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Église Saint-Martin de Colombelles

L'église Saint-Martin est une église catholique de l' art roman, située à Colombelles, dans le département du Calvados, en France. Datant des XIIe et XIIIe siècles, elle est inscrite au titre des monuments historiques.

Église Saint-Martin
Vue du sud-ouest en 2009.
Présentation
Type
Destination initiale
Diocèse
Paroisse
Paroisse du Bienheureux-Marcel-Callo-du-Plateau (d)
Construction
XIIe, XIIIe siècles
Religion
Propriétaire
Commune
Patrimonialité
Coordonnées
49° 12′ 13″ N, 0° 18′ 27″ O
Localisation sur la carte du Calvados
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Localisation sur la carte de France
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Elle n'est plus ouverte au culte depuis 1963, année où fut consacrée, le 5 mai, la nouvelle église Saint-Pierre-Saint-Paul, située au centre-ville actuel de la commune[1]. Néanmoins, l'église Saint-Martin sert de salle d'exposition ou de concert, notamment à l'occasion des Journées européennes du patrimoine.

Localisation

L'église est située dans le département français du Calvados en Normandie. Elle s'élève à l'ouest du bourg de Colombelles dans le quartier dit du Bas Colombelles, le plus ancien de la commune, non loin de l'Orne et du bac qui permettait son franchissement.

Elle se trouvait alors au cœur de ce qui n'était encore qu'un hameau le long de l'Orne, sur la route dite des Bouviers allant de Bayeux à Varaville. Le bac permettait en effet le franchissement du fleuve tout autant au bétail qu'aux personnes.

L'église fut édifiée sur des terres qui appartenaient à l'abbaye du Plessis-Grimoult[1].

L'église Saint-Martin de Colombelles sur la carte de Cassini (milieu du XVIIIe).

Historique

Ainsi qu'en ferait foi sa dédicace à saint Martin, cette église remonterait aux XIIe/XIIIe siècles. Ses parties les plus anciennes sont d'ailleurs caractéristiques de l'art roman. Elle a néanmoins subi quelques transformations comme le remaniement du chœur à l'époque classique et l'adjonction d'une chapelle latérale en 1828.

Durant la Seconde Guerre mondiale, l'église Saint-Martin a subi plusieurs bombardements qui se sont échelonnés du Jour J au , date de la libération de Colombelles par les Canadiens. L'importance des dégâts causés par les Alliés a justifié l'attribution de dommages de guerre pour une somme de 417 824 francs[1]. Des transformations intérieures ont été alors entreprises à la demande du P. André Dugimond, qui a desservi la paroisse de 1949 à 1955, et qui sont détaillées dans une lettre que le prêtre adressa le au maire de l'époque, Aristide Himbaut. Conformément aux préconisations du Père, la sacristie a été remplacée et un nouveau catafalque a été acquis, l'ancien ayant été détruit. Le chœur a été séparé du transept par une draperie de velours suspendue à une grille en fer forgé installée sous l'ogive centrale de la nef. Symbolisant l'Eucharistie, cette grille a été réalisée d'après un dessin de Serge Himbault, artiste qui a aussi élaboré les armoiries de la commune de Colombelles à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les deux autels latéraux ont été supprimés au motif qu'ils étaient « compliqués, d'ornementations sans style » et de « mauvais effet dans une nef où tout devrait être simple ». Ils ont eux aussi été remplacés par une draperie supportée de même par deux motifs en fer forgé. L'ancien chemin de croix en plâtre polychrome, jugé « quelconque » a été supprimé et remplacé en 1950 par des peintures murales, exécutées également d'après des dessins de Serge Himbault.

Architecture

L'édifice est inscrit au titre des monuments historiques depuis le [2].

De plan simple, l'église comporte dès l'origine une nef suivie d'une tour carrée qui surplombe une travée sous clocher et un chœur.

La façade

Côté extérieur, la façade, encadrée par deux contreforts, comporte un portail pourvu de deux rangs d'archivolte au décor, respectivement, de zigzags et de frettes crénelées, reposant sur de fines colonnes. Le portail est surmonté de cinq baies dont les trois centrales sont aveugles. Au-dessus de la baie aveugle centrale se trouve une ouverture plus étroite et rectangulaire qui est pourvue côté intérieur d'un vitrail du XXe siècle représentant saint Martin. Toujours au revers de la façade, de part et d'autre de la porte, les arcatures romanes sont en plein cintre à gauche et en arc brisé à droite.

La nef

La nef, comme le chœur, est pourvue d'une charpente dont la plupart des éléments remonte à son édification[1]. Elle présente de chaque côté une arcature romane en plein cintre dissimulée au XVIIe siècle par des boiseries qui ont été déposées en 2004 en raison de leur infestation par des champignons[1]. La voûte est en pierres taillées sur croisées d'ogives, annonçant la transition vers l'art gothique. Les murs gouttereaux sont scandés à l'extérieur par des contreforts. Côté nord, face à la grille d'entrée à l'enclos paroissial, le mur présente un portail, aujourd'hui condamné, au décor semblable à celui du portail ouest. Les colonnettes qui supportent la double architrave ont des chapiteaux historiés.

La tour et la travée sous clocher

La tour, de section carrée, témoigne des temps troublés en lesquels l'édifice fut construit : il s'agissait d'une tour de guet qui devait permettre de détecter les possibles envahisseurs ou assaillants.

Il apparaît que la tour a été remaniée au XIIIe siècle : à l'extérieur, les pierres se situant en partie haute au-dessus des contreforts sont taillées de manière différente et à l'intérieur, les piles romanes d'origine ont été conservées dans une maçonnerie dissimulée dans des colonnes gothiques qui viennent les conforter. Ce travail de reprise a eu pour effet de réduire la vue sur le chœur depuis la nef. Aussi les colonnes ont-elles été soigneusement sciées à leur base avec un profil en amande[1].

En 1822, de nouveaux travaux sont entrepris afin de transformer la tour en clocher. La tour est coiffée en bâtière, percée de lucarnes pourvues d'abat-son. Les deux pignons sont surmontés d'une petite croix de pierre. Une sonnerie de trois cloches est installée en 1892[1].

Le chœur

Le chœur a été transformé au XVIIe siècle avec la destruction de la voûte et l'agrandissement des baies.

La sacristie

Une inscription découverte fortuitement lors de travaux de réfection des sols exécutés en 2009 permet d'en connaître la date précise : « Fleury Rosée y a fait faire cette sacristie en l'an 1663 ». Elle est adossée au mur extérieur du chœur avec lequel elle communique par deux portes.

La chapelle latérale

La chapelle latérale a été construite en 1828 par le comte et la comtesse de Laistre, en mémoire de leur fille, Ambroisine[1]. Elle est dédiée à saint Joseph.

  • La façade occidentale.
    La façade occidentale.
  • Détail des archivoltes du portail occidental.
    Détail des archivoltes du portail occidental.
  • Le portail nord.
    Le portail nord.
  • La tour-clocher, côté nord.
    La tour-clocher, côté nord.
  • La sacristie, côté chevet.
    La sacristie, côté chevet.
  • La nef.
    La nef.
  • Un chapiteau.
    Un chapiteau.
  • Un chapiteau.
    Un chapiteau.

Mobilier

Mobilier liturgique

La chapelle a gardé son maître-autel avec retable tripartite du XVIIe siècle porté par deux colonnes d'ordre corinthien. La grande toile centrale du retable, volée en 1986, était signée de Jean-François Restout et représentait le rêve de saint Martin. Deux petits tableaux figuraient au-dessous, dérobés au début du XXe siècle : l'un dû au moine Andrea de Bally, représentait le Christ apparaissant à saint Martin adolescent ; l'autre, l'annonciation[1].

L'église a gardé ses fonts baptismaux dont la cuve à aspersion circulaire se trouve en partie encastrée dans le mur de la nef, près de l'entrée.

Demeurent de même le confessionnal et la tribune financée en 1854 par la famille de Laistre.

Statuaire

Charité de saint Martin.

De part et d'autre du maître-autel, deux niches abritent respectivement la Vierge foulant le serpent (plâtre du XIXe siècle) et un saint Jean du XVIIe siècle.

Au chevet se dressent deux statues en plâtre placées au milieu du XIXe siècle : sainte Marguerite et saint Gabriel.

L'œuvre la plus importante de l'église reste un haut-relief du XVe siècle, connu sous le vocable de Charité de Saint-Martin. Cette sculpture se trouvait initialement et jusqu'à la Seconde Guerre mondiale à l'extérieur de l'église, sur une console située au-dessus du portail nord désormais muré, appelé « portail Saint-Martin », qu'empruntaient les processions funéraires pour gagner le cimetière[1].

Peintures murales

Tout autour de la nef figure le chemin de croix peint dans l'immédiat après-guerre dans l'esprit du modernisme naissant des années 1950. Quatorze stations sont réparties en cinq groupes reliés entre eux par des raccourcis graphiques narrant la montée de Jésus au Calvaire.

Vitraux

La nef présente un programme de vitraux du XXe siècle non datés et dont l'atelier n'est pas connu. Abstraits, ils symboliseraient la métallurgie, l'habitat ouvrier, l'agriculture, le chantier naval et le Débarquement[1]. Plus figuratif, le vitrail situé au revers de la façade représente saint Martin en soldat, enveloppant le mendiant de la moitié de sa chlamyde.

Dans la travée sous clocher, les quatre baies sont pourvues de vitraux réalisés par André Ripeau, maître-verrier disciple de Max Ingrand. Entre art figuratif et art abstrait, ils représentent les quatre évangélistes : Luc, Mathieu, Marc et Jean.

Cloches

Les inscriptions gravées sur la robe des cloches précisent qui les a offertes. Il s'agit respectivement de l'épouse d'Hippolyte Monin, maire de la commune de 1884 à 1889, des « jeunes-gens de Colombelles » qui se sont apparemment cotisés lors d'une souscription publique et de la comtesse Antoinette Louise Marie de Laistre. La cloche offerte par madame Monin a été fondue à Villedieu-les-Poêles dans la Manche.

Ameublement

Les trois grilles en fer forgé destinées à maintenir les draperies voulues par le P. Dugimont sont toujours en place dans l'église.

Par contre, les bancs réalisés par un ébéniste colombellois, Endoseai Marlon, auraient été cédés à la commune proche de Petiville où ils auraient retrouvé leur destination[1] en l'église Notre-Dame.

Cimetiere Saint-Martin

Il est vraisemblable que sa création est contemporaine de la construction de l'église. Le recensement départemental effectué par les services de la préfecture du Calvados en 1804 permet d'en avoir une description détaillée : il est d'une superficie de 30 perches carrées (1 532 m2), se situe au sud, à mi-côte, à 20 toises (38,8 m) de l'habitation la plus proche, se trouve clôturé par un mur de 8 pieds (2,60 m de hauteur) et tire ses revenus de vingt pommiers et poiriers dont la récolte fait l'objet d'une adjudication annuelle.

Les comptes annuels du conseil de fabrique qui gère les biens et revenus de la paroisse jusqu'à la création du conseil de paroisse font bien état de ce fermage de cimetière dans la colonne des recettes.

Le cimetière a été désaffecté en 1938[1] un nouveau ayant été créé rue Guesde.

En 2002, la commune de Colombelles a lancé la procédure de reprise des concessions abandonnées et un inventaire des tombes a été dressé.

La famille de Laistre compte huit tombes de type sarcophage à Saint-Martin. Les plus remarquables sont la tombe de Marie-Françoise de Bullion, veuve de Joseph de Laistre, morte le , la plus ancienne du cimetière, et celle d'Anne-Joseph de Laistre, comte de Fontenay, capitaine au régiment de cavalerie « Bourbon-Bussay », chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, décédé le . Les comtes de Laistre furent propriétaires du domaine de Colombelles de 1732 à 1894. Deux membres de cette famille ont été maires de Colombelles de 1808 à 1838 et de 1878 à 1888. En 2000, les tombes des de Laistre furent rénovées par une descendante de la famille[1].

D'autres tombes plus insolites attirent l'attention avec leur croix orthodoxe et leur épitaphe en caractères cyrilliques. Ce sont les sépultures de Russes blancs, exilés en France, qui ont travaillé à la Société métallurgique de Normandie. Parmi elles se trouvent les sépultures de cosaques du Don et de l'Ukraine [3].

Dans le cadre de la préparation du Débarquement, vingt-deux soldats britanniques trouvèrent la mort à Colombelles dans la nuit du , leur avion ayant été abattu par la DCA allemande dans le champ en contrebas du cimetière Saint-Martin. Ils furent enterrés dans une fosse commune jusqu'à leur transfert au cimetière de Ranville en 1952.

En 2004, la commune a entrepris des travaux pour mettre le cimetière en valeur en le transformant en espace de promenade et de méditation.

Références

  1. Carol Pitrou et Jacques Munerel, Colombelles, Mémoire en images, Saint-Cyr-sur-Loire, Éditions Alan Sutton, , 128 p. (ISBN 978-2-8138-0078-7)
  2. « Église Saint-Martin », notice no PA00111233, base Mérimée, ministère français de la Culture
  3. « Les tombes orthodoxes du cimetière Saint Martin », sur colombelles.fr (consulté le ).

Voir aussi

Article connexe

Bibliographie

  • Arcisse de Caumont, Statistique monumentale du Calvados, t. 2, Caen, Hardel, (lire en ligne), p. 30-32.
  • Carol Pitrou, Jacques Munerel, "Colombelles, Mémoire en images",

Éditions Alan Sutton, 2009.

  • Les Amis de la Tour, La paroisse Saint-Martin de Colombelles depuis le Moyen-Âge, textes de Jean Margueret, Éditions Les Cahiers du temps, Cabourg, 2012.
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