Émile Tourtin
Émile Tourtin, né le à Avignon et mort à une date inconnue entre 1926 et 1940, est un photographe et un peintre français, devenu viticulteur au domaine de Montézargues.
Naissance | |
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Décès |
Après 1926 |
Nom de naissance |
Émile Barnabé Octave Tourtin |
Nationalité | |
Activités |
Il est le frère du peintre et photographe Joseph Tourtin.
Biographie
Jeunesse et famille
Fils de Jacques François Tourtin, marchand de vin, et de Marie Thérèse Victoire Raous (ou Raoux), son épouse, Émile Barnabé Octave Tourtin naît à Avignon en 1844[1]. Ses parents, mariés à Bollène en 1820[2], ont précédemment vécu à Saint-Laurent-des-Arbres puis à Paris, où leur sont nés trois autres enfants[3] - [4], dont Joseph, futur artiste peintre et photographe lui aussi[5] - [Note 1].
En juin 1872, Émile Tourtin, alors établi au Havre, reconnaît être le père d'une enfant naturelle, née de sa relation avec sa concubine, Hortense Alphonsine Royer (1849-1918)[6] - [Note 2]. Mariés en 1876 à Paris, les deux époux accueillent un fils l'année suivante[8] - [9]. Un autre fils naît en 1883 au no 69 rue Rochechouart[10] - [11] - [12].
Parcours
Émile Tourtin exerce d'abord la profession de peintre, puis s'établit à Paris vers 1850.
Il s'oriente vers la photographie et travaille avec son frère Joseph. En 1869, installés au 32, rue Louis-le-Grand, ils exposent conjointement, sous le nom de Joseph-Émile Tourtin, plusieurs photographies lors de l'exposition de l'Union centrale des beaux-arts appliqués à l'industrie, au palais de l'Industrie[13]. Peu après, Émile Tourtin s'installe comme photographe au Havre, no 128 du boulevard de Strasbourg[Note 3] - [14], et, en 1872, il ouvre une succursale à Rouen, au no 34 rampe Bouvreuil[Note 4] - [16]. L'année suivante, il s'établit à nouveau à Paris, au no 8 du boulevard des Italiens, juste au-dessus du théâtre du prestidigitateur Robert-Houdin : il y reprend l'atelier du photographe Eugène Disdéri[17] - [18] - [19]. Associé avec le photographe Ernest Schuchardt[20], il baptise son magasin Le Portrait moderne. En 1875, la presse relate une expérience de photo-spirite qu'il réalise malgré lui et sans succès pour satisfaire des disciples d'Allan Kardec[21].
Joseph et Émile Tourtin présentent leurs premiers dessins au Salon de Paris de 1877[22]. Ils remportent respectivement une médaille de bronze et une d'argent en photographie, à l'issue de l'Exposition universelle de 1878[23]. La même année, Émile Tourtin perd un procès contre un photographe rouennais qui avait également utilisé l'expression « Photographie d'art » sur son enseigne[24]. Après la mort de son frère Joseph, à Neuilly-sur-Seine, il est désigné subrogé tuteur de son neveu, notamment pour l'inventaire après décès réalisé dans l'atelier photographique de la rue Louis-le-Grand[25]. Il continue d'exposer ses dessins jusqu'en 1882[22].
En 1888, il crée le premier appareil photographique reflex mono-objectif français qu'il appelle « l'Orthoscope »[26] - [27] - [28].
En 1894, les locaux du boulevard des Italiens sont repris par l'industriel Antoine Lumière[18], qui fait exploiter l'atelier photographique par son employé Beuscher. Le , l'atelier, alors occupé par le photographe Clément Maurice, est détruit par un incendie[29]. Émile Tourtin finit sa carrière de photographe dans l'atelier du boulevard de Strasbourg au Havre[30].
Vers 1897, il s'établit au domaine de Montézargues, à Tavel, où il devient viticulteur[31] - [32] - [33]. En 1902, il est nommé premier président du Syndicat de propriétaires-viticulteurs des vins de Tavel[34].
Émile Tourtin est toujours recensé au domaine de Montézargues en 1926[35] - [Note 5]. On perd sa trace après cette date.
Ĺ’uvres
Émile Tourtin a produit, à côté des innombrables photos carte-de-visite alors en vogue, de nombreux portraits de célébrités de son époque, qui, reproduits en photoglyptie, font la couverture des magazines culturels des années 1870-1890 comme Paris-Théâtre. Ses clichés sont aussi utilisés, avec ceux d'Étienne Carjat ou Nadar, pour les nombreuses livraisons des Albums de la Galerie contemporaine.
- Inconnu sur un portrait carte-de-visite d’Émile Tourtin.
- Dos d'une photo carte.
- Paris-Théâtre en 1878, photoglyptie d'après Émile Tourtin.
- Le peintre Pierre-Marie Beyle, reproduction en photoglyptie pour La Galerie contemporaine, vers 1880.
Expositions
Photographies
- 1869 : Exposition de l'Union centrale des beaux-arts appliqués à l'industrie, palais de l'Industrie, Paris[13]
- 1875 : Exposition des beaux-arts du Havre, Société nationale havraise d'études diverses, Le Havre[37]. Émile Tourtin signe par ailleurs les photographies de la brochure Le Salon havrais, publiée à cette occasion[38].
- 1878 : Exposition universelle (médaille d'argent)[23]
Dessins
- Salon de 1877 : Portrait de M. A. P.
- Salon de 1878 : Portrait de Mlle E. T., Portrait de M. A. P.
- Salon de 1879 : Portrait de Mlle H., Portrait de Mlle Ch.
- Salon de 1880 : Portrait de M. Edmond Turquet, Portrait du prince Louis-JĂ©rĂ´me Bonaparte
- Salon de 1881 : Portrait de M. Butin, Portrait de M. Duez
- Salon de 1882 : Portrait de Mlle B. S.
Collections
Sources
- Archives des notaires de Paris, Archives nationales, d'après De l'image fixe à l'image animée (1820-1910), documents du Minutier central des notaires de Paris relatifs à l'histoire des photographes et de la photographie, Marc Durand, Paris, Archives nationales, 2013
Notes et références
Notes
- Bien que 21 ans les séparent, Joseph Tourtin est bien le frère, et non le père d’Émile Tourtin comme l'indiquent à tort certaines sources.
- Bien que vivant avec elle au 27, rue des Gobelins, Émile Tourtin n'est pas marié avec la mère de son enfant. Cette dernière reconnaît officiellement sa fille quelques mois plus tard[7].
- L'adresse est « Boulevard Impérial » puis, à partir de 1870, « boulevard de Strasbourg ».
- Cette succursale au nom d'Émile Tourtin est active jusqu'en 1886. À partir de 1883, l'accès à l'atelier se fait par le no 3 rue Bouquet[15].
- Son nom ne figure plus à cette adresse dans les listes du recensement de 1931, mais il est toujours mentionné dans l'édition 1931 de l'Annuaire des châteaux et des départements[36].
Références
- Acte de naissance no 93, , Avignon, Archives municipales d'Avignon.
- Acte de mariage no 21, , Bollène, Archives départementales du Vaucluse.
- Actes de naissance no 7, ; no 30, , Saint-Laurent-des-Arbres, Archives départementales du Gard.
- Acte de décès no 13, , Mareuil-sur-Ourcq, Archives départementales de l'Oise (« Louis Eugène Tourtin, âgé de 6 mois, né à Paris du légitime mariage de Jacques François Tourtin, marchand de vin [...] et de Marie Thérèse Victoire Raous »).
- Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs. III. L-Z / E. Bénézit, Paris, Gründ, (lire en ligne), p. 913.
- Acte de naissance no 1309, , Le Havre, Archives départementales de la Seine-Maritime.
- Acte de reconnaissance no 2261, , Le Havre, Archives départementales de la Seine-Maritime.
- Acte de mariage no 143, , Paris 9e, Archives de Paris.
- Acte de naissance no 2064, , Paris 9e, Archives de Paris (avec mention marginale de mariage).
- Acte de naissance no 256, , Paris 9e, Archives de Paris.
- Acte de mariage no 1247, , Paris 16e, Archives de Paris.
- Acte de décès no 2413, Paris 16e, 16D164, Archives de Paris.
- Catalogue des œuvres et des produits modernes, Palais de l'Industrie, Union centrale des Beaux-arts appliqués à l'Industrie, exposition de 1869 ; précédé des Statuts de l'Union centrale, de la liste de ses membres et de ses donateurs et du Compte rendu de la distribution des récompenses de l'exposition de 1865, (lire en ligne), p. 243.
- Émile Tourtin, « [Louis Charles Joseph Gaston de Saporta] », Bibliothèque nationale de France, département Société de Géographie, SG PORTRAIT-492, sur Gallica, 1870-1889 (consulté le )
- « Principales maisons de commerce de Rouen », Journal de Rouen, no 142,‎ , p. 4 (lire en ligne).
- Almanach de Rouen et des départements de la Seine-Inférieure et de l'Eure, Rouen, impr. D. Brière et fils, , 1004 p. (lire en ligne), p. 746, 884.
- Archives nationales, « Bail pour onze ans et trois mois, par Pierre Étienne Auguste Chocat dit Hamilton, à Émile Barnabé Octave Tourtin, peintre photographe (15 novembre 1873) », Minutes et répertoires du notaire Silvius DU BOYS, 10 avril 1858 - 19 avril 1876 (étude XCIX) (Cote MC/ET/XCIX/1099), sur www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le )
- Archives nationales, « Bail pour trois, six ou neuf ans, par Guy Élisabeth Antoine Armand Thibaut de Rohan-Chabot, à Claude Antoine Lumière, industriel (5 novembre 1894 - 31 mai 1901) », Minutes et répertoires du notaire Napoléon DUFOUR, 11 avril 1883 - 22 décembre 1910 (étude XLVIII) (Cote MC/RS//877), sur www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le )
- « [Encart publicitaire Émile Tourtin] », sur Gallica, Annuaire de l'Armée française pour l'année ... : publié sur les documents communiqués par le Ministère de la guerre, (consulté le ), p. 117
- Archives nationales, « Bail pour quatre ans par Guy Élisabeth Antoine Armand Thibaut de Rohan-Chabot, propriétaire, demeurant 17, boulevard de la Madeleine, cité Vindé, à Émile Barnabé Octave Tourtin et son associé Ernest Schuchardt, tous deux photographes », Minutes et répertoires du notaire Jean DUFOUR, 11 novembre 1848 - 10 avril 1883 (étude XLVIII) (cote MC/ET/XLVIII/1141), sur www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le )
- « Chronique locale », Journal de Rouen, no 295,‎ , p. 1 col. 6 (lire en ligne).
- Émile Bellier de la Chavignerie et Louis Auvray, Dictionnaire général des artistes de l'école française depuis l'origine des arts du dessin jusqu'à nos jours. Architectes, peintres, sculpteurs, graveurs et lithographes, Paris, Libr. Renouard, (lire en ligne), p. 594
- « Exposition universelle de 1878 », sur Gallica, Le Moniteur de la photographie, (consulté le ), p. 162
- « Chronique judiciaire », Journal de Rouen, no 85,‎ , p. 2 col. 6 (lire en ligne).
- Archives nationales, « Inventaire après décès Joseph Marie Hyacinthe Tourtin, dressé les 12 et 13 août 1878 », Minutes et répertoires du notaire Pierre Henri CABARET, 20 février 1861- 18 avril 1883 (étude CXV) (Cote MC/ET/CXV/1549), sur www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le )
- Léon Vidal, « Chambres noires photographiques, dites chambres détectives », Association belge de photographie. Bulletin, vol. V,‎ , p. 385-393 (lire en ligne, consulté le ).
- « L'orthoscope 1890 Tourtin », sur Frédéric Hoch (consulté le ).
- « L'Orthoscope by E. Tourtin », sur La Gazette Drouot (consulté le ).
- Henri Petitjean, « L'incendie du boulevard des Italiens », Le Figaro, no 32,‎ , p. 3-4 (lire en ligne, consulté le ).
- Marc Durand, De l'image fixe à l'image animée 1820-1910, Archives nationales, 2015, tome 2 (ISBN 978-2-86000-368-1).
- « Tourtin (Ém.) », sur Gallica, Annuaire des châteaux et des départements : 40.000 noms & adresses de l'aristocratie, du high life, de la colonie étrangère, du monde politique, de la magistrature, de l'armée, du clergé, des sciences, lettres et beaux-arts, de tous les propriétaires des châteaux de France, etc. etc., avec notices descriptives, anecdotiques & illustrations, (consulté le ), p. 822
- « L'exposition vinicole », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, Le Mistral, (consulté le ), p. 2.
- Bulletin de la Société des agriculteurs de France, (lire en ligne), partie 574
- Auguste Moison, Tavel, la renaissance d'un cru, Éd. Henri Péladan, Uzès, 1974, p. 29.
- Recensement de population, , Tavel, Archives départementales du Gard [lire en ligne] (vue 12/14).
- « Tourtin (Ém.) », sur Gallica, Annuaire des châteaux et des départements : 40.000 noms & adresses de l'aristocratie, du high life, de la colonie étrangère, du monde politique, de la magistrature, de l'armée, du clergé, des sciences, lettres et beaux-arts, de tous les propriétaires des châteaux de France, etc. etc., avec notices descriptives, anecdotiques & illustrations, (consulté le ), p. 875.
- Catalogue de l'exposition des beaux-arts du Havre / organisée sous le patronage de la Société nationale havraise d'études diverses, (lire en ligne), p. 70
- Hippolyte Fénoux (photogr. Émile Tourtin), Le Salon havrais. Souvenir critique de l'exposition des beaux-arts, Le Havre, Imprimerie typographique de F. Santallier & Cie, (lire en ligne)
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Musée des beaux-arts du Canada
- (en) Bénézit
- (nl + en) RKDartists