Ahmed Djebbour
Ahmed Djebbour, né le à Ténès en Algérie française et mort le à Paris en France, est un homme politique français.
Ahmed Djebbour | |
Fonctions | |
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Député français | |
– (3 ans, 7 mois et 3 jours) |
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Circonscription | Alger |
Législature | Ire législature |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Ténès (Algérie française) |
Date de décès | |
Lieu de décès | Paris 15e (France) |
Parti politique | RNUR |
Biographie
Ahmed Djebbour est le fils de Mammar Djebbour et de Aïcha Mokrane. Il a épousé Ghennia Ziane[1].
Commerçant, il est diplômé de la Médersa d'Alger et sous-lieutenant de réserve[2].
Proche de Jean-Marie Le Pen[3], ce dernier, alors secrétaire général du Front national des combattants, le présente en mars 1958 à une législative partielle organisée dans la deuxième circonscription de la Seine, à la suite du décès de Marcel Cachin, face à Alexis Thomas[4].
Le il est grièvement blessé de cinq balles, dans un café de la rue des Écoles à Paris, lors d'un attentat du Front de libération nationale (FLN)[2]. Une fois sorti de l'hôpital, Jean-Marie Le Pen l'emmène se reposer chez sa mère à La Trinité-sur-Mer[4].
En novembre 1958, lors des élections de la première législature de la Ve République, il fait partie de la liste « Algérie française » de Pierre Lagaillarde, avec comme colistiers René Vinciguerra et Mourad Kaouah. Les quatre sont élus député d'Alger et rejoignent le groupe parlementaire Unité de la République[5] - [6].
Ahmed Djebbour Ă©chappe par la suite Ă plusieurs attentats.
En , il s'élève contre les mesures, tel le couvre-feu, qui visent les Nord-Africains, « par solidarité avec les travailleurs et non avec le FLN »[7] ; il considère que ce sont des « mesures discriminatoires et vexatoires qui frappent aveuglément les pauvres travailleurs sans, pour autant, mettre un terme aux crimes du FLN »[8] - [9].
Après la répression des manifestations du , il fait partie d'une mission d'information mandatée par la Commission des lois de l'Assemblée nationale, à laquelle participent notamment Marcel Sammarcelli, président de la Commission des lois, André Chandernagor, André Mignot et Michel Junot, et destinée à s'assurer que les prisonniers « politiques » détenus dans les prisons ne sont pas maltraités[10] - [11].
Le 18 mai 1962, il fait une déposition au procès de Raoul Salan et prend sa défense. Il estime que « le général Salan l'a protégé, a protégé sa famille et ses amis. »[12] - [13].
La fin des mandats des députés d'Algérie intervient en , date de l'indépendance de l'Algérie.
Ahmed Djebbour a « toujours considéré que le FLN n'était pas le parti qu'il fallait à l'Algérie »[7] - [14].
Après l'indépendance de l'Algérie, Ahmed Djebbour fait carrière à la COFACE au sein de laquelle il s’occupe spécialement de pays arabes. Il crée également avec Mourad Kaouah une association nationale d'aide aux Harkis, le Front national des rapatriés français de confession islamique (FNRFCI). Il en est le président jusqu'en 1974[15].
Il meurt le dans le 15e arrondissement de Paris.
Famille
Son frère ainé, Mammar Djebbour (1920-1944), soldat au 7e régiment de tirailleurs algériens (7e RTA), est « mort pour la France » lors de la libération de Marseille le 26 août 1944[16].
En 1986, une de ses deux filles, Soraya Djebbour, présentée par le Front national, est la première femme musulmane élue au conseil régional d'Île-de-France[3] - [17]. Elle annonce cependant son départ du parti le , dénonçant un climat islamophobe, et cela trois heures avant l'émission de L'Heure de vérité qui avait pour invité Jean-Marie Le Pen, qui déclarera qu'il s'agissait d'un « petit coup politichien »[18]. Son autre fille, Samia Lévy-Djebbour, est médecin[19].
Notes et références
- Acte de décès n°1901 du 27 juin 2011, Mairie de Paris 15e
- « M. Djebbour, diplômé de la medersa d'Alger, officier de réserve, avait refusé les offres de protection que lui avaient faites les services de la Préfecture... », M. Ahmed Djebbour est victime d'un grave attentat, Le Monde, 30 juillet 1958
- « Le discours du Front national ne peut pas être caricaturé en simple racisme antiarabes. Sa défiance envers l’immigration maghrébine porte la marque de la guerre d’Algérie, où il y avait - vu de l’armée française - les bons et les mauvais Arabes : les fellagas et les harkis. Jean-Marie Le Pen s’inscrit dans ce regard et ne rate jamais une occasion de rendre un hommage ému aux harkis. Tout comme son ami Ahmed Djebbour, député de confession musulmane élu sous l’Algérie française. », Caroline Fourest et Fiammetta Venner, Marine Le Pen démasquée, Grasset, Le Livre de Poche, 2011, p. 334-335.
- « Si je choisis par exemple de présenter Ahmed Djebbour à une législative partielle à Paris en 1957, c'est parce qu'il avait épousé sa femme non selon la charia mais selon le Code civil. Il assumait jusqu'au bout sa qualité de Français d'origine arabe et de confession musulmane. Quand il fut abattu un peu plus tard par les tueurs du FLN, je l'emmenai après l'hôpital en convalescence chez ma mère à La Trinité. Ce fut un acte spontané. Cette façon d'agir et de penser qui ne se démentit jamais en intriguait certains. », Jean-Marie Le Pen, Mémoires : Fils de la nation, Muller Editions, 2018, p.175
- L'Année politique, économique, sociale et diplomatique en France, Presses Universitaires de France, 1959, p.650 en ligne
- Robert Abdesselam faisait aussi partie du groupe Unité de la République. Il est lui-même grièvement blessé en mai 1960 à Paris lors d'une tentative d'assassinat du FLN
- Selon le père de Dominique Lormier qui a connu Djebbour pendant la Guerre d'Algérie, Dominique Lormier, Histoires secrètes de la guerre d'Algérie, Alisio, 2022, p.54
- JO du 8 octobre 1961
- «Deux député s'inquiètent des mesures prises pour lutter contre le terrorisme F.L.N. dans la région parisienne », Le Monde, 9 octobre 1961, lire en ligne
- André Chandernagor : « J'avais obtenu que notre mission, qui comptait une dizaine de membres parmi lesquels Sammarcelli, magistrat de profession, président de la Commission des lois, Mignot, député maire de Versailles, Ahmed Djebbour, député d'Algérie, Dejean, député de l'Ariège et moi-même, fût suffisamment large pour concerner tous les prisonniers politiques, à quelque camp qu'ils appartiennent. », André Chandernagor, La liberté en héritage, Pygmalion, 2004, p.187
- « Trois députés s'indignent des conditions de détention des musulmans internés au camp de Vincennes. », Le Monde, 9 novembre 1961 en ligne
- Ahmed Djebbour : « J'ai eu l'occasion à maintes reprises, alors que le général Salan était commandant en chef en Algérie, avant même que je sois parlementaire, d'être victime d'attentats répétés. Si je suis vivant, c'est que le général Salan m'a protégé, a protégé les miens et mes amis, car nous n'avions pas la possibilité à cette époque de marcher librement dans les rues d'Alger. », Raoul Salan, Le procès du général Raoul Salan, Nouvelles Éditions latines, 1962, pp.186-192
- « M. Djebbour estime, que le général Salan l'a protégé, a protégé sa famille et ses amis. », Le Monde, 19 mai 1962, en ligne
- Ahmed Djebbour interviewé par la télévision belge en février 1962
- Fatima Besnaci-Lancou, Benoît Falaize, Gilles Manceron, Les harkis, histoire, mémoire et transmission, Éditions de l'Atelier, 2010, p.138 en ligne
- Fiche de Mammar Djebbour, site MĂ©moire des hommes, en ligne
- A noter que les premières femmes musulmanes députées à l'Assemblée nationale sont Kheira Bouabsa, Rebiha Khebtani et Nafissa Sid Cara élues dans la première législature de 1958. Voir sur le site de l'assemblée nationale, Kheira Bouabsa, Rebiha Khebtaniet Nafissa Sid Cara
- « JM Le Pen : les gens qui quittent le Front national, islam incompatible avec l'Europe » [vidéo], sur Ina.fr (consulté le ).
- René Mayer, Français d'Afrique du Nord, René Mayer, 2007, p.302 en ligne
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Ressource relative Ă la vie publique :