Agropalma
Agropalma S.A, crĂ©Ă© en 1982 dans lâĂtat du ParĂĄ (BrĂ©sil), se prĂ©sente comme le plus grand producteur d'huile de palme et d'huile de palme durable[1] des AmĂ©riques. Agropalma produit (ou a produit) aussi des graisses et de la margarine, des agrocarburants issus du palmier Ă huile[2]. La production de biogazole a Ă©tĂ© interrompue par l'entreprise en raison d'une rentabilitĂ© jugĂ©e trop faible et de la compĂ©tition avec d'autres sources. Agropalma se concentre depuis uniquement sur la production d'huiles et de graisses vĂ©gĂ©tales.
Depuis plusieurs annĂ©es, le groupe fait l'objet d'accusation dâacquisitions fonciĂšres illĂ©gales, de violences et dâatteintes aux droits humains vis-Ă -vis des populations locales (population « marrons » et ribeirinhos, les gens des rives ; un peuple traditionnel vivant le long des ripisylves, souvent d'une pĂȘche de subsistance et d'un petit Ă©levage et de cueillette et cultures de subsistance)[2] - [1].
Quelques chiffres
Agropalma (membre du conglomérat Grupo Alfa, à ne pas confondre avec le Groupe Alfa, russe) est le plus grand producteur d'huile de palme d'Amérique latine, avec une production de 160 000 à 170 000 tonnes d'huile par an, destinées à l'industrie alimentaire, à la restauration et au segment des cosmétiques[1].
Agropalma affirme posséder (ce qui est contesté en justice) environ 39 000 hectares de palmeraie agroindustrielle dans les municipalités d'Acarå et de Tailùndia, dont 4 000 ha en « culture biologique ».
La sociĂ©tĂ© affirme aussi disposer de 64 000 ha de « zones de forĂȘts protĂ©gĂ©es » oĂč elle mĂšnerait des projets de protection du climat (REDD+).
Le chiffre d'affaires de 2021 a été de 2,3 milliards de reais, et une source interne souhaitant rester anonyme, a estimé en 2022, pour le journal brésilien Ver-o-Fato, qu'« avec la croissance de ses exportations, Agropalma vaudrait désormais 1 milliard de dollars américains, soit 5 milliards de reais sur le marché international »[1].
Concurrents
En Amérique, les deux grands producteurs de palmiers en Amérique latine sont Mejer Agroflorestal (15 000 ha) et Gorduras Taua (5 000 ha) (et Brasil Bio Fuels ou BBF) qui a racheté une partie d'Agropalma et qui, au début des années 2020, domine la production d'huile de palme à usage de production d'agrocarburant dans la région du nord-est de Parå)[2].
Mise en vente (2022)
Les cinq filles et hĂ©ritiĂšres du banquier milliardaire Aloysio Faria (mort fin 2020) ont dĂ©cidĂ© de mettre en vente Agropalma (ainsi que deux autres entreprises du groupe Alfa fondĂ© par leur pĂšre : la banque Banco Alfa et C&C ou Casa e Construção, un rĂ©seau de vente de matĂ©riaux de construction), la chaine d'hĂŽtels TransamĂ©rica, Ăguas da Prata et d'autres entreprises de secteurs variĂ©s[1]. L'insĂ©curitĂ© juridique induite par le risque foncier pourrait cependant dĂ©courager les acheteurs[1].
Certifications
Une partie de lâhuile mise sur le marchĂ© par Agropalma au BrĂ©sil est certifiĂ©e biologique, Ă©quitable et durable, via dix labels internationaux. Cette production Ă©tait en 2002 vendue Ă des gĂ©ants de lâindustrie agroalimentaire (ex ; Ferrero (Nutella), Kelloggâs, NestlĂ©, mais aussi Alnatura, Danone, Mars, Mondelez (Oreo), PepsiCo, Unilever (Miko, marque française de crĂšme glacĂ©e) et Upfield (Rama, une margarine surtout vendue en Allemagne)âŠ). Ces certifications sont mises en causes par des ONG, observateurs et journalistes (voir ci-dessous).
Critiques
D'aprĂšs lâagence de journalisme dâinvestigation Publica (en 2022)[2] et le journal Ver O Fato[1], une grande partie des terres dâAgropalma a Ă©tĂ© illĂ©galement appropriĂ©e sur du foncier public appartenant en rĂ©alitĂ© Ă lâĂtat, et Ă des communautĂ©s locales (famille TabaranĂŁ, qui devant la justice a remportĂ© jusqu'en 2022 toutes les Ă©tapes du litige contre Agropalma)[1]. Des tribunaux brĂ©siliens ont pour cette raison annulĂ© lâenregistrement de 58 000 ha par l'entreprise[2].
Des habitants et des ONG (comme Global Witness, et d'autres) dĂ©noncent des violations des droits humains, avec en particulier des menaces, assassinats et actions violentes : une enquĂȘte de TomĂĄs Balduino (du centre de documentation de la Commission Pastoral Terra ou CPT) a conclu que quatre Quilombolas ont Ă©tĂ© assassinĂ©s lors de conflits fonciers dans la rĂ©gion en 10 ans, et que quatre autres ont Ă©chappĂ© Ă des tentatives de meurtre, pendant que 14 menaces de mort Ă©taient rĂ©pertoriĂ©es contre les Quilombolas et les peuples autochtones rien que pour les municipalitĂ©s d'AcarĂĄ et TomĂ©-Açu[2] (les Quilombolas sont des communautĂ©s rurales noires dĂ©fendues par une Coordination, la CONAQ).
De plus, Agropalma et BBF bloquent les accĂšs Ă certains cours d'eau et Ă cimetiĂšres en s'appuyant sur des moyens lourds de surveillance (utilisant des drones, une tour de surveillance, des camĂ©ras, une sĂ©curitĂ© armĂ©e et des barriĂšres physiques telles que des tranchĂ©es (comblĂ©es en avril 2022 aprĂšs des affrontements avec les communautĂ©s et Ă la suite d'une ordonnance du tribunal)) et des plaques mĂ©talliques ou clĂŽtures) pour empĂȘcher les rĂ©sidents de pĂȘcher, chasser, cueillir ou cultiver ou se dĂ©placer dans les parcelles supposĂ©es leur appartenir (Brasil Bio Fuels)[2].
Selon l'Ordre des Avocats du Brésil les conditions de travail sont trÚs mauvaises et certains travailleurs des palmeraies d'Agropalma sont exploités et soumis à des « contrats-bùillons »[2], et selon Ver-O-Fato (en 2022) « Agropalma dispose d'une équipe d'avocats parmi les plus chÚres du pays »[1].
Selon un tĂ©moin interviewĂ© par PĂșblica, la situation semble s'ĂȘtre « beaucoup aggravĂ©e » en termes de menace et violence depuis 2020, depuis l'entrĂ©e de BBF dans le consortium BioVale (consortium liant Biopalma Ă la sociĂ©tĂ© brĂ©silienne Vale S.A.), quand BBF a achetĂ© Biopalma da AmazĂŽnia S.A. en 2020, une entreprise qui avait lancĂ© ses plantations de palmiers Ă huile Ă TomĂ©-Açu en 2008)[2] ; selon RepĂłrter Brasil la production d'huile (de palme) de BBF devrait servir Ă produire du biogazole et BBF alimenterait 70 % du marchĂ© brĂ©silien de l'aviation.
Dans ses documents de RSE (responsabilité sociale et environnementale), Agropalma affirme que « l'entreprise respecte le droit des communautés traditionnelles et des peuples autochtones à leurs terres et n'occupe pas ces zones », ajoutant que ses terres « ont été achetées à des agents privés, aux prix du marché et conformément à la législation brésilienne ». Mais, le ministÚre public du Parå, a de son cÎté conclu que l'entreprise a profité de « fraudes réalisées à travers un stratagÚme d'accaparement des terres ».
Notes et références
- (pt-BR) « BOMBA â Acusada de grilagem e com 58 mil hectares cancelados pela justiça, Agropalma estĂĄ Ă venda », sur Ver-o-Fato, (consultĂ© le ).
- (pt-BR) Bruna Bronoski, « Com inĂ©rcia do governo, empresas do dendĂȘ avançam sobre terras pĂșblicas da AmazĂŽnia », sur AgĂȘncia PĂșblica, (consultĂ© le ).