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Abri du Gros-Bois

L'abri du Gros-Bois (ou abri X 1) est une des fortifications de la ligne Maginot, située au sud-ouest de la commune de Rochonvillers, dans le département de la Moselle. L'abri se trouve à l'extrémité sud du bois du même nom, tandis que la casemate C35 se trouve à l'extrémité nord.

Abri du Gros-Bois
Vue de la façade de l'abri.
Vue de la façade de l'abri.

Type d'ouvrage Abri d'intervalle de surface
Secteur
└─ sous-secteur
secteur fortifié de la Crusnes
└─ sous-secteur d'Aumetz
Numéro d'ouvrage X 1
Année de construction 1931
RĂ©giment 128e RIF
Nombre de blocs 1
Effectifs 140 hommes
CoordonnĂ©es 49° 23′ 45″ nord, 6° 01′ 19″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : France
GĂ©olocalisation sur la carte : Moselle
Localisation de l'ouvrage
Localisation de l'ouvrage

Description

Il s'agit d'un abri CORF (du nom de la Commission d'organisation des rĂ©gions fortifiĂ©es), du type abri de surface (l'autre modèle Ă©tant l'abri-caverne), soit un gros monolithe de 60 sur 24 mètres[1] en bĂ©ton armĂ© avec deux Ă©tages Ă  l'intĂ©rieur. Sa surface est d'environ 3 000 m2.

Position

L'abri du Gros-Bois (code X 1) se trouve à l'extrémité orientale du secteur fortifié de la Crusnes, juste à la limite avec le secteur fortifié de Thionville. Comme la majorité des abris d'intervalle, il est légèrement en arrière de la « ligne principale de résistance », juste au sud de la casemate du Gros-Bois (C 35), sous la protection des tourelles d'artillerie des ouvrages de Bréhain (A 6) à l'ouest et de Rochonvillers (A 8) à l'est[2].

C'est le seul abri CORF (du nom de la Commission d'organisation des régions fortifiées) du secteur fortifié de la Crusnes, la construction des 24 autres abris prévus ayant été reportée faute d'argent et jamais réalisée. Des abris bien moins solides furent finalement construits dans le secteur par les soldats pendant la période de la drôle de guerre ( à ), avec de la tôle ondulée et du ciment le tout recouvert de terre (abris modèle MOM : main-d'œuvre militaire).

Équipement

L’abri est Ă©quipĂ© de deux cloches GFM (« guetteur fusil mitrailleur ») sur l’avant de la superstructure, de trois crĂ©neaux de tir pour fusil-mitrailleur (FM) de 7,5 mm en façade et de goulottes lance-grenade pour sa dĂ©fense rapprochĂ©e. Le fossĂ© diamant le long de la façade sert Ă  rĂ©cupĂ©rer les dĂ©bris de bĂ©ton en cas de bombardement. L’accès se fait par deux portes blindĂ©es et Ă©tanches (aux gaz). L'ensemble Ă©tait ceinturĂ© d'un rĂ©seau de barbelĂ©s.

L’intérieur comporte deux étages et compte six chambres de soldats (la sixième est coupée en deux par un mur), soit de quoi loger 132 hommes, six chambres de sous-officiers (pour douze hommes) et une chambre pour deux officiers[3] et des lavabos. Un réseau d’aération sert à ventiler les pièces. Le chauffage est assuré par une chaudière fournissant de l’eau chaude circulant dans le circuit de ventilation (pulsant ainsi de l’air chaud).

Étage supérieur

Plan de l'étage supérieur.

L'Ă©tage au niveau des entrĂ©es est amĂ©nagĂ© avec trois des six grandes chambrĂ©es, une salle des filtres (dite « salle de neutralisation ») avec une batterie de filtres Ă  air (chacun pesant 230 kg) en cas d’alerte aux gaz, des latrines, une infirmerie, des cuves d'eau, deux magasins et les puits d'accès aux cloches GFM.

Étage inférieur

Plan de l'étage inférieur.

L'étage en sous-sol abrite les trois autres dortoirs, la salle des machines (avec deux groupes électrogènes), une cuisine, une réserve de charbon (pour le fourneau), des réserves de vivres (pour quinze jours), des citernes d’eau et de gazole (pour le refroidissement et l'alimentation des moteurs diesel), des latrines, un puits et le PC de communication (avec poste TSF).

L’abri comporte un Ă©gout visitable, chose rare pour ce type d’ouvrage, accessible après le passage par deux portes blindĂ©es, se dirigeant vers le sud et murĂ© avec une grille au bout de 594 mètres[4].


Fonctions

L'abri d'intervalle du Gros-Bois était destiné à abriter le poste de commandement du quartier (auquel est affecté un bataillon d'infanterie), subdivision du sous-secteur d'Aumetz du secteur fortifié de la Crusnes. Il servait aussi d'abri pour deux sections d'infanterie, assurant ainsi la protection des troupes d'intervalle en arrière de la ligne principale de résistance[5].

Histoire

Entre-deux-guerres

L'abri fait partie des travaux de la seconde tranche du programme de fortifications de 1929, visant notamment à étendre la région fortifiée de Metz vers l'ouest. Le budget est débloqué en 1930, permettant le début des travaux en 1931[6].

Insigne du 149e RIF.

En temps de paix, les ouvrages, casemates et abris ne sont pas occupés : les troupes d'active stationnent dans les « casernements de sûreté » (des grandes casernes), avec des détachements dans les « casernements légers de proximité » juste à côté des ouvrages, prêts à les occuper en cas d'alerte. Dans le cas du sous-secteur d'Aumetz (auquel appartient l'abri du Gros-Bois), l'unité de temps de paix est le premier bataillon du 149e régiment d'infanterie de forteresse, la caserne était celle de Ludelange sur la commune de Tressange et le casernement léger était juste à côté (soubassements en dur avec structures en bois).

La première alerte et donc la première occupation des locaux (en dehors des exercices) a lieu de mars à (remilitarisation de la Rhénanie), suivi par celles de mars à (Anschluss), de septembre à (crise des Sudètes, avec mobilisation partielle) et à partir du (crise polonaise, avec mobilisation partielle à partir du , puis mobilisation générale à partir du ).

Campagne de 1940

Insigne du 128e RIF.

Juste avant le début de la Seconde Guerre mondiale (la déclaration de guerre est faite le ), le bataillon d'active responsable du sous-secteur se transforme le en régiment (grâce au rappel des réservistes), créant ainsi le 128e régiment d'infanterie de forteresse. Ce régiment obéit à partir de au 42e corps d'armée de forteresse, dépendant lui-même de la 3e armée. Le secteur est calme jusqu'au , car limitrophe avec le Luxembourg et non l'Allemagne.

Les troupes d'intervalle, menacées d'encerclement par les forces allemandes arrivant de l'Ouest, reçoivent l'ordre de quitter leur position et de marcher vers le sud à partir du . Le 128e RIF abandonne donc ses blockhaus, points d'appui et abris (seuls les équipages des casemates et ouvrages restent sur place) pour faire partie du « groupement de Fleurian », avec ordre de marcher par Conflans et Briey pour se positionner le long du canal de la Marne au Rhin[7] à hauteur de Toul. Attaquée par les Allemands à Barisey-la-Côte le 20, puis encerclé près de Crépey, le régiment se rend le . Les équipages laissés en arrière se rendent le , livrant en état les ouvrages, casemates et l'abri aux Allemands.

État actuel

Travaux de déboisage autour des cloches.

Propriété de la commune de Rochonvillers, l'abri a été mis à disposition de l'association « La Lorraine à travers les siècles sous convention. Il est depuis en cours de restauration dans le but d'en faire un musée[8] - [9]. Les travaux portent sur la réinstallation de l'électricité, l'entretien des tables et bancs métalliques, la peinture intérieure et extérieure, le démoussage de la façade, le défrichement des abords, l'aménagement du chemin, peinture...


Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

  • Antoine Schoen, Les abris de la ligne Maginot, La TaillĂ©e, SPH Productions et Ă©ditions, , 60 p. (ISBN 978-2-918204-06-0, prĂ©sentation en ligne).
  • Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 1, Paris, Ă©ditions Histoire & collections, coll. « L'EncyclopĂ©die de l'ArmĂ©e française », (ISBN 2-908182-88-2).
  • Jean-Yves Mary et Alain Hohnadel, Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 3, Paris, Ă©ditions Histoire & collections, coll. « L'EncyclopĂ©die de l'ArmĂ©e française », (ISBN 2-913903-88-6).

Association

Descriptions et photos

Articles connexes

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