Équations de Boussinesq
Les équations de Boussinesq en mécanique des fluides désignent un système d'équations d'ondes obtenu par approximation des équations d'Euler pour des écoulements incompressibles irrotationnels à surface libre. Elles permettent de prévoir les ondes de gravité comme ondes cnoïdales, ondes de Stokes, houle, tsunamis, solitons, etc. Ces équations ont été introduites par Joseph Boussinesq en 1872[1] et sont un exemple d'équations aux dérivées partielles dispersives.
Équations d'Euler pour un fluide incompressible irrotationnel soumis à un champ de gravité
Pour un écoulement incompressible irrotationnel la vitesse dérive d'un potentiel ψ. Les équations d'incompressibilité et de quantité de mouvement s'écrivent
où ρ est la masse volumique, p la pression, g la gravité et z l'altitude.
L'équation de quantité de mouvement contient des cas particuliers intéressants :
- milieu homogène ψ = 0 conduit à l'équilibre hydrostatique,
- milieu stationnaire conduit à l'équation de Bernoulli.
Par la suite on supposera la vitesse assez faible pour négliger l'énergie cinétique. On obtient ainsi l'expression de la pression
Milieu à surface libre
Examinons un problème bidimensionnel. On désigne par s(x) l'altitude de la surface par rapport à sa valeur au repos z = 0.
Outre l'équation de continuité on peut écrire une seconde équation à la surface en dérivant la pression. Compte tenu d'une approximation de faible amplitude de l'onde, cette relation est appliquée en z = 0.
Elle constitue une condition aux limites dynamique.
À ce système il faut adjoindre une condition aux limites au fond si celui-ci existe ou lorsque sinon.
La solution est cherchée sous forme d'ondes d'amplitude A en surface de pulsation ω et de nombre d'onde k
On examine ci-après deux cas particuliers qui éclairent le problème.
Milieu infiniment profond
La solution de l'équation de Laplace est ici une exponentielle décroissante[3]
l'équation en z = 0 donne la relation de dispersion
La vitesse de phase est le double de la vitesse de groupe : le milieu est dispersif.
En intégrant une première fois ψ on obtient les composantes verticale et horizontale de la vitesse. Une nouvelle intégration donne alors les composantes de la particule fluide qui vérifient
a et b < 0 sont des constantes d'intégration arbitraires.
Cette équation décrit un cercle centré en (a,b) dont le rayon Aekb diminue exponentiellement avec la profondeur b (voir figure).
Fond plat
Pour un fond situé à l'altitude z = -h la solution de l'équation de Laplace est[3]
et la relation de dispersion
Dans la limite d'une eau peu profonde devant la longueur d'onde on a
d'où
qui décrit une propagation avec la vitesse : le milieu est non dispersif.
Dans ce cas les trajectoires des particules fluides sont des ellipses (voir figure) dont le rapport des deux demi-axes est : avec la profondeur le mouvement devient rapidement un mouvement de va-et-vient à altitude quasi constante.
On notera que ce système correspond à un milieu dans lequel l'équilibre hydrostatique est vérifié, au moins au premier ordre. Il est décrit par les équations de Barré de Saint-Venant.
Dérive de Stokes
On a linéarisé la condition limite en surface en la ramenant à z = 0. En réalité, il existe une vitesse de dérive de Stokes qui est une faible vitesse moyenne des particules fluides parallèlement à la surface (voir figures). Sa valeur peut être estimé à partir de considérations très générales[4]
où T est la période de rotation de la particule fluide.
Dans le cas du milieu infiniment profond
La dérive varie comme le carré de l'amplitude et l'inverse de la longueur d'onde. Elle diminue rapidement avec la profondeur.
Propagation
Dans le cas général l'onde est décrite par
où F représente la condition initiale. L'intégration est complexe car ω dépend de k et la fonction à intégrer est infiniment oscillante[5].
On peut cependant trouver des solutions à partir d'une approximation de ω obtenue en développant la tangente hyperbolique. Pour k petit
Alors, en utilisant la méthode de la phase stationnaire[3] pour
La solution est une fonction d'Airy définie par
et donc en prenant il vient
L'onde est formée par un front se propageant avec la vitesse de groupe, suivi d'ondes dont l'amplitude décroît comme
Références
- J. Boussinesq, « Théorie des ondes et des remous qui se propagent le long d'un canal rectangulaire horizontal, en communiquant au liquide contenu dans ce canal des vitesses sensiblement pareilles de la surface au fond », Journal de mathématiques pures et appliquées, vol. 17, , p. 55-108 (lire en ligne)
- (en) Lev Davidovitch Landau et Evgueni Mikhaïlovitch Lifshitz, Volume 6 of Course of Theoretical Physics : Fluid Mechanics, Pergamon Press, 1987 http://users-phys.au.dk/srf/hydro/landau+lifschitz.pdf
- Michel Talon, « Ondes de surface », sur LPTHE Université Paris VI,
- G. Roullet, « Ondes dans les fluides géophysiques », sur Université de Brest,
- (en) G. B. Whitham, Linear and Nonlinear Waves, John Wiley & Sons, , 636 p. (ISBN 978-0-471-35942-5, lire en ligne)
- « Transformation de Fourier », sur INSA Toulouse
- (en) Graham W. Griffiths et William E. Schiesser, « Linear and Nonlinear Waves », sur Scholarpedia