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Études régionales

Les études régionales (en anglais area studies ou regional studies) désignent un ensemble de domaines de recherche interdisciplinaires se rapportant à des régions géographiques ou culturelles particulières s'opposant ainsi aux études dites mondiales. Le terme existe principalement comme une description générale des nombreux domaines de recherche hétérogènes, englobant à la fois les sciences sociales et les sciences humaines. Les principales disciplines impliquées dans les études régionales sont les relations internationales, les études stratégiques, l'histoire, les sciences politiques, l'économie politique, les études culturelles, les langues, la géographie, la littérature et d'autres disciplines connexes.

Le monde selon la BULAC - carte des familles de langues. David Poullard / BULAC

Les études régionales sont apparues dans le contexte de la guerre froide et ont pu être critiquées comme une approche mise au service des intérêts géopolitiques des grandes puissances.

Institutions et programmes

Des établissements d’enseignement supérieur sont entièrement consacrés aux études régionales, en France ou à l'étranger.

En France

En France, les études régionales sont organisées en quatre grands Groupement d’Intérêt Scientifique (GIS), c’est-à-dire en fédération d’établissements, de laboratoires et de chercheurs actifs dans un domaine de recherche. Ces GIS sont soutenus par le CNRS et organisent leur production scientifique autour de rencontres, de réseaux d’informations. Les GIS en études aréales sont les suivants : études africaines, études asiatiques, Institut des Amériques, Moyen-Orient et Mondes Musulmans. Ils ont chacun produit des livres blancs lors d'une journée organisée par l'Alliance Athéna et le CNRS le à la BULAC, destinés aux "communautés scientifiques, aux acteurs de l'enseignement supérieur et de la recherche, et à l'ensemble des décideurs publics. Ils ouvrent une réflexion collective sur un ensemble de préconisations partagées par les GIS études aréales"[1]. Ces livres blancs ont été construits autour de différents textes et témoignages, et traitent de différents sujets tels la formation à la recherche, le recrutement des chercheurs, la mise en réseau de différents laboratoires et le nécessaire partage des compétences et connaissances.

La synthèse des livres blancs en études aréales en France produite en 2016 montre que ces institutions se concentrent dans le bassin parisien[2], mais d'autres acteurs sont répartis sur le territoire. Parmi elles, on trouve la Maison Méditerranéenne des Sciences de l'Homme de l'Université d'Aix Marseille ; l'Institut d'Asie Orientale (IAO) de l’École normale supérieure de Lyon ; la Maison des Suds à l'Université de Bordeaux Montaigne ; l'Institut d'études pluridisciplinaires des Amériques (IPEAT) et la Maison Universitaire franco-mexicaine (MUFRAMEX) de l'Université de Toulouse ; l'Institut des Amériques à Rennes ; l'Université Nice Sophia Antipolis ; l’Équipe de recherche Interdisciplinaire sur les Aires Culturelles (ERIAC) de l'Université de Rouen ; l'Institut des Langues et Cultures d'Europe, Amérique, Afrique, Asie et Australie de l'Université de Grenoble ; le Centre d’Études en Civilisations, Langues et Lettres Étrangères (Cecille) de l'Université de Lille ; l'Institut de Recherche Intersite en Études culturelles (IRIEC) de l'Université Paul Valéry à Montpellier ; l'Institut des mondes musulmans de l'Université de Strasbourg ; l'Université Paris Sciences et Lettres (PSL) ; l'Université Paris-Nanterre et la Bibliothèque La contemporaine impliquée dans un projet CollEx-Persée sur les études aréales ; le Centre de recherche sur les civilisations de l'Asie Orientale (CRCAO) de l’École Pratique des Hautes études (EPHE) ; le Centre de Recherches d'Histoire Nord-Américaine (CRHNA) de l'Université Paris 1 - Panthéon Sorbonne ; le Centre de Recherche et de Documentation sur les Amériques (CREDA) de l'Université Paris 3 - Sorbonne nouvelle ; l'UMR 8224 EUR'ORBEM sur les cultures et sociétés d'Europe orientale, balkanique et médiane de Sorbonne Université ; l'Université Paris 7 - Université de Paris ; l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) qui présente plusieurs centres de recherche sur les Amériques, l'Afrique, l'Europe et le monde méditerranéen, ainsi que l'Asie, l'Océanie et l'Arctique ; l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco) ; la Bibliothèque universitaire des langues et civilisations (BULAC) ; les Unités Mixtes des Instituts Français de recherche à l'étranger (UMIFRE) ou encore l’École française d'extrême Orient (IFAO).

En Europe

Les universités européennes présentent, elles aussi, de nombreux laboratoires et équipes de recherche impliquées dans les études aréales. En Angleterre se trouvent la School of Oriental and African Studies, qui fait partie de l’Université de Londres ; la School of Interdisciplinary Area Studies (SIAS) et le St Antony's College de l'Université d'Oxford. Le German Institute of Global and Area Studies (GIGA) à Hambourg est également spécialisé dans ces études régionales, de même que l'Institute of Area Studies (LIAS) de l'Université de Leiden, l'Institute for Asian and African Studies et le Confucius Institute de l'Université d'Helsinki ; l'Itä-Aasian tutkimus- ja koulutuskeskus (CEAS) de l'Université de Turku et l'University of Oulu en Finlande ; le Centre for East and South-East Asian Studies et le Réseau suédois des études sud-asiatiques de l'Université de Lund ; le Nordic Institute of Asian Studies de Copenhague ; l'Institut of East Asian Studies, Charles University in Prague et le Département des études asiatiques de St Kliment Ohridski à l'University of Sofia.

A l'international

Enfin, plusieurs universités sont réputées pour leurs départements d'études aréales à l'international. Elles sont souvent en lien avec les universités et les laboratoires de recherche français. La liste suivante ne tend pas à l'exhaustivité :

Domaines

Critique

Rey Chow, dont le travail se situe au carrefour des études postcoloniales et des études culturelles, analyse l'arrière-plan idéologique qui est celui des études régionales. Elle affirme dans The Age of World Target (2006) que la constitution de zones géopolitiques en objets de connaissance séparés suppose de considérer ces zones comme des sources de danger, des menaces nécessitant d'être neutralisées, et que les études régionales présentent « le monde comme une cible »[3]. Cette approche est née de la guerre froide, dont elle a conservé l'état d'esprit[3]. Selon Rey Chow, une telle forme de savoir « qui consiste à mettre le monde sous un viseur relève du racisme et de l'incapacité à porter un regard sur l'altérité au-delà de la trajectoire dessinée par le parcours d'une bombe »[3].

Notes et références

  1. « Libre Blanc », sur Gis Réseau Asie (consulté le )
  2. « Les études aréales en France »
  3. Giovanna Zapperi, « Rey Chow: une approche critique du visuel », La Revue des livres, (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Pour aller plus loin

  • Kuijper, Hans (2008). " Études régionales versus disciplines: vers une approche pays interdisciplinaire et systémique ". Journal international des sciences sociales interdisciplinaires, vol. 3, numéro 7, pp. 205-216.
  • (en) Masao Miyoshi et Harry D. Harootunian, Learning Places : The Afterlives of Area Studies, Durham, NC, Duke University Press, , 408 p. (ISBN 0-8223-2826-7)
  • Schäfer, Wolf (2010). "Reconfiguration des études de zone pour l'ère mondiale." Journal des études mondiales, no. 22.
  • Rajeev, Bhargava (2013), “Pour en finir avec l’injustice épistémique du colonialisme”, Socio, no. 1.
  • Wieviorka, Michel (2014), “Faut-il encore parler d’aires culturelles ?”, Intervention au colloque “Aires Culturelles” , Paris.
  • Beniamino, Michel (2014), “Interculturalité, aires culturelles et transferts : quelle(s) théorie(s) ?” Eid, Cynthia, Fadel, Fady, Les interculturalités, État des lieux et perspectives, théories et pratiques, Fernelmont, Belgique, InterCommunications SPRL & Editions Modulaires Européennes.
  • Postel-Vinay, Katherine (2005), L’Occident et sa bonne parole : nos représentations du monde, de l’Europe coloniale à l’Amérique hégémonique.
  • Aymes, Marc, 2016, La domestication du faux. Histoire, Habilitation à diriger les recherches.
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