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Abrine

L’abrine est une toxalbumine extrĂŞmement toxique, qui est prĂ©sente dans les graines d’Abrus precatorius. Chez la souris, la dose lĂ©tale mĂ©diane est de 0,7 Âµg/kg de masse corporelle lorsqu'elle est administrĂ©e par voie intraveineuse (environ 31,4 fois plus toxique que la ricine, dont la dose Ă©quivalente est de 22 Âµg/kg)[1]. La dose lĂ©tale mĂ©diane chez l'homme varie de 10 Ă  1 000 Âµg/kg en cas d'ingestion et est de 3,3 Âµg/kg en cas d'inhalation[2].

Abrine
Image illustrative de l’article Abrine
Structure moléculaire de PDB 1abr : la chaîne A est en bleu, la chaîne B est en vert olive
Caractéristiques générales
Distribution 518 = 251+267 acides aminés(A+B)
N° EC 3.2.2.22
PDB 1abr
Abrine
Identification
No CAS 1393-62-0
No RTECS AA5250000
Précautions
Transport
-

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

L'abrine est une protéine inactivant les ribosomes comme la ricine, toxine présente dans les graines de ricin[3] et la pulchelline, toxine présente dans les graines d'Abrus pulchellus tenuiflorus[4]. Cette substance est classée « Select Agent » dans la législation américaine.

Propriétés physiques

Comparaison des structures de la ricine (en bleu) et de l'abrine (en rouge). Les deux protéines sont très similaires.

L'abrine est une lectine hydrosoluble[5], de couleur blanc jaunâtre sous forme de poudre. C'est une substance stable qui peut supporter des conditions environnementales extrêmes[5] - [6]. Bien que ce soit une substance combustible, elle ne se polymérise pas facilement et n'est pas particulièrement volatile[6].

Utilisation

L'abrine n'est pas connue pour avoir été militarisée[5]. L'abrine se trouve naturellement dans les graines d'Abrus precatorius, espèce de plantes commune dans les régions tropicales qui est parfois employée comme remède en phytothérapie pour certaines affections[7]. Tandis que le tégument externe de la graine protège son contenu de l'estomac de la plupart des mammifères, les téguments sont parfois perforés pour fabriquer des bijoux en perles. Cela peut provoquer une intoxication si une graine est avalée ou si un tel bijou est porté contre la peau entamée par des plaies[6] - [8]. On a démontré que l'abrine peut agir comme immunoadjuvant dans le traitement du cancer chez la souris[9].

Toxicité

L'abrine agit en pénétrant dans les cellules du corps et en inhibant la synthèse des protéines cellulaires. En se fixant à une chaîne glucidique sur la surface cellulaire, la molécule d'abrine s'ancre à la cellule et est ensuite absorbée et pénètre dans les parties internes de la cellule où elle réagit avec une sous-unité ribosomique et interfère avec le processus normal de synthèse protéique de la cellule. Sans ces protéines, les cellules ne peuvent pas survivre. Cela est nocif pour le corps humain et peut être mortel même à de faibles expositions. La gravité des effets de l'intoxication à l'abrine varie selon les modes d'exposition à la substance (inhalation, ingestion ou injection)[5] - [6]. L'exposition de la peau à l'abrine peut provoquer une réaction allergique, qui se manifeste par divers symptômes : ampoules, rougeur, irritation et douleur[6].

Signes et symptĂ´mes de l'exposition Ă  l'abrine

Les principaux symptĂ´mes de l'intoxication Ă  l'abrine dĂ©pendent de la voie d'exposition et de la dose reçue, bien que de nombreux organes puissent ĂŞtre affectĂ©s dans les cas graves. En gĂ©nĂ©ral, les symptĂ´mes peuvent apparaĂ®tre entre plusieurs heures et plusieurs jours après l'exposition. Les symptĂ´mes initiaux de l'intoxication Ă  l'abrine par inhalation peuvent survenir dans les 8 heures suivant l'exposition, mais ce dĂ©lai est plus gĂ©nĂ©ralement de 18 Ă  24 heures. Ils peuvent s'avĂ©rer mortels dans les 36 Ă  72 heures. Après l'ingestion d'abrine, les symptĂ´mes initiaux surviennent gĂ©nĂ©ralement rapidement, mais peuvent prendre jusqu'Ă  5 jours avant d'apparaĂ®tre[6].

Les derniers signes et symptômes de l'exposition sont causés par les effets cytotoxiques de l'abrine, qui détruisent les cellules du rein, du foie, des glandes surrénales et du système nerveux central[6].

Inhalation

Quelques heures après une inhalation d'abrine, les symptĂ´mes habituels sont la fièvre, la toux, l'irritation des voies aĂ©riennes, une oppression thoracique, un Ĺ“dème pulmonaire (excès de liquide accumulĂ© dans les poumons) et des nausĂ©es. Cela rend la respiration difficile (dyspnĂ©e), et la peau peut devenir bleue, dans un Ă©tat de cyanose, mettant la personne en dĂ©tresse respiratoire. L'excès de liquide dans les poumons peut ĂŞtre diagnostiquĂ© par rayons X ou en Ă©coutant la poitrine avec un stĂ©thoscope. Ă€ mesure que les effets de l'abrine progressent, le patient peut devenir diaphorĂ©tique (transpiration abondante) et le liquide peut s'accumuler davantage. La pression artĂ©rielle peut chuter de façon spectaculaire, empĂŞchant l'oxygène d'atteindre le cerveau et d'autres organes vitaux dans un Ă©tat de choc circulatoire, et une insuffisance respiratoire peut survenir, ce qui peut ĂŞtre fatal dans les 36 Ă  72 heures. Si une exposition Ă  l'abrine par inhalation n'est pas fatale, les voies respiratoires peuvent ĂŞtre sensibilisĂ©es ou irritĂ©es[6].

Ingestion

Avaler n'importe quelle quantité d'abrine peut entraîner des symptômes graves. Les symptômes précoces comprennent nausées, vomissements, douleurs dans la bouche, la gorge et l'œsophage, diarrhée, dysphagie (difficulté à avaler) et crampes abdominales et douleur. À mesure que les symptômes progressent, les saignements et l'inflammation commencent dans le tractus gastro-intestinal. La personne affectée peut vomir du sang (hématémèse), avoir du sang dans ses excréments, ce qui se traduit par une selle noire et goudronneuse appelée melæna, et un saignement interne plus important. La perte de volume sanguin et d'eau provoquée par les nausées, vomissements, diarrhées et saignements entraîne une chute de la pression artérielle et des lésions organiques, qui peuvent se manifester par une somnolence, de l'hématurie (sang dans l'urine), de la stupeur, des convulsions, une polydipsie (soif excessive) et une oligurie (production d'urine faible). Cela aboutit finalement à un syndrome de défaillance multiviscérale, un choc hypovolémique, un collapsus vasculaire et la mort[6].

Absorption

L'abrine peut être absorbé par les blessures de la peau ou absorbé par la peau lorsqu'elle est dissoute dans certains solvants. Elle peut également être injectée dans de petites pastilles et absorbé par le contact avec les yeux.L'abrine, sous forme de poudre ou de brouillard peut provoquer des rougeurs et des douleurs dans les yeux (conjonctivite) à petites doses. De petites doses absorbées par les yeux peuvent également provoquer des larmes. Des doses plus élevées peuvent causer des lésions tissulaires, des saignements importants à l'arrière de l'œil (hémorragie rétinienne) et déficience visuelle ou cécité. Une dose suffisamment importante peut être absorbée dans la circulation sanguine et entraîner une toxicité systémique[6].

Traitement

Comme il n'existe aucun antidote de l'abrine, le facteur le plus important est d'éviter l'exposition à l'abrine en premier lieu. Si l'exposition ne peut pas être évitée, le facteur le plus important est de retirer l'abrine du corps le plus rapidement possible. L'exposition à l'abrine peut être évitée lorsqu'elle est présente en grande quantité en portant un équipement de protection individuelle (EPI) approprié. L'intoxication à l'abrine est traitée pour minimiser les effets de l'empoisonnement. Ce traitement varie en fonction du mode d'exposition et du temps écoulé depuis l'exposition. Dans le cas d'une ingestion récente, l'administration de charbon de Belloc et le lavage gastrique sont les deux options. L'utilisation d'un émétique (agent vomissant) n'est pas un traitement utile. En cas d'exposition des yeux, le rinçage de l'œil avec une solution saline aide à éliminer l'abrine. L'oxygénothérapie, la gestion des voies respiratoires, la ventilation assistée, la surveillance, la perfusion intraveineuse et l'électrolyte sont également des composants importants du traitement[6].

Notes et références

  1. (en) Gill DM, « Bacterial toxins: a table of lethal amounts », Microbiological Reviews, vol. 46, no 1,‎ , p. 86–94 (lire en ligne [PDF]).
  2. Rudolf C Johnson, « Quantification of L-Abrine in Human and Rat Urine: A Biomarker for the Toxin Abrin », Journal of Analytical Toxicology, vol. 33, no 2,‎ , p. 77–84 (PMID 19239732, DOI 10.1093/jat/33.2.77, lire en ligne)
  3. (en) « Abrin poisoning », Toxicological Reviews, vol. 22, no 3,‎ , p. 137–142 (DOI 10.2165/00139709-200322030-00002).
  4. (en) « Selective cytotoxicity of a novel immunotoxin based on pulchellin A chain for cells expressing HIV envelope », Scientific Reports, vol. 7, no 1,‎ (DOI 10.1038/s41598-017-08037-3).
  5. (en) « Facts About Abrin »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), Centers for Disease Control and Prevention.
  6. (en) « CDC - The Emergency Response Safety and Health Database: Biotoxin: ABRIN - NIOSH », sur www.cdc.gov (consulté le ).
  7. (en) « Indian Herbs - Rosary Pea ».
  8. (en) « Toxic bracelet ruined my life », Daily Mail,‎ (lire en ligne).
  9. (en) Shionoya, H Arai, N Koyanagi, S Ohtake, H Kobayashi, T Kodama et H Kato, « Induction of antitumor immunity by tumor cells treated with abrin », Cancer Research, vol. 42, no 7,‎ , p. 2872–6.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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