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Alexandre Cohen

Jozef Alexander Cohen, né le à Leeuwarden, aux Pays-Bas et mort le à Toulon est un socialiste puis un anarchiste ([dit Sandro, Démophile, Souvarine), avant d'évoluer vers l'Action française. Il est également un homme de lettres, un journaliste et un traducteur néerlandais, naturalisé français en 1907.

Alexandre Cohen
Alexandre Cohen vers 1900
Biographie
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(Ă  97 ans)
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Biographie

Alexander Cohen est fils d'un commerçant. Exclu à plusieurs reprises de l'école, il est enrôlé durant 5 ans dans l' armée royale des Indes orientales néerlandaises, il passe trois de ces cinq années en prison pour indiscipline. Libéré le il s'installe à La Haye où il travaille comme correcteur au Recht voor Allen, le journal de Ferdinand Domela Nieuwenhuis. Il est condamné à six mois de prison pour crime de lèse-majesté pour avoir crié, lors de l'entrée de Guillaume III à La Haye, le , "Vive le socialisme ! À bas Gorilla !". Il s' enfuit à Gand mais il est expulsé et part à Paris. Il apprend le métier de typographe[2]. Il rencontre Kaya Batut (dite Kaya) qu'il épousera en 1918. Devenu francophone, il écrit sous divers pseudonymes (Sandro, Démophile, Souvarine…) et fait des traductions. Outre Domela Nieuwenhuis, il traduit Multatuli et Gerhart Hauptmann en français et Émile Zola en néerlandais.

En décembre 1893, il est expulsé de France après l’attentat d'Auguste Vaillant à l’Assemblée nationale. À l'occasion de son arrestation il est défendu par certains intellectuels, c'est le cas d'Octave Mirbeau qui s'insurge dans le journal La Révolte et qui fait le portrait d'Alexandre Cohen "j ’ai rencontré, trois ou quatre fois, Alexandre Cohen. C’était un petit homme à aspect très doux et qui me parut charmant. Ses yeux brillaient d’une vive lueur d’intelligence. Il montrait de l’enthousiasme pour la Beauté. Quoiqu’il fut un laborieux terrible, il ne semblait pas que la vie lui eût été jamais heureuse. Son teint gris, les flétrissures précoces de son visage disaient qu’il n’avait pas toujours mangé à sa faim. Je me souviens qu’il me confia ses ambitions : elles étaient bien modestes. Il eût voulu trouver une place de traducteur, dans un journal : en quoi il eût été précieux, car il connaissait toutes les langues qui se parlent sur le globe.. Ces amis ne l’abandonnent point. Ils ont fait et font encore d’actives démarches pour arracher Cohen aux griffes de la police, empêcher une expulsion que rien ne justifie. L’on me dit que M. Émile Zola, dont ça été toujours le grand honneur de défendre la liberté des écrivains menacés, prête à ces jeunes gens l’appui de son influence et /'autorité de son nom. Réussiront-ils ? Il faut l’espérer, bien que l’heure soit mauvaise à la justice. On doit à Alexandre Cohen, de connaître, en France, Multatuli, ce philosophe néerlandais dont la pensée est si profonde et si puissante d’ironie... "[3].

Alexandre Cohen se réfugie à Londres et collabore au journal anarchiste des sœurs Rossetti, The Torch. Il rencontre Louise Michel et Pierre Kropotkine. En 1896, il retourne illégalement aux Pays-Bas. Il est arrêté le 12 septembre. Libéré en 1897, il s'installe à nouveau à La Haye, puis en 1899, à Paris.

En 1902, il rejoint le quotidien Le Figaro et il collabore au magazine d'avant-garde La Revue blanche[4]. Grâce à Henry de Jouvenel le gouvernement français lui confie, en 1904, une mission pour une étude comparative en Indochine et aux Indes orientales néerlandaises dans le domaine de l'éducation indigène et du service médical[5]. En septembre 1905, après son retour, il devient le correspondant parisien du journal hollandais De Telegraaf. Naturalisé français le 11 novembre 1907, Cohen s'installe dans la commune de Trélou-sur-Marne puis à Marly-le-Roi et, en 1932 à Toulon. Ses idées politiques sont devenus de plus en plus à droite évolution qu'il décrit dans son livre, D'anarchiste à monarchiste. Son épouse décède en 1959 à Toulon. Cohen y meurt deux ans plus tard, à l'âge de 97 ans.

Ĺ’uvres

Auteur

De Paradox, La Haye, 1897, 208 p.

Van anarchist tot monarchist (D’anarchiste à monarchiste), Amsterdam, 1936, rééd. 1961 [lire en ligne]

Contes, quotidien l'Avenir, décembre 1926 et janvier 1927[6]

Traducteur

Multatuli Pages choisies, préface d'Anatole France, 1901, Alexander Cohen est traducteur et éditeur scientifique, Mercure de France, 358 p.

Eduard Bernstein Socialisme théorique et socialdémocratie pratique [Die Voraussetzungen des Sozialismus und die Aufgaben der Sozialdemokratie], Stock 1900, rééd. 1974 Le Seuil, sous le titre Les Présupposés du socialisme,

Gerhart Hauptmann, Âmes solitaires, drame, joué au théâtre de l'Œuvre le , publié[7] : Paris : L. Grasilier, 1894, 249 p.

Notes et références

  1. « http://hdl.handle.net/10622/ARCH00300 » (consulté en )
  2. Guillaume Davranche, Marianne Enckell, notice Cohen Alexandre [Jozef Alexander Cohen, dit] [dit Sandro, Démophile, Kaya, Souvarine] [Dictionnaire des anarchistes], in Dictionnaire Le Maitron, dernière modification le 7 décembre 2019 [lire en ligne (page consultée le 30 septembre 022)]
  3. Octave Mirbeau À travers la peur l’Écho de Paris 26 décembre 1893 p.1 [lire en ligne]
  4. Voir des articles d'Alexandre Cohen publiés dans La Revue blanche lire en ligne sur Gallica
  5. Ronald Spoor, « Cohen, Joseph, Alexandre », sur socialhistory.org, (consulté le )
  6. "Ces contes sont écrits en français.. Le premier Cricri, petite paysanne, dédié au vieil ami Félix Fénéon, le deuxième, intitulé Jojo, petit franco-boche, l’est à une certaine Marie Godefroy, le dernier, enfin, Roudoudou, petit citadin, l'est à Léon Treich (1889-1974). Dans ces trois textes, on retrouve quelques caractéristiques de l’esprit de Cohen : une prédilection pour le parler populaire et l’argot, un amour bien peu marqué pour l’Allemagne, une tendresse réelle pour les enfants". in [lire en ligne]
  7. LugnĂ©-Poe, le metteur en scène, raconte ainsi dans des mĂ©moires la crĂ©ation de pièce "Ă‚mes solitaires fut le troisième spectacle en 1893. Le traducteur Alexandre Cohen Ă©tait suspect d'anarchie, et les Ă©vĂ©nements s'Ă©taient prĂ©cipitĂ©s. Alexandre Cohen, hollandais, dĂ©jĂ  pas très en odeur nationale chez lui (il avait traduit Multatuli), fut expulsĂ© le matin mĂŞme de la rĂ©pĂ©tition gĂ©nĂ©rale d'Ă‚mes solitaires, et notre pièce aussitĂ´t interdite par la police. Pour la première fois de ma vie, je dus me dĂ©brouiller dans les bureaux de la PrĂ©fecture pour obtenir l'autorisation de jouer au moins en gĂ©nĂ©rale. La première fut ratĂ©e Ă  Paris, mais combien mouvementĂ©e Ă  Bruxelles oĂą elle eut lieu le lendemain". in : LugnĂ© Poe La Parade. Acrobaties, souvenirs et impressions de théâtre (1894-1902) p. 65 lire en ligne sur Gallica

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