Éducation parentale
L'éducation parentale désigne l'éducation donnée aux parents afin de les former à l'éducation de leurs propres enfants.
Le terme ne doit pas être confondu avec éducation familiale qui réfère à l'éducation que des parents donnent à leurs enfants.
L’éducation parentale est, selon Pourtois (1984), une activité volontaire d’apprentissage de la part de parents qui souhaitent améliorer les interactions nouées avec leur enfant, pour encourager l’émergence de comportements jugés positifs et réduire celle de comportements jugés négatifs.
Pour Terrisse (1997), elle a pour but d’aider les parents à mieux actualiser leurs potentialités éducatives, en développant leur sentiment de compétence et en utilisant le mieux possible les ressources que leur offre leur environnement.
L’éducation parentale comprend les mesures prises par l'État afin de la promouvoir, soit en donnant plus de temps aux parents pour éduquer leurs enfants, soit en leur proposant une initiation ou une formation.
Histoire de l'Ă©ducation parentale
Style parental et résultats de l'enfant
Diana Baumrind a classé les parents en quatre catégories[1] :
- Autoritaire : Le parent autoritaire tente de modeler, de contrôler, et d'évaluer le comportement et les attitudes de l'enfant conformément à une norme de conduite - habituellement une norme absolue. Il considère l'obéissance comme une vertu ; il utilise les punitions et les mesures énergiques pour freiner le libre arbitre, les actions ou les croyances de l'enfant en conflit avec ce qui n'est pas la norme de conduite. Il croit qu'en maintenant l'enfant à sa place, en limitant son autonomie, et en lui attribuant des responsabilités domestiques il lui inculquera la notion de respect. Il considère la préservation de l'ordre et de la structure traditionnelle comme une fin en soi. Il ne favorise pas l'échange verbal, en estimant que l'enfant doit accepter sa parole pour ce qui est juste.
- Démocratique : L'autorité des parents tente de diriger les activités de l'enfant, mais d'une façon rationnelle, axée sur la méthode. Il encourage l'échange verbal, explique à l'enfant le raisonnement qui sous-entend ses règles et ses valeurs. Lorsque l'enfant refuse de se conformer à ses exigences, il lui demande d'en expliquer les raisons. L'autodiscipline et la volonté de conformité aux règles sont valorisées. Il applique son propre point de vue, mais il reconnaît les intérêts individuels et les buts de l'enfant. L'autorité parentale affirme les qualités de l'enfant, mais établit aussi les normes de conduite future. Elle se sert de la raison, du pouvoir, et de l'élaboration puis du renforcement de règles de conduites pour atteindre ses objectifs, et ne fonde pas ses décisions sur le consensus ou les désirs de l'enfant. Cette autorité parentale ne se considère pas elle-même comme infaillible.
- Permissif : Le parent permissif se comporte avec indulgence et laxisme, cédant facilement aux caprices et acceptant les mouvements d'humeur de l'enfant. Il consulte l'enfant pour définir la politique familiale et explique ses règles familiales. Il insiste peu pour que l'enfant soit propre, ordonné et obéissant. Il se présente à l'enfant comme une ressource que l'enfant peut utiliser comme il le veut, mais pas comme un idéal à imiter, ni comme une personne responsable construisant le comportement et la future personnalité de l'enfant. Il permet à l'enfant à réguler ses propres activités, mais sans exercer de contrôle, il ne l'encourage pas à obéir.
- Désengagé : style d’éducation décrit par Maccoby et Martin en 1983, caractérisé par l’indifférence et par l’absence de soutien adéquat pour l’enfant.
Les résultats des enfants en fonction des styles parentaux
Niveau d’exigence
et de discipline |
Acceptation élevée :
affectueux |
Acceptation faible (rejet) :
insensible |
---|---|---|
Élevé | Démocratique | Autoritaire |
Faible | Permissif | Désengagé |
Élevés par des parents démocratiques[1], les enfants sont généralement plus
- vifs et dispos
- confiance en leurs capacités à maîtriser les tâches.
- bonne estime de soi
- régulation de l'émotion bien développée
- sociables
- capacité d'empathie développée
- traits de caractères liés au sexe moins marqués (sensibilité chez les garçons ; indépendance chez les filles)
Les enfants élevés par des parents autoritaires, sont en moyenne plus
- anxieux, réservés, peu spontanés
- piètre réaction à la frustration
- peu susceptibles de se livrer à des activités antisociales (toxicomanie, alcoolisme, vandalisme, délinquance)
Les enfants élevés par des parents permissifs sont en moyenne
- Faible régulation des émotions (égoïsme, culte de soi, intérêt personnel surdéveloppés)
- Esprit rebelle et défiant l'autorité lorsque les désirs sont remis en cause (plaisir personnel avant tout)
- Faible persistance lors de tâches difficiles (refus de l'effort et de la contrainte)
- Comportements antisociaux fréquents : irrespect d'autrui et des règles de sociétés, violence et délinquance.
Les enfants élevés par des parents désengagés ont les plus mauvais résultats.
Style parental et comportements alimentaires de l'enfant
Classification des pratiques alimentaires parentales (Hughes, 2005)
Sensibilité aux besoins
alimentaires |
Exigences alimentaires
élevées |
Exigences alimentaires
moindres |
---|---|---|
Élevée | Démocratique | Permissif
(indulgent) |
Moindre | Autoritaire | Désengagé
(permissif rejetant ou négligent) |
Selon Costanzo (1985), les différents styles parentaux ont des répercussions qui sont spécifiques au domaine visé par l’intervention du parent. Pour l’alimentation, ces contraintes peuvent limiter l’enfant dans son apprentissage du développement de comportements normaux. Par exemple, des contraintes parentales élevées peuvent interférer avec le processus d’auto-contrôle interne, en s’éloignant des motivations intrinsèques. Ces pratiques alimentaires, mesurées à l’aide des mêmes deux dimensions que les styles parentaux (exigence et sensibilité), sont généralement utilisées par le parent pour amener l’enfant à adopter un comportement qu’il juge bénéfique pour sa santé.
Améliorer la communication
- La « méthode Gordon[2] » peut être appliquée par les parents en famille, en apparence simple à mettre en œuvre, elle repose sur le concept de « relations gagnant-gagnant ». Deux outils principaux encadrent cette méthode : le message-Je et l'écoute active (fondée sur l'empathie).
Gérer les problèmes de comportement des adolescents
Rudolf Dreikurs (en), psychiatre et éducateur (1897-1972), a développé l'idée que les problèmes de comportement des jeunes (pré-adolescents) étaient causés par leur désir inassouvi d'être membre à part entière d'un groupe social. Il a soutenu qu'ils peuvent développer alors une séquence de quatre comportements déviants. D'abord, ils cherchent l'attention, s'ils ne l'obtiennent pas, ils visent au pouvoir, puis à la vengeance et enfin développent le sentiment d'être inadéquats. Dreikurs a souligné l'importance d'établir un style démocratique dans la famille, d'y adopter la méthode des conseils de famille périodiques et, en même temps, d'éviter la punition41, 42.
Les apports de la psychologie du développement sur l'éducation parentale
Jean Piaget décrit le développement de l'intelligence de l'enfant en étapes dont chacune repose sur l'étape précédente et sur les interactions de l'enfant avec le monde environnant.
- Le stade de l'intelligence sensori-motrice (de la naissance Ă 2 ans)
- Le stade de l'intelligence pré opératoire (de 2 à 6 ans)
- Le stade des opérations concrètes ou de l'intelligence opératoire (de 6 à 10 ans)
- Le stade des opérations formelles (de 10 à 16 ans)
Autorité et discipline
La punition corporelle
L'utilisation de punition corporelle donne l'illusion d'avoir des résultats immédiats, mais l'emploi de cette méthode de façon répétée augmente le risque qu'un enfant soit délinquant[3] - [4] - [5].
L'utilisation des châtiments corporels diminue progressivement dans les pays industrialisés et les juridictions s'acheminent vers leur interdiction pure et simple. Si la charge émotionnelle du parent est partiellement libérée, cette pratique se montre contreproductive pour la sécurité et l'estime de soi de l'enfant.
Les Ă©crans
La moitié du temps libre des Français, 4 h 58 en 2010 est passé devant un écran. Le temps consacré à la lecture (livres, journaux, y compris lecture de journaux sur Internet) 18 min, ce temps a diminué d'un tiers depuis 1986[6].
La présence permanente d’une télévision ou d’une console de jeux dans la chambre d'un enfant est déconseillée.
Les images violentes
La violence dans les médias est l'un des facteurs causaux des agressions et de la violence réelle. Les images violentes agissent à trois niveaux : la désensibilisation à la souffrance d'autrui ; l'augmentation des sentiments d'angoisse et d'insécurité ; l'exacerbation de l'agressivité [7] - [8] - [9].
Télévision
Les enfants entre 4 et 14 ans regardent quotidiennement la télévision 2h18, cela représente 840h par an, dans le même temps un élève passe 900h en classe[10].
Avant 2 ans il est déconseille de confronter les enfants aux écrans non interactifs (télévision, DVD)[11].
À 3 ans regarder la télévision limite les interactions avec l'environnement, ceci freine le développement de l'enfant[11] - [12] - [13]. De 3 à 6 ans l'enfant confond la réalité et la fiction, il est conseillé de limiter la durée d'exposition à la télévision et de sélectionner les programmes. Sinon certains programmes de fiction provoqueraient des angoisses car il les croit vrais. De 6 à 10 ans, l'enfant commence à faire la différence entre réel et fiction, il se met à imiter ce qu'il voit[14].
La télévision a de nombreux impacts négatifs sur le développement des enfants
Le sommeil, un élément essentiel des rythmes de l’enfant
Le sommeil lutte contre la fatigue et favorise les apprentissages, mais en France les adolescents ont un déficit moyen de sommeil d'environ 1 heure par jour. Les adolescents comblent en partie ce manque de sommeil en dormant plus longtemps le week-end. Chez l'enfant en bonne santé, mais qui présente un déficit de sommeil, les troubles des rythmes circadiens sont liés à la perte des signaux synchroniseurs, à des rythmes du lever et du coucher irréguliers (et souvent tardifs pour le coucher), à une exposition à la lumière pendant le coucher ou encore à des nuisances de l'environnement (bruit…)[19].
Il est conseillé que le téléphone portable des enfants soit éteint durant la nuit pour préserver leur sommeil.
En France
- Après mai 1968, puis à partir des années 1990, la France voit « un changement du style éducatif des familles, de moins en moins impositives, de plus en plus "relationnelles" et attentives à obtenir le consentement des enfants à leur propre éducation »[20].
- congé parental d'éducation.
Vulgarisation du sujet
- L'Ă©mission Supernanny a permis d'inculquer quelques principes d'Ă©ducation parentale au grand public.
- L'émission Allée de l'Enfance propose également des points de repères aux parents pour leurs choix éducatifs.
- L'émission nommé Lorsque l'enfant paraît et animé par Jacques Pradel. Dans cette émission de France Inter, Françoise Dolto répondait aux questions que les auditeurs se posaient vis-à -vis de l'éducation de leurs enfants. L'émission se fit d' à .
Pour approfondir
Articles connexes
Liens externes
- Émile, ou De l’éducation, Jean-Jacques Rousseau, sur Wikisource
- Sur l'Ă©ducation des enfants, Plutarque
- Le portail de l'Ă©ducation parentale, Unesco
- Iesco : l'Ă©ducation parentale dans le monde musulman
- L’allocation parentale d’éducation: contraintes et limites du choix d’une prestation, Jeanne Fagnani, Lien social et Politiques, n° 36, 1996, p. 111-121.
Notes et références
- (en) Diana Baumrind's (1966) Prototypical Descriptions of 3 Parenting Styles, K. H. Grobman, consulté le 1er décembre 2008
- Éduquer sans punir (Dr Thomas GORDON)
- Éduquer sans punir, Dr. Thomas GORDON, Page 104
- Rapport mondial sur la violence et la santé Page 60
- Abolition des châtiments corporels des enfants
- (fr) « Les Français passent plus de temps sur le Net qu'à accomplir des tâches ménagères », sur lemonde.fr,
- (fr) Jean-François Bach, Olivier Houdé, Pierre Léna, « l'enfant et les écrans P28-29 », sur academie-sciences.fr, (ISBN 978-2-7465-0649-7)
- (fr) Michel Desmurget, chercheur Inserm, Sabine Duflo, psychologue clinicienne, Bruno Harlé et Marie-Aude Geoffray, pédopsychiatres hospitalier, « Grandir avec la violence pour modèle », sur lemonde.fr,
- (fr) Blandine Kriegel, « LA VIOLENCE A LA TELEVISION voir P16-20 », sur culture.gouv.fr [PDF]
- (fr) Damien Gouiffes, « Combien de temps regardez-vous la télé chaque jour? », sur lexpress.fr,
- (fr) Jean-François Bach, Olivier Houdé, Pierre Léna, « l'enfant et les écrans P48-50 », sur academie-sciences.fr, (ISBN 978-2-7465-0649-7)
- (fr) CSA, « protection du jeune enfant », sur csa.fr,
- (fr) CSA, « Avis de la direction générale de la santé suite aux travaux du groupe d'experts sur l'impact des chaînes télévisées sur le tout petit enfant », sur csa.fr,
- Protection des mineurs à la télévision CSA
- (fr) Michel Desmurget, « TV lobotomie », sur maxmilo.com, (ISBN 978-2-31500-145-3)
- (fr) « Trop de télé nuit gravement aux enfants », sur psychologies.com
- (fr) Emmanuel Berretta, « Obésité enfantine », sur lepoint.fr,
- (fr) Jean-François MICHEL, « L’influence de la publicité sur les enfants », sur apprendreaapprendre.com,
- Le sommeil, un élément essentiel des rythmes de l’enfant Académie nationale de médecine
- I. Danic, J. Delalande, P. Rayou, Enquêter auprès d'enfants et de jeunes. Objets, méthodes et terrains de recherche en sciences sociales, Presses universitaires de Rennes, , p. 10