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Affaire Destrade

L'affaire Destrade, du nom du député des Pyrénées-Atlantiques Jean-Pierre Destrade, est une affaire politico-financière qui a ébranlé une partie des partis politiques de la gauche française de 1993 à 2005.

Chronologie

  • le , les gendarmes de la brigade de recherche de Bayonne prĂ©sentent au procureur Jean-Pierre Nahon l'Ă©lu Jean-Pierre Destrade, conseiller gĂ©nĂ©ral (Parti socialiste) du canton de Saint-Pierre d'Irube (PyrĂ©nĂ©es-Atlantiques). La veille, durant leur garde Ă  vue, les auteurs et complices de braquages de banques opĂ©rĂ©s sur la cĂ´te basque dĂ©nonçaient Jean-Pierre Destrade comme le commanditaire. L'Ă©lu se justifie face au procureur qu'il devait payer une contribution, exigĂ©e sous la menace, Ă  l'organisation sĂ©paratiste basque ETA. Le procureur Jean-Pierre Nahon stoppe toutes les procĂ©dures le concernant et celles des stipendiaires en forçant la main au juge d'instruction Christian LauquĂ©, omettant dĂ©libĂ©rĂ©ment (faute professionnelle) de rendre compte Ă  son supĂ©rieur hiĂ©rarchique, le procureur gĂ©nĂ©ral Jacques Michel. Celui-ci, informĂ© en par un justiciable de dĂ©ni de droit au T.G.I. de Bayonne, confia au S.R.P.J. de Bordeaux la relance d'enquĂŞtes concernant Jean-Pierre Destrade et son système de rĂ©coltes de fonds. Le Parquet de Bayonne ayant « perdu » la confiance de la Chancellerie, ses affaires seront dĂ©localisĂ©es Ă  Pau, oĂą il sera le seul mis en examen et Ă©crouĂ©, le [1].
  • En dĂ©pit d'une longue et minutieuse instruction, les juges ne parviennent cependant pas Ă  en Ă©tablir la preuve. Lors de confrontations houleuses avec Jean-Pierre Destrade, Henri Emmanuelli conteste avoir confiĂ© la moindre mission Ă  l'ancien dĂ©putĂ© ; il rappelle qu'il n'avait jamais fui ses responsabilitĂ©s de trĂ©sorier du Parti socialiste[4].
  • Ă€ la suite de dĂ©clarations de Jean-Pierre Destrade, Richard Moatti, ami personnel de Lionel Jospin, est Ă©galement soupçonnĂ© d'avoir tenu un rĂ´le d'intermĂ©diaire au bĂ©nĂ©fice de Carrefour. Une lettre du dirigeant d’Auchan le mettant en cause comme un intermĂ©diaire de Lionel Jospin se rĂ©vèle ĂŞtre un faux. L'enquĂŞte finit par Ă©carter tout lien avec l'ancien Premier ministre, et aboutit Ă  un non-lieu en faveur de Richard Moatti, faute de « charges suffisantes »[5].
  • : Ă€ quelques mois du premier tour de l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2002, le chef du gouvernement Lionel Jospin est entendu comme tĂ©moin par le juge Ă  son domicile parisien. Il conteste le rĂ´le de maĂ®tre d'Ĺ“uvre d'un financement occulte du Parti socialiste que s'attribue Jean-Pierre Destrade[6].
  • : Henri Emmanuelli, ancien trĂ©sorier du parti, mis en examen dans l'affaire Destrade, bĂ©nĂ©ficie finalement d'un non-lieu, ainsi que l’ensemble des politiques du dossier[7]. L’enquĂŞte n’a pas permis de retrouver trace des sommes Ă©voquĂ©es dans la comptabilitĂ© du Parti socialiste, dont les caisses noires de l’époque sont pourtant connues du fait de l’affaire Urba. Elle a, en revanche, dĂ©montrĂ© que sur dix-sept dossiers dans lesquels Jean-Pierre Destrade prĂ©tend ĂŞtre intervenu, treize n’ont jamais existĂ©.
  • : Ă€ son procès, Jean-Pierre Destrade est gĂ©nĂ©ralement dĂ©crit comme un affabulateur se prĂ©sentant Ă  ses interlocuteurs comme conseiller Ă  l’UAP, Ă  l’ÉlysĂ©e ou Ă  la Cour des comptes, un « tapeur » qui faisait fonctionner un système de cavalerie[8]. Il maintient ses dĂ©clarations, mais rĂ©estime le montant de ses propres commissions de cinq millions de francs Ă  200 000 francs, puis 300 000, puis 350 000 francs. Pour justifier ses aveux, son dĂ©fenseur dĂ©clare : « En 1995, il est restĂ© sept mois en dĂ©tention. Il n'a recouvrĂ© sa libertĂ© qu'après sa confession. Avouer : Ă  cette Ă©poque, c'est ce que la justice paloise attendait de lui[9]. » Il est finalement condamnĂ© Ă  trois ans de prison, dont un an ferme, pour trafic d'influence, escroquerie et dĂ©nonciation de dĂ©lit imaginaire par le Tribunal correctionnel de Pau[8].

Notes et références

  1. « Destrade, les revers d'un prodigueL'ex-député PS est au centre d'une affaire de financement politique. », sur Libération (consulté le )
  2. « Perquisitions au PS et au PRG dans l'affaire Destrade », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. « L'affaire qui poursuit le PS », sur L'Express, (consulté le )
  4. « Une lettre de Jean Glavanyau juge d'instruction », sur L'Obs, (consulté le )
  5. Renaud Lecadre, « Un ami de vingt ans de Jospin rattrapé par la justice. Richard Moatti est interrogé sur un trafic d'influence lié au PS », Libération,‎ (lire en ligne).
  6. « Lionel Jospin a été entendu dans l'affaire Destrade », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. « Henri Emmanuelli a obtenu un non-lieu dans l'enquête sur le financement du PS », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. Renaud Lecadre, « Prison ferme pour Jean-Pierre Destrade, Renaud Lecadre », Libération,‎ (lire en ligne).
  9. « Justice : en 2005, le procès du conseiller gĂ©nĂ©ral Jean-Pierre Destrade Ă  Pau », Sud Ouest,‎ (ISSN 1760-6454, lire en ligne, consultĂ© le )
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