Gerhart Hauptmann
Gerhart Johann Robert Hauptmann, né le à Ober Salzbrunn (devenue Szczawno-Zdrój en 1945) dans la province de Silésie où il est mort le (à Jelenia Góra), est un auteur dramatique allemand, grand représentant du naturalisme. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1912 et le prix Goethe en 1932. Dans un autre registre, il figura sur la Sonderliste de la Gottbegnadeten-Liste.
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(à 83 ans) Jagniątków (d) |
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Prix Nobel de littérature () Liste détaillée Prix Franz Grillparzer (en) (, et ) Ordre bavarois de Maximilien pour la science et l'art () Prix Nobel de littérature () Adlerschild des Deutschen Reiches (en) () Prix Goethe de la ville de Francfort () Médaille Goethe pour l'art et la science Docteur honoris causa de l'université Charles de Prague Docteur honoris causa de l'université d'Oxford Docteur honoris causa de l'université de Leipzig Ordre Pour le Mérite pour les sciences et arts (d) Docteur honoris causa de l'université Columbia Anneau d’honneur de la ville de Vienne Ordre de l'Aigle rouge 4e classe Ordre Pour le Mérite |
Gerhart Hauptmann a inspiré Thomas Mann pour le personnage de Mynheer Peeperkorn dans La Montagne magique (Der Zauberberg, 1924)[1].
Biographie
Gerhardt Hauptmann naît à Ober Salzbrunn dans l'arrondissement de Waldenburg, en province de Silésie. L'auteur est marqué toute sa vie par cette terre silésienne à laquelle il consacre la majeure partie de son œuvre. Issu d'une famille aisée dont le père est gérant d'hôtel, le jeune homme est envoyé chez un oncle à la campagne après des études secondaires au Realschule de Breslau. Mais Hauptmann retourne rapidement à Breslau afin d'y suivre un cursus artistique[2].
Hauptmann se consacre d'abord à la sculpture. Il se rend en Italie à Naples, après un long périple qui l'emmène de l'Espagne à la Suisse et qu'il décrira dans L'Aventure de ma jeunesse (Das Abenteuer meiner Jugend, 1937)[2]. Fasciné comme tout intellectuel allemand par le classicisme antique, il envisage à l'époque de se rendre en Grèce mais une maladie le ramène brusquement en Allemagne[2]. Il s'essaie ensuite, sans grande conviction, au domaine épico-poétique, puis au roman et à la nouvelle avec Le Garde-barrière Thiel (Bahnwärter Thiel, 1888). Il se tourne néanmoins rapidement vers l'écriture de pièces de théâtre influencées par Arno Holz et Johannes Schlaf, inspirateurs du naturalisme outre-Rhin[2].
Hauptmann reste, sa vie durant, fidèle à certaines caractéristiques de ce théâtre, telles l'impossibilité pour l'homme d'être maître de ses actions, l'étude du milieu, l'utilisation de dialectes et le choix de sujets plus ou moins pathologiques. La notion de déterminisme joue un rôle majeur dans ses pièces[3]. S'appuyant sur l'étude minutieuse du cadre de vie paysan, Avant le lever du soleil (Vor Sonnenaufgang, 1889) raconte le déchirement de plusieurs familles après la découverte de gisements de charbon sous leurs terres qui les enrichissent brusquement. Le dramaturge y démonte les mécanismes d'hérédité de classe, forgeant l'identité de l'individu et gouvernant ses relations à l'intérieur de son groupe social[2]. De fait, Avant le lever du soleil apparaît comme le premier grand drame naturaliste allemand.
Ses autres pièces confirment son intérêt pour le sort réservé aux classes défavorisées et aux milieux prolétaires[3]. Chaque année marque un nouveau succès pour le jeune auteur : Les Âmes solitaires (Einsame Menschen, 1890) expose le drame d'un homme isolé dans la bourgeoisie provinciale et Les Tisserands (Die Weber, 1892), son chef-d'œuvre, narre la destinée collective de tisserands silésiens. Dans ce drame de protestation sociale, la dramaturgie fait preuve d'une grande nouveauté dans la mesure où le rôle principal n'est pas dévolu à un individu mais à une collectivité, en l'occurrence la classe paysanne[3]. La pièce obtient à l'époque l'approbation de Léon Tolstoï, mais Hauptmann, qui ose porter sur scène des images de révolte, encourt la colère de Guillaume II, au point que plusieurs théâtres allemands n'osent plus montrer ses pièces[2].
Après Florian Geyer (1895) et une comédie de mœurs, La Peau de castor (Der Biberpelz, 1893), satire des dirigeants prussiens de l'Empire, Hauptmann s'éloigne peu à peu du théâtre naturaliste. Bien que L'Assomption de Hannele (de) (Hanneles Himmelfahrt, 1893) reste ancrée dans la thématique sociale, le style, plus poétique, traduit une évolution vers le symbolisme. Cette orientation est confirmée par la pièce en vers La Cloche engloutie (Die versunkene Glocke, 1897), fantaisie sur les combats d’un artiste. Cette œuvre en rupture, qui frôle le mysticisme, vaut à Hauptmann une renommée internationale et inspire plusieurs transpositions en musique[3]. L'auteur revient pourtant, l'année suivante, au drame réaliste avec Le Voiturier Henschel (Fuhrmann Henschel, 1898), qui s'intéresse aux inégalités sociales et à la corruption morale des individus. Rose Bernd (1903) conte le destin tragique d'êtres victimes de leurs défauts.
Dans les dernières années de sa vie, l'auteur manifeste un nouvel intérêt pour le théâtre grec et élabore une Tétralogie des Atrides (Atriden-Tetralogie, 1941-1945) dans laquelle le mythe des familles antiques prend une nouvelle résonance. Il y traite de la question du destin et du libre-arbitre. Il prépare également, dans le plus grand secret, un drame antinazi : Les Ténèbres (Aus der Finsternis, 1943)[2].
Outre une abondante production théâtrale, Gerhart Hauptmann est également l'auteur de recueils de poèmes en prose et en vers où il traite d'événements de sa vie personnelle tels l'échec de son premier mariage ou sa seconde expérience conjugale. On lui doit quelques romans comme Le Mécréant de Soanna (Der Ketzer von Soana, 1918) et Wickelmann (roman inachevé paru à titre posthume en 1954), ainsi que des poèmes épiques comme Le Grand Rêve (Der Grosse Traum, 1942), qui prend pour modèle la Divine Comédie de Dante[2].
Sa dernière pièce, Hebert Enckelmann, n'est représentée qu'en 1950, après sa mort. Hauptmann connaît le sort réservé aux Silésiens après la Seconde Guerre mondiale, mais peut mourir sur la terre dont il a chanté les drames et les multiples destins. Son œuvre et sa dépouille ont été transférées, non sans mal, dans la partie allemande occidentale. Il repose actuellement à Hiddensee, vêtu d'une robe de bure franciscaine acquise lors de son voyage en Italie et avec un sachet de terre silésienne sur la poitrine[2].
En 1914, il est l'un des signataires du Manifeste des 93. Hauptmann fut un sympathisant nazi, ami de Hans Frank.
Œuvre
- Promethidenloos, 1885
- Bahnwärter Thiel, 1888
- Vor Sonnenaufgang, 1889
- Das Friedensfest, 1890
- Die Weber, 1891
- Einsame Menschen, 1891 Publié en français sous le titre Âmes solitaires, drame en cinq actes, trad. d'Alexandre Cohen, Paris, L. Grasillier, 1894Publié dans une nouvelle traduction de Jörn Cambreleng sous le tire Âmes solitaire, Éditions Théâtrales, coll. « Des classiques », 2002
- Die Weber, 1892 Publié en français sous le titre Les Tisserands, drame en cinq actes, trad. de Jean Thorel, Paris, Charpentier et E. Fasquelle, 1893 ; réédition, Paris, Fasquelle, 1914
- Der Biberpelz, 1893 Publié en français sous le titre La Peau de castor: comédie de voleurs, dans Œuvres choisies, tome I, trad. de Jean-Pierre Lefebvre, Paris, Éditions Théâtrales, coll. « Scènes étrangères », 2002
- Hanneles Himmelfahrt, 1893 Publié en français sous le titre L'Assomption de Hannele Mattern, drame de rêve en deux parties, trad. de Jean Thorel, Paris, Plon, 1894
- Die versunkene Glocke, 1897 Publié en français sous le titre La Cloche engloutie : conte dramatique en 5 actes, trad. d'André-Ferdinand Hérold, Paris, Société du Mercure de France, 1897
- Fuhrmann Henschel, 1898 Publié en français sous le titre Le Voiturier Henschel, pièce en cinq actes, trad. de Jean Thorel, Paris, Plon, 1901
- Michael Kramer, 1900 Publié en français sous le titre Michael Kramer, pièce en quatre actes, trad. de Sébastien Voirol, Paris, E. Sansot, 1913
- Der rote Hahn, 1901
- Der arme Heinrich, 1902
- Rose Bernd, 1903 Publié en français sous le titre Pauvre Fille, pièce en cinq actes, trad. de Jean Thorel, Paris, Librairie Molière, 1905
- Griselda, 1909
- Der Narr in Christo Emanuel Quint, 1910
- Die Ratten, 1911 Publié en français sous le titre Les Rats, tragi-comédie berlinoise, trad. de Jeanne Pailler, Albi, Presses du Centre universitaire Champollion, 2010
- Atlantis, 1912 Publié en français sous le titre Atlantis, roman, trad. de René Lasne, Paris, Flammarion, coll. « La Rose des vents », 1952
- Gabriel Schillings Flucht, 1912 Publié en français sous le titre La Fuite de Gabriel Schillings, pièce en cinq actes, trad. de Betty Ségal, Paris, Revue de Paris, 1913
- Winterballade, 1917
- Der Ketzer von Soana, 1918 Publié en français sous le titre La Mécréant de Soana, roman, trad. de René Guignard, Paris, Aubier, 1933 ; réédition, Paris, Presses du Compagnonnage, « Collection des Prix Nobel de littérature », 1961
- Anna, 1921
- Die Insel der großen Mutter oder Das Wunder von Île des Dames, 1925
- Des großen Kampffliegers, Landfahrers, Gauklers und Magiers Till Eulenspiegel Abenteuer, 1928
- Wanda, 1928
- Ährenlese, 1929
- Vor Sonnenuntergang, 1932
- Die Abenteuer meiner Jugend, 1937 (autobiographie)
- Die Atriden-Tetralogie, 1941
- Das Märchen, 1941
- Neue Gedichte, 1946
Adaptations au cinéma
Bibliographie
- Wolfgang de Bruyn (de), Antje Johanning, Verein zur Förderung der Gerhart-Hauptmann-Häuser e. V. (Hrsg.):
- Christian Büttrich (de): Gerhart Hauptmanns „Till Eulenspiegel“. Mythologie und mythische Bildlichkeit. Verlag Hahn, Hannover 1992, (ISBN 3-7752-5500-1) (zugl. Dissertation FU Berlin 1972).
- Hans Daiber (de): Gerhart Hauptmann oder Der letzte Klassiker. Molden, Wien 1971.
- Joseph Gregor: Gerhart Hauptmann. Das Werk und unsere Zeit. Diana-Verlag, Wien 1952 (Nachdruck der Ausgabe Wien 1944).
- Karl S. Guthke (de): Gerhart Hauptmann. Weltbild im Werk. 2., vollständig überarbeitete und erweiterte Auflage. Fink, München 1980 (ISBN 3-7720-1292-2).
- (de) Hans-Egon Hass (de), « Hauptmann, Gerhart Johann Robert », dans Neue Deutsche Biographie (NDB), vol. 8, Berlin, Duncker & Humblot, , p. 103–107 (original numérisé).
- Eberhard Hilscher (de): Gerhart Hauptmann. Leben und Werk. Verlag der Nation, Berlin 1990 (ISBN 3-373-00444-6).
- Wolfgang Leppmann: Gerhart Hauptmann. Eine Biographie. Ullstein, Berlin 2007 (ISBN 978-3-548-36957-0) (Nachdruck der Ausgabe Frankfurt/M. 1986).
- Friedhelm Marx (de): Gerhart Hauptmann (Universal-Bibliothek; 17608). Reclam-Verlag, Stuttgart 1998 (ISBN 3-15-017608-5).
- Hans Mayer: Gerhart Hauptmann. Verlag Hahn, Velber bei Hannover 1970.
- Rolf Michaelis (de): Der schwarze Zeus. Gerhart Hauptmanns zweiter Weg. Argon-Verlag, Berlin 1962.
- Jürgen Nelles: Gerhart Hauptmann (Literatur Kompakt). Tectum, Baden-Baden 2018 (ISBN 978-3-8288-4016-4).
- Gerhart Pohl: Bin ich noch in meinem Haus? Die letzten Tage Gerhart Hauptmanns. Lettner-Verlag, Berlin-Dahlem 1953; Nachdruck Plöttner Verlag (de), Leipzig 2011 (ISBN 978-3-86211-044-5).
- Heiko Postma: Ein Großklassiker a. D.? Über den Dramatiker, Erzähler und Vers-Epiker Gerhart Hauptmann. jmb, Hannover 2009, (ISBN 978-3-940970-11-4).
- Paul Schlenther (de): Gerhart Hauptmann. Leben und Werke. Fischer, Berlin 1897.
- Joachim Seyppel (de): Gerhart Hauptmann (Köpfe des 20. Jahrhunderts; 121). Überarbeitete Neuauflage. Morgenbuch-Verlag, Berlin 1993 (ISBN 3-371-00378-7).
- Peter Sprengel (de): Gerhart Hauptmann. Epoche, Werk, Wirkung. Beck, München 1984 (ISBN 3-406-30238-6).
- Peter Sprengel: Der Dichter stand auf hoher Küste. Gerhart Hauptmann im Dritten Reich. Berlin 2009 (ISBN 978-3-549-07311-7).
- Peter Sprengel: Gerhart Hauptmann : Bürgerlichkeit und großer Traum; eine Biographie, München: Beck, 2012 (ISBN 978-3-406-64045-2)
- Kurt Lothar Tank: Gerhart Hauptmann. Mit Selbstzeugnissen und Bilddokumenten. Rowohlt, Hamburg 1959, in 28. Auflage erhältlich (Verlagsort Reinbek) (ISBN 3-499-50027-2).
Notes et références
- Gerhart Hauptmann sur l'encyclopædia Universalis.
- Article de Rodolfo Paoli consacré à Gerhart Hauptmann in Le Nouveau Dictionnaire des auteurs, de tous les temps et de tous les pays, édition Laffont-Bompiani, 1994, Paris, volume 1, pages 1395-1396.
- Gerhart Hauptmann sur l'encyclopédie Encarta (article aujourd'hui disparu).
Liens externes
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