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Architecture coréenne

Cet article sur l'architecture coréenne décrit les bùtiments construits en Corée depuis la préhistoire jusqu'à nos jours.

Introduction Ă  l'architecture ancienne

D’un point de vue technique, une construction corĂ©enne classique (comme le temple Bulguksa) s’élĂšve, habituellement, Ă  partir de fondations en partie enterrĂ©es, en pierre, vers une toiture courbe couverte de tuiles. Celles-ci sont supportĂ©es par une charpente en console, elle-mĂȘme soutenue par des poteaux. Les murs sont en terre (adobe) ou parfois composĂ©s en totalitĂ© par des portes en bois mobiles. Le k’an, distance entre deux poteaux (environ 3,7 mĂštres), est l’unitĂ© qui gĂ©nĂšre toute l’architecture traditionnelle qui est dessinĂ©e de maniĂšre qu’il y ait toujours un espace transitoire entre le dedans et le dehors. La console ou la structure en potence est un Ă©lĂ©ment architectonique corĂ©en spĂ©cifique qui a subi de nombreuses modifications au travers du temps. Si un systĂšme simplifiĂ© Ă©tait dĂ©jĂ  utilisĂ© dans le royaume de KoguryƏ, comme au palais de Pyongyang par exemple, une version courbe, avec des potences placĂ©es uniquement sur les tĂȘtes des colonnes du bĂątiment, fut Ă©laborĂ©e sous la dynastie Goryeo (918-1392). Le hall Amita du temple Pusok Ă  Yeongju est un bon exemple. Plus tard (du milieu de l’ùre KoguryƏ jusqu’au dĂ©but de la pĂ©riode Joseon), un systĂšme Ă  potences multiples fut dĂ©veloppĂ© sous l’influence mongole de la dynastie Yuan (1279-1368). Dans ce systĂšme, les consoles reposent Ă©galement sur les poutres transversales. La porte Namdaemun Ă  SĂ©oul est avant tout le premier trĂ©sor national corĂ©en, mais c’est aussi sĂ»rement l’exemple le plus symbolique de ce type de structure. Au milieu de la pĂ©riode Joseon, la potence en forme d’aile fait son apparition. Le hall Yongnyongjon du Chongmyo (sanctuaire ancestral) Ă  SĂ©oul en est un exemple.

Architecture historique

Antiquité

Reconstitution de huttes datant du NĂ©olithique Ă  Amsa-dong, Gangdong-gu, SĂ©oul

Au PalĂ©olithique, les premiers habitants de la pĂ©ninsule corĂ©enne utilisaient des cavernes, des abris sous roche et des abris portatifs. Les restes d'un abri portatif datant de 30 000 av. J.-C. ont Ă©tĂ© dĂ©gagĂ©s sur le site de Seokjangni[1] dans la province de Chungcheong. Les premiers exemples de maisons semi-souterraines datent de la pĂ©riode Jeulmun. Les maisons creusĂ©es ont trĂšs tĂŽt Ă©tĂ© Ă©quipĂ©es par des installations de base : foyers, citernes de stockage ainsi que des espaces de travail et de repos.

Vers 1500 av. J.-C., avec le développement de l'agriculture, les premiers villages coréens se forment. Ils sont constitués d'une vingtaine de huttes. Les huttes néolithiques étaient en fait des fosses avec un toit en branchage et en peaux. Ce toit est parfois soutenu par des colonnes. Le foyer se trouve au centre.

Au cours de la période Mumun, les constructions étaient des logements creusés avec des murs en torchis et des toits couverts de chaume.

Tombe d’un chef militaire de KoguryƏ à Jian, Chine.

Les mégalithes, ou dolmens, sont les sépultures des personnes importantes et prestigieuses de la période Mumun (1500-300 av. J.-C.). Ils ont été trouvés en grand nombre, accompagnés de cistes en pierre. Les mégalithes sont les exemples principaux d'architecture mortuaire pour la période Mumun. Il existe trois types de mégalithes :

  • le type mĂ©ridional, qui est bas et souvent composĂ© d’une simple dalle supportĂ©e par deux pierres
  • le type nordique, qui est plus grand et ressemble plus Ă  une table
  • le type Ă  pierre sommitale, qui a une pierre de couronnement sans les pierres de soutien

La distribution des dolmens impliquerait quelque relation aux autres cultures mĂ©galithiques mondiales. L'architecture mortuaire des Trois royaumes Ă©tait monumentale. Par exemple, dans le royaume de KoguryƏ, deux types diffĂ©rents d'architecture mortuaire ont Ă©voluĂ© au cours de cette pĂ©riode : des pyramides en pierre renforcĂ©es et de grands monticules en terre. Le tumulus mortuaire de Cheonmachong est un exemple monumental de l'architecture mortuaire dans la capitale antique du royaume de Silla, Gyeongju.

PĂ©riode proto-Trois-Royaumes (du Ier – IIe siĂšcle av. J.-C. au IIIe – IVe siĂšcle)

Des traces archĂ©ologiques d'un ancĂȘtre de l'ondol, le systĂšme de chauffage corĂ©en par le plancher, ont Ă©tĂ© trouvĂ©es dans des Ă©lĂ©ments architecturaux datant du dĂ©but de la pĂ©riode Protohistorique. On commence, en effet, Ă  trouver des habitations de pierre avec un chauffage par le sol, ancĂȘtre de l’ondol.

En 108 av. J.-C., quatre commanderies chinoises sont Ă©tablies afin de partager le territoire de CorĂ©e. Les bĂątiments officiels de cette pĂ©riode sont construits en bois, en briques et sont couverts de tuiles selon le savoir-faire chinois. L’architecture corĂ©enne est alors fortement influencĂ©e par l'architecture chinoise.

PĂ©riode des Trois royaumes (IIIe – IVe siĂšcle Ă  668)

Mireuksa. Pagode occidentale, datée 639, à l'origine 9 niveaux Construction copiée sur l'architecture de bois[2]. Iksan. Royaume de Baekje

Durant la période des Trois Royaumes de Corée, certains vivaient dans des maisons semi-souterraines tandis que d'autres vivaient dans des bùtiments surélevés.

KoguryƏ, le plus grand des Trois royaumes de CorĂ©e, est rĂ©putĂ© pour ses forteresses montagnardes construites horizontalement et verticalement le long de la pente des versants. Une des forteresses bien prĂ©servĂ©es est celle de Baekam, construite avant le VIe siĂšcle dans le sud-ouest actuel de la Mandchourie. Une restitution du fort de Kuui-dong, sur la rive nord du fleuve Han, se prĂ©sente comme une bĂątisse de pierre sur plan circulaire Ă©levĂ©e sur un fort soubassement circulaire lui aussi. Au cours de cette pĂ©riode la structure architecturale des tombes a subi de trĂšs nettes Ă©volutions[3].

Le royaume de Paekche fut fondĂ© au dĂ©but de notre Ăšre et son territoire incluait la cĂŽte occidentale de la pĂ©ninsule corĂ©enne. AprĂšs la chute de Nangnang, Baekje a Ă©tabli des relations avec la Chine et le Japon. De grands temples ont Ă©tĂ© construits au cours de cette pĂ©riode. La premiĂšre pagode en pierre du temple de Mireuksa dans le district d’Iksan possĂšde un intĂ©rĂȘt particulier, car il montre la transition du bois Ă  la pierre. Le royaume de Paekche a assimilĂ© des influences diverses et revendique son hĂ©ritage du modĂšle chinois. Des Ă©lĂ©ments postĂ©rieurs, mais non moins importants du modĂšle architectural de Baekje ont Ă©tĂ© adoptĂ©s par le Japon, comme en tĂ©moignerait le temple du Horyu-ji Ă  Nara[4].

Silla fut le dernier des trois royaumes Ă  se constituer en royaume indĂ©pendant. Des temples bouddhistes furent construits sur le territoire de Silla. Un des exemples bien connus de l'architecture de Silla est Cheomseongdae, le premier observatoire astronomique en pierre d’Asie. Il a Ă©tĂ© construit pendant le rĂšgne de la reine Seondeok (632-647). Cette construction est connue pour sa forme unique et Ă©lĂ©gante, mais sa fonction reste une Ă©nigme. Cet Ă©tonnant observatoire astronomique de Cheomseongdae (ou ce qu'il en reste), prĂšs de la capitale, Gyeongju, est construit avec 362 pierres, pour les 362 jours de l'annĂ©e lunaire. Le style de construction est similaire Ă  celui du temple bouddhiste de Bunhwangsa. La fenĂȘtre, encore en place, est orientĂ©e en fonction des Ă©quinoxes de printemps et d'automne. La structure, au sommet de l'Ă©difice, aurait pu recevoir une construction - probablement un pavillon de bois - permettant des observations prĂ©cises, peut-ĂȘtre une sphĂšre armillaire[5].

Royaume de Silla (668-918)

Pagode de Bunhwangsa, Gyeongju. DĂ©but VIIe siĂšcle. Elle devait compter 9 Ă©tages, selon les textes
Cheomseongdae: observatoire astronomique (entre 632 et 647). H. 9,40 m. Gyeongju

AprĂšs l'unification de la pĂ©ninsule corĂ©enne par le royaume de Silla, les institutions corĂ©ennes ont Ă©tĂ© radicalement transformĂ©es. Silla s’est appropriĂ© la culture chinoise de la dynastie Tang alors Ă  son paroxysme dĂ©veloppant une identitĂ© culturelle unique. De nouvelles sectes bouddhistes ont Ă©tĂ© introduites et l’art bouddhiste s’est Ă©panoui. Ce fut une pĂ©riode de paix et de forte Ă©volution culturelle dans tous les domaines artistiques. L'architecture s'est Ă©panouie dans la capitale royale de Gyeongju, bien que presque toutes les traces de cette ancienne gloire aient disparu Ă  l'heure actuelle. La ville a eu presque 200 000 habitants Ă  son apogĂ©e. Elle Ă©tait stratĂ©giquement positionnĂ©e Ă  la jonction de deux fleuves et de trois montagnes qui encerclent un bassin fertile d'environ 170 kmÂČ. Le dĂ©veloppement urbain de la ville s’est dĂ©roulĂ© en trois Ă©tapes. Au cours de la deuxiĂšme Ă©tape, lorsque le temple Hwangnyongsa Ă©tait situĂ© dans le centre, la rĂ©gion s’est dĂ©veloppĂ©e selon un rĂ©seau de points nodaux connectĂ©s par un dessin de voiries majoritairement composĂ© de rues larges. L’emplacement d’un ancien palais est marquĂ© par le lac artificiel d’Anapji. Des murs de soutĂšnement en pierre dĂ©limitent l’ancienne position du bĂątiment. De grandes maisons sont construites dans la zone rĂ©sidentielle noble dans la ville. Elles se conforment au code du bĂątiment qui accorde des privilĂšges aux nobles, interdits aux hommes du peuple. Des tuiles des ruines de ces bĂątiments sont trouvĂ©es un peu partout. Ceux qui sont encore intacts montrent une conception Ă©lĂ©gante et gracieuse.

Architecture religieuse

Les plans des temples bouddhistes sont caractĂ©risĂ©s par leurs deux pagodes en face du hall central, suivant une disposition symĂ©trique le long de l'axe au nord-sud avec les autres bĂątiments. Le Temple Bulguksa, construit sur une plateforme en pierre au pied du mont Toham prĂšs de Gyeongju, est le plus ancien temple de CorĂ©e. Il a d’abord Ă©tĂ© fondĂ© au dĂ©but du VIe siĂšcle, mais a Ă©tĂ© entiĂšrement reconstruit et agrandi en 752. La plateforme et les fondations originales sont demeurĂ©es intactes jusqu’à prĂ©sent, mais les bĂątiments en bois actuels ont Ă©tĂ© reconstruits pendant la dynastie de Joseon. Le travail de la pierre de la plateforme Ă  deux niveaux manifeste un prodigieux sens de l’organisation architecturale et de mĂ©thodes de construction. Deux pagodes en pierre se tiennent devant le hall principal du temple. La plus simple, Seokgatap, placĂ©e Ă  la gauche de la cour, reprĂ©sente la manifestation de Bouddha dans un calme transcendant. Elle se compose de trois Ă©tages pour une taille totale atteignant environ 8,20 m. La pagode se compose de simples dalles non dĂ©corĂ©es constituant le socle et d’un stĆ«pa Ă  trois Ă©tages possĂ©dant chacun cinq corniches renforcĂ©es ainsi que des toits tronquĂ©s. Ces caractĂ©ristiques constituent une forme typique des pagodes en pierre corĂ©ennes.

À la droite de la cour, la pagode Dabotap qui prĂ©sente une manifestation de Bouddha dans un univers diversifiĂ©, est unique en CorĂ©e, voire en Asie. Avec une taille de 10,4 m, cette pagode est constituĂ©e d’un socle avec un escalier de chaque cĂŽtĂ©, quatre Ă©tages principaux ornĂ©s de balustrades et est caractĂ©risĂ©e par la succession finale de boules et de platines. Le motif de fleur de lotus apparait dans les moulures et autres dĂ©tails de la pagode.
Le sanctuaire de la grotte de Seokguram est situĂ© sur la crĂȘte du mont Toham. Il a Ă©tĂ© construit par le mĂȘme architecte que le temple de Bulguksa, et Ă  la mĂȘme pĂ©riode. Cette grotte sanctuaire artificielle fut habilement construite avec des blocs de granit et couverte d’un monticule de afin de la fondre dans le paysage environnant. Le sanctuaire jouit d’une antichambre rectangulaire garnie de grandes dalles de pierre dans lesquels sont sculptĂ©es les figures des protecteurs du bouddhisme de chaque cĂŽtĂ© des murs et dans le couloir d’accĂšs Ă  la chambre principale. Cette derniĂšre est circulaire, couverte par une Ă©lĂ©gante de coupole et ornĂ©e sur son pourtour de dalles en pierre sculptĂ©e reprĂ©sentant des bodhisattvas et les dix disciples. La statue gracieuse de Bouddha, disposĂ©e au centre sur un piĂ©destal en forme de lotus est la piĂšce majeure de la chambre. Les grottes sanctuaires ne sont pas rares en Asie, mais peu de ces tombeaux et sculptures dĂ©voilent un tel niveau artistique.

Wongaksaji, vers 1465. DĂ©tail. Tapgol Park - Seoul.

Royaume de Goryeo (918-1392)

Une grande partie de l'architecture de cette pĂ©riode est liĂ©e Ă  la religion et influencĂ©e par les pouvoirs politiques. Les temples bouddhistes et les pagodes sont construits en fonction des besoins religieux. Malheureusement, Ă©tant donnĂ© que la majeure partie de cette architecture Ă©tait en bois, trĂšs peu de bĂątiments ont rĂ©ussi Ă  traverser les Ăąges. En outre, le capital du royaume Ă©tait basĂ© Ă  Kaesong, en actuelle CorĂ©e du Nord, ce qui rend particuliĂšrement problĂ©matique l’étude de cette pĂ©riode par les historiens. Les quelques constructions en bois conservĂ©es de la pĂ©riode tardive de Goryeo en CorĂ©e du Sud laissent Ă  voir des charpentes plus simples que celles que l’on peut trouver dans l'architecture de la pĂ©riode Joseon.

Ère Joseon (1392-1910)

La fondation du Joseon par la dynastie Yi en 1392 a amenĂ© au pouvoir des hommes imprĂ©gnĂ©s des doctrines du nĂ©oconfucianisme qui s’était lentement infiltrĂ© en CorĂ©e depuis la Chine au cours du XIVe siĂšcle. Ce fait amĂšne un nouveau contexte social relativement hostile au bouddhisme ce qui conduit graduellement l'État Ă  transfĂ©rer sa protection des temples bouddhistes aux institutions confucĂ©ennes. Tout au long de la mise en place de la dynastie, l'Ă©lan de rĂ©forme de la sociĂ©tĂ© selon les prĂ©ceptes nĂ©oconfucĂ©ens entraine la construction d’hyanggyo (Ă©coles locales) Ă  SĂ©oul et dans de nombreuses villes provinciales. Dans ces Ă©coles, la jeunesse aristocratique est prĂ©parĂ©e Ă  des carriĂšres dans la fonction publique dans une atmosphĂšre d'Ă©tude confucĂ©enne. Bien que ces Ă©tablissements aient durĂ© jusqu’à la fin de la dynastie, ils commencĂšrent Ă  tomber en dĂ©suĂ©tude au milieu du XVIe. L’augmentation de la population a eu raison de l’attrait et de l’accessibilitĂ© des carriĂšres dans la fonction publique. En outre, l'aristocratie yangban amĂ©liorant sa comprĂ©hension du nĂ©oconfucianisme, elle devint plus exigeante sur la qualitĂ© et la sorte d’enseignement qu’elle dĂ©sirait pour ses enfants. De ce fait, les hyanggyos ont progressivement Ă©tĂ© remplacĂ©s par des acadĂ©mies privĂ©es confucĂ©ennes (seowon) qui sont devenues partie intĂ©grante de la vie aristocratique rurale jusqu'Ă  la fin de la dynastie.

Le nĂ©oconfucianisme a inspirĂ© de nouveaux paradigmes architecturaux. Les jaesil, bĂątisses servant Ă  la prĂ©paration des rites sacrificiels des chefs dĂ©funts, sont courants dans beaucoup de villages oĂč les clans Ă©rigent des installations pour la vĂ©nĂ©ration commune d'un ancĂȘtre Ă©loignĂ©. Les jongryo, ou tombeaux commĂ©moratifs, ont Ă©tĂ© Ă©tablis par le gouvernement pour commĂ©morer des actes exceptionnels de piĂ©tĂ© filiale ou de dĂ©votion. MĂȘme au-delĂ  de ces archĂ©types, l’esthĂ©tique du nĂ©oconfucianisme, qui favorise le caractĂšre pratique, la frugalitĂ©, et l'harmonie avec la nature, a permis d’instaurer un modĂšle architectural cohĂ©rent dans toute la sociĂ©tĂ© corĂ©enne.

PĂ©riode de la colonisation japonaise

Le bùtiment du Gouverneur général japonais en Corée en face de Gyeongbokgung a été rasé en 1996
La mĂȘme porte (seconde depuis l'extĂ©rieur, dans l'axe de composition des bĂątiments), sans le bĂątiment du gouverneur japonais.

L’occupation japonaise de la CorĂ©e a commencĂ© vers 1910 et finit en 1945. Au cours de cette pĂ©riode (Histoire de la CorĂ©e durant la colonisation japonaise), l’empire du Japon dĂ©truisait systĂ©matiquement l’architecture corĂ©enne traditionnelle et locale en la remplaçant par de l’architecture japonaise. Une des mĂ©thodes par lesquelles le peuple corĂ©en a pu rĂ©sister au colonialisme et au programme nationaliste japonais a Ă©tĂ© de construire des maisons traditionnelles corĂ©ennes. Les maisons hanok du village de Jeonju en sont un exemple particuliĂšrement notable. Elles furent Ă©rigĂ©es comme base de la fiertĂ© nationale et le restent aujourd’hui. D’importants sites patrimoniaux d’architecture furent dĂ©truits, souvent par le feu. Des Ă©lĂ©ments significatifs du paysage comme les jardins traditionnels corĂ©ens ont Ă©tĂ© rasĂ©s. Des piĂšces artistiques considĂ©rables sont vendues ou emportĂ©es au Japon, jusqu’aux arbres bunjae antiques, pris afin d’ĂȘtre replantĂ©s dans les jardins de bonzaĂŻ japonais. ParallĂšlement, la construction d’architecture religieuse traditionnelle (bouddhiste) Ă©tait jugulĂ©e.

La construction d’infrastructure dans le cadre de la colonisation a d’abord concernĂ© les rĂ©seaux de transport. Ainsi, les lignes de chemin de fer voient fleurir des gares et des hĂŽtels dans le style japonais. Bien que les ports soient des lieux de transit, les constructions y sont peu nombreuses. Dans les terres, les Japonais ont construit de nouveaux hĂŽtels de ville, des casernes, des bases militaires, des prisons, des commissariats et des koban. AprĂšs avoir interdit l’enseignement de la langue corĂ©enne dans les Ă©coles, le Japon a construit de nombreuses nouvelles Ă©coles selon le modĂšle d’éducation japonais. Les Ă©coles d’architecture corĂ©ennes furent par consĂ©quent fermĂ©es et les architectes corĂ©ens Ă©taient formĂ©s uniquement au Japon et encouragĂ©s Ă  dessiner exclusivement suivant les modĂšles et les styles japonais lors de leur retour en CorĂ©e. Bien que l’hypothĂšse selon laquelle les influences occidentales sur l’architecture japonaise auraient Ă©tĂ© transmises Ă  la CorĂ©e ait Ă©tĂ© Ă©mise, cela n’est pas arrivĂ©.

Architecture moderne

Corée du Sud

Les architectes corĂ©ens se distinguent encore aujourd'hui par la volontĂ© d'une bonne intĂ©gration du bĂąti avec la nature, quand c'est possible, en CorĂ©e mĂȘme, ou ailleurs dans le monde[6].

Parmi les grands projets emblĂ©matiques du XXIe siĂšcle, le nouveau MusĂ©e national de CorĂ©e, Ă  SĂ©oul, correspond bien Ă  son Ă©poque et au dĂ©sir de faire image. C'est le groupe Chang-Il Kim of Junglim Architects & Engineers qui a emportĂ© le concours. Le musĂ©e a Ă©tĂ© inaugurĂ© en 2005 avec un vaste espace de jardins et vue sur le Mont Namsan. Le projet envisage, en 2016, de l'inscrire dans une perspective plus vaste, qui englobera, Ă  terme, les anciens terrains militaires des forces armĂ©es des États-Unis (dĂ©placĂ©es) qui jouxtent le musĂ©e, au cƓur de SĂ©oul[7]. Par ailleurs, l'extension de projets plus anciens permet un autre type d'intĂ©gration, qui sait allier des effets de style subtilement distincts et une autre rĂ©flexion sur la nature de l'objet architectural[8].

Quelques architectes modernes :

Par ailleurs, la Corée offre aussi à de grands architectes étrangers l'occasion de concrétiser des projets de valeur, comme ce fut le cas pour Dominique Perrault dans son extension (2004-2008) de l'Université féminine Ewha, à Séoul[11].

  • L'ensemble Olympique de SĂ©oul, depuis la tour COEX, en 2008.Kim Swoo-geun architecte : le grand stade, 1977-1984
    L'ensemble Olympique de SĂ©oul, depuis la tour COEX, en 2008.
    Kim Swoo-geun architecte : le grand stade, 1977-1984
  • MusĂ©e national de CorĂ©e, Ă  SĂ©oul, 2005. Groupe Chang-Il Kim of Junglim Architects & Engineers
    Musée national de Corée, à Séoul, 2005. Groupe Chang-Il Kim of Junglim Architects & Engineers
  • Extension de l'UniversitĂ© fĂ©minine Ewha, SĂ©oul. Dominique Perrault, 2004-2008. Architecture enterrĂ©e, Ă  dr. et g. de l'escalier-amphithĂ©Ăątre.
    Extension de l'Université féminine Ewha, Séoul. Dominique Perrault, 2004-2008. Architecture enterrée, à dr. et g. de l'escalier-amphithéùtre.
  • Le Tri-bol [Tri-Bowl], complexe multimĂ©dia Ă  Songdo IBD [International Business District], Incheon. IARC Architects, 2010
    Le Tri-bol [Tri-Bowl], complexe multimédia à Songdo IBD [International Business District], Incheon. IARC Architects, 2010[12]

Corée du Nord

L'architecture nord-coréenne est fortement marqué par la reconstruction d'aprÚs guerre de Corée. La période 1953-1960 est marquée par la reconstruction des villes avec des bùtiments de style néoclassique soviétique et par la volonté de mettre en place une vision socialiste de l'architecture.

À partir des annĂ©es 1960, Kim Il-sung, dirigeant de la CorĂ©e du Nord, engage le pays dans une conception de l'architecture qui introduit des Ă©lĂ©ments traditionnels corĂ©ens sur des bĂątiments de style nĂ©oclassique.

L'architecture nord-corĂ©enne connaĂźt son Ăąge d'or sur la pĂ©riode de 1970 Ă  1989. Dans une volontĂ© de faire rayonner le pays et la capitale Pyongyang, de nombreux Ă©difices monumentaux sont construits, le style moderne des bĂątiments s’ajoute au style nĂ©o-traditionnel.

Le milieu des annĂ©es 1990 marque une rupture nette avec la dĂ©cennie prĂ©cĂ©dente, une famine fait surface et peu de constructions sont rĂ©alisĂ©es. Une reprise intervient dans les annĂ©es 2000. En 2011, Kim Jong-il meurt, le pouvoir est transfĂ©rĂ© Ă  son fils Kim Jong-un et les constructions s'accĂ©lĂšrent. À partir de cette date, de nombreux Ă©difices et infrastructures sont construits.

Dans le pays, l'architecture est vue par le régime comme un vecteur de propagande, auquel est combiné l'urbanisme pour mettre en valeur les monuments représentant les dirigeants et l'histoire du pays du point de vue du régime.

Le bĂ©ton massivement utilisĂ© pour la construction des bĂątiments et des monuments est le fruit d'une incapacitĂ© Ă  s'approvisionner en matĂ©riaux, mĂȘme si les pĂ©riodes rĂ©centes intĂšgrent des bĂątiments avec des Ă©lĂ©ments en verre.

Voir aussi

Notes et références

  1. Le site archéologique et musée est documenté, en anglais sur Région de Gongju et sur Visit Korea, en coréen sur le site du musée.
  2. Gilles BĂ©guin, 2009, p. 334
  3. (en) Mark E. Byington (Ă©diteur scientifique), The History and Archaeology of the KoguryƏ Kingdom, Korea Institute, Harvard University, , 520 p. (ISBN 978-0-9886928-5-5), p. 309-314 (fort de Kuui-dong dans : architecture militaire p. 281-316). Variations dans les tombes : p. 319-341. Voir aussi sur ces domaines : (en) Mark E. Byington (Éditeur scientifique), Kang Hyun Sook et al., Early Korea 1 : reconsidering early Korean history through archaeology, Cambridge, USA, Korea Institute, Harvard University, , 232 p. (ISBN 978-89-86090-30-7 et 978-0-9795800-1-7, BNF 42004902), « New perspective of Koguryo archaeological data », p. 13-45
  4. Jane Portal, 2005, p. 52
  5. Jane Portal, 2005, p. 71
  6. Cahier de Séoul. Voir aussi : (en) « Atlas of the 21st century », sur massstudies.com, (consulté le ).
  7. (en) « Architecture and Design », sur National Museum of Korea (consulté le ). Voir aussi : (en) « Government to reformulate historical and ecological project in Yongsan district », sur Hankyore, (consulté le ).
  8. Par exemple l'agence Mass studies, en 2014 : « Mass Studies adds three pavilions to Korean tea museum », sur de zeen, (consulté le ).
  9. (en) Jeon Ah young, « Meeting NUCH students. Korea National University of Cultural Heritage », The Gachon Herald,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  10. (en) « Moon Hoon : "10 Innovative Ways to Use Concrete: The Best Photos of the Week", et 24 autres articles illustrĂ©s », Archdaily,‎ (ISSN 0719-8884, lire en ligne, consultĂ© le ).
  11. Gille de Bure, « Université féminine Ewha », sur Dominique Perrault. Architecture. News, (consulté le ).
  12. (en) « "Incheon Tri-bowl / IARC Architects" », Archdaily,‎ 2 december, 2011 (ISSN 0719-8884, lire en ligne, consultĂ© le ).

Bibliographie

  • (en) Ben Jackson, Robert Koehler, Korea Foundation et Lee Jin-hyuk (Ă©diteur), Korean architecture : breathing with nature, Seoul : Seoul Selection, (1re Ă©d. 2012, 117 p.), 117 p., 19 cm (ISBN 978-89-97639-23-6 et 978-89-91913-70-7)
  • (en) Inha Jung, Architecture and Urbanism in Modern Korea, Honolulu (H.T.) : University of Hawai'i Press ; Hong Kong : Hong Kong University Press, , XIII-191 p., 28 cm (ISBN 978-0-8248-3585-9 et 978-988-8208-02-9), aussi format Kindle.
  • ValĂ©rie GelĂ©zeau (prĂ©f. Jean-Robert Pitte), SĂ©oul, ville gĂ©ante, citĂ©s radieuses, Paris, CNRS Ă©ditions, , XII-291 p., 24 cm (ISBN 978-2-271-06085-3, BNF 39006007)
  • ValĂ©rie GelĂ©zeau (dir.) et Benjamin Joinau (CitĂ© de l'architecture et du patrimoine (Paris). Organisation du congrĂšs), UrbanitĂ©s corĂ©ennes : un "spectateur" pour comprendre la ville par ses films, Paris, L'Atelier des cahiers ; CitĂ© de l'architecture & du patrimoine, coll. « Essais », , 208 p., 21 cm (ISBN 979-10-91555-33-3, BNF 45396754, lire en ligne) (lire en ligne : prĂ©sentation)
  • (en) Kim Sung-woo, Buddhist architecture of Korea, Elizabeth, NJ, Elizabeth (N.J.) ; SĂ©oul : Hollym, , 152 p., 25 cm (ISBN 978-1-56591-226-7, BNF 41074481), aussi format Kindle.

Voir aussi:

  • Gilles BĂ©guin, L'art bouddhique, Paris, CNRS Ă©ditions, , 415 p. (ISBN 978-2-271-06812-5, BNF 42102420)

Articles connexes

Liens externes

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Korean architecture » (voir la liste des auteurs).
  • « Architecture corĂ©enne », sur Cahier de SĂ©oul (consultĂ© le ). SĂ©rie d'articles sur l'architecture corĂ©enne contemporaine, en CorĂ©e et dans le monde :L’immeuble « The Rabbit » par l’agence SoA – Society of Architecture, 2014 ; Seoul – Music library + understage, 2014 ; Nameless Architecture – RĂ©inventer la ville, Nameless Architecture : agence fondĂ©e en 2010 ; Seoul Station Highway Project, depuis 2015 ; Songpa Micro Housing, agence SsD Architecture ; Le musĂ©e du thĂ© O’sulloc par l’agence Mass Studies.
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