Ader-Nordmann
Ader est une maison de ventes aux enchères française. Elle fait partie du groupe Drouot. Elle figure parmi les principales maisons de vente aux enchères de France[1].
Ader | |
Création | 1692 |
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Personnages clés | Fernand Lair-Dubreuil Étienne Ader Rémi Ader David Nordmann Xavier Dominique Elsa Joly-Malhomme |
Forme juridique | Société à responsabilité limitée |
Siège social | Paris 3 rue Favart 75002 France |
Direction | David Nordmann Xavier Dominique |
Activité | Enchère |
Filiales | 20 rue de Chartres à Neuilly-sur-Seine 20 avenue Mozart à Paris 16 Ader Entreprises & Patrimoine |
Effectif | 22 salariés |
Site web | https://www.ader-paris.fr/ |
Ses origines remontent à 1692 à Paris. Sous l’impulsion des commissaires-priseurs Fernand Lair-Dubreuil, Étienne Ader et Rémi Ader, elle connaît une grande importance au XXe siècle. David Nordmann en prend la direction en 2005[2]. Xavier Dominique le rejoint en 2017.
Histoire
Le premier office
En 1691, Louis XIV réforme la fonction d’huissier-priseur en lui réservant le monopole des ventes publiques. L’année suivante, en 1692, est institué le tout premier office préexistant à la future maison de ventes Ader.
XVIIIe siècle
Sous Louis XVI apparaît pour la première fois le terme de commissaire-priseur. Le marché de l'art est florissant à cette période[3]. Dès lors, les ventes aux enchères de prestige vont se multiplier au sein de l’office originel de la maison Ader. Le même office change autant de nom qu'il change de commissaire-priseur à sa tête, mais la structure reste la même.
XIXe siècle
Au XIXe siècle, les collections d’art et le patrimoine mobilier des plus grandes personnalités de l’époque sont dispersés au sein de la maison de ventes. Parmi les vacations les plus remarquables figurent celles de la collection de Frédéric Chopin, de Victor Hugo, de la Royauté avec la vente des diamants, perles et pierreries provenant de la collection des joyaux de la Couronne lors d’une vacation au palais des Tuileries, et la mise aux enchères d’environ 100 000 bouteilles et 57 fûts de vins provenant des caves des châteaux des Tuileries, de Fontainebleau et de Compiègne, dont la première vente a lieu au palais du Louvre en 1871. Quelques années plus tard, en 1883, aura lieu la dispersion des effets de célébrités de la Comédie-Française comme la vente des bijoux de Sarah Bernhardt.
Mise en place de la dynastie Ader
En 1931, Maurice Ader prend la tête de l'office à la suite du commissaire-priseur Ambroise Lair-Dubreuil. Il décède prématurément la même année, et c'est son frère, Etienne, qui prend sa suite en 1933[4].
Commence un nouvel essor pour la maison de vente. En 1950, l’étude française de Maître  Étienne Ader réalisait un chiffre d’affaires en matière de ventes d’œuvres d’art équivalent aux ventes cumulées de Christie’s et Sotheby’s à la même date[5]. Parmi les ventes remarquables dirigées par Etienne Ader, on retient les collections David David-Weill (1974), André Lefèvre, Hugo Cahen D’Anvers (1934)[6], ou encore Henri Beraldi (1934).
Ader-Picard-Tajan
La forte augmentation de l’activité de l’étude mène Étienne Ader puis Rémi Ader à s’associer à d’autres confrères : Jean-Louis Picard, Antoine Ader et Jacques Tajan. La structure, désormais connue sous le nom d'Ader-Picard-Tajan, devient la plus importante maison de ventes aux enchères du XXe siècle. Elle domine le Marché de l’art français pendant plus de 20 ans. Son activité ne se limite pas seulement à Paris et à la France, mais s’étend à Monaco, Genève, Bruxelles, Tokyo ou encore New York.
XXIe siècle
Après la brutale chute du marché de l’art au début des années 1990, Rémi Ader reste seul à la tête de la société. Il est rejoint en 2005 par David Nordmann puis en 2017 par Xavier Dominique. La maison de ventes retrouve alors sa place parmi les 10 premières maisons de ventes françaises.
Les ventes thématiques et les ventes de collections se succèdent : la vente Prévert en 2009[7], la collection André Bernard autour de Sacha Guitry en 2011, la collection André Level en 2016, celle de Jacques Malatier, érudit et banquier féru d’art des XVIIe et XVIIIe siècles en 2018, la collection Marcel Sztejnberg de 2021 à 2023.
La commissaire-priseur Elsa Joly-Malhomme s’associe avec David Nordmann et Xavier Dominique pour créer en 2019 la première maison de ventes spécialisée dans le patrimoine des entreprises : Ader Entreprises & Patrimoine.
En 2022, la maison connut des résultats importants dans l'art du XXe siècle avec la vente de la collection de céramiques J.J.Lerat et celle des tables trapèzes de Jean Prouvé provenant de la résidence universitaire Jean Zay à Anthony et vendues chacune près de 2 millions d'euros[8] - [9].
Les commissaires-priseurs successifs de l'étude Ader
Voici une liste des différents commissaires-priseurs qui se sont succédé à la tête de la maison de vente aujourd'hui connue sous le nom d'Ader :
- Michel Saignet (prise de fonction en 1692)
- Sébastien Dupré (prise de fonction en 1708)
- Jean-Baptiste Dupré (prise de fonction en 1747)
- Dupré-Desmarais (prise de fonction en 1751)
- François Graux prise de fonction en 1767)[10]
- Louis-François Boileau (prise de fonction en 1781)[11]
- Antoine-Claude Balbastre (prise de fonction en 1802)[11]
- Henry Pinart (prise de fonction en 1828)[12]
- Nicolas Ridel (prise de fonction en 1833)[11]
- Saturnin Pouchet (prise de fonction en 1854)[13]
- Eugène Escribe (prise de fonction en 1858)[14]
- Georges Duchesne (prise de fonction en 1890)[15]
- Fernand Lair-Dubreuil (prise de fonction en 1900)[16]
- Maurice Ader (prise de fonction en 1931)[17]
- Étienne Ader (prise de fonction en 1933)[18]
- Ader-Picard-Tajan (société civile de commissaires-priseurs, créée en 1972)
- Rémi Ader (indépendant en 1994)[19]
- David Nordmann (prise de fonction en 2004)
- Xavier Dominique (prise de fonction en 2017)
Lieux
La maison de vente aux enchère est historiquement située rue Favart à Paris, au cœur du quartier des antiquaires et proche de l’Hôtel des ventes Drouot. Elle a également ouvert des études dans le 16ème arrondissement de Paris et à Neuilly. Enfin, elle est présente dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Est de la France grâce à ses correspondants locaux.
La maison-mère, rue Favart
La rue Favart est le fief historique de la maison Ader. D’abord située au 6, l’étude déménage au 12 de la rue Favart en 1956. Après la dissolution de la société Ader Picard Tajan, l’étude est temporairement transférée rue Saint-Marc pour revenir en 2009 au 3 de la rue Favart. La maison Ader est située en face de l’Opéra-Comique, à l’angle de la rue Favart et de la place Boieldieu[20]. D’importants travaux d’agrandissement sont entrepris pour répondre aux besoins croissants de l'étude en expansion. Ces travaux lui permettent d’installer au rez-de-chaussée une salle des ventes et d’aménager les étages pour mieux accueillir les experts et la nouvelle génération de collaborateurs.
Les succursales
Deux annexes ont été ouvertes dans les années 2010. Une première au 20, avenue Mozart, dans le 16e arrondissement de Paris est dirigé depuis 2021 par Maguelone Chazallon Cauchois, et une seconde au 20, rue de Chartres, à Neuilly-sur-Seine par Emmanuelle Leclerc.
Par ailleurs, se rattache également à la maison de vente Ader la première maison de ventes dédiée à la valorisation du patrimoine des entreprises et des institutions, Ader Entreprises & Patrimoine. Elle réalise l’inventaire, l’estimation et la vente aux enchères des actifs des sociétés.
L'organisation des ventes
Les ventes sont spécialisées, organisées selon des thèmes ou des collections spécifiques. Elles sont mises sur pied grâce à une collaboration de l'équipe, des experts afférents, et des commissaires-priseurs autour des œuvres proposées à la vente. Vingt-sept domaines sont ainsi défendus par la maison, chacun faisant l'objet de deux à six ventes par an. Ils sont très variés : armes et souvenirs historiques, art russe, estampes, arts décoratifs du XXe siècle...
Ventes notables
Durant ses trois siècles d'existence, les ventes historiques menées par la maison Ader se succèdent, et certaines sont d'une importance capitale pour l'histoire de l'art et du marché.
XIXe siècle
- Bibliothèque du marquis de Bruyères-Chalabre, maison de vente Silvestre - rue des bons enfans, 6 - et -
- Vente après décès de Frédéric Chopin, 42 rue de Jeuneurs,
- Vente après départ de Victor Hugo, rue de la Tour d'Auvergne,
- La liquidation d’environ 100 000 bouteilles et 57 fûts de vins provenant des caves des châteaux des Tuileries, de Fontainebleau et de Compiègne, porte Jean Goujon, Louvre, [21]
- Diamants, bijoux et argenterie de Sarah Bernhardt, hôtel Drouot, [22]
- Diamants, perles et pierreries provenant de la collection dite des joyaux de la Couronne, palais des Tuileries, pavillon de Flore (salle des États), [23]
- Collection des frères Goncourt, hôtel Drouot, 15 - [24]
XXe siècle
- Collection Jacques Doucet, galerie Georges Petit, 5 - [25]
- Collection Degas, galerie Georges Petit, 26 -
- Collection de M. Georges Blumenthal, galerie Georges Petit, 2 -
- Collection Ali Khan, galerie Charpentier, [26]
- Collection D. David-Weill, hôtel Drouot, au [27]
- Vente de l’escalier hélicoïdal de la tour Eiffel de 156 mètres de haut, démembré, reliant les 2e et 3e étages, salle polyvalente Gustave-Eiffel, au 1er étage de la tour, [28]
- Collection Daum, Tokyo - hôtel Okura, [29]
- Collection Sérusier, Opéra-Comique, 19 - [30]
XXIe siècle
- Succession Jean Bourgogne, hôtel Drouot, [31]
- Collection Jacques Prévert, morceaux choisis, hôtel Drouot, [7] - [32]
- Vente Sacha Guitry, collection André Bernard, hôtel Drouot, 17 et [33]
- Vente du mobilier du restaurant Kong par Starck, restaurant Kong, [34]
- Femmes, lettres et manuscrits autographes, salle des ventes Favart, 18 - [35]
- Collection Judaïca Norman P. Schenker, salle des ventes Favart, [36]
- Collection André Level, hôtel Drouot, [37]
- Collection H. M. Petiet, 50e vente, Opéra Comique, 25 et [38]
- Collection Aristophil, manuscrits musicaux, hôtel Drouot, [39]
- Collection privée de Christian Fjerdingstad, le maître danois de la tabletterie art déco, Drouot, 7 juin 2019[40]
- Collection Debaecker sur les cent-gardes, salle des ventes Favart, 12 juin 2020[41]
- La première partie de la collection Marcel Sztejnberg, hôtel Drouot, 4 février 2021[42]
- Les estampes de Pierre Soulages et Pablo Picasso en face à face, salle des ventes Favart, 20 avril 2021[43]
- Collection d'affiches de Michel Romand, salle des ventes Favart, 22-23 mai 2022[44]
- 2 tables de Jean Prouvé provenant de la Cité Universitaire Jean Zay d'Antony, hôtel Drouot, 3 juin 2022[45]
- Collection de céramiques de J.J.Lerat, hôtel Drouot, 24 novembre 2022[8]
Vente des biens de Rifaat al-Assad
En janvier 2023, de nombreux objets de mobilier et de décoration ayant appartenu à Rifaat al-Assad — oncle de Bachar el-Assad, frère de Hafez el-Assad et ex-vice-président syrien — sont mis en vente par la maison Ader. Ces objets meublaient son hôtel particulier de l'avenue Foch, acquise par détournement de fonds publics syrien, qui a été saisie par l’État français à la suite d’une décision de justice en 2022 et dont la valeur devra être rendue au peuple syrien selon le mécanisme de restitution des biens mal-acquis. Le mobilier et les objets se trouvant dans l'hôtel particulier n'ont en revanche pas été saisis, ils font l'objet d'un vide juridique. Leur vente, qui a rapporté 1,6 million d’euros le premier jour, et aurait atteint plus de 3 millions au total, semble avoir bénéficié aux membres du clan Assad, entourage de Rifaat — qui a quitté la France en 2022 pour échapper à une peine d'emprisonnement — ce qui, pour les associations anti-corruption, est une défaite considérable. La maison Ader, qui conserve 25% de la somme des ventes, assure respecter la loi, et n'a pas révélé l'identité de ses clients, vendeurs comme acheteurs[46] - [47] - [48].
Préemptions
Parmi les nombreux objets ou manuscrits proposés à la vente par l'étude Ader et acquis par les institutions, on note : quatre lettres autographes de Charles de Gaulle aux Archives de France (2010), une Bible enluminée du XVIIIe siècle au Louvre Abu Dhabi (2013), une dague Algue de Sarah Bernhardt au musée du Petit Palais (2014), une miniature indienne du Haut-Penjab au musée Guimet (2015), des carnets de jeunesse de Jean-Émile Laboureur à l’INHA (2015) ou enfin un dessin d’Ephraïm Moses Lilien au musée d’Art et d’histoire du judaïsme (2015)[49].
Notes et références
- ADER se place à la 7e place des premières maisons de ventes aux enchères de France. Rapport d'activité 2021 du Conseil des ventes volontaires — en ligne.
- http://www.lejournaldesarts.fr/jda/archives/docs_article/84118/entretien-avec-david-nordmann-commissaire-priseur-dirigeant-de-la-svv-ader-paris-.php Le Journal des arts].
- Guillaume Glorieux, « La boutique, un lieu alternatif de l’art au 18e siècle », Dix-huitième siècle, vol. 50, no 1,‎ , p. 99 (ISSN 0070-6760 et 1760-7892, DOI 10.3917/dhs.050.0099, lire en ligne, consulté le )
- Isabelle Rouge-Ducos, « Répertoire des commissaires-priseurs de Paris et du département de la Seine (1801-1937) », Archives Nationales,‎ , p. 39 (lire en ligne [PDF])
- Philippe Houillon, « Rapport n°3019 fait au nom de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la République sur la proposition de loi (n°2002), adoptée par le Sénat, de libéralisation des ventes volontaires de meubles aux enchères publiques », Assemblée Nationale,‎ , p. 18 (lire en ligne [PDF])
- « Collection de M. Hugo Cahen d'Anvers [Document imprimé] / Etienne Ader », sur www.parismuseescollections.paris.fr
- Julie Viroulaud, « Vif succès pour la vente Prévert », Connaissance des arts,‎ (lire en ligne)
- « Les Lerat, retour à la terre | Gazette Drouot », sur gazette-drouot.com, (consulté le )
- Ader, « ARTS DÉCORATIFS ET SCULPTURES DU XXe SIÈCLE », sur Ader (consulté le )
- Benjamin Peronnet, Collection et marché de l’art en France : 1789-184, actes du colloque, Paris, INHA, Institut national d'histoire de l'art, 4-6 décembre 2003.
- http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/series/pdf/BB9-commissaires-priseurs.pdf
- Quitus de la chambre des commissaires-priseurs, Chambre des commissaires-priseurs de Paris.
- Journal des amateurs d'objets d'art et de curiosité, 1885-1858 (T5), op. cit., p. 54.
- « Escribe, Eugène (Maître) », sur idref.fr (consulté le ).
- Minutes et procès-verbaux de Me Duchesne, Chambre des commissaires-priseurs de Paris, Archives de Paris, côte, D42E3 76 à 86.
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- « Ader, Maurice (1900-193.) », sur idref.fr (consulté le ).
- « Ader, Étienne (1903-19.. ; commissaire-priseur) », sur idref.fr (consulté le ).
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- https://archive.org/stream/lhteldrouoten02eudegoog/lhteldrouoten02eudegoog_djvu.txt
- Arthur Bloche, La vente des diamants de la couronne : son histoire, ses préparatifs, ses résultats : avec le catalogue raisonné des joyaux : précedé de la reproduction du catalogue officiel et orné de 35 dessins des principaux bijoux, Paris, Quantin, 1888.
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- « Collection Jacques Doucet, dessins, pastels, sculptures, tableaux, meubles et objets d'art du XVIIIe siècle... : liste des prix d'estimation et d'adjudication... vente... 5-8 juin 1912... - [experts] Paulme, Lasquin, Féral, Mannheim », sur bnf.fr, (consulté le ).
- Fonds de l’étude Ader - catalogue de vente, Collection Ali Khan, Galerie Charpentier, 23 mai 1957.
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- Fonds de l’étude Ader, archives des préemptions et achats des institutions 2015.
Bibliographie
- Isabelle Rouge-Ducos, Le Crieur et le Marteau, Belin, 2013.
- Patrick Michel, Le Commerce du tableau à Paris dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, Presses universitaires du Septentrion, 2007.
- Répertoire des tableaux vendus en France au XIXe siècle, Burton B. Fredericksen, Benjamin Perronet, 1998.
- Michel Beurdeley, Trois siècles de ventes publiques, Tallandier, 1988.
- Alain Quemin, Les commissaires-priseurs, la mutation d'une profession, Revue française de sociologie, 1999.
- Arthur Bloche, La vente des diamants de la couronne, son histoire, ses préparatifs, ses résultats : avec le catalogue raisonné des joyaux, précédé de la reproduction du catalogue officiel et orné de 35 dessins des principaux bijoux, Paris, Quantin, 1888.