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Amar Imache

Amar Imache, né le dans le village d'Ait Mesbah en Kabylie dans l'actuelle commune de At Douala, mort le , est un homme politique algérien.

Amar Imache
Illustration.
photo de Amar Imache
Fonctions
Secrétaire général de le Congrès des ouvriers nord-africains de la région parisienne
En fonction depuis
–
Secrétaire général de l'Étoile nord-africaine
En fonction depuis
–
Membre dirigeant à Union démocratique du manifeste algérien
En fonction depuis
–
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Ait Mesbah
Date de dĂ©cès (Ă  64 ans)
Lieu de décès Ait Mesbah
Nationalité Algerie francaise
Parti politique ENA
UDMA
Profession syndicaliste
homme politique

Biographie

Vers l'âge de 8 ou 9 ans, il entre à l'école primaire de Taguemount-Oukerrouche, village de ses grands-parents maternels, distant de km environ d'Ait-Mesbah.

Il commence à travailler très tôt, d'abord pour aider ses parents, puis pour gagner sa vie dans la Mitidja. Il émigre en France au milieu de la Première Guerre mondiale. Il y travaille dans diverses usines et entreprises : Manufacture française des pneumatiques Michelin de Clermont-Ferrand, du au , puis dans l'Établissement des Constructions et Armes Navales en Charente, du au . En 1920, il descend dans les mines de charbon du Pas-de-Calais où il est affecté comme mineur de fond, du au .

En 1924, il est Ă  Paris oĂą travaillent la majoritĂ© des ouvriers nord-africains. Ces derniers, en majoritĂ© kabyles, crĂ©ent un syndicat dĂ©nommĂ© « Le Congrès des ouvriers nord-africains de la rĂ©gion parisienne Â» pour dĂ©fendre les droits des AlgĂ©riens, Marocains et Tunisiens. En , ce syndicat deviendra un parti politique : l'Étoile nord-africaine qui prĂ´ne la lutte pour le progrès social. Parmi les huit fondateurs, cinq sont Kabyles : Imache, Belkacem Radjef, Si Djilani, Ahmed Yahiaoui, Rabah Moussaoui, tout comme la majoritĂ© des militants. Pour des raisons d'unification des rangs et de solidaritĂ© avec les pays arabes, ils Ă©lisent un arabophone (Messali Hadj) Ă  la prĂ©sidence du Parti. Lors de l'assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale du , Amar Imache est Ă©lu secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l'ENA et rĂ©dacteur en chef du journal El Ouma, organe du parti, Radjef Belkacem trĂ©sorier et Si Djilani directeur du journal [1].

Parallèlement à ses activités politiques, Amar Imache travaillait dans une usine de savons et parfums Roger & Gallet comme ouvrier spécialisé, de jusque vers la fin de l'année 1934. Il ne cesse de manifester dans sa démarche politique, son attachement à la coutume berbère. Convaincu que ces institutions peuvent donner à l'Algérie indépendante, un caractère social et démocratique, il plaide longtemps pour la prise en compte des structures sociales, politiques et économiques berbères : âarch : (communautés des terres villageoises) et tajmâat : (assemblée élue du village). Ces références explicites à des caractéristiques socio-culturelles berbères que tentent d'intégrer au mouvement national les dirigeants kabyles, vont susciter défiance et suspicion de la part de leurs compagnons acquis à l'arabo-islamisme. La conjoncture historique va créer les conditions qui permettront à Messali d'écarter les "gêneurs kabyles"[2].

En , l'Étoile est de nouveau dissoute et ses principaux dirigeants arrĂŞtĂ©s. Amar Imache est condamnĂ© le Ă  6 mois de prison et 2000 francs d'amende. LibĂ©rĂ© en , il reprend sa place au sein de l'Étoile. Il dĂ©nonce le projet Blum-Violette de 1936 selon lequel, pour libĂ©rer l'AlgĂ©rie, il faut d'abord la rattacher Ă  la France et pour ĂŞtre citoyen algĂ©rien, il faut d'abord ĂŞtre citoyen français assimilĂ©. Il dĂ©nonce cette nouvelle entreprise de division, visant cette fois Ă  sĂ©parer le peuple algĂ©rien de son Ă©lite et soutient que : « le premier gouvernement Ă  forme rĂ©publicaine et dĂ©mocratique fut instituĂ© en Kabylie pendant qu'en France et ailleurs on ignorait ces mots Â»(L'AlgĂ©rie au carrefour d'Amar Imache). Au moment oĂą Messali vit en exil Ă  Genève auprès de Chekib Arslan ( - ), c'est Imache avec Yahiaoui, Nouira et Radjef qui dirigent l'Étoile.

Au retour de Messali, une première divergence va opposer les deux hommes au cours de l'Ă©tĂ© 1936. Le conflit latent Imache-Messali qui Ă©clate au sein du comitĂ© directeur, Ă  propos du Front populaire espagnol, va s'exacerber lors de l'assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale du . Imache reproche Ă  Messali de s'ĂŞtre rĂ©fugiĂ© en Suisse pour se soustraire Ă  l'arrestation, ainsi que son long sĂ©jour en AlgĂ©rie (d'aoĂ»t Ă  ) non approuvĂ© par le comitĂ© directeur. Il dĂ©nonce aussi l'atteinte au fonctionnement dĂ©mocratique de l'organisation et le culte de la personnalitĂ©. Une autre divergence et non des moindres porte sur l'attitude Ă  adopter Ă  l'Ă©gard du Front populaire espagnol. SollicitĂ© par le Parti communiste français (PCF), Messali est prĂŞt Ă  engager des militants dans les brigades internationales[2]. Les dirigeants kabyles, derrière Imache et Yahiaoui rĂ©clament au contraire une offensive politique contre le PCF [2] - [3]. Ils lui reprochent son virage au nom de la prioritĂ© de la lutte anti-fasciste (pacte Laval-Staline) en matière de lutte anti-coloniale et prĂ´nent le refus de tout soutien au Front populaire espagnol accusĂ© de ne pas vouloir accorder son indĂ©pendance au Rif. C'est la rupture totale et dĂ©finitive entre le PCF, le Front populaire espagnol et les dirigeants nationalistes kabyles (Imache, Si Djilani et Yahiaoui). Ahmed Yahiaoui appuie Imache dans son opposition Ă  Messali. Seul arabophone au sein de la direction dont tous les membres sont Kabyles (Imache, Radjef, Banoune, Khider, Moussaoui, Yahiaoui, Si Djilani), Messali profite de l'isolement et de la dissolution de l'ENA, pour crĂ©er le , un nouveau parti : le Parti du peuple algĂ©rien (PPA). Son programme qui stipule que le PPA travaillera pour l'Ă©mancipation totale de l'AlgĂ©rie sans pour cela se sĂ©parer de la France et que l'AlgĂ©rie Ă©mancipĂ©e sera l'amie et l'alliĂ©e de la France[2], consomme la rupture entre Imache et Messali. Imache dĂ©nonce le nouveau programme en retrait par rapport Ă  celui de l'Étoile qui revendique l'indĂ©pendance nationale. Il refuse donc d'adhĂ©rer Ă  ce nouveau parti et invite les militants Ă  « suivre un programme et non Ă  se mettre Ă  la remorque d'un seul homme Â» (Lettre d'adieu d'Amar Imache).

Lors de l'occupation de l'Éthiopie par l'Italie, Amar Imache mène campagne contre cette occupation. « Tous les Africains, sans distinction de religion, doivent manifester contre le fascisme italien, tous les Africains doivent s'unir pour combattre l'impĂ©rialisme en Afrique Â» dĂ©clare-t-il le dans le journal El Ouma, reprenant ainsi le mot d'ordre de son ancĂŞtre Massinissa : l'Afrique aux Africains. Ă€ la veille de la Seconde Guerre mondiale, il dĂ©nonce aussi bien la convoitise Ă©trangère que l'attitude française qui ne regardent l'Afrique du Nord que sous l'angle de la dĂ©fense de leurs intĂ©rĂŞts. Il dĂ©clare que : « les Africains sont intĂ©ressĂ©s Ă  la dĂ©fense de leurs pays et dĂ©nient aux uns et aux autres, le droit de les marchander ainsi que celui de les convoiter Â» (Journal El Ouma).

Au début des années 1940, Amar Imache est déporté en Allemagne comme prisonnier politique. En 1946, il rédige la brochure l'Heure de l'Elite dans laquelle il dénonce les évènements du 8 mai 1945 ainsi que l'attitude des intellectuels algériens (les "zélus") qui ont accepté de siéger au Palais-Bourbon. Les conditions de vie du peuple algérien (épidémie de typhus, manque de nourriture, de soins...) y sont relatées. Après quelques années de détention dans des camps de concentration, avant de rentrer définitivement en Algérie, il crée avec Si Djilani le Parti de l'Unité Algérienne (P.U.A.) qui se propose notamment de débattre de la religion musulmane et de combattre le fanatisme. Mais, une conjonction d'événements survenus sur la scène algérienne, maghrébine, française et internationale a raison de ce parti. En , Amar Imache rédige une lettre d'adieu à ses compatriotes et rentre définitivement en Algérie. Cette lettre intitulée : Lettre d'adieu aux Algériens résidant en France est un appel à l'union, à la fraternité, mais aussi une mise en garde contre la duperie et le culte de la personnalité (à l'intention des partisans de Messali). Cette mise en garde a fait son chemin à l'intérieur du MTLD, puisque ces propos (culte de la personnalité, mégalomanie) seront largement repris par les oppositions à l'intérieur de ce parti.

En 1948, Amar Imache s'est marié tardivement dans son village natal.

Il rejoint durant la même année l'Union démocratique du manifeste algérien (UDMA) de Ferhat Abbas jusqu'en 1951. À la même période, pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille, il occupe le poste de magasinier dans la société d'import-export Le Comptoir nord-africain Amal à Alger. Son état de santé s'étant dégradé, son médecin traitant le déclare inapte au travail avec un taux de 100 % d'incapacité permanente partielle. Il rentre dans son village natal à la veille du déclenchement de la révolution armée, où il continue néanmoins à prodiguer ses conseils aux responsables de l'ALN qui le sollicitaient.

Il meurt le , pendant le blocus alimentaire imposé par l'armée française à la population du village pour la contraindre à se rallier, laissant cinq enfants en bas âge.

Ĺ’uvres

Hormis le dernier document (La lettre d'adieu), les écrits d'Amar Imache ont été publiés[4] - [5] en France sous forme de brochures ou d'articles dans le journal El Ouma entre 1934 et 1946.

  • L’AlgĂ©rie au carrefour (brochure, 1937)
  • L’Afrique dans l'angoisse (brochure, 1939)
  • Cyclones sur le monde (brochure, 1946)
  • L'heure de l'Ă©lite (brochure, 1946)
  • Le procès de mes aĂŻeux (article dans le journal El Ouma)
  • « Les âmes en peine Â» (article dans le journal El Ouma)
  • Les exilĂ©s volontaires (article dans le journal El Ouma)
  • Le Harakiri des monstres (article dans le journal El Ouma)
  • Sa majestĂ© le code (article dans le journal El Ouma)
  • La Croix contre le Croissant (article dans le journal El Ouma, 1934)
  • Les dĂ©lĂ©guĂ©s musulmans Ă  Paris ; Faut-il rire, Faut-il pleurer (article dans le journal El Ouma, 1936)
  • Souscription nationale frères musulmans (article dans le journal El Ouma)
  • Le vrai visage de l’impĂ©rialisme - La RĂ©pression s’aggrave (article dans le journal El Ouma, 1934)
  • Le droit des peuples (article dans le journal El Ouma, 1934)
  • Une monstrueuse iniquitĂ© (article dans le journal El Ouma)
  • La lettre d'adieu aux AlgĂ©riens rĂ©sidant en France (publiĂ©e sur une feuille volante, 1947)

Notes et références

  1. Mahfoud Kaddache, Histoire du nationalisme algérien 1919 - 1951, tome I, SNED Alger, 1980
  2. Amar Ouerdane, La Question berbère dans le mouvement national algérien, Sillery (Québec), Édit. du Septentrion, 1990
  3. Benjamin Stora, Dictionnaire biographique de militants nationalistes algériens, 1926-1954, Paris, L'Harmattan, 1985 (préface de Mohamed Harbi)
  4. Omar Carlier, Le Cri du révolté : Imache Amar, un itinéraire militant, Alger, ENAL, 1986
  5. Plusieurs numéros du journal El Ouma : n° 25 de septembre-octobre 1934, n° 27 de novembre 1934, n° 28 de décembre 1934, n° 41 de juillet-août 1936

Liens externes

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