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Adolphe PĂ©goud

Célestin Adolphe Pégoud, né à Montferrat (Isère) le et mort à Petit-Croix (Territoire de Belfort) le , est un aviateur français de la Première Guerre mondiale.

Adolphe PĂ©goud
Adolphe PĂ©goud
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  26 ans)
Petit-Croix
SĂ©pulture
Nom de naissance
CĂ©lestin Adolphe PĂ©goud
Nationalité
Activités
signature d'Adolphe PĂ©goud
Signature

Biographie

Le « looping » d'Adolphe Pégoud.
Carte postale allemande de 1913.
Reconstitution récente (2011) de l'avion de Pégoud.
Adolphe PĂ©goud
recevant la croix de guerre.
Lectures pour tous, .

Troisième enfant d'une famille d'agriculteurs, ingénieux et intrépide, le jeune Célestin Adolphe Pégoud rêve d'aventure et délaisse le travail de la terre à 14 ans pour tenter sa chance à Paris. Il attend patiemment l'âge de ses 18 ans pour s'engager dans l'armée. Il commence sa carrière militaire le comme cavalier au 5e régiment de chasseurs d'Afrique en Algérie, puis au Maroc. De retour en métropole en , il est affecté au 12e régiment de hussards à Gray (Haute-Saône) puis, un an plus tard, au 3e régiment d'artillerie coloniale de Toulon. C'est là qu'il fait une rencontre décisive avec le capitaine Louis Carlin, un officier passionné d'aviation. Se liant d'amitié, tous deux sont mutés au camp de Satory, près de Versailles où Pégoud fait son premier vol comme passager en .

De retour à la vie civile à la fin de son engagement de cinq ans en , il débute le pilotage et obtient son brevet le , il est ensuite engagé par Louis Blériot une semaine plus tard comme pilote d'essai pour tester toutes les nouvelles améliorations techniques et inventions, comme l'aéroplane à trolley devant permettre à un avion de s'arrimer à un câble tendu le long de la coque des navires.

Le , il est le tout premier à sauter en parachute [1] : parti de l'aérodrome de Châteaufort dans les Yvelines, il abandonne au-dessus du domaine de la Geneste un vieux Blériot XI sacrifié pour l'occasion. Avec l'inventeur Frédéric Bonnet qui a mis au point ce système de parachute fixé sur le fuselage, ils démontrent ainsi l'efficacité d'un tel dispositif en cas d'avarie dans les airs. À noter que ce parachute Bonnet sera également testé en 1914 avec succès par Jean Bourhis[2].

Pendant que l’audacieux PĂ©goud descend « en père peinard » (note-il dans ses propres carnets aujourd'hui disparus), son avion, alors livrĂ© Ă  lui-mĂŞme, forme dans le ciel de curieuses arabesques avant de s’écraser au sol[3]. Dès cet instant, PĂ©goud est convaincu qu’un avion peut effectuer des manĹ“uvres jusqu’ici impensables qui permettraient, dans bien des cas, de sauver la vie de pilotes en situations jugĂ©es dĂ©sespĂ©rĂ©es, et il va le prouver. Le , PĂ©goud exĂ©cute Ă  Juvisy-sur-Orge (Essonne), en prĂ©sence de Louis BlĂ©riot, le premier vol « tĂŞte en bas » de l’histoire, sur 400 mètres. C’est un nouvel exploit qu'il rĂ©itère le lendemain, Ă  Buc (Yvelines) sur 700 mètres devant des reprĂ©sentants de l’aviation civile et militaire. Quelques semaines plus tard, toujours Ă  Buc, il rĂ©alise le une sĂ©rie de figures acrobatiques et termine son programme en « bouclant la boucle », l'un des tout premiers loopings (avec celui de Piotr Nesterov)[4].

Dès lors, c’est la gloire. Toute la presse s’empare de l’événement. Il est acclamé, ovationné. Ses exhibitions sont plébiscitées partout en Europe jusqu’en Russie. Sa popularité est sans égale, y compris en Allemagne. Pourtant, sur le point de partir aux États-Unis faire ses démonstrations, il reçoit un ordre de mobilisation : la Première Guerre mondiale vient d’éclater[5].

Il est d'abord dĂ©tachĂ© Ă  la dĂ©fense de la ville de Paris (Camp retranchĂ© de Paris), et obtient sa première citation en [6] pour une mission de renseignement Ă  Maubeuge. Le mois suivant, son avion est touchĂ© et il doit planer sur plus de 10 km pour rejoindre les lignes françaises. Le , il descend deux avions ennemis et force le troisième Ă  atterrir cĂ´tĂ© français. En , il est dĂ©tachĂ© Ă  l'escadrille MS 49 Ă  Belfort, dont il marquera Ă  jamais de son empreinte l'histoire de l'unitĂ©. Le , il remporte sa sixième victoire aĂ©rienne[6], ce qui lui vaut une seconde citation Ă  l'ordre de l'armĂ©e. Il devient ainsi le premier « as » de la guerre de 1914-1918[7].

Mascotte Pingouin du pilote Adolphe Pégoud. Musée de l'Armée, Paris.

Au matin du , le sous-lieutenant CĂ©lestin Adolphe PĂ©goud mène son dernier combat. Il est opposĂ© seul au caporal Otto Kandulski[8] — qui a Ă©tĂ© son Ă©lève[9] — et au mitrailleur lieutenant Von Bilitz. PĂ©goud est abattu d'une balle Ă  la tĂŞte Ă  2 000 m d'altitude au-dessus de Petit-Croix, Ă  l'est de Belfort, Ă  seulement l'âge de 26 ans. Il vient d'ĂŞtre nommĂ© chevalier de la LĂ©gion d'honneur et de se voir attribuer la croix de guerre avec palmes. Il ne le sut jamais. Après sa mort sa mascotte,un petit pingouin, qui ne le quittait jamais en vol, est retrouvĂ©e fixĂ©e sur le capot de l’avion[10]. Le , les pilote et mitrailleur allemands reviennent sur les lieux du combat et y lancent une couronne de laurier portant l'inscription « Ă€ PĂ©goud, mort en hĂ©ros pour sa Patrie ». Le , le pilote français Roger Ronserail abat lors d'un combat aĂ©rien l'Allemand Otto Kandulski et venge ainsi la mort d'Adolphe PĂ©goud. L'exploit de Roger Ronserail lui vaut l'appellation « du vengeur de PĂ©goud », bien qu'Otto Kandulski se soit mariĂ© par la suite et ait eu une fille, avant de disparaĂ®tre sans laisser de trace, ce qui prouve que Roger Ronserail ne l'avait pas vraiment tuĂ©.

Enterré dans un premier temps au cimetière de Petit-Croix, Adolphe Pégoud repose au cimetière du Montparnasse à Paris où sa dépouille a été transférée en avec cérémonie à Notre-Dame.

Tombe d'Adolphe Pégoud, Paris, cimetière du Montparnasse.

Un monument commémoratif est érigé le à l'emplacement exact où il s'est écrasé. Ce monument est transféré le au centre du village de Petit-Croix. Montferrat, son village natal, a également fait édifier un monument à sa mémoire et une stèle au milieu du monument aux morts le célèbre.

Affaire judiciaire

En , Pégoud doit répondre à des accusations de sabotage portées par un ancien mécanicien congédié, Adolf Freissmath, qui affirme que Pégoud a saboté le monoplan Blériot qu'il vient de vendre à l’aviateur italien Dalmistro. L'affaire est portée devant la justice qui conclut à une modification de l'appareil, qui n'est en fait qu'une remise en l'état de l'aéroplane comme il était à sa sortie d'usine Blériot[11].

Distinctions

Adolphe Pégoud, chevalier de la Légion d'honneur, titulaire de la médaille militaire et de la croix de guerre avec plusieurs citations à l'ordre de l'armée pour ses nombreuses victoires, est aussi décoré de la médaille commémorative du Maroc avec agrafe « Casablanca ».

Hommages

Monument Ă  Adolphe PĂ©goud, Montferrat.
  • Une rue de Petit-Croix (Territoire de Belfort) porte son nom ;
  • Une rue de Grenoble (Isère) porte son nom ;
  • Une rue de Bretteville-sur-Odon (commune près de Caen, Calvados) porte son nom, dans le quartier Koenig, ancien quartier militaire jouxtant l'aĂ©rodrome caennais ;
  • une rue de Fontaine (Isère) porte son nom ;
  • une rue de Villard-Bonnot (Isère) porte son nom ;
  • une rue de VĂ©lizy-Villacoublay porte son nom ;
  • une rue de Savigny-sur-Orge porte son nom ;
  • une rue de Fontaine porte son nom ;
  • une rue de Belfort porte son nom ;
  • une rue du Mans (Sarthe) porte le nom de « CĂ©lestin » Pegoud (citĂ© des pins, crĂ©Ă©e Ă  la fin des annĂ©es 1930) ;
  • une rue de SĂ©mĂ©ac, en banlieue de Tarbes, porte Ă©galement ce nom (mĂŞme Ă©poque) ;
  • Ă  Montferrat, le musĂ©e Adolphe PĂ©goud porte son nom et un monument commĂ©moratif lui est dĂ©diĂ© ;
  • la promotion 2014 de l'École de l'air a pour parrain Adolphe PĂ©goud.
  • L'association Cerap (Centre d’Etude et RĂ©alisation AĂ©rospaciale PĂ©goud) qui regroupe actuellement le planĂ©tarium et le club d’astronomie de Belfort, est nommĂ©e en son honneur.
  • Un hangar d'aviation porte son nom sur le terrain d'aviation de Chaux.

Notes et références

  1. « Adolphe Pegoud », sur Fan d'avions (consulté le ).
  2. Le 24 février 1914 dans le ciel : Bourhis saute avec un parachute signé Bonnet.
  3. Pascal Bouchain, « Pégoud teste le parachute Bonnet », sur Pégoud, roi de l'air, .
  4. Pascal Bouchain, « Pégoud, précurseur de la voltige aérienne », sur Pégoud, roi de l'air, .
  5. Pascal Bouchain, « Pégoud se produit partout en Europe », sur Pégoud, roi de l'air, .
  6. « Le sous-lieutenant Pégoud », La Guerre Aérienne Illustrée, no 2,‎ .
  7. Bouchain, Pierremont et Thollon-Pommerol 2013, présentation en ligne.
  8. Marcel Catillon, Qui était qui? : mémorial aéronautique, vol. 2, Nouvelles Éditions Latines, , 224 p. (ISBN 9782723320535, lire en ligne), p. 189.
  9. (en) « Adolphe Célestin Pégoud », sur The Aerodrome (consulté le ).
  10. Musée de l'Armée, « Mascotte du sous-lieutenant aviateur Adolphe Pégoud »
  11. « Le 26 février 1914 dans le ciel : Pégoud accusé de sabotage », sur air-journal.fr, 26 février 2013.

Bibliographie

  • Paul Bonnefon, PĂ©goud, un As oubliĂ©, Ă©ditions Berger-Levrault, 1918. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Pascal Bouchain, Huguette Pierremont et Claude Thollon-Pommerol, CĂ©lestin PĂ©goud, roi de l'air, premier as, Saint-Claude, Thollon-Pommerol, coll. « Les cahiers des as oubliĂ©s de 14-18 » (no 5), (ISBN 978-2-356-82202-4, prĂ©sentation en ligne). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Christiane Le Diouron, Adolphe PĂ©goud, le roi de l’air, Thot, , 160 p. (ISBN 978-2-84921-157-1, prĂ©sentation en ligne).

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