Abel Chabal
Abel Chabal ( - ) est un militaire et résistant français.
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Biographie
Abel Félix Bertin Chabal est né le à Montjay, dans les Hautes-Alpes. Dernier des quatre enfants d'un couple d'agriculteurs, la Grande Guerre fit des ravages dans sa famille (un oncle tué, un gazé et un blessé[1]). Quoique doué pour les études, il doit quitter l’école avec le certificat d’études pour travailler la terre.
Après avoir effectué son service militaire à 20 ans, Chabal est appelé sous les drapeaux en 1931 et affecté au 2e régiment de zouaves à Oujda (Maroc), y arrivant le . Il décide alors de faire carrière et réussit ses pelotons[2]. Il fut zouave de 1re classe le , puis caporal le , puis caporal-chef le et enfin sergent le [1]. Alors rattaché au 1er régiment de zouaves, il veut servir dans l’armée des Alpes et rejoint successivement le 11e BCA (section de mitrailleuse) le , et le 70e BAF (3e compagnie) à Bourg-Saint-Maurice le . Breveté chef de section mitrailleur en 1937 avec une excellente moyenne de 17.7, il est nommé adjudant le puis adjudant-chef le [1] - [2].
Sa résistance contre les Italiens (il combat toujours trois jours après l’armistice) lui vaut une citation et la Croix de guerre. Il est ensuite affecté à la 3e compagnie du 6e BCA revenant de Narvik jusqu'à la démobilisation de l’armée d’armistice. Il effectua un passage au centre d'instruction de haute montagne à Gresse-en-Vercors[1].
En , sous les ordres du chef de bataillon Albert de Seguin de Reyniès, il prit la route de Brié-et-Angonnes dans l'espoir d'un barrage d'honneur contre les troupes de l'Axe qui envahissaient la zone libre. Au lieu de ce combat pour l'honneur de la France, l'ordre fut donné le de dissoudre l'armée française, dont le 6e BCA. Il retourna alors au foyer familial pour aider sa mère (un de ses frères étant déjà prisonnier), bien que ne pouvant accepter l'occupation et désireux de rejoindre les troupes de l'Afrique française du Nord, il préféra rester et soustraire quelques jeunes au STO et obtint une place aux Eaux et Forêts à Digne-les-Bains. Il envoya quelques-uns de ses protégés dans le Vercors en informant qu'il pourrait les rejoindre[1].
Sous les ordres du lieutenant Eysseric, les bribes du 6e BCA s'étant reformées grâce au camp du Vercors, sous les ordres de Seguin de Reyniès (chef de la résistance en Isère), Chabal fut rappelé au début de 1944, mais il arriva trop tard, les Nazis ayant organisé une expédition en direction de Malleval, au cours duquel Eysseric et ses hommes (ainsi que des habitants) furent exécutés[1].
Il rejoint le maquis du Vercors en . Il est chargé par le commandant Seguin de Reyniès de constituer et d’entraîner une section, la « section Chabal », formée pour l’essentiel d’anciens du 6e BCA. Il en fait un outil de combat de premier ordre[2].
Début , les Allemands, sous les ordres du général Karl Pflaum, se lancèrent à l'assaut du plateau, commençant par une offensive sur Saint-Nizier-du-Moucherotte, où se tenait la « compagnie Brisac ». Le , une colonne allemande monta de Grenoble en direction des Guillets, au sud du village de Saint-Nizier. Alors que les Allemands s’apprêtaient à prendre le dessus sur les hommes de Brisac tout en ayant presque encerclé la « section Lescot » (R. Bechmann, dit Lescot), Chabal et ses hommes furent envoyés sur place. Après avoir traversé le village en chantant à tue-tête La Marseillaise, la section Chabal rejoignit les hommes de Lescot puis contre-attaquèrent en direction des Allemands. Au cours des combats qui s'ensuivirent, les Allemands se replièrent puis redescendirent sur Grenoble. La section Chabal eut à déplorer 3 morts : le caporal-chef Romier Antoine, le caporal Garant Gabriel et le chasseur Gaston Joseph[1].
L’ennemi revint en force deux jours plus tard ; Chabal tenant tête plusieurs heures pour permettre le repli vers Lans-en-Vercors[2].
Le , il est nommé lieutenant par Marcel Descour, qui lui remet une nouvelle citation et la Croix de guerre. Avec l’arrivée massive de maquisards, Chabal constitue une compagnie de chasseurs alpins qu’il engage à Valchevrière, le , contre les Gebirgsjäger ayant assailli quelques jours plus tôt le village de Vassieux grâce à des planeurs et des parachutistes[1]. Au bout de deux jours d’une résistance héroïque contre un ennemi supérieur en nombre et en matériel, il est plusieurs fois blessé. Chabal rédigea alors son dernier message qui fut envoyé au PC du Vercors : « Je suis presque encerclé, nous nous apprêtons à faire Sidi-Brahim. Vive la France. »
Après avoir envoyé certains de ces chasseurs sur le sommet surplombant la position du belvédère, Chabal tira au bazooka, puis au fusil-mitrailleur[1], trouvant la force de jeter dans le ravin son carnet où sont consignés ses directives et le nom de ses hommes, avant de succomber, la veille de ses 34 ans[3].
Le corps du lieutenant est relevé et inhumé le à Villard-de-Lans avant de rejoindre le berceau de famille à Montjay.
Distinctions
- Chevalier de la LĂ©gion d'honneur Ă titre posthume
- Croix de guerre 1939-1945 (trois citations)