Aptonyme
Un aptonyme (néologisme formé sur apte « approprié », et du suffixe -onyme « nom ») est un nom de famille ou un prénom possédant un sens lié à la personne qui le porte, le plus souvent en relation avec son métier ou ses occupations.
Origine du terme
Le terme aptonym est attesté depuis 1992 en langue anglaise[1].
Le terme aptonyme est popularisé par André Bougaïeff, professeur à l'Université du Québec à Trois-Rivières[2].
Il est forgé sur les mots « apte » (approprié, qui convient) et « nyme » (le nom), selon la définition donnée par le Grand Dictionnaire terminologique de l'Office québécois de la langue française[3].
Des exemples connus d'aptonymes sont les frères Lumière, inventeurs du cinéma (activité qui exige des projecteurs), ou Charles de Gaulle[4], chef de l’État français dont la zone géographique correspond approximativement à celle de la Gaule dans l’Antiquité.
Exemples d'aptonymes
- Caroline Aigle, première femme pilote de chasse de l'armée de l'air française[5];
- David Alerte, sprinteur ;
- Dylan Armstrong, lanceur de poids canadien (Arm strong, mot anglais qui signifie « bras fort » en français) ;
- Marcel Aubut, propriétaire de la franchise de hockey des Nordiques de Québec ;
- Éric Aumonier, évêque catholique de Versailles ;
- Alan Ball, footballeur anglais ;
- Michael Ball, footballeur anglais ;
- Montee Ball, joueur de football américain (running back, joueur qui porte la balle pour courir lors de la phase d'attaque) ;
- Georges de Beauregard, producteur de cinéma ;
- Narcisse-Fortunat Belleau, qui a doté la ville de Québec de son réseau d'aqueduc ;
- Benoît XV, Pape, né Giacomo della Chiesa (« Jacques de l’Église »). Il portait d’ailleurs une église dans ses armoiries.
- André Boisclair, ancien ministre québécois de l'Environnement et de l'Eau ;
- Raphaële Billetdoux, journaliste et femme de lettres[4] (le billet étant un court écrit de journaliste, qui peut être doux à titre privé) ;
- Élisabeth Borne, ancienne ministre des Transports en France (en référence aux bornes kilométriques le long des routes françaises) ;
- Doug Bowser, président de Nintendo US (alors que Bowser est le principal antagoniste de Mario dans les jeux Nintendo) ;
- Russell Brain, neurologue britannique (brain, mot anglais signifiant « cerveau » en français) ;
- Samuel Bronfman, distilleur canadien (בראָנפֿן - bronfn, mot yiddish signifiant « whisky », « alcool distillé » en français);
- Raniero Cantalamessa, prêtre italien (« chante la messe »);
- Dimitri Champion, coureur cycliste, champion de France sur route en 2009[5];
- Thierry Champion, joueur de tennis ;
- Jean-Louis Cheminée, volcanologue ;
- Jean-Louis Chrétien, théologien catholique français ;
- Christopher Coke, baron de la drogue jamaïcain ;
- Édith Cresson, ancienne ministre de l’Agriculture[6] française ;
- Robert Courts, avocat et député britannique (en anglais court, au pluriel courts, signifie « cour ») ;
- Frédéric Dard, écrivain ayant publié sous le pseudonyme de San-Antonio des romans policiers dans lesquels les relations sexuelles de certains personnages sont abondamment décrites ;
- Léon Delfosse, mineur ;
- Jacques Delors, ministre de l'Économie français ;
- Émile François Dessain, peintre français ;
- Arnaud Démare, coureur cycliste français ;
- Marc Dufumier, agronome à AgroParisTech ;
- Félix Dujardin, botaniste français ;
- Joseph Durocher, géologue[5];
- Laurence Épée, épéiste française ;
- Elsa Faucillon, députée communiste des Hauts-de-Seine (la faucille étant l'un des symboles, avec le marteau, des partis communistes au XXe siècle à travers le monde) ;
- Ian Foote, arbitre de football ;
- Amédée François Frézier, explorateur et botaniste français ayant introduit en France une espèce chilienne de fraisier ;
- Olivier Fric, consultant en énergie mis en examen pour blanchiment d'argent ;
- François Gabart, navigateur (une gabare est une embarcation)
- Geneviève Gambillon, coureuse cycliste française ;
- Mickaël Gelabale, joueur de basket-ball français[6] (prononcer « j’ai la balle » en français) ;
- Daniel Green, militant environnementaliste membre du Parti vert du Canada (green signifie « vert » en anglais) ;
- Étienne Green, gardien de but à l'AS Saint-Etienne, dont les joueurs sont surnommés « les Verts » ;
- Robert Grossetête, philosophe ;
- Pascal Haüsermann, architecte (en allemand, Haus Mann pourrait se traduire par « l'homme des maisons ») ;
- Le baron Haussmann, qui a dirigé la rénovation de la ville de Paris sous le Second Empire (voir Haüsermann ci-dessus) ;
- Lynn Hill, grimpeuse (en anglais, hill signifie colline) ;
- Igor Judge, chef juge en Angleterre ;
- Gérald Cyprien Lacroix, archevêque catholique de Québec ;
- Éric Lagadec, astrophysicien (« Lagadec » signifie en breton « qui a de bons yeux ») ;
- Serge Lagauche, sénateur français membre du Parti socialiste ;
- Claude Lagoutte, artiste peintre ;
- Armand Laurienté, joueur de football au Football Club de Lorient de 2020 à 2022 ;
- Josée Lavigueur, présentatrice télévisée spécialiste en éducation physique ;
- Daniel Lavoie, chanteur[4];
- Jean-Michel Lemétayer, président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (un métayer étant un agriculteur, non propriétaire de ses terres) ;
- Thierry Le Luron, humoriste ;
- Lionel Logue, orthophoniste ;
- David Mélé, rugbyman qui évolue au poste de demi de mêlée ;
- Benjamin Millepied, danseur[6];
- Chris Moneymaker, joueur professionnel de poker ;
- Marc Oraison, prêtre ;
- Larry Page, cofondateur de Google et inventeur du procédé PageRank
- Jean-Baptiste de Laigue d'Oraison, Claude II d'Oraison, et André d’Oraison, tous trois évêques ;
- Yves Patenôtre, archevêque ;
- Fabien Pelous, rugbyman[6];
- Marius Petipa, danseur, maître de ballet et chorégraphe français populaire en Russie ;
- Jérémy Pied, footballeur professionnel ;
- Lucien Plantefol, botaniste ;
- Maria Pognon, journaliste ayant milité pour l'égalité salariale hommes-femmes ;
- Henri Poincaré, mathématicien ;
- Pierre Poivre, botaniste ayant introduit la culture des épices dans les colonies françaises ;
- Edmond Pottier, spécialiste des vases grecs antiques ;
- Emilio Prud'Homme, avocat ;
- Bob Rock, producteur de musique canadien ;
- Olivier de Serres, inventeur de l'agronomie ;
- Eugène Scribe, librettiste et dramaturge ;
- Eugène Terre'Blanche, défenseur de l'apartheid et du projet de création d'un État blanc en Afrique du Sud (le Volkstaat) ;
- Marisol Touraine, femme politique française, élue du département d'Indre-et-Loire, correspondant à l'ancienne province de Touraine ;
- Famille Trafficante, figure de proue de la Cosa Nostra ;
- James Traficant, homme politique condamné pour fraude fiscale, corruption, racket, évasion fiscale et entrave à l’exercice de la justice ;
- George Francis Train, constructeur américain des chemins de fer ;
- Dr Alain Vadeboncoeur, médecin, chef de service et fondateur du Service de médecine d’urgence de l’Institut de cardiologie de Montréal ;
- Marco Velo, cycliste professionnel[5] ;
- Dominique Venner, spécialiste de l'histoire de la chasse et de la vénerie ;
- Marilyn vos Savant, femme considérée comme ayant le quotient intellectuel le plus élevé au monde.
Contraptonyme
À l’inverse, certaines personnes portent un nom qui ne correspond pas à leur activité ; on parle alors de contraptonyme[7] ou contre-aptonyme[4]. Exemples :
- David Douillet, judoka français, champion olympique en catégorie plus de 95 kg ;
- Henry Frisquet, cofondateur d'une entreprise de chaudières ;
- Muriel Fusi, militante anti-chasse ;
- Ciro Immobile, footballeur italien évoluant au poste d'attaquant ;
- François Malfait, architecte belge
- Ian Nepomniachtchi (en russe, littéralement : « Ne se souvenant pas »), grand maître international du jeu d'échecs ;
- Emmanuel Payen, prêtre catholique ;
- Élisée Reclus, géographe qui a écrit des guides pour voyageurs ;
- Véronique Sanson, chanteuse[7] - [8].
Autres termes
La langue anglaise utilise également le terme « charactonym » lorsque l'aptonyme est le nom d'un personnage de fiction, mais ce vocable n'a pas d'équivalent en français.
Notes et références
- Franck Nuessel, The study of names : a guide to the principles and topics, Greenwood Press, (ISBN 978-0-313-28356-7, OCLC 25509231, lire en ligne).
- Antoine Robitaille, « Vive les aptonymes! », Le Devoir, (lire en ligne, consulté le ).
- aptonyme sur le site du grand dictionnaire terminologique de l'Office québécois de la langue française.
- Muriel Gilbert, « L'aptonyme, le nom propre qui va bien à son propriétaire », sur RTL.fr,
- Jérôme Prod'homme, « Les aptonymes », sur France Bleu,
- LT, « "Évidemment, ça fait marrer" : leur nom de famille est un aptonyme », sur LCI,
- « Petit Dictionnaire insolite des aptonymes », sur www.editions-larousse.fr, .
- Mais on peut aussi y entendre le nom chanteuse prononcé avec un zézaiement, ce qui en ferait un véritable aptonyme.
Voir aussi
Bibliographie
- Sandrine Campese (préf. Frédérick Gersal, ill. Isabelle Fregevu-Claracq), Petit dictionnaire insolite des aptonymes, Paris, Larousse, , 192 p.
- Daniel Weyl, Dictionnaire de langue molle, Coeuvre-et-Valsery (02600), Ressouvenances, , 362 p.
Liens externes
- Centre canadien des aptonymes, centaines d'exemples authentiques