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Étang de Saint-Quentin

L'étang de Saint-Quentin est situé sur les communes de Trappes-en-Yvelines et de Montigny-le-Bretonneux (quartier du Pas-du-lac) dans les Yvelines, au sein de la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines. Il est intégré dans une importante base de loisirs et de plein air. C'est la plus grande étendue d’eau des Yvelines.

Étang de Saint-Quentin
Image illustrative de l’article Étang de Saint-Quentin
La digue plantée de pins noirs de Salzmann.
Administration
Pays Drapeau de la France France
DĂ©partement Yvelines
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 48° 47′ 15″ N, 2° 01′ 00″ E
Origine Artificielle
Superficie 1,5 km2[1]
Altitude 160 m
Volume 3 millions de m3
Divers
Peuplement piscicole Brochet, Sandre, Perche, Carpe, Blancs[2]
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Étang de Saint-Quentin

GĂ©ographie

Panorama de l’Étang de St-Quentin vers le Nord-Ouest
Panorama de l’Étang de St-Quentin vers le Sud-Est

L'Ă©tang de Saint-Quentin est un Ă©tang artificiel d'une superficie d'environ 150 hectares[3] ; il est la plus grande Ă©tendue d'eau des Yvelines. Le plan d’eau, reliĂ© au parc de Versailles par l’aqueduc de Trappes (coupĂ© en 1978), pouvait Ă  lui seul assurer un stockage de millions de m3. Son altitude est de 160 mètres.

En 1986, dans sa partie occidentale a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e une rĂ©serve naturelle nationale de 87 hectares.

Histoire

Au XVIIe siècle, le parc du château de Versailles, avec toujours plus de jets et de fontaines spectaculaires, a besoin de toujours plus d'eau. Vers 1675, un spécialiste des relevés de nivellement, l'abbé Picard, à l'aide d'un niveau à lunette [4], remarque que les mares situées sur le plateau de Trappes sont plus hautes que les réservoirs de Versailles. L'aménagement est conduit par l'ingénieur François Francine, en collaboration avec l'abbé Picard et Roemer (de l'Académie des Sciences), les travaux sont exécutés par le régiment suisse de Crespy. Il fait barrer la gorge qui laisse écouler les eaux vers la vallée de la Bièvre et aménage ainsi l'étang.

L'Ă©tang sur une carte postale ancienne.

Une digue de m de hauteur sur 17 m d’épaisseur est ainsi construite Ă  l’est de l’étang, plantĂ©e de pins noirs de Salzmann, tandis qu’à l’ouest la digue de Pissaloup est rĂ©alisĂ©e. Les travaux durèrent de 1676 Ă  1691, ils Ă©taient surveillĂ©s par Jean Pinson de Sainte Catherine, ingĂ©nieur et contrĂ´leur des bâtiments du roi qui, pour les besoins du projet s'Ă©tait installĂ© Ă  Trappes[5]. Le plan d’eau, reliĂ© au parc de Versailles par l’aqueduc de Trappes (coupĂ© en 1978), pouvait Ă  lui seul assurer un stockage de 3 millions de mÂł. Il Ă©tait initialement connu sous le nom d'Ă©tang de Trappes (plus tard, il prendra le nom d'Ă©tang de Saint-Quentin, du nom d'une chapelle, (dĂ©molie en 1780) qui aurait accueilli les reliques de saint Quentin. Un aqueduc souterrain amenait les eaux de l'Ă©tang aux rĂ©servoirs Colbert construits dans le Parc-aux-cerfs (non loin de l'actuelle gare de Versailles-Chantiers). Cet aqueduc prĂ©sente une pente de 2,93 m sur 11 km de longueur totale, soit moins de 0,3 millimètre par mètre ; il s'agit par consĂ©quent d'un travail remarquable pour l'Ă©poque. Il a Ă©tĂ© mis en service par Vauban en 1685. Il faisait partie d'un programme de travaux[6], destinĂ©s Ă  alimenter en eau, par gravitĂ©, le parc de Versailles.

Plan général des étangs et rigoles de Versailles datant de 1812.

Un ensemble de « rigoles » et d'aqueducs, les aqueducs de Vieille Église, du Perray, de l’Artoire, des Essarts, de Mauregard, de la Verrière et de la grande rigole dite du « lit de rivière » conduisent par gravitĂ© les eaux de diffĂ©rents Ă©tangs jusqu’à l'Ă©tang de Saint-Quentin [7] sur un parcours d’environ 34 km dont près des deux tiers en aqueducs maçonnĂ©s, mais une partie en est aujourd'hui hors service.

Ainsi, en particulier, l'Ă©tang de Saint-Quentin (altitude de 163 m) est reliĂ© en amont aux Ă©tangs de Hollande (altitude de 174 m).

Ce dispositif général pour alimenter en eau le parc de Versailles est quelquefois dénommé aujourd'hui la « rivière du Roi Soleil ».

Tout autour de l'Ă©tang, on trouve des bornes royales. La fleur de lys reprĂ©sentĂ©e sur les bornes est taillĂ©e en relief dans un ovale. Pour certaines d’entre elles, c’est une couronne royale qui orne la pierre. Parfois, ces motifs sont abimĂ©s, voire illisibles. Ils ont Ă©tĂ© cassĂ©s ou recouverts par les rĂ©volutionnaires. Ces bornes permettaient de dĂ©limiter le rĂ©seau d’approvisionnement en eau du château de Versailles et d’identifier les infrastructures royales[8]. Ces blocs de grès d’une hauteur de 80 cm Ă  1 mètre ont Ă©tĂ© disposĂ©s Ă  partir du dĂ©but du XVIIIe siècle sur le plateau de Saclay et dans les Yvelines. Ă€ noter que sur le millier d’origine, il n’en resterait actuellement qu’environ 200.

La hauteur moyenne de l’eau de l’étang de Saint-Quentin-en-Yvelines, de la fin du XVIIIe siècle jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, excédait d’un mètre le niveau actuel.

L'Ă©tang de Trappes (ancien nom de l'Ă©tang de Saint-Quentin) Ă©tait fort apprĂ©ciĂ©, Ă  la fin du XIXe siècle et au dĂ©but du XXe siècle, des pĂŞcheurs, des canotiers[9] et des promeneurs, amoureux de la nature, qui arrivaient de Paris par la gare de Trappes. On y fait parfois des « pĂŞches miraculeuses », comme en 1909, un brochet de 1,10 mètre et de 11 kilos[10].

L'été 1934, un phénomène exceptionnel s'est produit, l'étang s'est complètement tari par suite de la sécheresse[11].

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’étang est complètement vidé pour ne pas servir de repère aux avions[12].

MĂ©tiers d'autrefois

Le plan d'eau, bordé de semi-marécages, avait une oseraie. Jusqu'en 1914, les habitants de Montigny-le-Bretonneux, presque tous journaliers ou ouvriers agricoles, tressaient les joncs en nattes et paillassons[13].

Projet d'aéroport international

Dans les années 1930, Urbain Cassan, polytechnicien, architecte, constructeur de gares et de barrages, proposa l'idée de construire un aéroport intercontinental, comprenant un plan d’eau pour les hydravions, une centrale hydro-électrique[14] et un aérodrome terrestre, envisagé sur le territoire de Trappes, Montigny-le-Bretonneux, Les Clayes-sous-Bois au nord[15].

L'Ă©tang devait ĂŞtre considĂ©rablement agrandi afin d'accueillir les hydravions. D'une profondeur de 6 mètres, ses berges devaient rejoindre Plaisir Ă  l'ouest et les Clayes-sous-Bois au Nord. Il Ă©tait prĂ©vu d'utiliser la machine de Marly pour alimenter le plan d'eau avec les eaux de la Seine[15].

Ce projet finalisé en 1936, avait reçu l'accord des décideurs au détriment du site du Bourget, qui finalement fut retenu après la guerre[16].

Base de plein air et de loisirs

L'Ă®le de loisirs de Saint-Quentin-en-Yvelines est implantĂ©e Ă  la pĂ©riphĂ©rie de l'Ă©tang de Saint-Quentin. Sa superficie totale est de 600 hectares, dont 200 de plans d'eau avec l'Ă©tang de Saint-Quentin. Diverses activitĂ©s de loisirs peuvent y ĂŞtre pratiquĂ©es.

Sa partie ouest est classée réserve naturelle en 1986.

RĂ©serve naturelle

Elle sert de lieu d’hivernage Ă  de nombreux oiseaux migrateurs. Plus de 230 espèces d'oiseaux peuplent les 90 hectares de la rĂ©serve.

Le paradoxe de l’étang de Saint-Quentin est qu'il offre une réserve naturelle établie sur un étang artificiel.

Classée Natura 2000 en 2003, la réserve naturelle nationale de Saint-Quentin-en-Yvelines mène, depuis sa création en 1986, des actions concrètes en faveur de la protection des espèces et des habitats dans le cadre d’un plan de gestion et d’études scientifiques régulières[3]. C'est un site naturel identifié pour la rareté ou la fragilité des espèces sauvages, animales ou végétales.

Mâle de triton crêté, en saison de reproduction.

Les zones boisĂ©es et humides de la rĂ©serve naturelle sont prisĂ©es par les amphibiens qui s'y sont installĂ©s. Il y a la grenouille agile, le crapaud commun et le triton crĂŞtĂ©, une espèce de grande taille, qui mesure jusqu'Ă  18 cm. Particulièrement protĂ©gĂ©, ce petit animal, arbore une crĂŞte dorsale en dents de scie, parfois assez haute et se prolongeant jusqu'Ă  la queue, au printemps, durant la pĂ©riode de reproduction, ce qui lui donne une allure de dinosaure, est menacĂ© d'extinction. ConsidĂ©rĂ© comme une espèce vulnĂ©rable au livre rouge de la faune menacĂ©e, il est devenu intouchable et très protĂ©gĂ©[17].

En 2021, la réserve naturelle nationale de Saint-Quentin-en-Yvelines est déclassée et une nouvelle réserve naturelle est créée, la réserve naturelle nationale des étangs et rigoles d'Yveline, qui englobe l'ancienne réserve naturelle nationale de Saint-Quentin-en-Yvelines.

Notes et références

  1. Selon diffĂ©rentes sources, de 1,2 Ă  2,5 km2. D'après les cartes IGN, la valeur de 1,5 km2 apparait la plus rĂ©aliste.
  2. « bords-de-seine.com/html/etang_… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
  3. « Carte des réserves naturelles / RESERVES NATURELLES DE FRANCE », sur naturelles.org (consulté le ).
  4. http://ghtn.free.fr/documents/eaux%20%20Versailles/2%20eaux%20de%20Versailles.pdf
  5. Victor R. Belot, Trappes, d'hier Ă  aujourd'hui, 1973, page 210,(notice BnF no FRBNF35172734)
  6. Chronologie du dispositif hydraulique mis en place pour alimenter les eaux de Versailles
  7. Jérôme Piguet, L'Étang de Saint-Quentin, extrait du bulletin des naturalistes des Yvelines.
  8. « basedeloisirs78.fr/evenement/s… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
  9. Le canotier est un chapeau de paille de forme ovale à fond plat, à bords également plats, orné d’un ruban, qui est mis à la mode par les fervents du canotage dans le courant du XIXe siècle, d’où son nom.
  10. Colette Parent, Trappes de 1870 à la belle époque : Chronique trappiste élaborée à l’aide d’articles de presse, t. Première partie, Trappes, , p. 27.
  11. Archives départementales des Yvelines.
  12. Source : Association de pêche de Saint-Quentin, publié le 2 avril 2009.
  13. Victor R. Belot, Coutumes et folklores en Yvelines, préface de Paul-Louis Tenaillon, président du conseil général des Yvelines de 1977 à 1994, membre émérite de l'Académie des sciences morales, des lettres et des arts de Versailles, librairie Guénégaud, 1977 (FRBNF 34588328), page 72.
  14. Victor R. Belot, Trappes, d'hier à aujourd'hui, 1973, pages 211 et 212 (notice BnF n°FRBNF35172734).
  15. Pierre Devaux, « Le projet d'Hydro-AĂ©roport international, Paris-Versailles (Ă  Trappes) Â», Nature, 15 mai 1937, p. 458-464.
  16. Source : Extrait du bulletin des naturalistes des Yvelines.
  17. D'après un article d'Élisabeth Charle, paru dans le magazine Le petit Quentin de décembre 2013, page 10.

Ă€ voir

Articles connexes

Bibliographie

  • GĂ©rard Arnal et Joanne Anglade-Garnier, Flore et vĂ©gĂ©tation de l'Ă©tang de Saint-Quentin-en-Yvelines et de ses abords : Les plantes sauvages d'une zone humide francilienne hĂ©ritĂ©e de Louis XIV, devenue urbaine, RĂ©serve naturelle de Saint-Qunetin-en-Yvelines, , 780 p. (ISBN 9782915749168).

Liens externes

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