syntec prévoit[10] pour les collaboratrices anciennes de plus d'un an dans l'entreprise le maintien intégral de leurs appointements mensuels pendant la durée du congé légal de maternité sous déduction des indemnités versées par la sécurité sociale et les régimes de prévoyance.

De mĂȘme, la convention syntec prĂ©voit[11] le maintien des appointements ou de la rĂ©munĂ©ration.

Dans d'autres conventions collectives, comme la convention collective nationale de la coiffure et des professions connexes, le paiement d'indemnités compensatrices est laissé à la libre initiative de l'employeur.

LĂ©gislations locales

Le code civil local d'Alsace-Moselle prévoit dans son article 616[12], pour un salarié de droit privé dont le lieu de travail est l'Alsace et la Moselle, le maintien du salaire, pour une absence « d'une durée relativement sans importance », dÚs le premier jour[13], déduction faite des indemnités de sécurité sociale.

Dans le secteur public (fonctions publiques)

Dans la fonction publique, les agents perçoivent l'intĂ©gralitĂ© de leur salaire en cas d'arrĂȘt maladie, dĂšs le premier jour d'arrĂȘt, pendant trois mois. L'État prend en charge l'intĂ©gralitĂ© du traitement les trois premiers mois, mis Ă  part certaines primes liĂ©es Ă  l'activitĂ© qui restent marginales dans l'Ă©ducation nationale, mais peuvent reprĂ©senter bien plus dans d'autres corps. L'instauration d'un jour de carence, votĂ©e par les dĂ©putĂ©s le 16 novembre 2011, fait toutefois perdre un jour de traitement.

Plafond d'indemnisation

Le plafond d'indemnisation est situĂ© Ă  48,40 euros par jour (soit 50 % de 2,15 smic) en 2011. Il devrait ĂȘtre abaissĂ© Ă  40,40 euros par jour, soit 50 % de 1,8 smic en 2012. Tous les salariĂ©s rĂ©munĂ©rĂ©s au-delĂ  de 2 500 euros bruts seront concernĂ©s, sauf lorsque leur employeur compense la baisse de salaire lors de leur arrĂȘt maladie. Cette baisse du plafond d'indemnisation doit rapporter 150 millions d'euros au rĂ©gime d'assurance-maladie, nĂ©cessaires pour tenir l'objectif gouvernemental de 2,5 % d'augmentation des dĂ©penses de santĂ© en 2012[14].

RĂ©formes de 2012 et 2018

En novembre 2011, il a Ă©tĂ© suggĂ©rĂ© l'idĂ©e d'appliquer un quatriĂšme jour de carence aux salariĂ©s du secteur privĂ© en arrĂȘt maladie. Le gouvernement Fillon attend ainsi faire une Ă©conomie de 200 millions d'euros pour la SĂ©curitĂ© sociale. Il a instituĂ© un jour de carence dans les trois fonctions publiques au ; il a justifiĂ© ce jour de carence par souci d'Ă©quitĂ© privĂ©-public[5].

Si l'instauration d'une quatriĂšme journĂ©e de carence dans le secteur privĂ© est une mesure rĂ©glementaire, l'instauration d'une premiĂšre journĂ©e de carence pour les fonctionnaires nĂ©cessite une modification lĂ©gislative inscrite dans la Loi. Les dĂ©putĂ©s ont votĂ© cette mesure dans la nuit du mardi 15 novembre 2011 au mercredi 16, dans le cadre de l'examen du budget 2012. Cette mesure reprĂ©sente une Ă©conomie de 120 millions d'euros et fait partie des mesures devant rapporter 500 millions d'euros d'Ă©conomies supplĂ©mentaires dans les dĂ©penses de l'État en 2012. L'amendement du gouvernement s'applique aux « fonctionnaires, militaires et Ă  l'ensemble des agents non titulaires de droit public Â», selon le texte. Il a Ă©tĂ© votĂ© par 51 voix contre 16[15].

Le jour de carence dans la fonction publique a Ă©tĂ© supprimĂ© le , sur proposition de Marylise Lebranchu, ministre de la fonction publique de l’époque, avait jugĂ© cette mesure « injuste, inutile et inefficace[16] », mais le ministre de l’action et des comptes publics GĂ©rald Darmanin du gouvernement Philippe nommĂ© par Emmanuel Macron annonce le 6 juillet 2017 son rĂ©tablissement pour janvier 2018 « conformĂ©ment Ă  l’engagement du prĂ©sident de la RĂ©publique [16]. ». Ce jour de carence devient effectif par la loi de finances du 30 dĂ©cembre 2017.

Notes et références

  1. Loi du 5 avril 1928 sur les assurances sociales, Fédérations nationale de la mutualité et de la coopération agricole (Paris), (BNF 33970371, lire en ligne).
  2. « Si l'assuré malade ne peut, d'aprÚs attestation médicale, continuer ou reprendre le travail, il a droit, dÚs le sixiÚme jour qui suit le début de la maladie ou l'accident et jusqu'à la guérison ou la consolidation de la blessure, et au maximum jusqu'à l'expiration des six mois prévus à l'article 6 à une indemnité par jour ouvrable. ».
  3. Comité central des assurances sociales, Le nouveau régime des assurances sociales / Comité central des assurances sociales, Lille et Paris, impr. Martin-Mamy, Crouan et Roques, 1935-1936 (présentation en ligne, lire en ligne), Article 7 de l'ordonnance liée au régime des professions non agricoles.
  4. Jean-Baptiste Chastand et BĂ©atrice JĂ©rĂŽme, « ArrĂȘt maladie : quelles sont les diffĂ©rences entre public et privĂ© ? Â», Le Monde, .
  5. « Le gouvernement ajoute un jour de carence pour les arrĂȘts de maladie Â» Le Monde, 15 novembre 2011
  6. Laurent Fargues (2018) Assurance maladie: la hausse des arrĂȘts maladie est prĂ©occupante, selon Nicolas Revel", article du journal Challenges, publiĂ© le 26.10.2018
  7. Code du travail
  8. Dominique Albertini, « Les fonctionnaires de nouveau indemnisĂ©s dĂšs leur premier jour d'absence », LibĂ©ration,‎ (lire en ligne)
  9. Le Canard enchaßné, 12 juillet 2017, p. 2.
  10. Article 44 de la Convention collective Syntec (IDCC 1486)
  11. Article 41 de la Convention collective Syntec (IDCC 1486)
  12. Note : cet article existe Ă©galement encore aujourd'hui dans le code allemand concernant les indemnitĂ©s pour arrĂȘt maladie ; la version actuelle allemande est Ă©galement disponible en anglais
  13. http://www.strasbourg.cci.fr/juridique/notes/pdf/absence_garantie_ressources_616.pdf
  14. « ArrĂȘts maladie : la majoritĂ© s'entend pour baisser le plafond d'indemnisation Â» Le Monde, 29 novembre 2011
  15. « ArrĂȘt maladie des fonctionnaires: l'AssemblĂ©e vote la journĂ©e de carence Â» Le Monde, 16 novembre 2011
  16. « Le jour de carence pour les fonctionnaires en arrĂȘt maladie va ĂȘtre rĂ©tabli », lemonde.fr, (consultĂ© le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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