AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Accord de Taëf

L'accord de TaĂ«f (en arabe: ۧŰȘÙŰ§Ù‚ Ű§Ù„Ű·Ű§ŰŠÙ) est un traitĂ© inter-libanais signĂ© le , destinĂ© Ă  mettre fin Ă  la guerre civile libanaise qui dure depuis 1975. Il est prĂ©sentĂ© comme une tentative de restauration de la paix par un cessez-le-feu et par la rĂ©conciliation nationale. NĂ©gociĂ© Ă  TaĂ«f en Arabie saoudite, il est le rĂ©sultat des efforts politiques d'un comitĂ© composĂ© du roi Hassan II du Maroc, du roi Fahd d'Arabie saoudite et du prĂ©sident Chadli d'AlgĂ©rie, avec le soutien de la diplomatie amĂ©ricaine.

RĂ©actions Ă  l’accord

Les dĂ©putĂ©s libanais, Ă©lus en 1972, nĂ©gocient dans la ville saoudienne de TaĂ«f en les accords qui devront mettre fin Ă  la guerre, sous l’égide d’une commission tripartite arabe formĂ©e de l’Arabie saoudite, du Maroc et de l’AlgĂ©rie. Le gĂ©nĂ©ral Michel Aoun – alors Premier ministre intĂ©rimaire et commandant en chef de l’armĂ©e libanaise – refuse l’accord, le considĂ©rant comme ayant entĂ©rinĂ© la prĂ©sence de l’armĂ©e syrienne au Liban et disant : « Les dĂ©putĂ©s ne sont pas habilitĂ©s Ă  conclure des traitĂ©s avec des pays Ă©trangers, cela est du ressort du gouvernement », et dissout le Parlement.

Lors de l’établissement de l’accord de TaĂ«f, beaucoup d’autres opposants libanais le dĂ©noncent, et quelques personnalitĂ©s politiques de premier plan font connaĂźtre leur opposition :

  • Les communautĂ©s chiite et druze sont déçues par cet accord, car il ne remet pas en cause le Pacte national de 1943, qui est Ă  peine retouchĂ© au seul profit de la communautĂ© sunnite – d’ailleurs, de façon globale, il n’y a pas d’évolution au niveau du systĂšme confessionnel, de la rĂ©partition des pouvoirs et de l’armĂ©e libanaise.
    • Nabih Berri, chef de la communautĂ© chiite, juge que cet accord « scandaleux » ne le concerne ni ne l’engage en rien.
    • Walid Joumblatt, chef de la communautĂ© druze, estime que « la rĂ©union de TaĂ«f ne servira Ă  rien. Ces vieux dĂ©putĂ©s libanais ne reprĂ©sentent d’ailleurs rien, si ce n’est l’ancien rĂ©gime, dont nous ne voulons plus », Mais il confie dĂšs le au journal Le Figaro : « Je vais ĂȘtre convoquĂ© cette semaine Ă  Damas, on va me dire d’accepter l’accord, je n’ai pas le choix ».
  • Selon Raymond EddĂ©, dĂ©putĂ© chrĂ©tien en exil Ă  Paris : « En 1976, le Liban Ă©tait passĂ© sous « mandat » syrien. Depuis le document dit d’“entente nationale”, le Liban est devenu une colonie syrienne ».

Suites de l'accord

Les points traitĂ©s dans l'accord sont restĂ©s en partie lettre morte Ă  ce jour. Le Liban ne poursuit finalement pas le dĂ©sarmement de plusieurs groupes armĂ©s, comme l'ArmĂ©e du Liban sud (ALS) (alliĂ©e d'IsraĂ«l), qui n'est dissoute qu'en 2000, ainsi que plusieurs groupes palestiniens qui rĂ©sident dans des camps de rĂ©fugiĂ©s. Ces derniers justifient leur refus de dĂ©sarmer par le besoin de se protĂ©ger d'IsraĂ«l. Enfin, le Hezbollah opĂšre toujours au sud du Liban avec un soutien d'une partie de la population, mais ces actions contre IsraĂ«l ont amenĂ© certains observateurs, dont des reprĂ©sentants du gouvernement libanais, Ă  considĂ©rer qu'il ne s'agit pas d'une milice mais d'un mouvement de rĂ©sistance, tandis qu'au contraire une partie de l'opposition libanaise estime qu'il s'agit d'une milice qui doit ĂȘtre dĂ©sarmĂ©e dans le cadre de l'accord de TaĂ«f, dĂ©sarmement auquel la plupart des observateurs, y compris le Hezbollah, aspirent une fois le litige avec IsraĂ«l sur les fermes de Chebaa clos.

La Syrie soutient que selon l'accord de TaĂ«f, son retrait ne pouvant se dĂ©cider qu'avec l'agrĂ©ment du Liban, repoussant jusqu'en 2005 un retrait de ses 14 000 soldats et 4 000 membres des services secrets, et dĂ©cide finalement en un retrait total (incluant les services de renseignement) qui se termine le . Toutefois, les États-Unis et l'ONU ne croient pas Ă  l'Ă©vacuation des services de renseignements syriens et annoncent des missions d'inspections supplĂ©mentaires. Pour finir, le retour des dĂ©placĂ©s n'a pu ĂȘtre accompli que partiellement faute de fonds d'indemnisation, mais aussi par endroits, par le fait que la « mixitĂ© » confessionnelle induite par ces dĂ©placements de population n'Ă©tait pas rĂ©alisable sans engendrer de nouvelles tensions.

D'autres points de l'accord n'ont Ă©galement pu ĂȘtre rĂ©alisĂ©s que partiellement ou tardivement, comme l'aboutissement au retrait d'IsraĂ«l de zones du sud Liban qui eut lieu en 2000, Ă  l'exception du territoire contestĂ© des fermes de Chebaa.

En aoĂ»t 1990, l'accord est entĂ©rinĂ© par le Parlement libanais et devient partie de la Constitution libanaise. En octobre de la mĂȘme annĂ©e, le gĂ©nĂ©ral Michel Aoun tente d'Ă©tendre son contrĂŽle aux rĂ©gions chrĂ©tiennes contrĂŽlĂ©es par les Forces libanaises, mais l'invasion du KoweĂŻt par l'Irak prĂ©cipite sa fin : les États-Unis donnent le feu vert Ă  la Syrie en Ă©change de son soutien Ă  la guerre du Golfe. La guerre civile cesse avec l'Ă©viction du gĂ©nĂ©ral Aoun, Ă  l'issue d'une offensive menĂ©e par l'armĂ©e syrienne et des Ă©lĂ©ments dissidents de l'armĂ©e libanaise.

L'accord de Taëf est suivi de la signature en 1991 d'un Traité de fraternité, de coopération et de coordination entre le Liban et la Syrie. Pour beaucoup de Libanais, cet accord n'a finalement été que l'officialisation de l'annexion du Liban.

Notes et références

    Voir aussi

    Bibliographie

    Liens externes

    Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.