Albert de Rocca
Albert Jean Michel Rocca, dit en famille John, né le à Genève, mort poitrinaire le à Hyères, est colonel aux Hussards durant les guerres napoléoniennes et le second époux de Germaine de Staël.
Huile sur toile de Pierre-Louis Bouvier (de),
Musée d'art et d'histoire de Genève, vers 1816.
Naissance | |
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Décès |
(à 30 ans) |
Nationalités | |
Activité | |
Conjoint |
Germaine de Staël (à partir de ) |
Enfant |
Louis Alphonse de Rocca (d) |
Distinction |
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Biographie
Fils cadet de Jean-François Rocca, avocat et conseiller de la République de Genève, et de Jeanne-Judith Bardin[1], il voit le jour dans une famille noble de la République de Genève d'origine piémontaise. Citoyen français après l'annexion de Genève, le , il étudie à l'École polytechnique, à Paris, avant d'entrer dans l'armée française. Il sert comme officier dans le 2e régiment de hussards en Prusse puis pendant la guerre d'Espagne. Grièvement blessé[2] le lors d'une embuscade près de Ronda[3], il perd l'usage d'une de ses jambes et doit renoncer à la carrière militaire. Sa valeureuse conduite lui vaut d'être chevalier de la Légion d'honneur à l'âge de 22 ans[4].
De retour à Genève, il rencontre, au printemps 1811, Germaine de Staël, qui, exilée de Paris par Napoléon, réside dans son château de Coppet. Après avoir échangé avec lui une promesse de mariage en [5] - [6], Madame de Staël met secrètement au monde, le , un fils baptisé Louis-Alphonse Rocca. Chétif, le garçon, au décès de son père, sera élevé par sa demi-sœur Albertine de Broglie, et aura pour précepteur Ximénès Doudan. Il se mariera en 1834 avec la fille du préfet de Paris, Rambuteau, Marie-Louise de Rambuteau, avant de mourir à l'âge de 26 ans, en 1838, sans postérité [7].
Le , pour rejoindre Londres, où elle fera paraître De l'Allemagne, Madame de Staël se lance avec John dans un tour européen qui la mène de Vienne, à Moscou, Saint-Pétersbourg puis Stockholm. C'est de Londres qu'ils assistent à la chute de Napoléon.
Ils se marient secrètement au château de Coppet, le [8] - [9]. Puis s'installant à Paris pour passer l'hiver durant la Seconde Restauration, Germaine de Staël y est victime, le , d'une attaque qui la laisse paralysée et y décède le , suivie peu après par son époux, qui meurt de la tuberculose à Hyères, dans le Var, le .
Poussé par Germaine de Staël à écrire, il a laissé deux descriptions d'événements militaires auxquels il a participé : Mémoires sur la guerre des Français en Espagne et La campagne de Walcheren et d'Anvers (qui décrit l'échec d'un débarquement britannique en Belgique). Récemment, un manuscrit inédit dans son entièreté intitulé Le Mal du pays. Histoire d'un jeune officier suisse a fait l'objet d'une publication[10], permettant de mieux comprendre ce profil perdu qui pourtant a apporté un éclairage intéressant sur son époque et qui fut aimé par la femme la plus européenne de son temps. Son portrait, en hussard de Chamborant, avec son cheval Sultan, une peinture à l'huile de Pierre-Louis Bouvier (de), est conservé par le Musée d'Art et d'Histoire de Genève, en Suisse.
Éditions
- Mémoires sur la guerre des Français en Espagne, Paris, Gide fils, H. Nicolle, 1814, 384 p.
- Campagne de Walcheren et d'Anvers, en 1809, Paris, Gide fils, 1815, 34 p.
- Mémoires sur la guerre des Français en Espagne (avec « La campagne de Walcheren et d'Anvers en 1809 », et un « Appendice contenant la traduction du récit officiel de la bataille de Medellín »), Paris, Gide fils, 1817, 368 p.
- Comtesse Jean de Pange, Un manuscrit inédit de Jean Rocca, second mari de Mme de Staël. Étude avec citation de fragments du roman inédit Le Mal du pays, Paris, H. Champion, 1930, 13 p.
Notes et références
- Jacques Augustin Galiffe, John-Barthélemy-Gaifre Galiffe, Eugène Ritter, Louis Dufour-Vernes, Notices généalogiques sur les familles- genevoises, depuis les premiers temps jusqu'à nos jours, Genève, J. Barbezat, 1831, p. 483.
- Voir les Lettres inédites de J.C.L. de Sismondi, de M. de Bonstetten, de Madame de Staël et de Madame de Souza à Madame la comtesse d'Albany (introduction de Saint-René Taillandier), Paris, Michel Lévy frères, 1863, p. 347-348, note 1.
- Cahiers staëliens : Organe de la Société des études staëliennes : index Occident et Cahiers staëliens (1930-1939), Cahiers staëliens, nouvelle série (1962-1978), Paris, Société des études staëliennes, 1979, 71 pages, p. 60.
- André Palluel-Guillard, L'aigle et la croix : Genève et la Savoie, 1798-1815, Éditions Cabedita, , 662 p. (ISBN 978-2-8829-5260-8), p. 359.
- Maurice Levaillant, Une amitié amoureuse Madame de Staël et Madame Récamier : lettres et documents inédits, Paris, Hachette, 1956, 383 pages, p. 286 et 350.
- Benjamin Constant et Éphraïm Harpaz 1977, p. 262.
- Marcel Laurent, Prosper de Barante et Madame de Staël, Saint-Laure, M. Laurent, 1972, 176 pages, p. 60.
- L'acte est dressé par le pasteur Gerlach. Sont témoins du mariage : Miss Frances Randall et le frère de l'époux, le juge Charles-Jean-Louis Rocca. Voir Benjamin Constant et Éphraïm Harpaz (introd. et commentaires), Lettres à Madame Récamier, 1807-1830, Paris, C. Klincksieck, coll. « Bibliothèque du XIXe siècle » (no 6), , 309 p. (ISBN 978-2-252-01847-7) (édition critique avec introduction et commentaires par Éphraïm Harpaz), p. 262.
- Arnaud Chaffanjon, Napoléon et l'univers impérial., Paris, Serg, , 406 p. (OCLC 566074933), p. 373.
- Albert Jean Michel Rocca, Œuvres, avec des contributions d'auteurs divers, Paris, 2017, Éditions Honoré Champion/Slatkine.
Bibliographie
- André Palluel-Guillard, L'Aigle et la croix : Genève et la Savoie, 1798-1815, Yens sur Morges, Cabédita, coll. « Archives vivantes », , 662 p. (ISBN 978-2-882-95260-8, lire en ligne)
- (en) Jean Christopher Herold, Mistress to an age: a life of Madame de Staël, New York, Grove Press, coll. « Grove great lives », , 500 p. (ISBN 978-0-802-13837-8, lire en ligne)
- Pauline de Pange, Le dernier amour de Madame de Staël d'après des documents inédits, La Palatine, (OCLC 890763756), p. 159
Liens externes
- « Œuvres d'Albert de Rocca » lire en ligne sur Gallica