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RĂ©sidence universitaire Jean-Zay

La résidence universitaire Jean Zay ou résidence universitaire d’Antony (RUA) est l’un des plus grands ensembles de logements sociaux étudiants en Europe. Elle est située avenue du Général-de-Gaulle à Antony, commune du département des Hauts-de-Seine. Début 2009, la propriété de la RUA a été transférée à la communauté d'agglomération des Hauts-de-Bièvre.

La résidence universitaire, vue de la Croix de Berny.

Historique

Étude et construction : 1945 - 1955

Plan de la résidence universitaire

L’étude de la construction d’une résidence universitaire à Antony est envisagée en 1945, à la demande du ministère de l’Éducation. Une convention est signée le entre l’université de Paris et l’Office public des habitations à loyer modéré du département de la Seine en vue de la construction de la future résidence universitaire d’Antony. L’office départemental HLM de la Seine construit la résidence, le CROUS de Paris en devenant à terme (en 2019) le propriétaire. La première tranche des travaux débute le ; le maître d’œuvre en est Eugène Beaudouin.

Entre-temps, un appel d’offres est lancé pour l’ameublement de la résidence. Jean Prouvé y participe avec l’appui de l’Union des artistes modernes ; coopérant avec Charlotte Perriand, il obtient la commande de mobilier pour les salles communes, les restaurants et une partie des chambres. Une commande spéciale de luminaires pour les chambres et le réfectoire est également passée à Serge Mouille.

En 1955, Pierre Mendès France, alors chef du gouvernement, visite le chantier de construction de la future rĂ©sidence universitaire, qui prend le nom de Jean Zay, ancien ministre de l’Éducation nationale sous le Front populaire, rĂ©sistant exĂ©cutĂ© en 1944. La rĂ©sidence universitaire Jean Zay d’Antony « citĂ© modèle » ouvre le 1er dĂ©cembre de la mĂŞme annĂ©e. En plus des 1 580 chambres individuelles (dont 1 040 chambres pour garçons et 540 chambres pour filles) et 490 appartements, de nombreux espaces communs sont mis en place (une bibliothèque, une salle de spectacle, un complexe sportif, des salles de travail animĂ©es par les Groupes d’Études). Les bâtiments s’étendent sur 10 hectares entre le centre-ville d’Antony et le parc de Sceaux.

Le , 150 premiers étudiants sont logés à la RUA. Lionel Jospin, admis au printemps, y reste jusqu'en 1959. L’AERUA (Association des étudiants de la résidence universitaire d’Antony) est créée en 1957. Claude Allègre y occupe en 1959 le poste de délégué social, Gérard Saint-Paul celui de délégué à l’information en 1961. La résidence accueille des étudiants du monde entier. Au plus fort de son activité, elle compte 3 crèches, une école, une supérette, et 50 nationalités différentes.

Hausse des loyers

Une première hausse des loyers en 1959 déclenche une grève suivie par 80 à 90 % des étudiants. En 1962, le loyer d'une chambre pour célibataire s'élève à 55 anciens francs. Une deuxième hausse des loyers en novembre 1963 entraîne de nouveau une grève, qui prend un caractère national et donne ainsi naissance à la Fédération des résidences universitaires de France (FRUF), marquant également le début de la régionalisation des loyers. Depuis 1959, les loyers ont augmenté de 56 % pour les célibataires et 50 % pour les ménages.

RĂ©admissions

Très vite se pose le problème du dĂ©part des premiers Ă©tudiants arrivĂ©s en 1956, forcĂ©s de se reloger en vertu du règlement limitant Ă  3 ans le sĂ©jour Ă  la RUA : l'AERUA obtient le droit Ă  une quatrième annĂ©e, puis le une pĂ©tition est signĂ©e contre le Règlement IntĂ©rieur (1 398 signatures). L'AERUA obtient finalement de l'administration que la rĂ©admission se fasse jusqu'Ă  la fin des Ă©tudes. MalgrĂ© cela, en juin 1964, l'administration revient sur sa dĂ©cision de 1960 concernant les rĂ©admissions en tentant d'expulser 400 rĂ©sidents. Le 1964, ces Ă©tudiants sont avisĂ©s de leur non-rĂ©admission par une lettre-circulaire. Le 22 septembre, le maire d'Antony, Georges Suant, s'Ă©tonne de l'expulsion massive de jeunes mĂ©nages et prend ainsi le parti des rĂ©sidents.

Réaménagement forcé

La Fédération des résidences universitaire de France (FRUF) est fondée en 1964 à la suite de la grande grève des loyers de , partie notamment de la Résidence universitaire Jean Zay, qui est alors un des principaux foyers d’implantation de la FRUF (sous le sigle AERUA-FRUF).

Au dĂ©but de la mĂŞme annĂ©e, 600 millions de francs de crĂ©dits sont dĂ©bloquĂ©s pour le rĂ©amĂ©nagement de la rĂ©sidence. De juin Ă  septembre 1964, des travaux sont engagĂ©s au niveau du restaurant universitaire afin de rendre la salle plus calme, de l'isoler des cuisines et de transformer le hall en cafĂ©tĂ©ria de 500 places. Les galeries supĂ©rieures sont reconverties en rĂ©serves pour la bibliothèque et en bureaux pour le service culturel. Les possibilitĂ©s d'accès au restaurant par l'intĂ©rieur des bâtiments sont supprimĂ©es, ce qui a pour effet de restreindre l’espace des sociabilitĂ©s estudiantines. Des rĂ©actions militantes se dĂ©veloppent face Ă  ce qui est perçu comme une volontĂ© de contrĂ´le des Ă©tudiants : « Tous ces travaux n'ont qu'un but, commentent l'AERUA et le journal Tribune socialiste (no 10) : donner les moyens Ă  l'administration d'empĂŞcher les Ă©tudiants de se rencontrer, se grouper, s'informer, s'organiser sur le plan syndical, pouvoir manifester leur opposition, comme ils l'ont toujours fait, Ă  la continuelle dĂ©gradation de leur niveau de vie, en particulier en organisant d'importantes grèves des loyers ». Et les auteurs de l'article de mettre en garde contre des projets de cloisonnement de tous les bâtiments, visant, selon eux, Ă  contrĂ´ler les entrĂ©es, les sorties et les visites des rĂ©sidents.

Changement de gestionnaire

En mai 1964, l'université de Paris renonce sans aucune contrepartie à l'ensemble des droits et obligations résultant de la convention passée le , au profit du CROUS de Versailles[1].

L'ancien règlement intĂ©rieur est remis en vigueur en 1965 (contrĂ´le des activitĂ©s collectives des rĂ©sidents ; sĂ©jour en citĂ© U limitĂ© Ă  3 ans malgrĂ© la quatrième annĂ©e obtenue en 1959). Ă€ ces fins, de nouvelles loges doivent ĂŞtre construites dans tous les bâtiments, et les communications intĂ©rieures entre chaque bâtiment doivent ĂŞtre supprimĂ©es, tous Ă©tant reliĂ©s, Ă  l'exception du G et du H. Alors que la première loge du bâtiment A (pavillon des jeunes filles) est en chantier, l'administration voulant ainsi - par souci de moralitĂ©[2] - empĂŞcher les garçons de s'y rendre, des Ă©tudiants occupent le site pour s'y opposer. Une grève est organisĂ©e au restaurant, suivie d'une manifestation dans Antony le ) pour alerter les Ă©lus et notamment le Maire, Georges Suant. Une pĂ©tition rassemble 1 500 signatures contre les nouvelles loges, les murs, la hausse des loyers, la rĂ©instauration de l'ancien règlement intĂ©rieur, la restriction des libertĂ©s collectives et individuelles. Le , 8 Ă©tudiants de la rĂ©sidence universitaire sont traduits devant le Conseil de Discipline des RĂ©sidences Universitaires, en raison de leur activitĂ© syndicale et de leur opposition Ă  la construction de la loge du bâtiment A.

En décembre 1955, Jacques Balland, 35 ans, ancien président de l'UNEF est nommé directeur. Le ministre de l'Éducation nationale, Christian Fouchet, lui demande explicitement de s'attaquer au monopole du Parti communiste sur la résidence[3]. Le , le Parti communiste est mis pour la première fois en échec depuis dix ans aux élections syndicales de la résidence. Il perd la majorité absolue et passe de 56 sièges sur 62 à 28.

Durcissement des luttes face à la lente dégradation des conditions de vie en résidence

Après trois années de lutte, la mixité est finalement obtenue dans chaque bâtiment en 1967[4] - [5].

Mais la résidence universitaire d’Antony devient un « point chaud » de la lutte estudiantine qui a germé quelques semaines plus tôt au sein du campus de Nanterre. Certains ont ainsi vu dans le soutien apporté par les étudiants de la résidence universitaire quelques années plus tôt aux mineurs en grève les prémisses des mouvements revendicatifs unitaires (étudiants-travailleurs) de mai 68.

En 1970, le processus de la hausse des loyers reprend ; de nouveau, une grève massive des rĂ©sidents est entreprise. En 1972, le loyer d'une chambre individuelle s'Ă©lève Ă  118 francs. Pour protester contre la hausse subite (sur dĂ©cision ministĂ©rielle de Jean-Pierre Soisson) de 25 % de leurs loyers, les Ă©tudiants occupent les locaux administratifs et seront Ă©vacuĂ©s par la police en novembre 1974. La FRUF (FĂ©dĂ©ration des rĂ©sidences universitaires de France, dont le siège social est Ă  Antony) lance une grève des loyers. Plus de 30 rĂ©sidences universitaires (soit 6 000 Ă©tudiants) la suivront et payeront Ă  la FRUF leur loyer Ă  l'ancien tarif.

En 1971, des commissions de sécurité visitent la résidence et exigent une mise en conformité avec les normes en vigueur. Trois ans plus tard, 20 millions de francs sont investis à cet effet, entraînant des fermetures provisoires de bâtiments entiers : travaux au C en , au A en , au H en . En , Gilbert Balta, directeur de la résidence, est séquestré pendant trois heures pour la seconde fois. Sept cars de police interviennent pour le délivrer. Les « maos d'Antony » protestaient ainsi contre les expulsions « sous prétexte de réfection des bâtiments » et obtiennent ainsi non seulement le rétablissement immédiat de la crèche, mais aussi le chauffage dans d'autres pavillons et du matériel demandé depuis plus de cinq ans.

L’acharnement de la presse

Selon Le Figaro, il y aurait eu pas moins de 12 viols en un mois ; mais le journal remarque qu'il n'y en a eu aucun en 1974. Monsieur Fohr, directeur du CROUS, s’explique dans un article du Nouvel Observateur (« Les 'bas-fonds' d'Antony », ): « À la rentrée d', sept viols ont été commis, tous par la même personne, qui a été arrêtée au bout de trois jours ! »

Le , le maire d'Antony, Georges Suant, déclare que « la Cité n'a d'universitaire que le nom », « qu'on y est en état d'insécurité permanente » et qu'on s'y drogue, s'y viole et s'y prostitue... Il l'accuse en outre de « peser » considérablement sur la commune. Jean-Pierre Soisson, Secrétaire d'État aux Universités déclare : « Nous ne ferons plus de campus comme celui d'Antony […] Tous les dossiers des résidents seront examinés, et nous sommes prêts à “vider” la moitié de la résidence universitaire d'Antony s'il le fallait ». Une campagne de presse extrêmement virulente s'ensuit.

Libération affirme le 18- : « Le maire d'Antony offre 43 millions de francs pour racheter 2,4 hectares et abattre les bâtiments C, E et F » de la résidence, qui selon lui « montre ses fesses » à la ville. Un entretien avec le maire d'Antony paraît dans le Figaroscope du , qui justifie la nécessaire disparition de la Cité U, sur « un site exceptionnel ». Dans le texte introductif, le journaliste écrit : « La résidence universitaire, que fréquenteraient d'ailleurs fort peu d'étudiants... ».

Les étudiants nient leur responsabilité dans la dégradation des conditions de vie, ils dénoncent plutôt le manque de moyens attribués à la résidence, la diminution de moitié du personnel et la hausse des loyers de 300 % en dix ans. Les crèches ferment peu à peu et aucune rénovation d’envergure n’est engagée.

En 1974, la majorité et le droit de vote sont fixés à 18 ans : 83 % des étudiants de la RUA votent pour François Mitterrand au second tour des élections présidentielles au bureau de vote de la résidence.

Un cas de tuberculose est dĂ©couvert en 1997, mais camouflĂ© par la direction du CROUS. Des chambres sont classĂ©es insalubres par la DDASS, et sont condamnĂ©es. MalgrĂ© cela bon nombre d’étudiants vivent dans des conditions d’hygiène dĂ©plorables, la rĂ©sidence restant dans un Ă©tat de dĂ©labrement avancĂ©. CoĂ»t estimĂ© de la rĂ©novation : 40 millions d’euros. Avec ses 2 500 chambres, la rĂ©sidence universitaire d’Antony reprĂ©sente pourtant un quart du logement social Ă©tudiant en ĂŽle-de-France.

En 2000 les quelques chaises, tables et lits désignés par Jean Prouvé et qui n’ont pas déjà été dispersés sont mis en sécurité dans un hall, avant d’être vendus sous contrôle des Domaines, et permettre ainsi d'équiper le bâtiment A de literies neuves.

Une résidence au futur incertain

La résidence universitaire, le long de l'autoroute A86

Selon les informations du ComitĂ© des riverains, les rĂ©sidents apprennent dès 1972 que la future autoroute A86 frĂ´lerait la citĂ© et qu'au passage, deux pavillons seraient menacĂ©s de destruction, lĂ  oĂą des travaux Ă©taient prĂ©vus au restaurant et au bâtiment B. 500 000 F sont d’ailleurs nĂ©cessaires pour remplacer la chaudière du bâtiment B (environ 350 chambres) tombĂ©e en panne en dĂ©cembre 1974. Le bâtiment B est donc fermĂ© en 1975 pour « rĂ©paration ». Les Ă©tudiants Ă©vacuent les lieux mais ne sont pas relogĂ©s, ni par le CROUS, ni par la mairie. Le bâtiment est abandonnĂ© aux squatteurs.

Après onze annĂ©es passĂ©es Ă  l’abandon, le bâtiment B est finalement vendu Ă  la mairie d'Antony en 1986. Cette dernière est passĂ©e aux mains du RPR / UMP Patrick Devedjian en 1983. Le , le conseil municipal d'Antony statue sur l'amĂ©nagement de cette assiette foncière : les 9 570 m2 sont achetĂ©s 7 millions de francs. Les locaux sont dĂ©truits en aoĂ»t, bientĂ´t remplacĂ© par les chantiers de la sous-prĂ©fecture, du commissariat de police et un ensemble de bureaux, inaugurĂ©s en 1990. En 1988, des nĂ©gociations sont Ă  nouveau engagĂ©es entre le CROUS et la mairie pour la vente du bâtiment C. Le ministère de l'Éducation nationale s'y oppose ; Ă  la place, un dĂ©cret est signĂ© en juillet par le nouveau ministre, Lionel Jospin, qui oblige le conseil d'administration du CROUS Ă  engager un plan de rĂ©habilitation de la rĂ©sidence. Les travaux dĂ©butent en (architecte M. Granveaud), commencent par le ravalement des façades puis la pose des fenĂŞtres en PVC. 70 millions de francs sont investis jusqu’en 1995.

Le [6], M. Jacques Brunhes, dĂ©putĂ© communiste des Hauts-de-Seine, s’inquiète auprès de M. le ministre d’État, ministre de l'Ă©ducation nationale, de la jeunesse et des sports, sur l’avenir de la rĂ©sidence universitaire Jean Zay, Ă  Antony (Hauts-de-Seine). La majoritĂ© du conseil municipal d'Antony a votĂ©, lors de sa sĂ©ance du , la crĂ©ation d’une ZAC sur l’emprise du bâtiment C, le plus important en capacitĂ© d’accueil de la rĂ©sidence, avec la volontĂ© exprimĂ©e de le dĂ©truire en vue d’une opĂ©ration immobilière. Ainsi, après la dĂ©molition du bâtiment B, qui avait une capacitĂ© de 400 chambres d’étudiants, autorisĂ©e par le CROUS de Versailles malgrĂ© les profonds dĂ©saccords des rĂ©sidents et de personnalitĂ©s locales, ce sont plus de 500 chambres supplĂ©mentaires qui disparaĂ®traient. Le projet d’opĂ©ration immobilière de la ville d’Antony menace Ă  terme l’existence mĂŞme de la rĂ©sidence Jean Zay. Il marquera Ă  court terme une diminution du nombre de chambres universitaires dans la rĂ©gion ĂŽle-de-France alors que les demandes formulĂ©es par les Ă©tudiants sont dĂ©jĂ  supĂ©rieures aux capacitĂ©s d’accueil des structures existantes. Il entre en totale contradiction avec la volontĂ© de faire de l’éducation nationale une prioritĂ© nationale. En effet, les chambres universitaires constituent une aide sociale aux Ă©tudiants qui contribue Ă  favoriser l’accès du plus grand nombre aux Ă©tudes supĂ©rieures. Il lui demande donc quelles mesures il compte prendre pour maintenir dans son intĂ©gralitĂ© la rĂ©sidence universitaire Jean Zay Ă  Antony et de bien vouloir l’informer si des travaux d’amĂ©lioration et de rĂ©novation sont prĂ©vus.. Le [7], le ministère de l'Ă©ducation nationale, de la jeunesse et des sports rĂ©pond : La dĂ©cision du conseil municipal d'Antony de crĂ©er une zone d'amĂ©nagement concertĂ©e sur l'emprise du bâtiment C de la rĂ©sidence universitaire Jean Zay Ă  Antony ne saurait entrainer la disparition du potentiel d'hĂ©bergement de cette rĂ©sidence. En effet, la destruction Ă©ventuelle de ce bâtiment de 550 chambres nĂ©cessiterait la cession par le Centre rĂ©gional des Ĺ“uvres universitaires et scolaires (CROUS) de Versailles des droits qu'il possède sur le bâtiment Ă  l'office public des HLM afin de permettre Ă  ce dernier d'aliĂ©ner l'immeuble au profit de la sociĂ©tĂ© d'Ă©conomie mixte dĂ©signĂ©e par la commune pour dĂ©finir un projet d'amĂ©nagement. Or, le CROUS de Versailles ne peut rĂ©aliser cette cession que sur autorisation de son autoritĂ© de tutelle. Dans la mesure oĂą aucune dĂ©cision de cette nature n'est intervenue, il va de soi que la dĂ©libĂ©ration du conseil municipal d'Antony n'exprime qu'une intention n'engageant ni le ministre de l'Ă©ducation nationale, de la jeunesse et des sports, ni le CROUS de Versailles. Par ailleurs, la situation du logement Ă©tudiant en rĂ©gion parisienne interdit d'envisager toute diminution du potentiel d'hĂ©bergement dont disposent les Ĺ“uvres universitaires. Au contraire, une première tranche de travaux de rĂ©habilitation de la rĂ©sidence d'Antony a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©e par le conseil d'administration du Centre national des Ĺ“uvres universitaires et scolaires (CNOUS) le pour un montant de 15 millions de francs grâce aux crĂ©dits accordes par le Gouvernement Ă  titre d'avance sur les dĂ©penses de 1989 (dĂ©cret d'avance du , chapitre 46-11). Ce programme sera poursuivi en 1989 par une seconde tranche de mĂŞme montant autorisĂ©e par les mesures nouvelles budgĂ©taires dont bĂ©nĂ©ficient les Ĺ“uvres universitaires sur cet exercice pour la remise Ă  niveau et la maintenance de leur patrimoine immobilier. 

Recherchant des fonds, le CROUS engage en des nĂ©gociations pour vendre le bâtiment G, qui accueille couples et enfants. Les domaines Ă©valuent la valeur des terrains et bâtiments correspondants Ă  43 millions de francs. La mairie d'Antony fixe Ă  20 millions de Francs le montant maximal qu'elle est prĂŞte Ă  investir pour ledit emplacement. Les nĂ©gociations sont suspendues. Patrick Devedjian, maire d’Antony, tente alors un coup de force. En octobre 1995, il propose Ă  l'Office public des HLM des Hauts-de-Seine de lui cĂ©der les droits qu’il possède sur la totalitĂ© de la rĂ©sidence pour seulement 6 millions de francs… sans en avertir le CROUS qui contesta cet accord et se porta Ă  son tour acquĂ©reur. 

Le soir du , lorsque le conseil municipal d'Antony confirme cet accord , les Ă©tudiants dĂ©cident d'occuper le restaurant universitaire de la rĂ©sidence, et y restent pendant près d’un mois. La mobilisation des Ă©tudiants leur permet de rencontrer le rectorat puis le ministre de l’éducation nationale, François Bayrou qui dĂ©cide un moratoire sur tout projet pendant cinq ans.

Le [8], Emmanuel Hamel, sénateur RPR, attire l’attention de M. le ministre de l’éducation nationale, de la recherche et de la technologie sur l’information parue à la page 30 du quotidien Le Figaro du , selon laquelle : « Dans un état de décrépitude avancée, la cité (universitaire) Jean Zay d’Antony fait aujourd’hui l'objet d’une étude au ministère de l’éducation nationale... Actuellement, confie-t-on au ministère de l’éducation nationale, des tractations sur le devenir de la résidence ont effectivement lieu entre les différents partenaires et les collectivités. Mais aucune décision n’a, à ce jour, été prise... », il lui demande si, à ce jour, une décision a été prise concernant l’avenir de cette cité universitaire, et laquelle. Le [9], le ministère de l’éducation nationale répond : Construite en 1952, la résidence universitaire d’Antony est la propriété de l’office HLM du département des Hauts-de-Seine. Le CROUS de Versailles est titulaire de la totalité des droits et obligations découlant de la convention initiale, en application d’un avenant signé en 1976, et en 2019, lorsque toutes les annuités seront payées, la propriété de l’immeuble devrait être transférée aux œuvres universitaires. Or, en , le conseil d’administration de l’OPHLM a cédé ses droits à la ville d’Antony, qui les a acceptés, contre paiement d’une somme de 6 millions de francs. Le directeur du CROUS de Versailles a aussitôt écrit à l’OPHLM pour s’opposer à cette cession, demandant que les œuvres universitaires puissent exercer un droit de priorité et devenir propriétaire du site d’Antony contre paiement de la même somme, mais il n’a reçu aucune réponse. En , les résidents d’Antony ont été reçus successivement par le recteur de Versailles et par le cabinet du ministre de l’époque. Ils ont obtenu au cours de ces discussions la promesse d’un moratoire de cinq ans sur la vente du pavillon G, ainsi que celle d’un financement quinquennal de 30 millions de francs destinés à réhabiliter la résidence, hors pavillon G. Effectivement, ce dernier est difficilement habitable, et se dégrade. Cependant, le CROUS de Versailles ne peut entreprendre les travaux de réhabilitation estimés à 25 millions de francs (exception faite des travaux concernant la sécurité et la salubrité de la résidence) si l’hypothèse d’une vente à la ville est à l’ordre du jour.

En septembre 2002, la ville d’Antony demande Ă  la Sem 92 (devenue Citallios) une Ă©tude de faisabilitĂ© en vue du rĂ©amĂ©nagement de la rĂ©sidence. Le projet a pour ambition de conserver la moitiĂ© des chambres Ă©tudiantes et de relier la rĂ©sidence au reste de la ville en faisant de la couture urbaine. AlertĂ©s par l’opposition municipale, les Ă©tudiants se mobilisent, crĂ©ent un collectif, envahissent le conseil municipal et obtiennent des rendez-vous avec le maire d’Antony (Raymond Sibille) et le directeur du CROUS de Versailles, Jean-Francis Dauriac). Le maire d’Antony comprend l’inquiĂ©tude des Ă©tudiants mais maintient que la ville ne peut rien faire sans l’accord du CROUS, qui se rĂ©fugie derrière un simple rĂ´le de gestionnaire. 

Le [10], Mme Janine Jambu, dĂ©putĂ© communiste des Hauts-de-Seine, appelle l’attention de M. le ministre de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche sur le devenir de la citĂ© universitaire d’Antony qui compte 2 500 places et nĂ©cessite une importante rĂ©novation, Ă  l’heure oĂą se fait aigu le constat sur l’insuffisante capacitĂ© d’accueil et de logement des Ă©tudiants, notamment les plus modestes, Ă  proximitĂ© des grands centres universitaires de notre pays. En effet la convention d’étude rĂ©cemment adoptĂ©e par le conseil municipal de la ville d’Antony, impliquant le CROUS de Versailles, l’OPDHLM des Hauts-de-Seine, la ville d’Antony et la SEM 92, soulève Ă  cet Ă©gard inquiĂ©tudes et interrogations quant aux projets d'une nouvelle dĂ©molition partielle de la rĂ©sidence universitaire survenant après la dĂ©molition en 1986 d’un premier bâtiment de 350 chambres laissĂ© Ă  l’abandon par le CROUS pendant plus de dix ans. Cette convention rĂ©duirait de nouveau l'offre de logements (menaçant ainsi l'existence d'Ă©quipements annexes qui font la spĂ©cificitĂ© de la plus grande rĂ©sidence universitaire de France) et implanterait sur une partie de ce site de 10 hectares de « nouvelles fonctions urbaines » dans le cadre d'une « opĂ©ration d'amĂ©nagement » sans lien avec le logement social Ă©tudiant. Elle lui demande quelle est sa position sur ce dossier et quelles mesures il compte prendre en ce domaine qui est un Ă©lĂ©ment essentiel pour l'accès du plus grand nombre aux Ă©tudes supĂ©rieures, l'amĂ©lioration des conditions de vie et d'Ă©tude et le rayonnement de notre pays en matière de formation universitaire.. Le , le ministère français de la jeunesse, de l'Ă©ducation nationale et de la recherche rĂ©pond[11] : La rĂ©sidence universitaire d'Antony a connu, depuis 1998, d'importants travaux de mise en conformitĂ© (rĂ©habilitation du gymnase, rĂ©fection des toitures, remplacement de fenĂŞtres...) et fait l'objet en permanence de travaux spĂ©cifiques (remplacement d'ascenseurs..) et d'entretien courant. Des discussions ont Ă©tĂ© engagĂ©es entre le directeur du CROUS de Versailles et le maire d'Antony afin d'examiner les diffĂ©rentes possibilitĂ©s de rĂ©novation de la rĂ©sidence. La dĂ©molition partielle a effectivement Ă©tĂ© Ă©voquĂ©e. Toutefois, cette dĂ©molition ne pourrait ĂŞtre envisagĂ©e que si la perte de capacitĂ© d'accueil Ă©tait compensĂ©e par une construction nouvelle. Celle-ci devrait, bien entendu, ĂŞtre capable d'offrir un nombre de chambres Ă©quivalent, dans un pĂ©rimètre proche du site actuel d'Antony. En tout Ă©tat de cause, il n'est pas envisagĂ© de rĂ©duction de la capacitĂ© d'accueil de la rĂ©sidence, Ă  un moment oĂą le plan UniversitĂ© du 3e MillĂ©naire et le contrat de plan État-rĂ©gion d'ĂŽle-de-France ont pris en compte le principe de rĂ©server 25 % des crĂ©dits d'investissement au profit de la vie Ă©tudiante.

L’article 66 de la loi de décentralisation (août 2004)

C’est le moment que choisit Patrick Devedjian, qui cumule les postes de ministre délégué aux Libertés locales et président de la communauté d'agglomération, pour créer un amendement sur mesure à la loi de décentralisation. « Les communes et établissements publics de coopération intercommunale qui en font la demande ont la charge de la construction, destruction, reconstruction et de l’extension des locaux destinés aux étudiants. » Le , la communauté d’agglomération des Hauts-de-Bièvre présidée par Patrick Devedjian demande le transfert de compétence prévu par l’article 66 de la loi de décentralisation. Cela entraîne un transfert gratuit des biens appartenant à l’État, rendant à terme la communauté d’agglomération propriétaire des terrains. La phase démolition est lancée. Mais la résidence Jean Zay est propriété du CROUS et non de l’État ; elle ne peut donc faire l’objet d’un quelconque transfert de compétence, comme l’explique une récente enquête de la direction des Affaires juridiques du ministère de l’Éducation nationale.

En janvier 2005, le collectif des résidents est recréé, les anciens de 2002 viennent prêter mains forte aux nouveaux arrivés pour empêcher une destruction sans cesse remise à l’ordre du jour, et qui irait à l’encontre des besoins pourtant criants des étudiants d’Île-de-France en matière de logement.

L'AARUA[12](Association des amis de la résidence universitaire d'Antony) sera créée. Son statut a pour objet « de regrouper toutes celles et tous ceux qui à travers le monde veulent :

  • dĂ©fendre la RUA et le logement social Ă©tudiant, et particulièrement tous les logements Ă©tudiants et Ă©quipements collectifs prĂ©sents sur le site d'Antony.
  • dĂ©fendre et promouvoir, notamment sur la ville d'Antony, toutes les actions universitaires et culturelles mises en Ĺ“uvre par les rĂ©sidents (en particulier au sein des Groupes d'Études)
  • favoriser les rencontres et les Ă©changes entre le campus et son environnement local, national et international. »

Le nouveau plan local d'urbanisme de la ville d'Antony, adopté en 2008, crée un « emplacement réservé » sur l'emprise de la Résidence, afin de recréer le lien historique inscrit au cadastre entre le centre-ville et le Parc de Sceaux. La réalisation de cette voie entrainerait à terme la démolition d'un porche sur un bâtiment de la résidence.

En , la salle de prière du bâtiment G a été fermée[13].

En , les étudiants logés au bâtiment C reçoivent une lettre du CROUS leur enjoignant de quitter les locaux avant le 1er juillet, afin que des travaux puissent être effectués durant l’été. Le , Georges Siffredi, Président de la Communauté d’agglomération, déclare qu'il est souhaitable de détruire ce bâtiment C[14]. Le , plusieurs dizaines d’étudiants occupent la mairie d’Antony, retardant la tenue du Conseil d’agglomération : Georges Siffredi s’engage à ne pas entreprendre de destruction durant l’été. Quatre jours plus tard, le CROUS commence les préparatifs visant à murer le bâtiment C[15], ce qui entraîne une nouvelle manifestation des étudiants le 1er juillet[16]. Le , le Conseil de la communauté d’agglomération des Hauts-de-Bièvre approuve un protocole visant à détruire la totalité des bâtiments C, G et H (819 chambres) et une partie des bâtiments D et F (607 chambres)[17].

Les démolitions successives

Début , le bâtiment C a été clôturé en préparation de la démolition, un panneau informe du prochain désamiantage avant destruction. Les fenêtres des logements sont peu à peu retirées à partir du . Le les premiers morceaux de béton tombent. Le bâtiment C a été démoli en .

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Le c'est la fermeture définitive du restaurant universitaire, de l’amphithéâtre Marguerite Duras et du bâtiment H, ils ne seront plus, eux non plus, ouverts au public.

Au début de , c'est le bâtiment H qui est détruit, les premiers morceaux de béton tombent.

En , le restaurant universitaire, l’amphithéâtre Marguerite Duras les ateliers techniques commencent à être détruits.

Fin juin 2015, le pavillon G est rasé.

, le pavillon F est fermé.

Automne-hiver 2016-2017 le pavillon F est détruit.

Le projet d'aménagement de Jean Nouvel

En , la municipalité d'Antony présente un projet d'aménagement de l'emprise de la RUA, établi par Jean Nouvel[18]. Ce projet prévoit de laisser un millier de logements étudiants sur le site. Le maire d'Antony a par ailleurs annoncé le lancement en de la phase de concertation préalable à une opération d'aménagement.

La semaine suivante, la Communauté d'agglomération des Hauts-de-Bièvre annonce la démolition prochaine du bâtiment H et présente le projet de réhabilitation du bâtiment A, projet dont le lauréat est également l'atelier Jean Nouvel[19].

Le jugement du tribunal administratif de Versailles du 10 mai 2012

Le Tribunal administratif de Versailles () annule l’arrêté de transfert signé par le Préfet des Hauts de Seine en . Il annule également la délibération du de la Communauté d’Agglomération des Hauts de Bièvre. Ce jugement suspend un temps les travaux de démolition. Ils reprennent à la fin de 2013 à la suite d'un accord entre l'État, la Communauté d'agglomération et la ville d'Antony[20].

Quelques résidents célèbres

(date d’entrée à la résidence)

Équipements culturels

L'Espace d'art contemporain Eugène-Beaudoin, dirigé par Yvon Mutrel, était installé dans le bâtiment F[21]. De 2006 à 2015, il a accueilli lors d'une vingtaine d'expositions plus de 300 artistes (peintres, sculpteurs, vidéastes...) et plus de 8000 visiteurs[22].

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

Voir aussi

Notes et références

  1. « le site du CROUS de Versailles » (consulté le )
  2. D. FISCHER, "L'Histoire des étudiants en France de 1945 à nos jours", Flammarion, 2000, p. 264 et Archives du CLOUS d'Antony, "Les problèmes d'Antony - problèmes d'architecture", vers 1964
  3. Mairie d'Antony, service des Archives, "RUA, rapport confidentiel sur les élections de 1967", J. Balland, 19 décembre 1967 et "RUA, rapport confidentiel sur les élections de 1968", novembre 68, J. Balland
  4. Histoire de la RUA
  5. JO du 2 janvier 1989, question écrite n° 7696
  6. JO du 27 mars 1989
  7. JO du 23 avril 1998, question écrite n° 7796
  8. JO du 25 juin 1998
  9. JO du 28 octobre 2002, question écrite n° 5373
  10. JO du 3 février 2003
  11. « page d'accueil », sur le site de l'association des amis de la résidence universitaire d'Antony (consulté le )
  12. « page d'accueil », sur le site de l'association culturelle musulmane d'Antony René Guénon (consulté le )
  13. Le Parisien, 18 juin 2009
  14. « Antony : des étudiants occupent la mairie », sur le site du quotidien Le Parisien, (consulté le )
  15. « Cité U d'Antony menacée de démolition », sur le site de la chaîne France 3, (consulté le )
  16. http://www.agglo-hautsdebievre.fr/docs/ordres%20du%20jour%20conseil/ODJ%209%20octobre%2009.pdf
  17. Conseil municipal d'Antony du 17 juin 2011 http://www.ville-antony.fr/4-39347-Ordre-du-jour-de-la-seance-du-conseil-municipal-du-17-juin-2011-a-19-h.php
  18. « Hauts de Bièvre - Actualité », sur Hauts de Bièvre (consulté le ).
  19. L'Obs, « Réhabilitation de la cité universitaire d'Antony : 1080 logements à venir », L'Obs,‎ (lire en ligne Accès libre, consulté le ).
  20. http://culture.cnous.fr/archives/lieu/espace-dart-contemporain-eugene-beaudouin-antony
  21. http://www.ville-antony.fr/images/Actualite/2015/fevrier/noir_de_source/plaquette_espace_eugene_beaudouin.pdf
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