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Affaire Carpentier

L’affaire Carpentier est une affaire criminelle québécoise dans laquelle Martin Carpentier a enlevé et assassiné ses deux filles de 6 et 11 ans avant de se suicider dans la nuit du à Saint-Apollinaire, dans la région de la Chaudière-Appalaches. Douze jours de recherches intenses ont été nécessaires pour retrouver les trois corps qui étaient dispersés sur plusieurs kilomètres de forêt[1].

Affaire Carpentier
Image illustrative de l’article Affaire Carpentier

Titre Affaire Martin Carpentier
Fait reproché Meurtre, enlèvement
Pays Drapeau du Canada Canada
Ville Saint-Apollinaire
Type d'arme Arme contondante
Date 8 juillet 2020
Nombre de victimes 3

Cette affaire a engendré la plus longue Alerte AMBER de l'histoire du Québec.

Contexte

Carpentier commence à fréquenter Amélie Lemieux en 2008 alors que cette dernière est enceinte de Norah. Il adopte officiellement l'enfant en 2010. En 2013, le couple fait naitre Romy, puis se sépare quelques mois plus tard, en 2015.

En juillet 2020, Martin a 44 ans et habite dans la ville de Lévis avec une nouvelle conjointe. Il travaille comme peintre et tireur de joints chez « Falex Peinture »[2]. Il est également animateur du 128e groupe scout de Charny, duquel ses filles sont membres[3]. Romy Carpentier a 6 ans et Norah Carpentier, 11 ans[4].

Quelques jours avant sa disparition, Carpentier rencontre son avocate pour que celle-ci prépare la demande de divorce avec son ancienne conjointe.

Jour de la disparition

Aperçu de l'autoroute 20 au kilomètre 310.

Carpentier passe la journée du en compagnie des fillettes et aussi de la mère, Amélie. Selon cette dernière, l'ambiance était conviviale et ils ont eu beaucoup de plaisir.

Au courant de la journée, il reçoit par courriel les documents de divorce qu'il avait demandé à son avocate, quelques jours plus tôt.

En début de soirée, Martin décide de sortir avec ses filles pour aller manger une crème glacée et insiste pour y aller seul. Vers 20 h 30, ils sont aperçus dans un dépanneur de Lévis, dans le secteur de Saint-Nicolas, puis dans un restaurant rapide de McDonald's à Saint-Apollinaire.

Un peu après 21 h, le véhicule de Martin traverse le terre-plein central de l'autoroute 20 à la hauteur du kilomètre 288 à Saint-Apollinaire. Le véhicule termine sa course dans les voies en sens inverse. Martin abandonne immédiatement le véhicule et quitte les lieux avec ses filles en traversant deux voies rapides, une voie ferré, deux fossés et une rue qui longe l'autoroute. Puis il entre dans la forêt, pieds nus et en pleine obscurité.

C'est la dernière fois qu'ils sont aperçus vivants[5].

Recherches

Le premier appel d'urgence a lieu à 21 h 20. Une fois sur place, les premiers répondants découvrent le véhicule accidenté, mais aucune trace des occupants. Ils font alors quelques recherches sur le terrain, mais seulement dans la zone immédiate entourant le lieu de l'accident. La police interroge ensuite les proches qui déclarent ne pas croire que Martin représente une menace pour les fillettes. Les policiers contactent alors des compagnies de taxi et les urgences des hôpitaux les plus proches, dans le but de savoir si les trois personnes ont quitté les lieux par leurs propres moyens[5]. Toutefois, le personnel hospitalier refuse de communiquer de l'information, pour des raisons de confidentialité.

Bell CH-146 Griffon

Le , vers 6 h, les policiers découvrent des textos envoyés par Carpentier à sa conjointe la veille. Ceux-ci sont interprétés comme étant possiblement des messages d'adieu. Dans la journée, l'inquiétude grandit alors que les trois accidentés sont toujours introuvables. La police commence clairement à suspecter un enlèvement lorsqu'elle découvre des traces de pas dans le boisé qui borde l'autoroute. Celles-ci indiquent que le suspect s'est grandement enfoncé dans les bois, pour une raison inexpliquée. C'est alors qu'à 15h, le ministère de la Sécurité publique prend le contrôle des systèmes de radiodiffusion et de télécommunication afin de diffuser une alerte AMBER partout au Québec, notamment sur les téléphones portables[6]. Un important déploiement de différents corps de police se met alors en branle avec notamment des hélicoptères, des maîtres-chiens et des patrouilleurs en VTT. Un CH-146 Griffon des forces armées canadiennes a également été envoyé en renfort[7].

Le , peu avant midi, un premier corps est retrouvé à 2,4 kilomètres du lieu de l’accident. Il s'agit de Norah.

Quelques minutes plus tard, le corps de Romy est découvert une cinquantaine de mètres plus loin. Le père est pour sa part introuvable et une chasse à l'homme s'ensuit[8].

Le , la police découvre des traces laissés par le fugitif dans une roulotte à 1,7 km de la sortie de route. Celui-ci y aurait subtilisé une pelle et un briquet.

Le , les autorités annoncent mettre fin aux recherches sur le terrain. En soirée, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, transmet ses condoléances aux proches. « Je suis bouleversé par cette nouvelle. Comme parent, cette tragédie est incompréhensible. » déclare-t-il.

Le , les funérailles des deux fillettes ont lieu. Le même jour, vers 19h, la dépouille du fugitif est retrouvé très près du périmètre de recherche, à environ 5,5 kilomètres du lieu de l'accident.

EnquĂŞtes

Accident de voiture

Le , le directeur des communications de la SQ déclare que l'accident de voiture sur l'A20 n'était pas intentionnel, mais constitue un « point de bascule ».

Toutefois, le rapport d’investigation du Bureau du coroner, publié le , apporte une analyse différente des faits. Selon le rapport, l'embardée du véhicule aurait été causé par une geste intentionnel de Carpentier et constituerait une « tentative de mourir avec ses filles »[9] - [10].

Fuite en forĂŞt

Selon des témoins, en quittant les lieux de l'accident, Carpentier transportait une des fillettes dans ses bras et l'autre marchait à côté de lui. Dans le véhicule, les enquêteurs ont retrouvé son téléphone portable et une sandale appartenant à Norah.

À environ 100 m du véhicule accidenté, les enquêteurs découvrent une empreinte de sandale qui correspond à celle retrouvée dans la voiture, ainsi que la trace d'un pied nu. Puis, environ 800 mètres plus loin, ils découvrent d'autres traces, qu'ils associent à Romy.

Ils se sont ensuite introduits dans une roulotte pour y passer une partie de la nuit[11]. En repartant, ils auraient emporté une petite pelle, un briquet à BBQ et des ustensiles de camping[9].

Meurtre

Le lendemain, en après-midi, Carpentier et ses filles auraient entrepris la construction d'un abri. Alors que Norah préparait un petit feu, le père et Romy se seraient éloignés pour collecter du bois. C'est à ce moment que Romy aurait reçu un violent coup de branche à la tête de la part de Carpentier, causant sa mort. Il serait ensuite revenu vers Norah pour la tuer de la même manière[12] - [9].

Dans la même journée, Carpentier a poursuivi sa route, seul, sur quelques kilomètres avant de voler une échelle dans une résidence et ensuite s'enlever la vie.

L'autopsie du père a révélé qu'il n'était pas intoxiqué par l'alcool ou la drogue au moment des faits[13].

Moment du décès

Le 22 juillet 2020, la SQ déclare que les deux fillettes et leur père seraient morts dans les 12h qui ont suivi leur disparition, donc avant le déclenchement de l'alerte AMBER[12]. Le lendemain, le bureau du coroner émet un communiqué dans lequel il rappelle que c'est au coroner que revient la responsabilité de préciser le moment de la mort et non à la police[14].

Le , soit un an après les événements, un article de Radio-Canada rapporte une demi-douzaine de sources qui ont participé à l'enquête ou à l'opération sur le terrain. Celles-ci prétendent que le décès des fillettes serait plutôt survenus 18 heures après leur disparation, donc environ au même moment où l’alerte AMBER a été déclenchée[14].

L'enquête de la coroner conclut que les enfants ont été tués le 9 juillet 2020 en après-midi[9].

Enquête publique sur l’opération de recherche

Le 3 novembre 2021, le rapport de la coroner révèle de nombreuses lacunes dans l’opération de recherche de la Sûreté du Québec. Il évoque notamment des problèmes de communication, du temps perdu à suivre de fausses pistes et une alerte AMBER tardive[15].

Puis, le , l’émission « Enquête » diffuse des témoignages de plusieurs policiers et ex-policiers de la Sûreté du Québec qui mettent en lumière les ratés de l’opération. Deux semaines plus tard, la ministre de la Sécurité publique du Québec, Geneviève Guilbault ordonne le déclenchement d'une enquête publique à ce sujet[16].

La première audience a lieu le au palais de justice de Québec[17].

Voir aussi

Notes et références

  1. Isabelle Porter et Marie-Michèle Sioui, « Martin Carpentier retrouvé mort », sur Le Devoir, (consulté le )
  2. Pierre-paul Biron, « L’entourage de Martin Carpentier nage en plein mystère », sur Journal de Montréal, (consulté le )
  3. « Une vidéo montrant Martin Carpentier refait surface », sur Journal de Montréal, (consulté le )
  4. « Le père biologique de Norah Carpentier rongé par la peine et les regrets », sur Radio-Canada,
  5. « J.E : La mère des fillettes Carpentier s'interroge sur le travail des policiers », sur TVA Nouvelles, (consulté le )
  6. « Alerte AMBER », sur alerte.gouv.qc.ca (consulté le )
  7. « Alerte Amber : un hélicoptère de l'armée envoyé en renfort », sur Radio-Canada,
  8. Arnaud Koenig-Soutière, « La police déploie une vaste chasse à l’homme pour retrouver Martin Carpentier », sur Journal de Montréal, (consulté le )
  9. « Martin Carpentier aurait voulu mourir avec ses filles dans l’accident »,
  10. « La coroner dépose ses rapports d’investigation »,
  11. Vincent Larouche, « Martin Carpentier a tué ses deux filles, tout s’est joué en 12 h », sur La Presse.ca, (consulté le )
  12. Antoine Lacroix, « Double meurtre: «L’irréparable» commis durant la première nuit », sur Journal de Montréal, (consulté le )
  13. Fanny Samson, « Carpentier a tué ses filles avant le début de la chasse à l'homme », sur Radio-Canada, (consulté le )
  14. « Les sœurs Carpentier vraisemblablement encore en vie au déclenchement de l’alerte Amber », sur Radio-Canada, (consulté le ).
  15. « La mère des petites Carpentier songe à poursuivre la SQ », sur Radio-Canada, (consulté le )
  16. « Affaire Carpentier : Geneviève Guilbault ordonne une enquête publique », sur Radio-Canada, (consulté le ).
  17. « Affaire Carpentier: l'espoir d'obtenir enfin des réponses », sur Le Soleil, (consulté le ).
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