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Équation fonctionnelle de Cauchy

L’équation fonctionnelle de Cauchy est l'une des Ă©quations fonctionnelles les plus simples. C'est l'Ă©quation suivante, d'inconnue f : ℝ→ℝ :

En d'autres termes, les solutions de cette Ă©quation sont exactement les endomorphismes du groupe (ℝ, +).

On montre aisĂ©ment que toute solution f est mĂȘme ℚ-linĂ©aire, c'est-Ă -dire vĂ©rifie de plus :

Mais il existe une infinitĂ© de solutions non ℝ-linĂ©aires. Pour qu'une solution soit ℝ-linĂ©aire, donc soit une homothĂ©tie de la droite vectorielle rĂ©elle, il suffit qu'elle soit continue en un point ou monotone sur un intervalle de longueur non nulle. Il suffit pour cela qu'elle soit majorĂ©e ou minorĂ©e sur un intervalle de longueur non nulle, ou mĂȘme seulement sur un ensemble Lebesgue-mesurable de mesure de Lebesgue non nulle[1].

Preuve de la ℚ-linĂ©aritĂ©

Soit f une solution.

  • Alors, f est un endomorphisme de groupe abĂ©lien c'est-Ă -dire de â„€-module, donc
  • On en dĂ©duit que f est ℚ-linĂ©aire, c'est-Ă -dire vĂ©rifie (en plus de l'additivitĂ©) :
    En effet, tout rationnel r est de la forme p⁄q avec p et q entiers et q non nul, ce qui permet d'Ă©crire : q f(rv) = f(qrv) = f(pv) = p f(v), donc f(rv) = p/q f(v) = r f(v).

Conditions suffisantes de ℝ-linĂ©aritĂ©

  • Une solution f est ℝ-linĂ©aire si elle vĂ©rifie :
    Les solutions ℝ-linĂ©aires sont donc les homothĂ©ties, c'est-Ă -dire les applications de la forme x ↩ ax (avec, nĂ©cessairement, a = f(1)).
  • Toute solution f qui n'est pas de cette forme est loin d'ĂȘtre monotone, car elle est pathologique Ă  plus d'un titre :
    • son graphe est dense[2] - [3] (dans ℝ2), si bien que sur tout intervalle ouvert non vide, f n'est pas majorĂ©e (ni minorĂ©e) ; a fortiori, f est discontinue en tout point ;
    • tout borĂ©lien d'image (par f) non dense[3] (en particulier : tout borĂ©lien sur lequel f est majorĂ©e ou minorĂ©e[1]) est nĂ©gligeable ; il en rĂ©sulte que |f| n'est majorĂ©e par aucune fonction mesurable ; a fortiori, f n'est pas mesurable ;
    • si f n'est pas injective alors son noyau est dense donc f est « fortement Darboux Â», c'est-Ă -dire que l'image de tout intervalle contenant au moins deux points est ℝ[4].
  • Par contraposĂ©e, toute solution « suffisamment rĂ©guliĂšre Â», i.e. ne possĂ©dant pas l'une de ces pathologies, est une homothĂ©tie. Par exemple si une solution est majorĂ©e sur un borĂ©lien non nĂ©gligeable (en particulier si elle est continue en un point), ou mĂȘme seulement si son graphe n'est pas dense, alors c'est une homothĂ©tie.

Existence de solutions non ℝ-linĂ©aires

Les solutions sont exactement les applications ℚ-linĂ©aires de ℝ dans ℝ. Étant donnĂ© une base de Hamel B du ℚ-espace vectoriel ℝ (base dont l'existence repose sur l'axiome du choix), l'application qui Ă  toute fonction de ℝ dans ℝ associe sa restriction Ă  B est donc une bijection de l'ensemble des solutions dans l'ensemble des applications de B dans ℝ.

Importance de l'Ă©quation

De nombreuses Ă©quations fonctionnelles se ramĂšnent Ă  celle de Cauchy. Par exemple soit l'Ă©quation, d'inconnue g : ℝ→ℝ :

La fonction nulle est une solution évidente. Toutes les autres sont strictement positives et vérifient :

Ce sont donc les fonctions g = e f telles que f vérifie l'équation fonctionnelle de Cauchy, et celles qui sont continues sont les fonctions exponentielles.

Notes et références

  1. (en) J. AczĂ©l (de) et J. Dhombres, Functional Equations in Several Variables, CUP, coll. « Encyclopedia of Mathematics and its Applications » (no 31), , 462 p. (ISBN 978-0-521-35276-5, lire en ligne), p. 17.
  2. Aczél et Dhombres 1989, p. 14.
  3. (en) Sune Kristian Jakobsen, « Cauchy's functional equation », .
  4. Dany-Jack Mercier, Lectures sur les Mathématiques, l'Enseignement et les Concours, vol. 2, Publibook, (lire en ligne), p. 46-47.
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